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Section N°05 : Les institutions dans l’optique de consensus de Washington

Face aux défaillances des PED dans leurs stratégies autonomes de développement révélées par la crise de la dette des années quatre-vingts,ils subissaient alors une forte inflation, un déficit budgétaire important, une gestion inefficace des entreprises publiques, des entreprises privées protégées qui imposaient des prix élevés à leurs clients et une politique monétaire très laxiste et pour les aider à surmonter cette crise.Les IFI soumettent leurs prêts à des conditions : ce sont alors les politiques d’ajustement structurel.

Ces programmes comportent un volet conjoncturel, correspondant à la mise en œuvre de politiques de rigueur. Il est considéré qu’il faut impérativement maitriser le crédit intérieur.Les budgets publics doivent retrouver l’équilibre et l’ajustement des taux de change.

De ce fait, ces programmes de rigueur visent à instaurer une économie de marché garantissant la croissance. L’accent est mis sur l’imperfection des marchés dans les PED et sur l’intervention de l’Etat entravant les lois de marché.

Dans ces conditions, les effets pervers ont eu tendance à s’accentuer. Le FMI, la Banque mondiale et le Trésor américain fournissaient la seule solution disponible : le consensus de Washington. Inspirée de l’idéologie ultra-libérale, ce dernier se résume aux réformes suivantes : 47

✓ La discipline budgétaire pour amortir la dette ;

✓ Restriction des dépenses publiques (suppression des subventions) ;

✓ Réforme fiscale et institutionnelles pour garantir le bon fonctionnement des économies de marchés ;

✓ Adoption d’un taux de change unique et compétitif ; libéralisation des échanges ; élimination des barrières à l’IDE ;

✓ Privatisation des entreprises publiques ; dérégulation des marchés ; respect des droits de propriété.

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Cette thérapie a fait l’objet d’une remise en cause à la suite des conséquences des PAS et des crises financières à répétition dans les pays capitalistes. On peut regrouper les effets fâcheux de ces programmes dans les points suivants :

✓ Les réductions budgétaires ont entrainés des coupes dans les infrastructures, l’éducation et autres, domaines nécessaires au développement. Les PAS ont pu avoir des retombées sociaux dramatiques ;

✓ Les libéralisations commerciales et financières n’ont pas toujours eu les effets escomptés, au contraire ont été des facteurs d’instabilités, exerçant des effets négatifs sur l’économie réelle.

En revanche, l’histoire économique des pays capitalistes montre que ces pays ne se sont pas développés en s’appuyant sur les réformes libérales qu’ils prescrivent aujourd’hui aux PED. Ils ont tous, utilisé pendant longtemps les instruments qu’ils interdisent aujourd’hui aux PED et qui s’appellent protection tarifaire et subventions, pour favoriser la croissance de leur industrie.

Les chercheurs du CEPII rappellent, pour leur part, que « l’ouverture des pays aujourd’hui développés ou émergents a été progressive et le débat sur l’utilité d’une protection temporaire des industries naissantes est, en réalité, loin d’être clos ». Et ces chercheurs ajoutent : « beaucoup des pays émergents notamment en Asie, qui ont connu les trajectoires de convergence les plus remarquables, n’ont ouvert leurs marchés intérieurs qu’après que leurs exportations de produits manufacturés ont fortement progressé et que leurs institutions ont été renforcées ».

Toutes ces observations indiquent bien que l’ouverture n’est pas un critère déterminant et conduisent plutôt à penser que les gains de l’ouverture ne pourraient se réaliser qu’à partir d’un certain niveau de développement.

D’autre part, force est d’admettre qu’il n’existe pas de « modèle » universel que chacun devrait appliquer et les recettes orthodoxes n’ont rien donné à ce jour dans les PED. De même, les règles de l’OMC sont à changer afin de permettre aux PED d’utiliser plus activement les protections tarifaires et les subventions pour soutenir leurs industries naissantes. Sans ces mesures et compte tenu des conditions dans lesquelles s’exerce la compétition économique mondiale, les PED ont très peu de chance de voir leur économie progresser et leurs populations améliorer leurs conditions de vie.

