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raça [race] au Brésil

III. Classifications : décrire la mosaïque brésilienne de couleurs de peau

3.2. La classification de l'institut brésilien de statistiques

A la variabilité multidimensionnelle des classifications populaires s'oppose la relative stabilité de la classification de l'institut brésilien de statistiques. Elle est inchangée depuis 1991. L'un des principaux éléments de rupture réside plutôt dans l'inclusion ou non dans le questionnaire 307 Selon l'expression de O. Nogueira (1998 : 146 – 147, 243)

308 T. E. Skidmore (1992 : 3). « Chaque Brésilien et chaque visiteur perspicace sait que les termes raciaux ne sont pas clairement définis dans cette société ».

309 J. d'Adesky (2001 : 102). 310 O. Nogueira (1998 : 244). 311 M. Harris (1964 : 25 – 26).

312 Nous faisons ici référence au 'triangle du métissage' présenté par N. E. Jr. Whitten (2007). 313 M. Harris (1964 : 27), J. L. Petruccelli (2000 : 13, à partir d'O. Nogueira (1985)).

314 N. do V. Silva (1999 : 115, à partir de L. Sansone (1993)).

315 W. B. Coelho (2006 : 164), par exemple, fait le choix de rassembler 'escuro', 'preto' et 'mulato' dans une catégorie 'preta', tandis que 'mestiço', 'moreno' et 'pardo' le sont dans une catégorie 'parda'.

de l'item relatif à la couleur de la peau. L'utilisation de cette classification comme catégorie d'analyse est controversée, notamment en raison du hiatus existant entre la représentation ainsi utilisée par le chercheur et les représentations populaires.

3.2.1. Une relative stabilité depuis le premier recensement

Rappelons que l'État brésilien n'a jamais adopté de classification officielle.316 Aussi chaque institution est libre d'utiliser celle qui lui paraît la plus pertinente et d'en changer317. Il est surprenant, étant donné le processus de construction de l'identité nationale318, que la 'fable des trois races' n'ait, d'une part, pas servi de support explicite à l'élaboration d'une classification officielle et, d'autre part, que personne ne l'utilise319. Ainsi, les classifications successives adoptées par la Diretoria Gera de Estatística [DGE – Direction Générale de Statistique] puis par l'Instituto Brasileiro de Geografía e Estatísticas [IBGE – Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques], créé en 1938320, se sont de facto imposées321 : il s'agit de la source la plus abondante en termes de données statistiques sur le Brésil, quel que soit le sujet.

Le quesito cor [requête couleur] est présent dès 1872 (premier recensement)322. Le Tableau 1.1 résume le positionnement de la DGE puis de l'IBGE concernant le quesito cor323. Nous constatons trois sources principales324 de changement dans la manière de la collecter : inclure ou exclure le quesito cor, l'objet de recherche principal pour lequel les données sont

316 M. Paixão / L. M. Carvano (2007 : 42).

317 Dans l'armée, par exemple, la classification employée en 1945 était composée de cinq catégories – branca [blanche], morena [brune], parda clara [grise / brune claire], parda escura [grise / brune foncée] et preta [noire] [A. Ramos (2004 : 74)]. Cet auteur en présente également les définitions, qui s'appuient directement sur la couleur de la peau et la plus ou moins grande présence de traits de la 'race noire'. Cette classification n'est plus utilisée depuis longtemps.

318 cf. supra pages 63 à 82.

319 B. Bennassar / R. Marin (2000 : 473). A. Ramos (2004 : 9, 80) décrit cette classification, sans pour autant l'utiliser. Elle demeure mentionnée pour information par certains auteurs, tels que J. d'Adesky (2001 : 94 – 95) qui cite Y. Maggie (1991). De notre point de vue, depuis 1991 la classification de l'IBGE se base implicitement sur cette fable car les trois couleurs initiales sont présentes ('branco', 'preto', 'indígena') ainsi qu'un terme englobant tous les métissages possibles ('pardo'). L'alternative 'amarela' qui y figure aussi ne doit pas gommer la possibilité d'un tel rapprochement.

