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Lorsque la crise éclata, au milieu des années 1986, l’Algérie était dans une situation très difficile. Le changement de cap en matière de développement n’avait pas donné les résultats espérés. Le pays était pris dans l’engrenage de la restructuration des sociétés nationales NB et, par conséquent, l’économie connaissait pratiquement un coup d’arrêt. En effet, des ressources énormes étaient mobilisées pour la mise en œuvre de la restructuration.On peut donc comprendre pourquoi la crise de la dette extérieure a fait son apparition à la fin des années 1986. La double baisse du prix du baril et de la monnaie de facturation qu’est le dollar, a plongé l’Algérie dans une crise aux conséquences insoupçonnables. Dès le début des années 1990, il se trouva étranglé financièrement et son appareil industriel entama une récession qui perdure jusqu’à présent.

Ceci dit, le tableau suivant nous fait découvrir l’évolution des principaux indicateurs économiques durant cette période de l’application du plan d’ajustement structurel comme suit :

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110 : BENHAMOUHUE Zoubir / Algérie, l’impasse / Page N°134 /éditions publisud / 2011. NB : La restructuration des entreprises vise notamment à :

-favoriser l’initiative créatrice des organes de l’entreprise ; -renforcer la décentralisation des organes de l’entreprise ; -renforcer la décentralisation et la déconcentration de la gestion :

-rechercher une plus adéquation entre la taille de l’entreprise, son niveau d’intervention et sa compétence territoriale (voir décret N°80-242 du 04 octobre 1980 article 2, journal officiel)

Tableau N°6 : L’ampleur de la dette extérieure

Années Dette (en

milliards de dollars) Ratio du service de la dette / Exportations en % Encourt de la dette en % du PIB Taux d’inflation Balance courante / PIB Croissance Economique 1990 28,052 63,2 47,9 29,5 -7,3 0.015 1991 27,503 68,5 65,3 27,3 -6 0.01 1992 27,075 73,1 62,8 25 -5,5 -0.007 1993 26,046 82,3 52,1 20,5 -4 -0.002 1994 30,623 47,1 69,9 38,4 -4,3 -0,9 1995 33,237 38,8 76,1 21,8 -5,4 3,8 1996 34,040 30,9 73,5 17,2 2,7 3,8 1997 31,768 29,0 66,4 8,1 7,3 1,3 1998 31,400 46,2 64,8 5,4 -2,5 3,2 1999 28,285 38,9 58,9 4,8 -2,7 3,5 2000 25,261 47,2 47,2 0.3 0.02

Source : Banque d’Algérie

Suite à l’effondrement du prix du baril de pétrole brut, les recettes d’exportation des hydrocarbures chutent à 7.26 milliards de dollars contre 12.72 milliards de dollars en 1986, soit une baisse de près de 43% en une année. Le fardeau de la dette extérieure s’aggrave et engloutit en 1986 deux tiers des recettes d’exportation environ. Tous les plans de développement doivent afficher un profil bas. L’investissement productif chute, en une année, de -3,1%.

Le « contre choc pétrolier » et l’asphyxie devises qu’il provoque en Algérie, vont ériger au rang des priorités, « le desserrement de la contrainte financière extérieure ». Pour compenser l’érosion exceptionnelle de ses recettes extérieures, l’Etat recourt aux emprunts à l’étranger, limite les importations et laisse le Dinar se déprécier, par rapport aux autres monnaies du panier, de 31%, entre 1986 et 1988.

