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Convaincre ou vaincre ; la domination comme stratégie

LORS DES ELECTIONS PRESIDENTIELLES AUX É TATS U NIS ET EN F RANCE

1.9 L E « STYLE S ARKOZY » : EXCES ET BRUTALITE

1.9.2 Convaincre ou vaincre ; la domination comme stratégie

La combativité de Nicolas Sarkozy est évidente. D’ailleurs, celle-ci se manifeste à l’écran comme en coulisses. Il semble que, quand il n’a pas la possibilité de rétorquer sur un plateau, il en parle à la direction de la chaîne où il a été « maltraité » afin de remettre de l’ordre. Le dimanche 30 octobre 2005, Laurence Ferrari fait une interview de Nicolas Sarkozy au sujet des émeutes de banlieue. Elle veut parler de prévention mais les réponses du ministre de l’Intérieur s’orientent vers la répression. Elle finit l’interview en disant « C’était Nicolas Sarkozy, ministre de

l’Intérieur et candidat à la présidentielle pour 2007. » Le lendemain, les conseillers de Nicolas Sarkozy téléphonent à TF1 pour manifester leur mécontentement. Ensuite, Etienne Mougeotte, le directeur de l’antenne, Robert Namias, le directeur de l’information et Patrick Le Lay PDG de la chaîne, convoquent la journaliste pour la recadrer.

Plus tard, lors d’une émission, diffusée le 5 février 2009 sur TF1, France 2 et M6, le président de la République évoque l’échéance de 2012 en disant qu’il s’agit d’une tâche tellement difficile et absorbante qu’il n’a pas le temps d’y songer : « Mon métier est très difficile, il faut beaucoup d’énergie, beaucoup de force pour le faire. J’ai encore trois ans et demi, et je vais utiliser mes forces pendant cette période. Les gens attendent de moi que je fasse mon travail, et pas que je me projette. Je dois faire mon boulot. » Avec ce commentaire il entend faire oublier son ambition et rappelle qu’il travaille sans relâche pour valoriser son action. Ici, il s’agit de semer le doute et de créer l’attente tout en rappelant son engagement auprès des téléspectateurs. Peut- on entrer une nouvelle fois en campagne en disant qu’on n’y pense pas ? La question semble légitime si l’on prend en considération d’une part, le « passif » de Nicolas Sarkozy et d’autre part, le fait que sous la cinquième République, le seul président qui n’a pas exercé deux mandats est Valéry Giscard d’Estaing alors qu’il s’était représenté contre François Mitterrand en 1981.

D’un autre côté, Nicolas Sarkozy défend Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de mai 2007 à novembre 2009, critiqué à propos de ses relations avec les chefs d’État africains Omar Bongo et Sassou Nguesso dans le livre Le Monde

selon Bernard K. de Pierre Péan (Fayard) paru le 4 février 2009 : « C’est curieux,

chaque fois qu’un média invite Dominique de Villepin, il n’y a aucune question sur ses soucis judiciaires, sa mise en examen. Bernard n’a rien à se reprocher, mais là on en fait toute une histoire. » Ainsi, il détourne l’attention sur une autre polémique qui lui est plus favorable car elle porte atteinte à un concurrent. Nicolas Sarkozy aime la confrontation car il a une grande confiance en lui en ce qui concerne ses prestations à la télévision. Et pour cause, il prépare ses prestations avec rigueur. Le 22 janvier 2009, lors d’un entretien avec Renaud Saint-Cricq et Frédéric Gerschel,149 David

Pujadas raconte que, lors de sa première rencontre avec Nicolas Sarkozy en 2002, ce dernier l’avait félicité pour une interview qu’il avait faite la veille de Jacques Chirac. Il avait apprécié la façon dont le journaliste avait mis en difficulté le président de la République de l’époque.

Le 24 Avril 2008, David Pujadas interviewe Nicolas Sarkozy en compagnie de Patrick Poivre d’Arvor, ex-présentateur du 20 heures sur TF1, Yves Calvi, animateur de C dans l’air sur France 5, Véronique Auger, présentatrice sur France 3 et Vincent Hervouët, présentateur du Journal du monde sur LCI. Ce jour là, les journalistes demandent dix minutes d’antenne en plus avant l’interview et dix minutes d’antenne en plus après. David Pujadas explique cette démarche : « Pour notre petit orgueil et pour évoquer le climat politique. Ça faisait huit mois qu’il était élu, il y avait eu un immense espoir et il était au plus bas dans les sondages150. C’était une grosse

déception. Notre demande a été acceptée. Sarkozy est sûr de lui à la télévision. Il n’essaie même pas de connaître les questions avant. C’est la même chose au 20 heures. Et à la fin, il dit toujours : "Merci beaucoup de m’avoir invité." Un jour j’avais été insistant pendant le journal et lui s’était un peu énervé. En partant, il m’avait souri : "C’est bien quand c’est comme ça." Il aime le combat. »

Le mercredi 20 juin 2007, lors d’une interview à l’Élysée, Patrick Poivre d’Arvor demande à Nicolas Sarkozy s’il est « excité comme un petit garçon qui est en train de rentrer dans la cour des grands » suite à son comportement jugé « étrange » pendant le G8 du 6 au 8 juin 2007. Le président répond : « Petit garçon, franchement à 52 ans, c’est parce que vous avez quelques mois de plus que moi que vous dites ça, monsieur Poivre d’Arvor ? » Un an après cet épisode, Patrick Poivre d’Arvor est remercié de TF1 sans que pour autant il ait été établi de lien direct entre ce fait et Nicolas Sarkozy.

150 Il avait une cote de confiance de 37% en avril 2008. Source : http://www.tns-

sofres.com/popularites/cote2/redirect.php?nom2=Nicolas+Sarkozy&perso=sarkozy&id_doumic=5270&fonction=Ancien+Pr %E9sident+de+la+R%E9publique&start=1&end=60&forme=tout&submit=Afficher+ma+s%E9lection

1.10 …

ET SON IMPACT SUR LES ELECTEURS

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