320 M. Paixão / L. M. Carvano(2007 : 36). 321 M. Paixão / L. M. Carvano(2007 : 42).

322 J. M. P. S. de Oliveira(2003 : 9 – 10) le qualifie de premier recensement du fait de l'objectif visé à travers cette collecte (connaître la population) et de la méthodologie employée, dite 'moderne'. Comme le soulignent B. Bennassar / R. Marin (2000 : 225 – 226), il aurait cependant du avoir lieu plus tôt, dans la mesure où un décret l'institue en 1851. Mais les masses populaires s'y opposèrent : elles craignaient qu'il ne s'agisse d'une première étape avant une réduction en esclavage – encore en vigueur – étant donné le manque de main d'œuvre.

323 cf. J. M. P. S. de Oliveira (2003 : 48 – 69) pour une présentation de l'intégralité du contenu des recensements.

324 Nous introduisons les différences en termes de déclarations (auto- ou alter-déclarations) dans le deuxième chapitre pages 136 à 148.

nécessaires325, et les variations dans la classification proposée. Parmi les 14 recensements prévus, deux (1910 et 1930) n'ont pas été réalisés en raisons de troubles politiques.326 Parmi les douze restants, le quesito cor a été retiré trois fois (1900, 1920 et 1970). Le recensement de 1900 est incomplet et comporte beaucoup d'erreurs, soulignées à l'époque.327 A cette difficulté de mise en œuvre sur le terrain s'ajoutent des raisons d'ordre méthodologique, avancées aussi en 1920 pour justifier l'exclusion du quesito cor. La DGE souligne en effet que cette question est, d'une part, délicate à poser et , d'autre part, qu'il est difficile d'y répondre, notamment car il n'existe pas de définitions claires sur lesquelles se baser afin de qualifier les phénotypes.328 Jane Maria Fereira Souto de Oliveira329 identifie une autre raison de cette exclusion en 1920 : pour le centenaire de l'indépendance, les autorités brésiliennes souhaitent montrer une image favorable de leur nation, or les déclarations de couleurs de peau souligneraient l'ampleur du métissage, qui maintient l'identité nationale dans une triangulation négative330. En 1970, c'est le choix des alternatives composant la classification qui est présenté comme une difficulté méthodologique majeure.331 Concernant la destination principale de ces données en termes d'utilisations, ce n'est que depuis 1980, parallèlement avec le passage des mouvements noirs à une tonalité plus revendicative332, que la couleur de peau devient ouvertement une variable clef. Enfin, la classification a évolué au cours du temps [Tableau 1.1]. En 1872, les quatre alternatives de la classification font en fait référence au statut légal333 : les Européens et les Indiens sont de jure libres, tandis que les autres personnes peuvent être libres ou esclaves. Cette dernière distinction est réalisée au travers des termes 'preto' [noir] (statut d'esclave) et 'pardo' [gris/ brun] (statut d'homme libre) : la couleur de peau sous-jacente peut être exactement la même.

325 J. L. Petruccelli (2006 : 4).

326 J. M. P. S. de Oliveira(2003 : 20 – 21). 327 J. M. F. S. de Oliveira(2003 : 20 – 21). 328 M. Paixão / L. M. Carvano(2007 : 37). 329 J. M. F. S. de Oliveira(2003 : 21, 23).

330 L'exclusion du quesito cor n'abolit cependant pas les faits, tout comme le fait de brûler les documents relatifs à l'esclavage – décret du 14/12/1890 porté par Rui Barbosa – ne l'a pas effacé de l'histoire brésilienne [O. Ianni (1966/2004 : 112 – 113)].

331 J. M. F. S. de Oliveira(2003 : 34 – 35). Cet auteur souligne également que les recherches étatiques de cette époque se focalisaient principalement sur la division du travail. Pour M. Paixão / L. M. Carvano (2007 : 37) l'exclusion du quesito cor est avant tout politique : les autorités ne souhaitent pas aborder le sujet des couleurs de peau. Les autres difficultés, soulignées en 1920, demeurent [IBGE (1970)].

