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Après avoir présenté l’histoire mouvementée du manuel scolaire, nous avons exposé les quatre fonctions du manuel scolaire : référentielle, documentaire, instrumentale ainsi qu’idéologique et culturelle. Ces fonctions ne sont pas toutes réunies dans un même manuel et diffèrent en fonction de la matière et du profil de l’utilisateur (enseignant ou élève). Ainsi, du point de vue de l’enseignant, les fonctions du manuel scolaire sont l’information scientifique et générale, la formation pédagogique liée à la discipline, aide aux apprentissages et à la gestion des cours et enfin, une aide à l’évaluation. Pour les élèves, le manuel dispose de fonctions liées à l’apprentissage et d’interface avec la vie quotidienne et professionnelle. La morphologie du manuel scolaire diffère d’une matière à une autre et dépend avant tout des fonctions du manuel. De ce fait, un manuel de mathématiques ayant une fonction instrumentale voit son architecture différente d’un manuel d’histoire-géographie disposant de fonctions référentielle, instrumentale et documentaire. Il en découle une mise en page distincte d’une matière à une autre et de l’intégration d’illustrations plus ou moins nombreuses. Dans le manuel scolaire, ces illustrations prennent des formes variées (image, photographie, carte, frise, etc.) et disposent également de multiples fonctions (décorative, de représentation, d’organisation, de transformation et d’interprétation).

Avec les avancées numériques, les enseignants travaillent sur les illustrations du manuel scolaire et complètent leur présentation avec des ressources numériques variées allant de la vidéo aux illustrations interactives. Cette évolution des usages est également présente chez les élèves qui emploient de plus en plus le numérique chez eux, en dehors de la sphère pédagogique. Leurs pratiques et leurs habitudes sont alors transformées. De retour dans leur établissement, les élèves semblent déconnectés du monde actuel, démotivés en classe et supportent tant bien que mal le poids des nombreux manuels scolaires présents dans leur cartable. Pour pallier à ces problèmes, le Ministère de l’Education Nationale recommande en 2008 de nouvelles mesures comme l’allégement du poids du cartable (expérimentation de nouveaux formats, utilisation de supports numériques de qualité, légers et avec une mise à jour rapide), la mise à disposition de ressources innovantes pour la classe et le développement de nouveaux usages pédagogiques. Suite à ces recommandations, les premiers manuels scolaires numériques apparaissent chez les grands éditeurs scolaires. Plusieurs versions numériques s’ajoutent à l’offre du manuel scolaire ; numérisée, numérique simple, enrichie et personnalisable. Les versions numériques, hors numérisée, disposent de fonctionnalités, d’outils et une trousse numérique facilitant la présentation des enseignants. Les versions enrichies et personnalisables offrent de grandes plus-values comme

189 l’intégration de ressources (vidéos, enregistrements sonores, illustrations interactives, exercices interactifs, etc.) indisponibles dans les manuels papiers ou encore la possibilité d’ajouter ses propres contenus (imagés ou textuels). Le manuel numérique est alors granularisé pour favoriser le zoom d’un grain pédagogique (une illustration, un bloc de texte, un exercice, etc.), ajouter ou déplacer un élément à l’endroit voulu ou encore le retrouver dans le moteur de recherche. En fonction de l’offre choisie, l’accès aux manuels numériques se fait par le biais de plateformes de diffusion, de l’ENT, sur une clé USB ou sur un DVD. Dès lors que l’enseignant est équipé d’un manuel numérique, la diffusion est réalisable sur ordinateur, tableau numérique interactif, tablette tactile ou via un vidéoprojecteur. Ce sont justement ces matériels de diffusion qui vont permettre de varier les activités pédagogiques (en collectif, en petits groupes en classe, en individuel en classe ou en individuel à la maison) avec le manuel numérique et les illustrations interactives. Mais, pour proposer des usages innovants avec ces ressources numériques, l’enseignant doit traverser différentes étapes que sont l’intégration de ce matériel dans son enseignement, l’adoption, l’adaptation, l’appropriation et enfin l’invention pédagogique. Suite à ce processus, l’enseignant réalise de nouveaux usages avec ces ressources numériques et dans des situations de travail variées. Au vu de cette évolution numérique, il nous semblait important de découvrir les usages et activités proposés avec le manuel numérique au primaire et au collège. Pour cela, deux études ont été menées dans le cadre de cette thèse. La première étude montre que les enseignants interrogés de primaire utilisent des ressources (vidéo, exercices interactifs, illustrations interactives, etc.), outils de visualisation (caches, spots, zooms, etc.) et de la trousse (crayon, feutre, surligneur, etc.) indisponibles dans les manuels papiers. Les activités pédagogiques déclarées relèvent avant tout de l’observation, de la comparaison, de la découverte, de l’entraînement et du dialogue en classe. En ce qui concerne les enseignants de collège, le manuel numérique est utilisé pour la projection dans la salle, pour diffuser des ressources numériques indisponibles dans la version papier, montrer des ressources facilitant la compréhension des élèves (animations et illustrations interactives), faciliter la présentation des enseignants. Les élèves se servent également du manuel numérique pour suivre le cours, réviser (exercices interactifs, fiches ou exercices imprimables, etc.), réaliser un micro-écrit suite à la consultation d’une illustration interactive ou encore revoir des ressources (vidéo, animation, illustration interactive, etc.) sur des notions non comprises. Pour les élèves ayant un handicap visuel, le manuel numérique facilite leur apprentissage (augmentation possible de la taille d’affichage, impression de textes ou d’exercices en format adapté, etc.). Les résultats de ces deux études nous amènent à exposer les bénéfices (richesse en ressources multimédias, possibilité de différentiation pédagogique, aide pour les élèves ayant un handicap, etc.) et limites (tarif toujours élevé, matériel de diffusion faible

190 dans les établissements, etc.) du manuel numérique en nous appuyant sur une revue de littérature.

Pour conclure, l’allégement du poids du cartable grâce aux manuels numériques est envisageable uniquement si les établissements reçoivent des aides financières du Ministère de l’Education Nationale ou que le tarif du manuel numérique soit revu à la baisse. Sans cela, et sans classe mobile (tablette ou ordinateur), il est donc compréhensible que l’usage du manuel numérique ait du mal à se généraliser et que les cartables restent toujours aussi lourds.

Après avoir présenté l’évolution du manuel papier vers le manuel numérique et les nouveaux usages en classe, il convient maintenant de comprendre comment les élèves lisent et s’approprient les contenus de ces ressources numériques.

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DEUXIEME PARTIE