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Introduction de la deuxième partie

CHAPITRE 1 De la lecture papier à la lecture numérique

1. La lecture

1.1 Les processus de lecture

La lecture peut être définie comme l’action de lire, de déchiffrer, de prendre connaissance d’un texte et de comprendre ce qui est écrit.

« L’acte de lire est conçu comme une interaction entre un lecteur et un texte, laquelle se déroule dans une situation très précise. Le lecteur aborde le matériel écrit avec une intention. Pour traiter l’information contenue dans le texte et réaliser son intention, il déploie une activité mentale qui se déroule sur trois plans – visuel, cognitif et métacognitif – et il fait usage de différentes stratégies.388 » (Van

Grunderbeeck, 1994)

Le lecteur est actif et doit mobiliser ses connaissances et des processus pour arriver à comprendre le texte. R. Goigoux définit la lecture « comme une construction de

significations: elle est le résultat d’une interaction entre les données propres au texte et les connaissances du lecteur (connaissances linguistiques et connaissances conceptuelles) en fonction des buts qu’il poursuit à travers cette lecture. Les connaissances du lecteur conduisent celui-ci à développer un horizon d’attente vis-à-vis du texte, selon le contexte de lecture. 389 ». Cette définition implique que le sens du texte doit être construit par le lecteur en

interaction avec celui-ci.

Lire c’est également une action effectuée dans un contexte donné :

Avant d’approfondir le processus de lecture comme tel, il convient d’inscrire l’acte de lire dans le contexte d’une situation de lecture. Lire pour lire, cela n’existe pas. La lecture en soi n’est pas un but: elle est avant tout un moyen qu’emprunte un individu pour atteindre un but qu’il s’est fixé, pour satisfaire un besoin, une curiosité, pour répondre

388

Van Grunderbeeck, N. (1994). Les difficultés en lecture: diagnostic et pistes d’intervention, Gaëtan Morin Éditeur, p.7.

389 Goigoux, R. (2004). Méthodes et pratiques d’enseignement de la lecture. L’apprentissage de la lecture, 1, 37-56, p.53.

196

à une question... La lecture est un acte qu’une personne pose dans une situation précise, en ayant en tête une raison de lire le matériel écrit qui est devant elle.390 » (Van Grunderbeeck, 1994)

Mais lire, c’est également suivre un ou des objectifs de lecture qui influencent la manière dont le lecteur va lire. G.J. Brown391 souligne que l’on lit de différentes manières pour différents objectifs. K. O’Hara392 identifie ainsi les principaux objectifs de lecture : lire pour apprendre, lire pour s’informer, lire pour chercher, lire pour répondre à des questions, lire pour résumer, lire pour discuter, lire pour rédiger, lire pour résoudre un problème ou encore lire pour le plaisir.

T. Baccino et V. Drai-Zerbib précisent que « l’activité de lecture est envisagée comme un ensemble de processus cognitifs qui transforment l’information visuelle des mots d’un texte en une représentation cognitive, intégrant à la fois les connaissances lues que les connaissances déjà mémorisées par le lecteur 393 ». Il existe non pas un processus en

lecture, mais plusieurs processus qui se réalisent à des niveaux simultanés.

S’appuyant sur des études antérieures (Irwin, 1986)394, J. Giasson395 présente la lecture comme un processus comprenant trois grandes composantes : le texte, le contexte et le lecteur. A l’intersection de ces trois variables indissociables se trouve la compréhension en lecture. J. Giasson précise que ces variables influent sur la qualité de la compréhension du texte : « plus les variables lecteur, texte et contexte seront imbriquées les unes dans les

autres, « meilleure » sera la compréhension 396»

390 Van Grunderbeeck, N. (1994). Op. cit., p.7.

391 Brown, G. J. (2001). Beyond print : Reading digitally. Library Hi Tech, 19 (4), 390-399.

392

O'Hara, K. (1996). Towards a typology of reading goals. Technical Report EPC-1996-107, Rank Xerox Research Centre

393 Baccino, T. Drai-Zerbib, V. (2015). La lecture numérique. Grenoble : PUG, p.7.

394 Irwin, J. (1986). Teaching reading comprehension processes, Englewood, New Jersey, Prentice-Hall.

395 Giasson, J. (1990). La compréhension en lecture. Bruxelles : de Boeck.

197

Figure 10 : Variables influençant la compréhension en lecture (Giasson, 1990).