332 J. M. F. S. de Oliveira (2003 : 41), qui souligne également les pressions des universitaires. Pour le MNU, l'absence d'une telle variable statistique permet d'affirmer que les personnes de couleur noire sont peu nombreuses au Brésil, ainsi que de cacher leur « pitoyable condition sociale » [B. Bennassar / R. Marin (2000 : 565)]. O. Ianni (1966/2004 : 110 – 111) va plus loin en affirmant que cette absence vise à nier l'existence d'inégalités selon la couleur de la peau : sans statistique, il est plus commode de poser que tout le monde peut se considérer comme égal aux autres. Cet auteur précise cependant que ces motivations peuvent être inconscientes [O. Ianni (1966/2004 : 111 – 112)].

Tableau 1.1 : Les recensements et le quesito cor au Brésil (1872 - 2000)

Tableau réalisé par l'auteur à partir de J. M. P. S. de Oliveira (2003 : 11 – 16, 25), J. L. Petruccelli (2000 : 9, 17), M. B. de Campos / L. A. F. de B. Longo (2006 : 2), J. L. Petruccelli (2006 : 5), M. Paixão / L. M. Carvano (2007 : 36 – 37).

* : littéralement 'jaune', employé pour désigner les Asiatiques et leurs descendants. ** : catégorie résiduelle, uniquement en 1940.

NB : l'alternative 'sem resposta' [sans réponse] est également disponible. Elle est très peu choisie.

En 1890, 'mestiço' [métis] se substitue à 'pardo' : il s'agit d'agréger tous les métis, ce que le terme 'pardo' ne permettait plus car il était devenu à cette époque synonyme de 'mulato' [mulâtre].334 En 1940, la catégorie 'amarela' [jaune] est introduite – eu égard au nombre plus important d'Asiatiques et de leurs descendants – tandis que 'pardo' devient une catégorie définie ex-post et permettant d'agréger tous les termes désignant les métis. La catégorie 'cabocla' [non traduisible] disparaît en tant qu'alternative : les personnes définies comme telles sont à présent classées comme 'pardas'. En 1980, une catégorie à part pour les descendants des Indiens est réintroduite : 'indígena' [indigène]. Nous parvenons donc à la classification utilisée de nos jours. Au niveau du questionnaire, la question « qual é a sua

cor? » [quelle est votre couleur] est présente mais se limite à un sous-échantillon de la

population ; cela est toujours le cas actuellement335. En 1991, la question est modifiée car la dernière catégorie introduite est considérée comme une 'race' et non comme une couleur336. Le

quesito cor devient donc : « qual é a sua cor ou raça » [quelle est votre couleur ou race].

Étant donné la nature des changements de cette classification, elle est généralement considérée comme étant stable337, ce qui permet de faire des analyses longitudinales.

334 J. M. F. S. de Oliveira(2003 : 17). 335 J. L. Petruccelli (2006 : 5).

336 Cette décision est prise dans le cadre de la loi 7.716 du 05/01/89 ; elle est vivement critiquée, notamment par C. Turra / G. Venturini (1995).

337 J. L. Petruccelli (2006 : 8).

année présence du

quesito cor clef de lecture classification

1872 oui système esclavagiste,

dichotomie libre / esclave branca , preta [esclave], parda [libre], cabocla

1890 oui décompte de la

population uniquement branca , preta , mestiça , cabocla

1900 non immigration –

1910 non

1920 non immigration –

1930 non

1940 oui branca , preta , amarela *, parda **

1950 oui branca , preta , amarela *, parda

1960 oui branca , preta , amarela *, parda

1970 non –

1980 oui branca , preta , parda , amarela *, indígena

1991 oui branca , preta , parda , amarela *, indígena

2000 oui branca , preta , parda , amarela *, indígena

pas de recensement migrations internes, insersion économique, conditions de vie inégalités et discriminations pas de recensement

3.2.2. L'utilisation controversée de la classification de l'Institut Brésilien de Géographie et Statistiques (IBGE) comme catégories d'analyse

