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La découverte et l’exploitation de ressources pétrolières n’est pas un gage de développement et de croissance. Bien au contraire, les expériences des économies pétrolières durant la période 1970. 2007 relèvent que la rente pétrolière est plutôt une malédiction ;

-une vaste littérature s’est développée autour de ce que l’on désigne par la malédiction pétrolière pour expliquer ces détériorations de croissance et de développement des pays fortement dépendant de ressources pétrolières.

La maladie hollandaise, peut également résulter de forts investissements, sous une forme quelconque, de capitaux étrangers. Ainsi, il est possible que l’importation d’or et d’argent provenant du continent américain ait contribuéau 17éme siècle, au retard de l’industrialisation espagnole 10.De même que l’afflux d’investissements aux Etats-Unis ait joué au cours des années 1980 un rôle dans la baisse de compétitivité de ses industries.

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132 : Victor Gaspar / La malédiction du roi prudent (sans de bonnes institutions publiques, la tentation de la politique de puissance peut compromettre les objectifs de développement à moyen terme / Revue F&D / FMI / Mars 2015.

Figure N°7 : Perspective Croissance du PIB réel et Croissance hors hydrocarbures.

Pour comprendre comment le taux de change réel explicite le paradoxe de la maladie hollandaise, il faut commencer par étudier son impact sur les industries exportatrices autres que celle, en plein essor, des produits primaires. Avec un taux de change nominal fixe, une inflation nationale supérieure à la hausse des prix mondiaux provoque une baisse des profits des exportateurs : les salaires et les prix des facteurs de production intérieurs augmentent plus vite que le prix de la production.

A l’évidence, l’évolution revient à une hausse du taux réel de change nominal, En cas de baisse de leurs profits, les exportateurs produiront moins pour l’exportation et réduiront, par conséquent, les revenus et les emplois dans les industries exportatrices. Une dévaluation nominale compensant la hausse des prix intérieurs pourrait leur permettre de rétablir leur rentabilité.

La hausse des exportations de matières premières entraine précisément, des élévations de ce type du taux de change réel, lesquelles peuvent prendre deux formes. En premier lieu, les entrées de devises étrangères générées par l’augmentation des recettes d’exportation créent un excédent de devises qui tend à abaisser, comme pour n’importe quel produit de base, leur cours en monnaie nationale. Cette évolution de l’offre provoquera une élévation de la valeur de la monnaie, sauf si la banque centrale s’efforce de maintenir le taux de change officiel à son niveau antérieur 133.

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NB : Cette pathologie tire son nom de la situation que les Pays-Bas ont connue après la découverte, en 1960, de réserves importantes de gaz naturel, lesquelles ont entrainé un essor des ventes à l’étranger et un excédent de la balance des paiements promettant une nouvelle prospérité. En fait, l’économie hollandaise a souffert, dans les années 1970, d’une poussée inflationniste, d’une baisse des exportations de produits manufacturés, d’une réduction des taux de croissance des revenus et d’une hausse de chômage. Le boom pétrolier des années 1970 et de début des années 1980 a généré des paradoxes semblables dans un certain nombre de pays, dont l’Arabie Saoudite, le Nigéria et le Mexique. Les économistes se sont mis à réaliser que la maladie hollandaise constituait peut être un phénomène très général, subi par tous les pays « bénéficiant » d’une forte hausse de leur exportations de produits primaires.

133 : TALHA. L / Le régime rentier à l’épreuve de la transition institutionnelle : l’économie algérienne au milieu du gué / Page N° 125-160 / Karthala.

En second lieu, la hausse des revenus provenant des fortes exportations de produits primaires favorise également l’accélération de l’inflation intérieure, car ces revenus complémentaires accroissent la demande de tous les biens et services dans l’économie. Comme cette demande débouche sur un accroissement des importations, on assiste à des sorties de devises sans hausse des prix toutefois, car le prix des importations ne subit guère l’incidence de la demande d’un seul pays. Mais une partie de la nouvelle demande résultant du boom des exportations s’orientera vers des biens fabriqués sur le marché intérieur.

