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Un terrain aux multiples visages

B. Trois territoires du Sud du Brésil

1/ La « Suisse » de l'Amérique Latine ?

► Présentation générale

Les États de Santa Catarina et du Rio Grande do Sul composent avec le Parana une des cinq grandes régions brésiliennes : le Sud. Ce Sud est souvent traité à part dans la littérature à propos du Brésil, pour être très différent du pays chamarré présent dans l'imaginaire mondial, plus proche de celui de Rio de Janeiro ou de Salvador de Bahia. Nous avons choisi d'exclure le Parana de notre étude pour des questions d'ampleur du territoire (manque de temps et de moyens pour parcourir un État supplémentaire), et également car les caractéristiques qui font la singularité de cette région au Brésil y sont légèrement moins prégnantes que dans les deux autres États. Les deux États du Santa Catarina et Rio Grande do Sul réunis atteignent plus de 377.416 km² (respectivement 95.354 et 282.062 km²) soit davantage que l'Allemagne par exemple (357.340 km²). La population de plus de 17 millions d'habitants (6.249.682 catarinenses et 10.855.214 riograndenses) est polarisée par les villes côtières de Florianópolis (469.690 habitants, 1.131.981 dans l'« aire métropolitaine ») et Porto Alegre (1.420.667 habitants), les capitales administratives et culturelles des deux États80. Mais ce qui frappe d'abord le voyageur quittant les villes ce sont les paysages catarinenses et riograndenses, fruits à la fois de caractéristiques physiques fortes (relief et climat) et d'une histoire singulière qui ont façonné une occupation spatiale et une culture originale.

En effet, le climat et le relief sont une des premières originalités de la région : la latitude n'est plus tropicale comme dans le reste du pays et le climat s'en ressent, devenant tempéré, abritant des

80Source des chiffres : Estimativa Populacional 2015, Instituto Brasileiro de Geografa e Estatística (IBGE)

cultures qui ne sont pas si communes dans le reste du pays, comme la vigne ou les pommes. Le relief est parfois spectaculaire, loin de l'image d'une mer amazonienne, on se retrouve face aux canyons, séparant les hauts plateaux des plaines littorales plus planes.

Le Sud fait partie du « plateau brésilien » (autre grand relief du Brésil avec le « bassin amazonien ») d’une altitude moyenne de 300 à 800 mètres, formé de hauts plateaux entrecoupés de chaînes de montagnes et de vallées. C'est ainsi que la Serra Geral, chaîne parmi les plus hautes du pays culminant au sommet du Monte Negro à 1.398 m, se dresse face au littoral catarinense-riograndense, formant parfois d'impressionnants canyons.

Illustration 9:Rio Grande do SuletSanta Catarina : deux États au reliefcontrasté (Vitrolles,2011)

En lien avec ce relief contrasté, l'alternance saisonnière est plus nette que dans le reste du pays, certaines villes se targuent même de voir tomber la neige tous les ans, provoquant l'enthousiasme du pays et la ferté locale, engendrant également des habitudes culinaires ou culturelles singulières reconnues dans tout le pays comme étant de cette région (gastronomies et produits serranos et gaúchos, rituel du chimarrão81, etc...). L'identité « sulista » est nette, notamment lorsque que l'on voyage dans le reste du pays. Jean Demangeot s'étonnait dans les années 1970 de cette singularité (voir citation en début de chapitre) et l'expliquait en priorité par les trajectoires de peuplement étant donné que les « séquelles du système colonial » (système des plantations, descendants d’esclaves noirs) ferait complètement défaut au Sud du pays (ce qui n'est pas totalement vrai). Le peuplement s’y est fait tardivement, « d’une part à une époque où la traite des Noirs était presque morte, d’autre part alimenté directement par une émigration européenne qui n’a pas eu le temps de se fondre dans la masse »(Demangeot, 1972). C'est ce que permet de comprendre un bref historique.

