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analyse des entretiens réalisés au Mali, en Corée du Sud et en France

à propos de la dimension scalaire et des mobilités

Document 32 analyse des entretiens réalisés au Mali, en Corée du Sud et en France

Lieux, temporalités, langues, genre, variété des biais rencontrés, dont les plus fort nous paraissent être le biais non-francophone au Mali, et en général, l’éviction du populaire. Avec plus de 110 entretiens, il s’agit des conditions réelles d’accès au terrain et des négociations à mener avec les enquêtés pour créer une situation d'échange convenant aux deux parties (négociations qui intéressent la recherche elle-même). Le document ne rend pas compte des va-et-vient (objectivation et subjectivation, engagement et distanciation, excitation et lassitude) du chercheur, de ses « bougés », de sa réflexivité. Un tableau détaillé reprend les entretiens maliens et sud-coréens dans leurs parties respectives.

Hormis les premiers entretiens parisiens dont la réécoute montre le caractère très exploratoire, flottant et attentiste, nous sommes toujours venus avec un discours d’exposition de notre recherche (universitaire, géographique), de notre personne (un auteur, un éditeur) et un cadre de questionnement général adapté à chaque interlocuteur. Nous tentons de les faire parler au-delà de ce qu’ils avaient prévu de nous dire. L’enrichissement se fait d’abord par le caractère cumulatif des entretiens. C’est en montrant qui nous avons déjà rencontrés que nous obtenons l’accélération de l’échange. L’interlocuteur attend du vécu, lui aussi. Une part significative des entretiens fonctionne en système de références croisées, se valide et s’infirme par les tiers informateurs. Des informateurs informels permettent également de reformuler certaines hypothèses dans un cadre privé, très librement. L’entretien dure exceptionnellement une demi-heure (c’est raté), le plus souvent une heure ou plus, une trentaine de personnes ont été vues plusieurs fois. La « disparition dans le paysage », c’est aussi cette capacité à revenir voir l’interlocuteur sans provoquer de gêne. Au fond, il nous paraît que l’entretien, c’est d’abord tenter l’oubli du protocole et la création d’une relation authentique à l’instant de sa réalisation. Cet idéal ne se réalise pas toujours : fatigue, pression, malentendu, méfiance, contrôle, lassitude, etc. Les raisons sont multiples. Il existe également un problème de confidentialité important dans notre recherche, en France, au Mali et en Corée, pour des raisons finalement assez semblables, la sécurité des nos interlocuteurs. Sa perception s’en est trouvé accentuée à l’écriture et à la relecture, puisque plusieurs personnes s’en sont inquiétées dans les trois pays. Notre travail de recherche est bien de nature à perturber la vie privée et professionnelle de certains de nos informateurs. Raisons proxémiques et sécuritaires au Mali, raisons plutôt professionnelles et socio-politiques en Corée et en France. Cela nous amène à ne fournir la liste détaillée des entretiens qu’aux membres du jury et à la retirer des exemplaires papier ou numérique en consultation publique.

Au Mali, tous les entretiens de 2011 ont été conduits en français et seules des discussions informelles ont pu avoir lieu avec des Maliens non francophones, en présence et avec l’aide de Maliens francophones. En Corée du Sud, nous avons recruté et rémunéré deux étudiantes coréennes pour l’interprétariat en observation et en entretien : Lee Narae, une étudiante de 26 ans (langues, droit international, un séjour de 6 mois en France), avec un niveau intermédiaire de français nous a accompagné sur la plupart des observations (bibliothèques, lieux commerciaux, lieux culturels, espace public), Lee Subin, une étudiante plus âgée, en reprise d’études (littérature française, un an en France, niveau expert, master en cours sur le dramaturge Bernard-Marie Koltès) nous a accompagné lors des entretiens. Plusieurs entretiens sans interprète ont eu lieu en français et d’autres en anglais. La conduite directe des entretiens, sans imiter des protocoles de manuels151, a aussi valorisé une pratique antérieure (une longue interview de Han Kza pour la revue des Cahiers de Corée152 en 2002, des modérations de débat culturel à Nantes, avec des auteurs comme Willem, Michèle Rakotoson, Johary Ravaloson, la modération d’une douzaine de cafés de géographie, du travail social auprès de précaires 151 Jean-Claude Kaufmann, 1996, L’entretien compréhensif, Nathan.

152 « Géographe, auteur de contes pour adultes, fictions radiophoniques et autres textes, il anime également des ateliers d’écriture. Made in Korea (L’Atalante, 2001) est son récit de voyage en Corée du Sud, accompagné d’un atlas géo-historique. Cet ouvrage procède de sa découverte enfantine d’une Corée transplantée, celle de Kza Han, revisitée par le regard du géographe. » présentation de l’entretien avec Han Kza, Les Cahiers de Corée, 2002-2003/5.

roumains et français, la conduite d’ateliers d’écriture, etc.). Pour dire rapidement les choses, il s’agit de conserver à l’entretien compréhensif et plus généralement à la méthodologie qualitative sa plus grande liberté, afin de profiter de ses possibilités de découverte et de jouer pleinement cette « combinaison intime entre travail de terrain et fabrication concrète de la théorie153 ».

Enfin, un certain nombre d’entretiens ont pris une forme collective. Il s’agit, pour le Mali, en 2011, d’une rencontre-débat avec une vingtaine étudiants de la filière archive-documentation de l’Université de Bamako, et, en 2012, d’un atelier de restitution, d’un atelier d’écriture pour les candidats du concours de manuscrit de la Rentrée littéraire malienne – document 33 – et d’un atelier d’écriture avec les étudiants de la filière archive-documentation présents sur le Festival, ainsi que plusieurs rencontres amicales avec des informateurs locaux mis en contact par notre intermédiaire.