La dégradation de la situation économique et sociale du pays a poussé dès 1991 vers une véritable fuite en avant, au point que l’Algérie finit par accepter les conditions imposées par le FMI, afin de bénéficier du tirage sur les tranches supérieures par un crédit Stand-by de 400 millions de dollars, comme il avait déjà fourni un prêt de 585 millions de dollars début 1989 (y compris quelques facilités compensatoires du fait de la baisse du prix du pétrole et de la hausse des prix des céréales). Pour l’Algérie, à travers cet accord de soutien à son programme de réformes il s’agissait donc 111:

✓ D’obtenir ce prêt du FMI ;

✓ D’obtenir un prêt de la banque mondiale (finalisé en juin 1991) ;

✓ De finaliser le prêt syndiqué auprès d’un groupe de banques internationales ; ✓ De finaliser le cofinancement avec le Japon. Les conditions furent les suivantes 112:

✓ Poursuite de la dévaluation du dinar, afin d’aboutir en juillet 1991 à un taux de change officiel proche du taux de change parallèle dans une fourchette de 25%, soit environ 5 DA pour 1FF, ou 25DA pour 1 dollar. Ce taux devait en outre être stabilisé en terme réels pendant toute la durée du programme d’ajustement. En d’autres termes, si l’inflation interne ne peut pas être maitrisée dans une marge raisonnable, la dévaluation doit suivre.

✓ Diminuer les subventions de l’Etat aux produits de consommation « identifiées à 28 milliards de DA en 1991 ». Il fallait libérer totalement les prix, sauf pour les produits de première nécessité qui peuvent continuer à être contrôlés, mais moins soutenus. Les objectifs sont donc clairement affichés et s’inscrivent dans la démarche globale des réformes engagées depuis 1986 :

✓ Aller dans le sens d’une économie de marché basée sur un dinar convertible et de valeur stable ;

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111 : BENISSAD Hocine / L’Ajustement structurel (l’expérience du Maghreb) / page N° 33 / OPU/ Alger/ 1999. 112 : BENISSAD Hocine /Algérie de la planification socialiste à l’économie de marché / page N°123 / ENAG / Alger / 2004.

✓ Aller dans le sens d’une autonomie réelle des agents économiques (publics et privés) vis-à-vis de l’Administration en général et du politique en particulier ;

✓ Viser une relance de la croissance économique, lutter contre le chômage et le sous-emploi.

En 1993, le service de la dette représentait 82,3% des exportations. L’Algérie était pratiquement en cessation de paiement et il ne lui restait qu’une seule option pour desserrer l’étau : Le rééchelonnement. Ce qu’elle fit et, en 1994, le service de la dette retomba à 47,1%.

L’Accord de confirmation fut signé avec le FMI pour la période avril 1994-mars 1995. Cet accord imposa une thérapie de choc. La stabilisation du cadre macro-économique fut particulièrement douloureuse. Néanmoins, le rééchelonnement avait permis de faire baisser le service de la dette de 82, 3% en 1993, à 47,1%, en 1994.

L’Algérie signa un autre accord plus contraignant avec le FMI puisqu’il lui imposa des réformes de seconde génération et surtout une orientation plus libérale NB. C’est l’objectif de la facilité élargie à moyen terme (mai 1995- mars 1998) qui lui a été octroyé dans le sillage du deuxième accord de confirmation qui arriva à expiration en mars 1995. Il faut souligner qu’à l’expiration de la facilité, en 1998, les principaux objectifs du PAS peuvent être ramenés aux aspects ci-dessous113 :

Les réformes engagées à la fin de la décennie 80 sous la contrainte de la grave crise financière de 1986 (chute forte et brutale des prix des hydrocarbures) ont eu comme objectif premier de mettre en place une régulation financière et bancaire plus performante et plus libérale avec la loi sur la monnaie et le crédit (LMC).

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113 :LAMIRI Abdelhak / Crise de l’économie algérienne / Page N° 87 / les presses d’Alger / 1999.

NB : nouveau rôle de l’Etat qui consiste principalement à se désengager de la sphère économique pour se cantonner à sa fonction de régulateur ;

-introduction des mécanismes du marché pour rompre progressivement avec l’économie administrée (libération des prix, suppression des subventions et des monopoles publics…) :

-réforme du secteur public productif dont l’axe central est sa privatisation ; -réforme du système bancaire et financier ;