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Le premier à avoir utilisé le concept d’institution dans un sens proche de celui d’aujourd’hui en économie, est l’allemand Gustav Schmoller. Pour lui, une institution est « un arrangement pris sur un point particulier de la vie en communauté, servant à des buts donnés, arriver à une existence et à un développement propre, qui sert de cadre, à l’action des générations successives pour des centaines ou des milliers d’années : la propriété, l’esclavage, le servage, le mariage, la tutelle, le marché, la monnaie, la liberté industrielle » 18.

De plus, il s’agit pour chaque institution, d’un ensemble d’habitudes et de règles de la morale, de la coutume et du droit, qui ont un centre en commun, qui se tiennent entre elles, qui constituent un système, qui ont reçu un développement pratique et théorique commun, qui, solidement enracinées dans la vie de la communauté, sont comme une forme typique ne cessant d’attirer dans son cercle d’action les forces vivantes.

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Par la suite, ce sont les économistes institutionnalistes américains tels que Thorstein Veblen et John R. Commons qui vont mettre au centre de leurs analyses le concept d’institution. Pour Veblen, les institutions sont « des habitudes de pensée dominantes à un moment donné dans une communauté » 19.

En résumé, pour les économistes du début du 20ème siècle, les institutions sont des règles issues de représentations collectives qui guident les comportements des individus, notamment lors de leurs transactions économiques. A partir des années 40, les courants institutionnalistes tombent en désuétude et le concept d’institution disparait quasiment totalement du vocabulaire de l’économiste jusqu’aux années 70.

Le premier économiste à réintroduire la notion d’institution est Oliver Williamson, initiateur de la théorie des coûts de transaction. Avec Williamson mais aussi Douglass North apparait en effet dans les années 70 un nouveau courant, néo-institutionnalisme. En gros, il s’agit de reprendre les objets d’étude des premiers institutionnalistes mais de les analyser avec les outils de l’analyse économique moderne.

Les institutions en tant que règles imposées d’en-haut. C’est la définition telle qu’on la retrouve chez Williamson et à un degré moindre chez North. Pour Williamson, les institutions sont issues des arrangements passés entre les individus pour réduire les coûts de transaction.

Dans les années 70, North adopte une définition très proche de celle de Williamson : les institutions sont des règles élaborées par les individus pour réduire l’incertitude et les coûts de transaction.

M. Aoki et A. Greif définissent une institution comme « un système de règles, de croyances, de normes et d’organisation qui, ensembles, génèrent une régularité de comportement ».

Douglasse. C. North, définit les institutions comme étant : « les contraintes établies par les hommes qui structurent les interactions humaines. Elles se composent de contraintes formelles comme les règles, les lois, les constitutions, de contraintes informelles comme des normes de comportement, des conventions, des codes de conduite auto-imposés »20.

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19 : DEGLA Koukou P / Les approches de l’économie néo-institutionnelle : une analyse synthétique / Revue congolaise d’économie / volume 6 n / °2page 62-90 / Décembre 2011.

Ainsi, C. Ménard, lui aussi a qualifié les institutions par : «L’ensemble de règles durables, stables, abstraites et impersonnelles, cristallisées dans des lois, des traditions ou des coutumes, et encastrées dansdes dispositifs qui implantent et mettent en œuvre, par le consentement et/ou la contrainte, des modes d'organisation des transactions »21

les institutions est un ensemble des règles, stables, abstraites et impersonnelles, inscrites dans la longue durée, encastrées dans des lois, des traditions ou des coutumes, et associées à des mécanismes destinés à asseoir et mettre en œuvre des schémas de comportement gouvernant les relations entre agents ou groupes d’agents.

Somme toute, les institutions sont des règles du jeu, établies au niveau social, qui visent à pallier aux incertitudes en assurant une structure stable d’interactions et de liens

Les institutions sont devenues depuis les années quatre-vingts, une préoccupation centrale dans les études des processus de développement et dans l’évaluation des résultats des différentes politiques structurelles. Elles agissent sur l’efficacité économique, sur les résultats, sur la répartition des ressources et les échanges commerciaux.

Douglas North introduit deux conditions pour garantir la bonne gouvernance : la connaissance aussi bien des objectifs que les règles de jeux. En effet si les objectifs sont connus uniquement par quelques privilégiés et que les règles ne sont pas connues par tous, il n’ya pas d’égalité devant l’information, il n’y a pas de transparence. Les jeux sont faussés. Il y a absence d’équité.

Le tableau dans la page suivante présente la structure d’ensemble ainsi que les grandes articulations entre les différents types d’institutions requises pour le fonctionnement de l’économie, en termes (définition, principe d’action et facteurs de changement).

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21. Ménard, L’approche néo-institutionnelle : des concepts, une méthode, des résultats, Cahiers d’économie politique, n° 44, Page N° 03 /.

Tableau N°01 : Institution, organisation, la nécessité de définitions précises

Composante / Nature Définition Principe d’action Facteurs de changement

Ordre constitutionnel Ensemble de règles générales permettant de résoudre les conflits entre instance de niveau inférieur (institutions, organisations, individus) Légitimité grâce à la délibération ° en général grande inertie des démocraties. °rôle des processus politique dans la reconfiguration. Institution Procédure immatérielle permettant de structurer les interactions entre les organisations (et individus) Réduit ou élimine l’incertitude associée aux comportements stratégiques. °crises structurelles °la faible efficacité n’est pas une raison suffisante de changement.

Organisation Une structure de pouvoir et un ensemble de routine, en vue de surmonter les problèmes de coordination et les comportements opportunistes La carotte et le bâton (c’est-à-dire système de rémunération et contrôle) sont liés aux institutions et conventions

° insuffisances des résultats par rapport à la concurrence. °les crises majeures

suscitent la

restructuration

Routine Ensemble de règles d’action dérivant de la codification d’une connaissance tacite La standardisation simplifie des procédures complexes et facilite une compréhension et réactions communes °évolution défavorable de l’environnement °incohérence entre une série de routines ou évolution de la techné à l’épistémè Convention Ensemble d’anticipation et de comportements se renforçant mutuellement,

émergeant d’une série d’interactions

décentralisées

Mémoire perdue des origines de la convention qui apparait alors « naturelle » °crise général, invasion, traduction,… °L’efficacité est rarement un critère de sélection Habitus Ensemble de comportements

incorporés dans les individus, forgés au cours du processus de socialisation d’un individu Adaptation à un champ particulier, mais possible déséquilibré par transpositions dans un autre.

°Transfert de l’habitus à un autre champ. °nouvel apprentissage, en général difficile.

Source : item / L’économie des organisations / Hibr éditions / page N°11 / Alger /2014.

Nous clôturons cette section consacrée à la présentation des institutions, par la définition proposée par Douglass C. North. Les institutions sont alors constituées de l’ensemble des règles formelles (constitution, lois et règlements, systèmes de valeurs et croyances, représentations, normes sociales) régissant les comportements des individus et des organisations, ces dernières étant des entités regroupant les individus qui poursuivent des buts communs (entreprises, syndicats, ONG)22

Toutefois, les institutions sont très différentes des organisations, et ce sont les interactions récurrentes entre les unes et les autres qui, en fin de compte, orientent le changement institutionnel.

En nous inspirant de l’analyse de D. North, et du courant qu’il avait bien dégagé, nous pouvons, en reprenant ses œuvres, distinguer entre institutions et organisations, ci-dessous, nous allons découvrir la déférence entre institutions et organisations ;