La construction historique du Sud du Brésil est très liée à sa position géopolitique, qui lui a longtemps conféré un statut particulier. Aujourd'hui frontalier de l’Uruguay, du Paraguay et de l’Argentine, il se distingue des autres régions brésiliennes qui peuvent paraître quasi-insulaires et offre au pays un contact avec l’étranger et notamment le Mercosul. Mais avant cela, ce fut une zone de confits, située du côté espagnol du Traité de Tordesillas (qui divisait le continent entre les deux couronnes ibériques). On voit clairement sur la carte « Les étapes de l'occupation du territoire brésilien » proposée par Hervé Théry que l'occupation de la région fut très progressive, débutant au XVIème par l'île du Santa Catarina et n'ayant, au début du XXème siècle pas encore tout à fait atteint ses frontières actuelles. En fait, jusqu'au milieu du XVIIIème la couronne portugaise n'engage pas de vaste politique de colonisation du Sud du pays où l’occupation est surtout d’ordre militaire et vise à assurer une présence portugaise et à prévenir toute invasion étrangère. L’intérieur des terres n’est pas au centre des préoccupations politiques et géostratégiques, c'est l'époque du minerai, du café et du sucre du Minas Gerais principalement. Seule l'île du Santa Catarina avait bénéfcié d'une incitation à l'émigration des Açoriens, invités à venir peupler cet espace vite occupé par des forts de défense stratégique pour la couronne portugaise. L'infuence de cette immigration de familles de pêcheurs açoriens, base du peuplement du littoral sud-brésilien, est encore très visible aujourd'hui.

81Voir glossaire

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Illustration10:Brochures invitantle touriste dans le froid de la Serra Catarinense,microrégion de Campos de Lages

Ce n'est qu'ensuite que « tout s'accélère » comme l'explique Séverine Malenfant dans son travail sur les traditions germaniques dans l'État de Santa Catarina82 : « Avec l’objectif de blanchir la population et de coloniser des régions peu exploitées, les autorités brésiliennes appelèrent des colons en provenance de la Confédération germanique dès 1824. Ces "faiseurs de terres" intervinrent en pionniers comme de véritables "colons" (du latin colere : mettre en valeur un espace). Ils construisirent des routes, défrichant la forêt vierge et se consacrant à l’agriculture. Ils s’adaptèrent à leur nouveau milieu et modifèrent leurs habitudes quotidiennes, tout en formant des villages, des "colonies enkystées à l’intérieur du Brésil" (Bastide, 1957), parlant leur langue, ayant leurs prêtres et leurs écoles » . L’exhortation à venir peupler le Sud du Brésil parvient aussi aux Italiens, Hollandais et Polonais, des populations rurales souffrant de la famine et de la situation politique complexe de l'Europe d'alors, tant et si bien qu'en un siècle et demi, 4,7 millions d’Européens ont immigré vers le Brésil, cherchant terre, sécurité et sans doute une part de rêve, d'Eldorado et de Nouveau Monde. Les Italiens (en particulier dans le Santa Catarina, au début délaissé par les Allemands), et Allemands sont bientôt bien plus nombreux que les Portugais dans le Sud du Brésil. Le Rio Grande

82Malenfant Séverine « La migration du folklore et des fêtes germaniques au Sud du Brésil » dans la Revue européenne des

migrations internationales, 2009/3 Vol. 25, p. 153-165

Illustration11:Carte "Les étapes de l'occupation du territoire brésilien"(dans Théry Hervé etMello Nelly Aparecida, Atlas du Brésil, CNRS-Libergéo et la Documentation Française, Collection Dynamiques du territoire,2003)

do Sul, peuplé en priorité à partir du point d'arrivée qu'était Porto Alegre, ne parvient plus à absorber sur ses terres les 2ème et 3ème générations de « colons » (fragmentation des terres par des familles très nombreuses et aboutissement du front pionnier) qui commencent à migrer vers le Nord, Santa Catarina puis Parana, et aujourd'hui dans tout le pays et ses derniers fronts pionniers. Cette histoire a peu en commun avec celle des pôles brésiliens peuplés par l'esclavage le plus massif du monde et les immenses latifundios distribués à de riches européens dans le Nord, le Nordeste, le Centre et le Sudeste du pays. Dans le Sud du Brésil, la colonisation a eu lieu à l'initiative de l'État fédéral qui l'a organisée, contrairement au reste du pays où les initiatives individuelles ont primé. C'est ainsi qu'on y observe une structure foncière où l'agriculture familiale est centrale, et une diversité culturelle différente de celle présente dans d'autres régions du Brésil.

Illustration 13 :Une mosaïque culturelle surprenante.