La classification actuelle de l'IBGE est critiquée principalement pour trois raisons : sa variabilité sémantique selon les régions, sa potentielle incapacité à couvrir l'ensemble de la mosaïque brésilienne de couleurs, et la présence du terme 'pardo' [gris / brun] jugé inadéquat. Concernant la dimension spatiale, la critique est la même que celle présentée précédemment par rapport aux classifications populaires338 : une même personne peut être classée dans une catégorie dans une région donnée, tandis qu'elle le sera dans une autre ailleurs. Cette difficulté est écartée par les chercheurs de l'IBGE, qui soulignent – tout en reconnaissant que cette variabilité existe – que l'application de la classification dans un lieu donné capte les significations économiques et sociales des différentes catégories339 :

« o reconhecimento dessa [...] lacuna não nos deve ocultar o fato de que em todas as Univades da Federação os brancos experimentam condições de vida notoriamente mais favoráveis do que os auto-identificados como pretos e pardos, independentemente do que venha a ser cada uma dessas formas classificatórias em cada ponto do país »340.

« a classificação ganha a capacidade de apreender a situação do indivíduo classificado em seu microcosmo social, no contexto relacional que efetivamente conta na definição da pertença ao grupo discriminador ou ao discriminado »341.

Ainsi, concernant cette même personne type qui serait classée dans deux catégories différentes selon la région, la variabilité sémantique régionale traduirait le fait que cette personne bénéficierait dans une région d'une position plus favorable que dans une autre. Autrement dit, cette variation tient compte d'un changement dans la position économique et sociale par rapport aux autres membres de la région. D'autres chercheurs de l'IBGE, tels que José Luis Petruccelli, valident cette argumentation, sauf pour des champs particuliers de recherche comme l'étude de la mobilité géographique342.

Cette première limite demeure cependant marginale face aux deux autres critiques, qui alimentent de vifs débats toujours présents aujourd'hui. Dans les années 1990, de nombreuses 338 cf. leur présentation supra pages 86 à 88.

339 R. G. Osório (2003 : 22 – 23).

340 M. Paixão / L. M. Carvano (2007 : 45). « La reconnaissance de cette lacune ne doit pas nous faire oublier le fait que dans toutes les unités de la Fédération les blancs bénéficient de conditions de vie notoirement plus favorables que celles de ceux s'auto-identifiant comme noir et brun, indépendamment de ce que devient chacune de ces manières de classer en chaque coin du pays ».

341 R. G. Osório (2003 : 23). « la classification gagne la capacité d'appréhender la situation de l'individu que l'on classa dans son microcosme social, sans le contexte relationnel que compte effectivement dans la définition de l'appartenance au groupe qui discrimine ou à celui qui est discriminé ».

études ont été menées sur ces deux sujets.343 Leurs conclusions séparent les chercheurs en deux camps : ceux validant la classification de l'IBGE344, et ceux la rejetant345. La première de ces critiques pose que la classification de l'IBGE ne permet pas de couvrir l'ensemble de la mosaïque brésilienne de couleurs de peau346, qui serait mieux caractérisée par les classifications populaires. Ces dernières soulignent en effet l'une des caractéristiques de la manière de nommer les couleurs de peau au Brésil : une certaine ambiguïté. De plus, elles impliquent que l'élaboration de statistiques ne peut mener aux mêmes conclusions que celles obtenues sur la base de la classification de l'IBGE. Mais les partisans de cette dernière soulignent, au contraire, que la variabilité constatée dans le cadre des classifications populaires n'est qu'apparente car l'identification se réalise de facto dans un spectre limité d'alternatives (moins de dix). C'est pourquoi le degré de correspondance entre les déclarations dites libres (classifications populaires où aucune alternative n'est proposée) et celles étant contraintes par la classification de l'IBGE est important : 90 % des personnes s'étant librement classées dans une catégorie donnée conservent ce choix face aux alternatives de l'IBGE. Ce résultat repose bien entendu sur des choix d'agrégation ainsi que sur la plus ou moins grande correspondance entre les deux classifications. La controverse entourant la perception de la diversité chromatique de la société brésilienne va au-delà du fait de fixer le nombre de catégories. Ce sont deux visions de sa mosaïque qui s'opposent, l'une (classification libre) s'inscrivant totalement dans la cor et l'autre (classification de l'IBGE) étant réticente vis-à-vis de la cor, sans pour autant adopter une rhétorique en termes de raça347.

