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raça [race] au Brésil

I. Le Brésil est un pays inégal

1.2. Synergie des inégalités tout au long du cycle de vie

Les inégalités constituent un système.34 Non seulement un individu peut être victime d'inégalités selon plusieurs axes et dans différents domaines, mais les désavantages qu'il en retire se renforcent entre eux. Afin de démêler cet écheveau complexe, il nous faut procéder pas à pas, tout au long du cycle de vie, pour attribuer les disparités constatées aux caractéristiques pertinentes.

Nous nous basons principalement sur des tableaux établis par l'IBGE et librement accessibles sur leur site35. Il apparaît rapidement qu'ils ne croisent pas de manière systématique les axes de la couleur de la peau, du genre et de la classe sociale. Cela ne nous semble pas déservir notre propos car notre objectif ici est de présenter les inégalités au Brésil et non de les étudier en soi. En outre, cela nous permet de souligner l'importance du positionnement idéologique36 de l'institution statistique, auquel se confronte celui du chercheur.

Notons tout d'abord que la répartition de la population selon la couleur de la peau n'est pas uniforme sur l'ensemble du Brésil [Tableau 2.2]. La comparaison entre les régions Sul et

Norte37 la résume bien : la population de la moitié Sud du pays est majoritairement de couleur

branca [blanche] tandis que celle de la moitié Nord est plutôt de couleur parda [brune]. Le Sudeste a la particularité de comporter la plus forte proportion de personnes de couleur preta

[noire] [7,2 % - Tableau 2.2]. Cette inégalité de peuplement est totalement acceptée : elle résulte des divers mouvements migratoires liés à la formation économique du Brésil.

33 Nous soulignons ici des inégalités auparavant observées par de nombreux auteur. Nous ne les citons pas tous ici car l'objectif est de dresser un panorama des inégalités au Brésil au moment de l'enquête de terrain qui sera présentée dans le quatrième chapitre. Aucune des inégalités mentionnées ici ne remet en cause les faits saillants mis en exergue dans la littérature. Néanmoins, cf. C. Hasenbalg / N. do V. Silva (2003). 34 Selon l'expression de A. Bihr et R. Pfefferkorn (2008). cf. R. Pfefferkorn (2007 : 356 – 357) pour un

schéma d'un tel système.

35 cf. http://www.ibge.gov.br/home/mapa_site/mapa_site.php#download. Pour certains tableaux, nous avons adopté une autre source – systématiquement indiquée – afin de couvrir l'ensemble du cycle de vie.

36 Tel que défini dans l'introduction du présent chapitre.

37 C'est la région Sul qui comporte la plus forte proportion de personnes de couleur branca [80,8 % - Tableau 2] tandis qu'elle est la plus faible dans la région Norte [25,7 % - Tableau 2.2]. La majorité des personnes de couleur amarela [jaune] se situe dans le Sudeste [0,9 % - Tableau 2.2], qui est le bassin traditionnel pour l'arrivée des immigrants japonais. cf. P. Staniford (1973) pour une étude de cette immigration. Nous ne traduisons pas les noms de ces régions à dessein afin de ne pas les confondre avec les orientations géographiques que nous utilisons ; entre autre, le Nord du Brésil ne se réduit pas à la région Norte [Nord].

Tableau 2.2 : Répartition (%) de la population brésilienne selon la région* et la couleur de la peau en 2005

population

totale selon la couleur de la peau (%)

lecture en colonne lecture en ligne

nombre

d'habitants répartition (%) branca preta parda amarela et indígena

Brésil (1) 181 000 608 100 50,5 6,3 42,5 0,7 Norte (1) 11 338 047 6,26 25,7 4,1 69,6 0,6 Nordeste 51 065 275 28,21 29,5 7,0 63,1 0,3 Sudeste 78 557 264 43,40 58,5 7,2 33,4 0,9 Sul 26 999 776 14,92 80,8 3,6 15,0 0,6 Centro-Oeste 13 040 246 7,20 43,5 5,7 49,9 0,9

Source : IBGE, PNAD 2005.

