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Synthèse de la première partie

« État de l’art et position de recherche »

Il n’existe pas une littératie, pas plus une bibliothèque. L’ensemble des littératies expriment par leur diversité propre une part significative de la diversité culturelle mondiale. Cette pluralité nourrit la géodiversité (la somme de toutes les diversités locales). Le texte est né ici et là. Il se pratique toujours ici et là. Il se vit

plus ou moins. De cette distribution inégale (différenciée serait moins connoté et

peut-être plus juste) de nos deux objets dans le système-monde, que pouvons-nous dire ? Certainement, il nous faut résister à la tentation de donner une valeur morale à la littératie, comme il nous faut résister à la tentation de dénigrer l’oralité, et ainsi de pratiquer un ethnocentrisme lettré.

Une position, un chemin, un espace de recherche

Pour autant, il ne faut rien concéder sur la valeur positive des normes humanistes, notamment la scolarisation universelle (la scolarisation partout et non plus ici et là) ou la libre circulation du texte (le texte partout et non plus ici et là). Dans De l’inégalité parmi les sociétés, essai sur l’homme et l’environnement dans

l’histoire161, Jared Diamond a tenté de répondre à la question de la différenciation de l’espace mondial. Le géographe californien s’appuie sur de grands principes physiques explicatifs des circulations et des densités À mesure du temps, le différentiel de développement entre ces premières structures humaines fondées sur le couple circulation/densité à différentes échelles (à l’intérieur d’un cadre darwinien complexe de foisonnement culturel) rend possible le développement d’impérialismes d’échelles inconnues jusqu’alors (l’empire, l’outre-mer, le monde). Le développement des littératies et des bibliothèques s’inscrivent dans cette géohistoire. C’est pourquoi nous avons des langues et des systèmes d’écritures qui semblent défier, à travers le mythe de Babel et d’autres mythes de création ou plus prosaïquement notre difficulté à maîtriser les outils linguistiques, l’unité du genre humain. Christian Grataloup a décrit et figuré cette géohistoire de

la mondialisation162. Bibliothèque(s) et littéracie(s) ne sont pas des isolats de la culture savante, elles sont matrices et produits de la mondialisation, en ses centres comme dans ses périphéries.

Notre propos dans cette première partie a été le suivant :

a) la « bibliothèque mondiale » est l’ensemble physique et idéel de la matière écrite de l’humanité

b) la littératie est un registre de la vie sociale, un ensemble d’actes visibles dans l’espace géographique, à différentes échelles et sous différents états faisant système

c) notre recherche explore le jeu scalaire en littératie, à partir de la crise de l’échelle nationale et de la puissante dynamique de l’échelle mondiale, en ayant comme échelle de référence, le local, l’échelle quotidienne de vie des

161 Guns, Germs and Steel: The Fates of Human Societies, 1997 (USA), Prix Pulitzer 1998, traduction française, 2000, éditions Gallimard.

acteurs

d) une approche qualitative composite et cohérente a été construite dans cette recherche de géographie sociale et culturelle, en prêtant l’attention si possible décentrée à la parole des acteurs.

Cette synthèse doit également tracer le travail progressif d’énonciation et de sortie des produits de la recherche – écriture d’articles, communications et interventions. Nous mentionnons, à côté des actes académiques (colloques, séminaires et articles), des interventions dans des lieux de formation. Il est évident pour nous que ce mode d’agir fait totalement partie d’une démarche de recherche- action.

Participation à des colloques ou des séminaires

« Journées d’études irlandaises » (Société Française d’Études Irlandaises), Ireland : landscapes (Nantes, mars 2010)

Aran, la langue, le milieu et l’horizon, paysages performatifs de John Millington Synge et Robert Joseph Flaherty.

« Colloque Géopoint » (Groupe Dupont et Espace), Les échelles pour les géographes et les autres – cultures, finalités et pratiques scalaires (Avignon, juin 2010)

Les échelles contemporaines de la production littéraire, de l’échelle nationale au glocal ?

Actes en ligne

http://www.groupe-dupont.org/BrouillonsDupont/BrouillonsDupont_GP10.pdf

« Séminaire d’enseignement et de recherche », Master 2 « Livre : Création, Culture et Société » (dirigé par Sylvie Ducas, Université Paris-Ouest Nanterre La Défense)

Tentative d’épuisement du et des prix Nobel de littérature (mars 2011)

Une forme souterraine et proactive de littératie : la spatialisation des bibliothèques privées (novembre 2011)

Articles en cours d’évaluation

La montée des îles Aran dans la bibliothèque mondiale, une glocalisation littéraire (automne 2012), revue Cybergéo

Géographie de la littéracie, close et distant reading au Mali » (printemps 2012), revue

Carnets de géographes – publication acceptée, parution automne 2012 Interventions

Journée de formation professionnelle des métiers du livre, « Centre et périphéries », public : libraires, bibliothécaires, éditeurs, responsables associatifs, enseignants, juin 2011, organisation Centre régional des lettres, région des Pays de la Loire.

Journées de formation pour des agents des collectivités locales

Les politiques publiques pour les migrants roumains de culture rom dans l’agglomération nantaise – public : policiers municipaux Ville de Nantes, deux sessions, janvier 2012, organisation CNFPT.

Politiques publiques et action sociale auprès des Roms migrants - public : travailleurs sociaux, élus, personnels de santé, avril 2012, organisation Association Régionale des Instituts de Formation en Travail Social et Médecins du monde.

Une dernière figure vient clôturer cette première partie – document 38 . Elle représente une image possible de la bibliothèque mondiale, très éloignée du sens commun.

Document 38 : la bibliothèque mondiale, des ordres différents qui interfèrent à différentes échelles

(F. Barbe, 2012)

La bibliothèque est composée massivement d’écritures ordinaires, de livres et d’autres écritures qui ne sont ni livres, ni ordinaires ; nous voyons aussi le front d’entrée des écritures-machine, des écritures automatisées dont nous ignorons le devenir. Nous verrons que, parce qu’elle est une industrie, l’édition a pris beaucoup de place dans notre recherche, plus que les écritures ordinaires. Cette place éminente de l’édition nous dit une réserve et en même temps fait observatoire des écritures, avec une entrée dans tous les autres champs utilisateurs de livres. L’abord direct des autres types d’écriture est plus diffus. Il demande une méthodologie du temps long que nos conditions matérielles ne permettaient pas de mettre en œuvre. Toutefois, nous avons souvent croisé les deux ordres d’écriture. C’est bien à cette vue d’ensemble que nous nous sommes attachés.

Nous entrons maintenant dans nos premiers terrains. La seconde partie de notre doctorat (« échelles et mobilités, le tissage de la littératie ») propose une série d’études de cas dont l’entrée n’est pas nationale. Observer les dynamiques scalaires en évitant la « grande porte » de l’État-nation, mais aussi s’autoriser à une approche thématique très ouverte. Nous sommes dans l’émergence, nous sommes en exploration.