La dernière critique, sans remettre en cause le fait que la classification de l'IBGE se limite à cinq alternatives, se focalise sur la dénomination de la catégorie intermédiaire.348 Les opposants349 au terme 'parda' [grise / brune] lui reprochent de n'être pas spontanément employé pour désigner une couleur de peau et donc d'introduire une distorsion dans les 343 J. L. Petruccelli (2000 : 17 – 18).

344 Parmi les défenseurs de la classification de l'IBGE, citons, outre les propres chercheurs de cet institut, N. do V. Silva et E. E. Telles.

345 Parmi les détracteurs de cette classification, citons C. H. Wood, M. Harris et ses collaborateurs.

346 Nous synthétisons ici les résultats de M. Harris / C. Kotak (1963), R. Sanjek (1971), M. Harris / J. G. Consorte / J. Lang / B. Byrne (1993), C. H. Wood / J. A. M. de Carvalho (1994), B. Byrne / M. Harris / J. G. Consorte / J. Lang (1995), C. Turra / G. Venturini (1995), M. Harris / J. Consorte / J. Lang / B. Byrne (1995),E. Piza / F. Rosemberg (2002/2003),N. do V. Silva (1999), J. L. Petruccelli (2000), C. H. Wood / J. A. M. de Carvalho / F. C. Drummond Andrade (2000), E. E. Telles (2002), J. L. Petruccelli (2002), R. G. Osório (2003), E. E. Telles (2003), F. Rosemberg (2004), L. Sansone (2004), et J. L. Petruccelli (2006). 347 La distinction entre cor et raça figure dans l'introduction pages 20 à 41.

348 Notons que parmi les 92 pays collectant une telle variable – couleur de peau / ethnie / race – seuls 20, dont le Brésil, disposent d'une catégorie intermédiaire pour les métis [R. G. Osório (2003 : 20)].

349 Nous résumons ici les arguments de D. Pierson (1945), M. Harris (1956), M. Harris / J. G. Consorte / J. Lang / B. Byrne (1993), B. Byrne / M. Harris / J. G. Consorte / J. Lang (1995), C. Turra / G. Venturi ni (1995), M. Harris / J. G. Consorte / J. Lang / B. Byrne (1995), L. K. M. Schwarcz (1996).

résultats finaux, car l'utilisation de 'parda' implique une augmentation mécanique du nombre de 'brancos' et de 'pretos', autrement dit, de masquer l'ampleur du métissage. De plus, le terme 'parda' a toujours été connoté de manière négative car, synonyme de 'branco sujo' [blanc sale], il était le rappel, au temps de la prééminence des théories eugénistes, du handicap que représentait le métissage selon les autorités brésiliennes. Les opposants à ce terme proposent celui de 'morena' pour le remplacer, à la fois parce qu'il est beaucoup utilisé par les Brésiliens – du fait de sa connotation positive350 – et parce qu'il fait directement référence à l'idéologie de la 'démocratie raciale' : être 'moreno / a' c'est faire partie d'une 'méta-race'351. Les défenseurs352 du terme 'parda' insistent quant à eux tout d'abord sur l'ambiguïté du terme 'morena', jugé impropre aux études démographiques. Premièrement, il recouvre beaucoup d'apparences physiques différentes. Deuxièmement, dans la mesure où il fait également référence aux effets du soleil, les déclarations peuvent varier selon les saisons. Troisièmement, selon les régions, il s'étale de manière différente sur l'ensemble des alternatives de l'IBGE. Dans l'ensemble, l'utilisation du terme 'morena' – contrairement à celle du terme 'parda' – brouille l'étude des inégalités et discriminations car elle permet d'agréger dans une même catégorie des personnes non discriminées avec celles l'étant. La classification de l'IBGE, en dépit des critiques, demeure une référence incontournable, notamment parce que c'est sur cette base que sont collectées la majorité des données sur le sujet des couleurs de peau. Soulignons également que d'autres débats tendent à s'imposer, car ils cristallisent de plus vives tensions.