(1) : sauf la population rurale de Rondônia, Acre, Amazonas, Roraíma, Pará et Amapá. La collecte dans ces zones a commencé en 2004 et certains tableaux sur la base des données de 2005 maintiennent cette amputation dans l'optique d'une comparaison avec les résultats antérieurs.

* : cf. la carte dans le volume annexe page 7 pour visualiser les régions brésiliennes.

** : selon la classification de l'IBGE : branca [blanche], preta [noire], parda [brune], amarela [jaune] et indígena [indigène].

NB : les axes du genre et de la classe sociale manquent.

Comme la région et les autres axes d'étude – sauf le genre – ne sont pas indépendants, il conviendra d'en tenir compte lors de l'analyse des inégalités tout au long du cycle de vie. Nous aborderons tout d'abord celles étant attachées au capital humain (santé, éducation) acquis dans l'enfance et au cours de la vie adulte. Puis nous passerons aux inégalités sur le marché du travail, découlant en partie de celles concernant la santé et l'éducation.

1.2.1. Inégalités et santé

La mortalité infantile38 est en moyenne de 24,9 pour 1000 en 200639. Le Sud du Brésil se situe sous la moyenne nationale [oscillant entre 13,9 pour 1000 à Rio Grande do Sul et 21,1 pour 1000 dans le Minas Gerais – Tableau 2.3], contrairement au Nord [où l'Alagoas atteint une mortalité infantile de 51,9 pour 1000 – Tableau 2.3]. Sachant les éléments du Tableau 2.2, constater que le taux de mortalité infantile pour les enfants de couleur preta [noire] et parda [brune] est plus élevé que celui des enfants de couleur branca [blanche] [62,3 pour 1000 contre 37,3 pour 1000 en 199640 – Tableau 2.4] est cohérent avec les résultats du Tableau 2.3. Cependant, comme cet écart existe quelle que soit la région41, nous concluons que la couleur 38 Nombre de décès pour les enfants de moins de unan sur 1000 naissances.

39 Elle est sous la moyenne mondiale [52 pour 1000 en 2007] mais largement supérieure aux taux européens et Nord-américains [6 pour 1000 en 2007] [G. Pison (2007)].

40 Nous n'avons pas trouvé de données plus récentes sur ce point.

41 En effet, selon la répartition de la population [Tableau 2.2], nous aurions pu nous attendre à ce que le taux de mortalité infantile soit plus important pour les enfants appartenant au groupe de couleur majoritaire. Or cela n'est pas le cas. La mortalité infantile est systématiquement plus élevée pour les enfants de couleur

de peau est une variable clef concernant la mortalité infantile.

Tableau 2.3 : Taux de mortalité infantile (‰) selon la région* et l'unité de fédération** en 2006 Brésil : 24,9 / 1000

sous la moyenne nationale au dessus de la moyenne nationale

Sul 19,5 Norte 25,9

Paraná 19,3 Acre 31,7

Rio Grande do Sul 13,9 Amapá 24,6

Santa Catarina 16,6 Amazonas 26,8

Centro-Oeste 19,5 Pará 25,2

Distrito Federal 17,3 Rondônia 24,4

Goiás 20,0 Roraíma 19,6

Mato Grosso 21,0 Tocantins 28,1

Mato Grosso do Sul 18,5 Nordeste 26,7

Sudeste 19,2 Alagoas 51,9

Espírito Santo 19,5 Bahia 34,5

Minas Gerais 21,2 Ceará 30,8

Rio de Janeiro 20,2 Maranhão 40,7

São Paulo 16,0 Paraíba 39,4

Pernambuco 39,8

Piauí 29,3

Rio Grande do Norte 36,1

Sergipe 35,0

Source : IBGE / DPE / Coordination de la Population et des Indicateurs Sociaux – COPIS – 2006 pour les unités de la fédération ; calculs de l'auteur pour les régions.

* : cf. la carte dans le volume annexe page 7 pour visualiser les régions brésiliennes.

** : cf. la carte dans le volume annexe page 7 pour visualiser les unités de fédération, sous divisions des régions. NB : les axes de la couleur de la peau, du genre et de la classe sociale manquent.

