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La surmédiatisation de Nicolas Sarkozy

LORS DES ELECTIONS PRESIDENTIELLES AUX É TATS U NIS ET EN F RANCE

1.9 L E « STYLE S ARKOZY » : EXCES ET BRUTALITE

1.9.1 La surmédiatisation de Nicolas Sarkozy

Bien qu’il soit entré officiellement en campagne le 14 janvier 2007, Nicolas Sarkozy a toujours eu pour but d’exploiter les médias, et la télévision en particulier, comme un outil de communication essentiel au service de sa promotion et du suivi de son parcours. C’est pourquoi il a toujours été important pour lui d’être présent sur la scène médiatique et par la même occasion dans l’esprit des Français. « Si je ne faisais pas attention, tous les jours je serais à la télévision jusqu’à ce que les téléspectateurs en aient la nausée142. » Cette déclaration va s’avérer prophétique car, effectivement,

les téléspectateurs, devenus ses électeurs, vont être excédés dès septembre 2007.

140 Ibid.

141 En réalité la cote de confiance de Nicolas Sarkozy ne cesse de baisser, passant de 64% en septembre 2007 à 38% en mars

2009 pour descendre à 20% en mai 2011 et finir à 37% en mai 2012. Source : http://www.tns- sofres.com/popularites/cote2/redirect.php?nom2=Nicolas+Sarkozy&perso=sarkozy&id_doumic=5270&fonction=Ancien+Pr %E9sident+de+la+R%E9publique&start=1&end=60&forme=tout&submit=Afficher+ma+s%E9lection

142 En 1995. Dans le journal Marianne du 14 avril 2007 repris dans Ali MAGOUDI, J’vais vous dire un truc… Les plus belles

Comme nous l’avons évoqué plus haut, il est important pour lui d’être perçu comme proche de son électorat : « Vous savez pourquoi je suis tellement populaire ? Parce que je parle comme les gens143. » Nicolas Sarkozy suit de près sa couverture médiatique aussi, et analyse ses scores d’audiences à la télévision avec ses conseillers, tout comme sa cote de popularité dans les sondages. Il y voit l’intérêt des électeurs à son égard et semble en tenir compte pour définir son comportement144 :

« Dix-neuf millions de téléspectateurs m’ont regardé. C’est extraordinaire ! Du jamais vu ! C’est presque la moitié des français en âge de voter. C’est une audience de finale de la Coupe du monde de football. (…) tout cela me conforte dans l’idée que ma présence dans les médias et ma pédagogie sont essentielles145. » Ou encore :

« Aller contre moi, c’est aller contre l’opinion146. »

Nicolas Sarkozy étant « un bon client » de la télévision, beaucoup de choses relatives à la connivence entre lui et les chaînes ont été dites. Afin de démentir ces critiques, David Pujadas explique son point de vue concernant la « surmédiatisation » de Nicolas Sarkozy. Pour illustrer ceci, Renaud Saint-Cricq et Frédéric Gerschel citent ses propos tirés de son livre Vous subissez des pressions ? publié chez Flammarion en 2009147. Dans cet extrait, le journaliste rappelle une statistique de l’INA : « Les trois premiers mois de son mandat, Nicolas Sarkozy est apparu deux fois et demi plus de temps dans les émissions d’information des principales chaînes que Jacques Chirac en 1995. » En effet, Nicolas Sarkozy est dans l’ensemble la personnalité politique la plus présente dans les journaux télévisés de TF1, France 2, France 3, Canal + ou M6 selon les lettres trimestrielles publiées par l’Institut national de l’audiovisuel (INA) depuis son élection en mai 2007 jusqu’à la fin de son mandat en mai 2012148. Ensuite il explique : « Oui, le nouveau chef de l’État occupe les écrans. D’où un raccourci vite pris par de nombreux commentateurs : les télés sont fascinées (…), elles déroulent le tapis rouge, elles sont lèche-bottes… Je veux le dire tout net : ce reproche est fantaisiste. » Il ajoute que Nicolas Sarkozy est « un

143 En avril 2004 selon Marianne le 14 avril 2007, p. 25.

144 Voir plus bas : L’influence des sondages d’opinion sur les thèmes de campagne.

145 Le 5 décembre 2007, deux jours après un passage à la télévision selon Le Canard enchaîné et repris dans Ali MAGOUDI,

J’vais vous dire un truc… Les plus belles déclarations de Nicolas Sarkozy, La Découverte, 2009, p.19.

146 Le 24 septembre 2006 dans Le Journal Du dimanche repris dans Ali MAGOUDI, J’vais vous dire un truc… Les plus

belles déclarations de Nicolas Sarkozy, La Découverte, Paris, 2009, p. 15.

147 Renaud SAINT-CRICQ, Frédéric GERSCHEL, Canal Sarkozy, Flammarion, 2009, p. 259 et 260.

148 Voir leslettres trimestrielles de l’INA. Lettres 5 à 27 – Top des personnalités présentes dans les JT depuis janvier 2007.

président particulièrement actif sur la scène publique. Son credo est connu : "un événement par jour", "faire l’actualité plutôt que la subir" […]. Avec le recul, j’ai tendance, pour ma part, à assumer cette large couverture… Alors pro ou anti- Sarkozy ? Heureusement, ni l’un ni l’autre. Ni pro ni anti-Royal. Je ne revendique pas, comme quelques confrères, de voter blanc à toutes les élections. Je revendique en revanche l’absence d’un esprit de chapelle et une éthique professionnelle en particulier sur des enjeux aussi lourds. Il peut y avoir des erreurs d’appréciation, mais jamais de parti pris. »

Nicolas Sarkozy a également compris qu’en diversifiant ses apparitions à l’antenne il touchait une diversité plus importante de personnes et élargissait son électorat. D’où l’intérêt de multiplier les apparitions dans divers types d’émissions et différentes cases horaires. Le 20 avril 2001, quand Marc Olivier Fogiel demande à Nicolas Sarkozy pourquoi il a accepté l’invitation à son émission On ne peut pas

plaire à tout le monde diffusée sur France 3, celui-ci répond : « Si je ne prends aucun

risque, si je ne vais que dans des émissions que j’ai faites dix-sept fois, vingt-sept, vingt-huit fois, devant un public qui n’est que passionné par la politique, alors je n’ai aucune chance de pouvoir élargir le spectre et le nombre de ceux auxquels je veux faire comprendre que la voie de gauche n’est pas la seule obligatoire. » Nicolas Sarkozy a compris que l’homme politique, se voulant rassembleur donc populaire, se doit d’être présent à un large panel d’émissions visant différents publics à la façon d’une publicité pour un produit accessible à tous.