La compréhension en lecture qui résulte de la relation entre les trois variables (texte - lecteur - contexte) peut varier en intensité en fonction de l’importance des variables.

 La variable texte

Cette composante qui concerne le « matériel à lire »397 comprend trois aspects : l’intention de l’auteur, la forme du texte (la structure) et le contenu. L’intention de l’auteur est le but de ce dernier à travers son texte. A travers son texte, l’auteur peut vouloir informer le lecteur, le distraire ou encore le convaincre. La forme du texte correspond « à la façon dont l’auteur a organisé les idées dans le texte alors que le contenu renvoie aux aspects, aux connaissances, au vocabulaire que l’auteur a décidé de transmettre 398 » (Giasson, 1996). Le

contenu est propre aux thèmes et aux concepts exposés dans le texte.

 La variable contexte

La variable contexte comprend selon J. Giasson « toutes les conditions dans lesquelles se

397 Idem, p.7.

398 Giasson, J. (1996). La compréhension en lecture. Bruxelles : de Boeck, p.7.

Texte

- intention de l'auteur - forme - contenu

Lecteur

- structures - processus

Contexte

- psychologie - social - physique

198 trouve le lecteur (avec ses structures et ses processus) lorsqu’il entre en contact avec un texte (quel qu’en soit le type)399

». Sont exclus du contexte les éléments relatifs au texte, les

structures et processus de lecture. Le contexte de lecture prend en compte les trois aspects : psychologique, social et physique.

 Le contexte psychologique concerne l’intérêt, la motivation et l’intention du lecteur pour le texte à lire.

 Le contexte social regroupe les différentes interactions possibles entre l’enseignant, le lecteur ou les pairs pendant la lecture.

 Le contexte physique comprend les conditions matérielles pour lire le texte tels que le lieu où le lecteur lit son texte, le temps qu’il dispose, le support utilisé ou encore le niveau de bruit autour de lui.

 La variable lecteur

La variable lecteur comprend les structures cognitives et affectives (les caractéristiques que possède le lecteur) et les processus que met en œuvre l’individu durant la lecture.

Les structures sont définies comme « les caractéristiques que possède le lecteur

indépendamment des situations de lecture 400 ». Les structures cognitives contiennent les connaissances sur la langue (phonologiques, syntaxiques, sémantiques et pragmatiques) et les connaissances sur le monde. Les structures cognitives sont importantes dans la compréhension de la lecture. Les connaissances sur la langue permettent au lecteur de faire des hypothèses sur le sens du texte et sur la relation entre l’écrit et l’oral.

De même, les connaissances sur le monde sont essentielles pour la compréhension du texte. Elle « ne peut se produire s’il n’y a rien auquel le lecteur puisse rattacher la nouvelle information fournie par le texte. Pour comprendre, le lecteur doit établir des ponts entre le nouveau (texte) et le connu (ses connaissances antérieures) 401 ».

399 Idem, p.22.

400 Idem, p.10.

199

Figure 11 : Les composantes de la variable lecteur (Giasson, 1990).

Les structures affectives jouent également un rôle dans la compréhension d’un texte. Elles englobent l’attitude de l’individu face à la lecture et ses centres d’intérêts. Pour exemple, un élève n’aimant pas l’histoire aura plus de difficultés à lire un texte sur l’histoire des romains que les autres élèves. A l’inverse, un élève passionné par les chevaux aura plus de facilités à comprendre le texte portant sur les allures du cheval (pas, trop, galop) que les élèves non attirés par cet animal. L’élève intéressé sera plus enclin à lire et à comprendre le sujet. S’il dispose d’un intérêt pour le sujet traité, l’élève pourra effectuer des liens entre le texte et ses connaissances favorisant ainsi la compréhension de celui-ci. Cependant, les intérêts du lecteur peuvent également devenir un facteur négatif pour la compréhension d’un texte. La variable lecteur contient également des processus orientés vers la compréhension des éléments de la phrase, vers la recherche de cohérence entre les phrases, des processus ayant pour fonction de construire un modèle mental du texte, pour intégrer le texte aux connaissances antérieures du lecteur ou encore pour gérer la compréhension.

J. Giasson402 distingue cinq grandes catégories divisées en composantes.

402 Idem. Le lecteur Structures Structures cognitives Connaissances sur la langue Connaissances sur le monde Structures affectives Processus Micro- processus Processus d'élaboration Processus d'intégration Processus métacognitifs Macro-processus