Il en est de même pour la dimension du genre, les garçons étant plus touchés que les filles [39,4 pour 1000 contre 30 pour 1000 – Tableau 2.4]. Cette inégalité, observée dans le monde entier, résulte principalement d'éléments biologiques. Il s'agirait donc d'une inégalité acceptée 42, tandis que pour la couleur de peau elle est rejetée totalement. Les mêmes observations peuvent être faites concernant l'espérance de vie à la naissance [Tableau 2.5] où le Nord du pays se distingue du Sud selon la couleur de peau et le genre43.

preta et parda par rapport à ceux de couleur branca.

42 cf. G. L. Drevenstedt / E. M. Crimmins / S. Vasunilashorn / C. E. Finch (2008) pour une étude de la mortalité infantile dans 15 pays au cours du XXème siècle. Notons que cette tendance générale souffre principalement deux exceptions (l'Inde et la Chine) où, pour des raisons culturelles concernant les préférences pour avoir des enfants mâles) et / ou politiques (cf. la politique de l'enfant unique en Chine), la mortalité infantile différentielle est à l'avantage des garçons.

43 Les différences biologiques ainsi que des habitudes socioculturelles font que cette inégalité selon le genre est acceptée. cf. A. Barford / D. Dorling / G. Davey Smith / M. Shaw (2006) pour une présentation de ces causes et de l'évolution de la mortalité infantile des garçons sur le XXème siècle. En revanche rien n'explique

Tableau 2.4 : Taux de mortalité infantile (‰) selon la couleur de la peau* et le genre en 1996 selon la couleur de la peau (‰) selon le genre (‰)

branca preta et parda garçons filles

Brésil (1) 37,3 62,3 39,4 30,0 Norte (1) - - 37,8 27,3 Nordeste 68,0 96,3 58,9 46,3 Sudeste 25,1 43,1 29,7 21,5 Sul 28,2 38,9 25,9 19,6 Centro-Oeste 27,8 42,0 28,8 23,4

Source : IBGE : DPE : Département de la Population et des Indicateurs Sociaux. Division des Études et Analyses et la Dynamique Démographique. PNAD 1996.

(1) : sauf la population rurale de Rondônia, Acre, Amazonas, Roraíma, Pará et Amapá. La collecte dans ces zones a commencé en 2004 et certains tableaux sur la base des données de 2005 maintiennent cette amputation dans l'optique d'une comparaison avec les résultats antérieurs. ** : selon la classification de l'IBGE : branca [blanche], preta [noire], parda [brune].

NB : l'axe de la classe sociale manque. Les axes de la couleur de la peau et du genre ne sont pas

croisés.

Tableau 2.5 : Espérance de vie à la naissance (en années) selon la région*, la couleur de la peau et le genre en 2000

selon la couleur de la peau hommesselon le genrefemmes total branca** preta et parda** brancos° negros° brancas° negras°

Brésil 68,61 71,53 66,15 68,24 63,27 73,8 69,52 Norte 67,37 68,81 66,88 66,38 63,92 71,36 69,98 Nordeste 64,87 66,77 63,85 64,09 61,17 69,58 66,67 Sudeste 70,56 72,25 68,49 69,32 64,83 75,32 72,33 Sul 71,55 72,29 68,61 69,78 65,74 74,93 71,62 Centro-Oeste 69,82 71,9 68,38 69,58 65,56 74,34 71,34

Source : Atlas Racial Brasileiro 2005 – données pour l'année 2000.

* : cf. la carte dans le volume annexe page 7 pour visualiser les régions brésiliennes. ** : selon la classification de l'IBGE : branca [blanche], preta [noire], parda [brune].

° : selon l'agrégation de l'IBGE : brancos / brancas [blancs / blanches], negros / negras [noirs / noires].

NB : l'axe de la classe sociale manque. Celui du genre ne figure pas seul.