L’offre des biens non commercialisables étant limitée, en particulier dans les premiers mois ou les premières années de forte progression, le renforcement de la demande se traduit par une hausse des prix des biens non commercialisables, c’est-à-dire par l’inflation intérieure 134.

Le traitement de la maladie hollandaisepasse par l’abaissement de la hausse réelle de la monnaie. Dans la plupart des cas, il faudra procéder à une dévaluation, en l’accompagnant de deux mesures visant à combattre l’inflation, l’adoption d’un budget public en excédent et un freinage résolu de la création monétaire par la banque centrale. Le gouvernement doit résister aux tenants de l’expansion et économiser ses nouvelles recettes jusqu’au moment où il faudra planifier des opérations intelligentes, bien ciblées et à rentabilité élevée. Une politique d’investissement de ce type réalise deux objectifs. D’une part, elle canalise le flot de recettes généré par l’exportation pour financer un développement sain et durable. D’autre part, en retardant de nouvelles dépenses, les pouvoirs publics contribuent, par la politique anticyclique qu’ils mènent, à stabiliser l’économie en réduisant leurs dépenses, pendant la période la plus inflationniste générée par la forte progression des exportations, et en les augmentant après la fin de celui-ci.135

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134: DJOUFELKIT Héléne / Booms de ressources exogènes et développement manufacturier en Egypte : l’illusion du syndrome hollandais / page N° 444 / Thèse de doctorat / Université d’Auvergne Clermont-Ferrand / France / 2003.

135: PEREIRA- Marques et THERET B / Médiations institutionnelles de la régulation sociales et dynamiques macro-économiques, quelques enseignements pour la théorie du développement d’une comparaison des caractères spécifiques nationaux du Brésil et de Mexique / Page N°213 / Document de travail CNRS / 2000.

Figure N°8 : L’explication de la maladie hollandaise.

Source : Malcolm Gillis et autres / économie du développement / Page N°715 / de Boeck /1998.

Le boom pétrolier n’a pas induit d’effet de syndrome hollandais dans le cas de l’Algérie, car le taux de change effectif réel algérien suit une tendance à la baisse alors même que les termes de l’échange n’ont cessé d’augmenter. Le TCER s’est ainsi déprécié de plus de 20 % entre 2001 et 2015. Cette situation s’explique par le fait que les autorités algériennes ont décidé jusqu’à présent de ne pas tenir compte de l’évolution favorable de leur taux de change réel d’équilibre dans leur politique de change. Cette politique de change se traduit par ailleurs par une accumulation record des avoirs extérieurs bruts à la Banque centrale qui atteignent 107 milliards de dollars en 2016 (75 % du PIB) 137.

Figure N° 9: Evolution comparée du TCER et des termes de l’échange

Source : ONS /

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136 : Voir notamment l’article de Mr NEMOUCHI Farouk intitulé : L’économie Algérienne et le syndrome hollandais publié au Quotidien d’Oran le 15 / 09 / 2005 sous le Numéro 3262.

137 : Les fondamentaux du taux de change effectif réel d’équilibre sont l’écart entre la productivité de la main- d’œuvre en l’Algérie et celle de ses partenaires commerciaux, et le prix réel du prix du pétrole. (Voir Rapport sur le pays du FMI N° 05/52). L’impact de la hausse récente du prix du pétrole est tempéré par la croissance relativement lente de la productivité de la main-d’œuvre de l’Algérie, de sorte que le taux de change effectif réel d’équilibre n’a presque pas varié ces dernières années.

Enfin, pour contrer l’effet d’éviction que pourrait induire le syndrome hollandais sur les autres secteurs d’activités.Notre Etat devrait investir davantage dans le secteur industriel, et c’est ce qui a conduit à la mise en perspective d’une nouvelle politique industrielle.