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CHAPITRE 2 : Audition, surdité et implant cochléaire

3. Surdité

3.1. Caractéristiques de la surdité

Il existe plusieurs critères qui permettent de proposer un classement des surdités chez l’enfant. Ces critères sont détaillés dans plusieurs articles, notamment ceux de Mondain et al. (2005), et Lina-Granade & Truy (2005). Nous avons choisi de nous appuyer sur ces deux articles pour proposer un aperçu des caractéristiques des surdités qui peuvent survenir chez l’enfant, et qui peuvent nécessiter le recours à un dispositif auditif. Toutes ces caractéristiques permettent d’établir une classification des surdités en fonction de trois critères principaux : le côté de la surdité, le degré de la surdité et son étiologie. Ces caractéristiques sont représentées dans la figure 2.4 ci-dessous, tirée de Mondain et al. (2005). Ces caractéristiques vont ensuite permettre à l’équipe médicale de proposer un dispositif et une rééducation orthophonique les plus adaptés à l’enfant.

Figure 2.4 : Classification des types de surdités chez l’enfant, tirée de Mondain et al. (2005)

3.1.1.Surdités unilatérales et bilatérales, âge de survenue de la surdité, étiologies

Chez l’adulte, comme chez l’enfant, la surdité peut être unilatérale ou bilatérale, c’est-à-dire qu’elle affecte une seule oreille ou les deux oreilles, ce qui va avoir des répercussions différentes sur l’audition et la qualité de vie de la personne concernée. Chez les enfants, l’âge de survenue de la surdité est également un critère déterminant sur l’évolution des capacités de communication. Mondain et al. (2005) et Lina-Granade & Truy (2005) présentent les différents types de surdité en fonction de l’âge de survenue de celle-ci : si la surdité est présente dès la naissance, il s’agit d’une surdité congénitale ; si elle survient avant l’âge de deux ans, c’est une surdité prélinguale ; entre deux et quatre ans, une surdité périlinguale, et après quatre ans, une surdité postlinguale. Les effets de l’âge de survenue vont être déterminants dans l’accès des enfants à l’oral. En effet, plus la surdité est précoce, moins les enfants vont avoir eu l’occasion de baigner dans un environnement oral, et les éventuelles remédiations de la surdité vont devoir construire des représentations langagières et phonologiques à partir de très peu d’expériences de l’oral.

La surdité peut avoir plusieurs origines, qui vont également déterminer le site de l’oreille qui va être affecté par la perte auditive : la surdité peut être notamment d’origine génétique, ou acquise (liée à un traumatisme, une pathologie, une infection, etc. voir Mondain et al. (2005) pour une revue détaillée de toutes les étiologies de la surdité chez l’enfant).

3.1.2.Degré de surdité

Les surdités peuvent être classées selon le degré de perte auditive subie par la personne sourde. Ce degré de surdité est évalué par des tests audiologiques qui permettent de situer la perte auditive par rapport à des seuils d’audition, définis par le Bureau International d’Audiophonologie. Ces seuils sont calculés à partir de tests de perception de certaines fréquences (500 Hz, 1000 Hz, 2000 Hz, 4000 Hz). La table 2.1 ci-dessous présente ces différents degrés de surdité et la perte auditive correspondante.

Table 2.1 : degré de surdité et niveau de perte auditive (d’après Mondain et al. (2005) et Lina-Granade & Truy (2005))

3.1.3.Types de surdité

Le dernier critère qui permet de caractériser la surdité est le mécanisme de l’atteinte. Il existe trois types de mécanismes qui vont provoquer la surdité, et qui affectent des sites différents du système auditif : surdité de transmission, surdité de perception et surdité centrale. Il existe également des surdités mixtes (surdité de transmission et surdité de perception conjointes). Les surdités de transmission et de perception (ainsi que les surdités mixtes) affectent le système auditif périphérique alors que la surdité centrale affecte le système auditif central.

3.1.3.1.Surdité de transmission

La surdité de transmission est une atteinte de l’oreille externe ou moyenne. C’est la surdité la plus fréquente chez l’enfant. D’après Mondain et al. (2005), la surdité de transmission est liée à des otites séromuqueuses dans 95% des cas. Elle correspond à une perte auditive généralement inférieure à 60 dB et ne se manifeste pas par une distorsion acoustique. Les personnes atteintes de surdité de transmission ont un retour auditif de leur propre voix par voie osseuse et peuvent ainsi contrôler l’intensité, la mélodie et l’intensité de leurs productions de parole.

3.1.3.2.Surdité de perception

La surdité de perception est une atteinte de l’oreille interne et/ou des voies auditives. Elle est généralement liée à une dégradation ou une absence de cellules ciliées qui tapissent la cochlée et qui transmettent les sons aux fibres qui composent le nerf auditif (voir ci-dessus, §2.3.2, ce chapitre). D’après Mondain et al. (2005), la surdité de perception est d’origine génétique chez 50 à 60% des enfants. La surdité de perception peut être légère, moyenne, sévère, profonde ou totale. Elle correspond à une distorsion fréquentielle et éventuellement à une distorsion d’amplitude.

3.1.3.3.Surdité centrale

La surdité centrale est liée à une atteinte au niveau du système auditif central, c’est-à-dire à une atteinte du nerf auditif ou du tronc cérébral, qui bloque la transmission du son.

3.2. Types de dispositifs de remédiation auditive disponibles

Il existe plusieurs types de dispositifs qui peuvent permettre aux personnes sourdes d’améliorer leur niveau d’audition : dispositifs à conduction aérienne, dispositifs à conduction osseuse et dispositifs par stimulation électrique (Mondain et al., 2005). Chaque type de dispositif est proposé par une équipe médicale, en fonction du type de surdité.

Les dispositifs à conduction aérienne peuvent être soit des prothèses auditives qui captent, amplifient et transmettent les sons, soit des implants de l’oreille moyenne. Les prothèses auditives sont des dispositifs externes et amovibles, qui se fixent au niveau du pavillon.

Les dispositifs à conduction osseuse sont de deux types : les prothèses BAHA, qui sont des systèmes amovibles placés derrière l’oreille, et qui captent le son et le transmettent par des vibrations au niveau des os du crâne, et les prothèses Tactaid qui captent et transmettent le son par des vibrations au niveau du dos ou du torse.

Les dispositifs par stimulation électronique sont soit des implants cochléaires qui stimulent des fibres du nerf auditif au niveau de la cochlée (nous détaillerons le fonctionnement de l’implant cochléaire dans le paragraphe §4 ci-après), soit des implants du tronc cérébral, qui sont placés au niveau du nerf auditif lorsque celui-ci ne transmet plus le son.

Notre projet étant d’étudier les caractéristiques de la parole d’enfants sourds, porteurs d’implants cochléaires, nous avons fait le choix de présenter ce seul dispositif de façon détaillée dans le paragraphe §4 ci-après, en laissant de côté les autres types d’appareillages disponibles.