Il ne semble pas que ces différences soient dues à une disparité régionale en termes d'équipements sanitaires, notamment du fait de la mise en place du SUS.44 Les structures d'urgence, dont les unités de pédiatrie45, sont réparties conformément au nombre d'habitants [Tableaux 2.2 et 2.6].

a priori cette inégalité selon la couleur de la peau.

44 Le Brésil dispose d'un service public universel, intégral et gratuit de santé [le SUS, Sístema Único de Saúde – Système Unique de Santé], institué en 1988. cf. Ministério da Saúde (2009) pour une description détaillée du SUS. Il peut être complété par des prestations privées si une assurance est souscrite. Dans les faits, le SUS est saturé ce qui implique que la couverture sanitaire n'est pas universelle.

45 Elles représentent plus de 60 % des structures d'urgence [Tableau 2.5], quelle que soit la région. Il s'agit donc d'une priorité en terme de santé.

Tableau 2.6 : Répartition de certaines infrastructures sanitaires et de leur personnel selon la régions* en 2005

unités d'urgence communes

dans l'assistance, part de programme croisé avec la santé (%) personnel de l'assistance sociale total pédiatrie dont

(1) (%) dont pédiatrie (2) (%) total dont disposant d'une assistance sociale (%) total dont personne temporaire (%) Brésil 6002 66,84 100 5564 99,69 14,73 139 549 29,24 Norte 6,8 % 67,40 6,85 8,07 % 100 1,56 10,05 % 37,59 Nordeste 25,74 % 62,85 24,20 32,22,% 99,78 2,74 36,55 % 37,72 Sudeste 38,87 % 69,35 40,33 29,98 % 99,4 16,46 28,03 % 24,27 Sul 19,16 % 70,00 20,06 21,35 % 99,83 40,39 14,41 % 18,75 Centro-Oeste 9,43 % 60,60 8,55 8,37 % 99,78 1,93 11,75 % 18,54

Source : IBGE – PNAD 2005.

Lecture en ligne sauf (2).

(1) : pourcentage d'unités de pédiatrie parmi toutes les unités d'urgence. Ainsi 62,85 % des unités d'urgence du Nordeste sont des unités pédiatriques. (2) : répartition régionale des unités d'urgence pédiatriques. Lecture en colonne.

* : cf. la carte dans le volume annexe page 7 pour visualiser les régions brésiliennes.

De plus, la quasi totalité des communes a une assistance sociale [99,69 % – Tableau 2.6]. Mais nous constatons une inégalité régionale dans son association avec d'autres programmes, notamment sanitaires. Le Sul et le Sudeste privilégient une telle synergie [avec respectivement 40,39 % et 16,46 % de leur assistance associée à une politique de santé – Tableau 2.6], contrairement aux autres régions [cela concerne moins de 3 % de l'assistance – Tableau 2.6]. De plus, le personnel de ce dispositif est composé d'une importante part de non titulaires dans le Norte et le Nordeste [Tableau 2.6], contrairement aux régions de la partie Sud du Brésil. Soulignons une autre source d'hétérogénéité des infrastructures de santé. Il existe de nombreuses assurance privées permettant d'être pris en charge plus rapidement46. Elles sont inégalement réparties sur le territoire brésilien47, principalement en raison de la répartition des revenus qui est une variable déterminante dans l'accès à ce secteur48. Ainsi, en dépit d'une très bonne couverture en termes sanitaires et de la mise en place du SUS, des inégalités selon la classe sociale, le genre et la couleur de la peau existent49. Si elles peuvent être acceptées totalement selon l'axe du genre, cela n'est pas le cas pour les deux autres axes, pour lesquels des politiques publiques devraient être mises en place.

46 Les dispositifs privés disposent de structures distinctes de celles étant publiques. Elles peuvent être mieux équipées que ces dernières et surtout elles sont immédiatement disponibles pour les patients, la pression démographique étant plus faible.

47 M. V. Andrade / A. C. Maia (2006).

48 M. V. Andrade / A. C. Maia (2006) et M. Neri / W. Soares (2002).

49 Certes, il est possible d'observer une amélioration sur le long terme [cf. P.A. Lovell (1999 : 404) pour l'évolution de l'espérance de vie à la naissance selon la couleur de la peau. cf. IBGE (1999) concernant l'évolution de la mortalité infantile]. Mais des inégalités régionales, de genre et selon la couleur de la peau demeurent et se renforcent certainement.