Le « consensus de Washington » a subi beaucoup de reproches et des critiques. D’éminents économistes libéraux ont eu une position très critique envers l’approche retenue dans le consensus, approche assez volontariste et néolibérale à l’extrême.

Pour l’économiste Joseph Stiglitz, le pire c’est de considérer que ces règles sont des fins en soi, applicables dans tous les pays qu’elles que soient leurs conditions économiques réelles, alors qu’elles ne doivent être que des moyens pour la réalisation d’un développement soutenable démocratique.

L’application de la « purge libérale » peut conduire à aggraver la maladie. Dans ces conditions, les organisations internationales n’exercent plus la neutralité « positive » suffisante pour enlever l’adhésion de tous les Etats. Aujourd’hui, le consensus de Washington est contesté. Le fonds monétaire international, en tenant compte des réalités économiques de chaque pays concerné. Cependant, les règles restent en place, même si elles doivent être appliquées avec plus de « finesse ».

L’application « brutale » sans le passage par des étapes qui intègrent progressivement les réformes s’est soldée par des résultats peu convaincants et a conduit à des conflits sociaux aux conséquences graves sur le niveau de vie, l’emploi et les équilibres macroéconomiques.

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48 : B.M / Rapport sur le développement dans le monde (conflits, sécurité et développement) / Page N° 89 /2011

Il est d’ailleurs patent de remarquer, comme l’ont fait d’autres économistes, que les prescriptions du « consensus de Washington » 49 ont oublié les problèmes de la globalisation. Il suggère les mesures à prendre pour assurer l’ouverture de l’économie nationale, mais le système international en tant que facteur de changement et ses effets sur les systèmes nationaux n’est pas évoqué explicitement. Or c’est le deuxième élément du cadre de référence dans lequel évoluent l’économie nationale et le paramètre critique qui détermine les stratégies de réforme, de transition et de développement 50.

Outre les questions qui ont été abordées dans cette section, la nécessite de croissance exige d’autre part une amélioration de la gouvernance NB, un approfondissement de la participation, et une amélioration des capacités à gérer le développement.

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49 : C’est pourquoi Joseph Stiglitz et Dani Rodrik, ont proposé un « consensus de Washington augmenté », qui ajoute à la liste précédente des réformes à recommander aux Etats : l’amélioration de la gouvernance d’entreprise ; la lutte contre la corruption ; la flexibilité des marchés du travail ; la signature des traités internationaux (OMC) ; l’adoption de codes et de standards internationaux ; l’ouverture prudente du compte de capital ; des régimes de change non intermèdes ; des banques centrales indépendantes ; des filets sociaux et un ciblage des politiques sur la réduction de la pauvreté.

50 : Vingt et un experts, parmi lesquels (Michael Spence et Robert Solow, Robert Rubin, , Ou Kamel dervis), remettent en cause dans le rapport de la commission « croissance et développement » publié le 22 mai 2008, le fameux « consensus de Washington » qui a servi de bréviaire pour la mise en œuvre des politiques de stabilisation et d’ajustement structurel dans les pays en développement.

12 :RobertoZagha, GobindNankani et Indermit Gill / Repenser la croissance / Revue finance et développement / FMI / Washington / Mars 2006.

33 Mihaela .C / La dynamique de la corruption dans les pays en transition / HEC Montreal.

NB : dans ce cadre, il convient de souligner que les pays arabes rassemblés en conclave en Jordanie l’an 2016, ont approuvé la déclaration qui porte les points suivants :

✓ de la protection des droits de propriété et des droits contractuels ;

✓ de la transparence et de la prévisibilité des politiques, lois, réglementations et politiques administratives au niveau national ;

✓ de la protection des investisseurs ;

✓ le renforcement de la législation anti-corruption ;