1.2.2. Inégalités et éducation

Le fait d'être scolarisé ou non dépend de l'âge, de la région, de la couleur de la peau et du genre. Globalement, les taux de scolarisation augmentent avec l'âge, jusqu'à 15 ans [97,4 % pour les 7 – 14 ans – Tableau 2.7]. Puis ils décroissent [82 % pour les 15 – 17 ans et 31,7 % pour les 18 – 24 ans – Tableau 2.7], sans doute du fait d'une modification des paramètres d'arbitrage entre l'école et le marché du travail.50 Cela est accentué dans les espaces ruraux où le taux de scolarisation des plus de 15 ans chute plus que dans les espaces urbains.

Tableau 2.7 : Taux de scolarisation (%) par régions*, groupes d'âge et zone d'habitation en 2005

total

Groupes d'âge

0 à 6 ans 7 à 14 ans 15 à 17 ans 18 à 24 ans plus de 25 ans

total urbains ruraux total urbains ruraux total urbains ruraux total urbains ruraux total urbains ruraux

Brésil (1) 31,2 40,8 43,2 29,9 97,4 97,8 95,9 82,0 83,7 74,1 31,7 32,8 25,7 5,7 6,0 4,3 Norte (1) 36,2 33,9 34,4 16,8 96,7 96,6 97,8 81,4 81,3 84,0 36,3 36,4 32,7 8,0 8,1 5,3 Nordeste 34,6 41,8 45,9 33,7 96,5 97,0 95,4 79,3 81,2 75.4 33,9 35,2 30,4 6,6 6,9 5,9 Sudeste 29,0 43,7 45,4 27,7 98,2 98,4 96,0 84,6 86,1 70,2 30,0 31,1 17,2 5,1 5,3 2,8 Sul 28,6 37,9 41,0 22,9 97,9 98,0 97,2 80,7 82,4 73,5 29,8 31,5 19,7 5,0 5,6 2,2 Centro-Oeste 31,5 33,6 36,2 19,4 97,6 97,8 96,1 81,9 83,2 74,6 31,9 32,9 24,4 6,5 6,9 3,7

Source : IBGE, PNAD 2005.

(1) : sauf la population rurale de Rondônia, Acre, Amazonas, Roraíma, Pará et Amapá. La collecte dans ces zones a commencé en 2004 et certains tableaux sur la base des données de 2005 maintiennent cette amputation dans l'optique d'une comparaison avec les résultats antérieurs.

* : cf. la carte dans le volume annexe page 7 pour visualiser les régions brésiliennes. NB : les axes de la couleur de la peau, du genre et de la classe sociale manquent.

Concernant la variabilité régionale, c'est dans le Sudeste que les taux de scolarisation sont les plus élevés. Pour la couleur de la peau, les élèves et étudiants de 5 à 24 ans de couleur branca [blanche] connaissent les taux de scolarisation les plus élevés [Tableau 2.8]. La seule exception concerne la région métropolitaine de São Paulo [RMSP] où l'égalité prévaut51, sauf dans le supérieur. Notons que les retards dans la scolarité affectent peu les élèves et étudiants de couleur branca. Mais, ils concernent ceux étant de couleur preta [noire] ou parda [brune – métis] dont, à cet âge, 25,5 % sont dans le primaire et 49,7 % dans le secondaire [Tableau 2.9].52

50 Notons que le système scolaire brésilien permet de cumuler scolarité et emploi car il y a des cours le matin, l'après midi et le soir. A partir de 15 ans la chute du taux de scolarisation signifie donc qu'il y a un réel abandon de l'école, sans doute parce que l'arbitrage entre le coût de l'investissement scolaire et le gain attendu de cet investissement devient plus tendu.

51 C. Hasenbalg / N. do V. Silva (1999 : 128 – 129) soulignaient déjà de tels taux de scolarisation pour la RMSP à partir de la PNAD 1982. La fréquentation scolaire atteint donc déjà son maximum depuis plusieurs décennies dans cette zone : il semble que concernant l'enseignement primaire et secondaire la RMSP atteigne une évolution asymptotique.

52 Le point positif malgré tout de ce constat est l'importance de l'éducation au sein de la société brésilienne. Nous y reviendrons lors de l'analyse des données d'enquête. Beaucoup d'adultes font le choix de reprendre /continuer leurs études une fois qu'ils travaillent car ils ont alors les moyens de les financer. Il

Tableau 2.8 : Taux de scolarisation (%) par régions*, groupes d'âge et couleur de la peau** en 2005

couleur de la peau

branca preta et parda

5 à 6 ans 7 à 14 ans 15 à 17 ans 18 à 19 ans 20 à 24 ans 5 à 6 ans 7 à 14 ans 15 à 17 ans 18 à 19 ans 20 à 24 ans

Brésil (1) 84,2 98,1 85,3 48,2 28,4 80,5 96,9 79,1 47,1 22,0 Norte (1) 84,0 97,7 84,2 57,8 32,7 74,3 96,4 80,5 53,7 27,5 Nordeste 87,0 96,7 82,1 53,4 29,0 84,7 96,4 78,2 52,1 24,8 Sudeste 88,5 98,6 88,0 45,9 28,6 80,8 97,7 80,4 42,0 18,2 Sul 74,2 98,1 82,6 44,8 26,4 70,2 96,9 73,1 32,6 15,5 Centro-Oeste 79,7 98,2 84,9 56,5 29,9 72,6 97,1 80,0 43,8 20,9

Source : IBGE, PNAD 2005.

(1) : sauf la population rurale de Rondônia, Acre, Amazonas, Roraíma, Pará et Amapá. La collecte dans ces zones a commencé en 2004 et certains tableaux sur la base des données de 2005 maintiennent cette amputation dans l'optique d'une comparaison avec les résultats antérieurs.

* : cf. la carte dans le volume annexe page 7 pour visualiser les régions brésiliennes. ** : selon la classification de l'IBGE : branca [blanche], preta [noire], parda [brune].

NB : les axes du genre et de la classe sociale manquent.

Enfin, si l'écart dans le primaire est faible concernant le genre [94,2 % pour les garçons contre 95,2 % pour les filles], il est plus élevé dans le secondaire où 81,4 % des filles sont scolarisées contre 74,2 % des garçons53.

Tableau 2.9 : Répartition (%) des étudiants de 18 à 24 ans dans les différents niveaux d'enseignement selon la région* et la couleur de la peau** en 2005

niveaux d'enseignement

primaire secondaire pré-vestibular° supérieur (2)

total branca preta et parda total branca preta et parda branca preta et parda total branca preta et parda

Brésil (1) 14,1 9,4 25,5 37,2 33,0 49,7 5,2 4,1 36,3 51,8 19,3 Norte (1) 14,7 13,3 23,3 45,0 39,7 51,4 8,5 6,0 23,7 37,8 18,2 Nordeste 27,0 21,2 33,7 43,4 40,7 48,4 6,5 3,8 17,7 30,3 12,2 Sudeste 7,4 6,1 17,3 33,8 30,9 50,7 5,3 4,3 46,6 57,5 27,0 Sul 4,2 5,8 14,4 28,1 30,7 55,3 3,5 2,3 55,1 59,6 26,2 Centro-Oeste 9,9 8,5 15,5 35,1 30,0 38,7 4,0 2,8 44,4 57,0 31,8

Source : IBGE, PNAD 2005. Pourcentages totaux calculés par l'auteur selon les données disponibles. Lecture en ligne : 33,8 % des étudiants de 18 à 24 ans sont scolarisés dans le secondaire dans le Sudeste et 33,7 % des étudiants de couleur preta et parda de 18 à 24 ans sont scolarisés dans le primaire dans le Nordeste.

NB : la somme des pourcentages en ligne est inférieure à 100 car les personnes dont l'âge est inconnu sont incluses. Les axes du genre et de la classe sociale manquent.

(1) : sauf la population rurale de Rondônia, Acre, Amazonas, Roraíma, Pará et Amapá. La collecte dans ces zones a commencé en 2004 et certains tableaux sur la base des données de 2005 maintiennent cette amputation dans l'optique d'une comparaison avec les résultats antérieurs.

(2) : dont licences, maîtrises et doctorats.

* : cf. la carte dans le volume annexe page 7 pour visualiser les régions brésiliennes. ** : selon la classification de l'IBGE : branca [blanche], preta [noire], parda [brune].

° : le vestibular est le concours d'entrée pour l'université. Nous ne disposons pas des données nous permettant de calculer la répartition sans désagréger par couleur de peau.

existe également un système de cours hors cycle fondamental, appelé supletivo et accessible a priori à tous, ce qui explique que l'on peut avoir entre 18 et 24 ans et être au primaire [Tableau 2.9].

53 Ces chiffres de 2004 proviennent des World Development Indicators [Indicateurs de Développement Mondiaux]. Cette différence peut être due à un arbitrage travail / école plus aigu pour les garçons, surtout dans les espaces ruraux où leur force physique peut être utilisée plus directement.

Concernant le nombre d'années d'éducation, la région, la couleur de la peau et le genre sont à nouveau des variables saillantes. C'est le Sudeste qui connaît le plus haut niveau moyen d'éducation et, quelle que soit la région, les personnes de couleur branca atteignent un niveau plus élevé que celui des personnes de couleur preta et parda [Tableau 2.10].

Tableau 2.10 : Niveau moyen d'éducation (en années) selon la région*, la couleur de la peau**, le genre et le lieu d'habitation en 2005

population de plus de 15 ans

population de plus de 10 ans

urbains ruraux

total occupés total occupés

total branca preta parda occupés total H F total H F total H F total H F

branca preta et parda

Brésil (1) 7,0 7,9 6,2 6,1 8,6 6,4 7,2 7,1 7,2 8,2 7,8 8,7 4,1 3,8 4,3 4,1 3,9 4,5 Norte (1) 7,1 8,0 6,5 6,8 8,5 7,1 6,7 6,5 6,9 7,5 7,0 8,2 - - - - Nordeste 5,6 6,6 5,5 5,2 7,1 5,4 6,2 5,9 6,4 7,0 6,4 7,8 3,3 2,9 3,7 3,2 2,9 3,7 Sudeste 7,7 8,3 6,6 6,7 9,1 7,2 7,6 7,6 7,6 8,7 8,4 9,1 4,7 4,6 4,9 4,9 4,7 5,1 Sul 7,5 7,8 6,5 6,0 8,3 6,5 7,5 7,5 7,5 8,5 8,3 8,9 5,0 4,9 5,1 5,2 5,1 5,4 Centro-Oeste 7,2 8,0 6,4 6,7 8,7 7,1 7,2 7,0 7,4 8,3 7,7 8,9 4,9 4,6 5,2 4,9 4,7 5,2

Source : IBGE, PNAD 2005.

(1) : sauf la population rurale de Rondônia, Acre, Amazonas, Roraíma, Pará et Amapá. La collecte dans ces zones a commencé en 2004 et certains tableaux sur la base des données de 2005 maintiennent cette amputation dans l'optique d'une comparaison avec les résultats antérieurs.

* : cf. la carte dans le volume annexe page 7 pour visualiser les régions brésiliennes. ** : selon la classification de l'IBGE : branca [blanche], preta [noire], parda [brune].

NB : les axes du genre et de la classe sociale manquent.

Les femmes ont globalement un nombre d'années d'éducation supérieur à celui des hommes [Tableau 2.10] et ce résultat est renforcé lorsque nous nous focalisons sur les personnes ayant un emploi [Tableau 2.10]. Cela est cohérent avec les taux de scolarisation et le profil des retards scolaires présentés supra, ainsi qu'avec l'analyse de l'analphabétisme54, qui concerne plus le Nordeste, les espaces ruraux et les personnes de couleur preta et parda [Tableau 2.11].