1 :chants du dimanche en italien eten famille pourlechurrascod'une famille d'assentados/2 :représentation d'un groupe de danse folklorique,icide tradition italienne mais ces groupes sontnombreux dans l’État,toutcomme les événements les réunissant/3 :D., jeune fille très fière d'arborerson habitfolklorique germanique etde faire partie d'une groupe de danse allemande /4:Salle des fêtes de São Bonifacio décorée pourla Fête du Pain de Maïs, fête biennale quicélèbre l'histoire germanique du petitmunicípio/5 : communauté typique de Santo Antonio de Lisboa,quia su préserverson patrimoine açorien /6 :représentation d'un Boide Mamão, sorte de jeu entre danse etthéâtre utilisantdes histoires etcostumes hérités des açoriens /7 :cercle degaúchosse réunissantpour chanteretconterdes histoires traditionnelles /8 :groupe de dansegaúcha,les jeunes membres viennenttoute les semaines en costumes etaccompagnentle musicien de leurs pas etde leurs chants./9 : communautéquilombola Invernada dos Negros dans l'Oeste Catarinense /10 et11 :caboclosrencontrés à Xanxerê (Oeste Catarinense)/12 :habitants de la Terra Indígena do Guarita,à Tenente Portela (RS)présentantl'affiche des Jogos Indigenas (source :http://www.ijui.com)

Le Santa Catarina et le Rio Grande do Sul font aujourd'hui partie de ce qu'Hervé Théry, dans sa typologie des territoires brésiliens en 14 régions, appelle « le sud subtropical », qui comprend aussi des « marges du Sud » dans son interior (voir Théry et Mello, 2003). Nous allons voir quelles sont les caractéristiques socio-économiques catarinenses et rio-grandenses résultant des situations géographiques et historiques présentées. Les spécifcités historiques et socio-culturelles plus précises des trois territoires choisis seront développées dans la partie suivante.

► Une région « en avance » de quels points de vue ?

Ainsi le Sud se différencie historiquement, géographiquement et socio-culturellement du reste du Brésil. Mais quelles en sont les conséquences en termes de développement et en particulier quelles sont les caractéristiques ambiguës des ruralités sud-brésiliennes dans le contexte national ? • Des États « développés »

Vu du reste du pays, les indicateurs de développement de la région Sud sont positifs. Plus riche, divers et égalitaire que le Nord ou le Nordeste, le Sud offrirait également une meilleure qualité de vie que la riche région Sudeste (Théry, 2005). Les secteurs industriels85 et de service sont en partie responsables de ce succès. Dans chacune de ces sous-régions, de grandes entreprises se sont développées, faisant rayonner la région Sud dans le pays voire le monde entier. Le littoral attire des milliers de touristes venant profter des plages et du haut niveau des infrastructures proposées.

85 Du sud du Santa Catarina avec l'industrie céramique, au nord (autour de Joinville) l'industrie du métal et de l'électro-mécanique, dans la Vallée de l'Itajai (autour de Blumenau) le textile, dans le planalto les activités minières, la cellulose et le papier (autour de Lages) et dans l'ouest l'alimentaire (agro-alimentaire et agriculture familiale intégrée, autour de Chapeco). Voir illustration n°9 pour localiser ces villes.

Le développement agricole n'est pas en reste. Le Rio Grande do Sul est reconnu pour ses produits comme la viande, le vin et les céréales produites massivement dans les plaines, et le Santa Catarina affche la réussite de ses industries agro-alimentaires comme Perdigão et Sadia (récemment rachetées par la grande corporation nationale BR Foods), mais aussi de ses coopératives, qu'elles soient modestes et gérées par les agriculteurs familiaux, ou d'ampleur nationale comme Coopercentral, Aurora, Coopérdia et Cooperio. Le Sud a connu une trajectoire de développement industriel et agro-alimentaire singulière, due en partie au modèle agricole apporté par les immigrés européens. Elle se tourne relativement peu vers la grande échelle et maintient une industrialisation et une modernisation agricole par les petites unités (Andion, 2006). Dans les trois études de cas que nous allons développer la gestion des territoires a été particulièrement marquée par le secteur privé : agroindustrie dans l'Extremo Oeste, industrie du papier dans le Planalto, tabaculture dans la microrégion de Santa-Cruz do Sul.

Le niveau de vie est en moyenne plus élevé que dans le reste du pays. Il existe quelques favelasdans les capitales du Santa Catarina et du Rio Grande do Sul, ainsi que des poches de grande misère aussi bien urbaine que rurale dans ces deux États, profondément inégalitaires. Cependant la réalité est incomparable à celles du Nordeste en terme de pauvreté rurale, ou à celle des grandes mégapoles du Sudeste en termes de cadre de vie global. Les offres de services sont bonnes, par rapport au reste du pays, et certaines données relatives au niveau de développement s'en ressentent, comme le montre l'ensemble des cartes page suivante. Par ailleurs, l'indice de Gini (qui mesure le degré d'inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée, où 0 correspond à l'égalité parfaite et 1 à l'inégalité totale) est de 0,41 dans le Santa-Catarina et 0,48 dans le Rio Grande do Sul (contre 0,52 au niveau national) et l'IDH (Indice de Développement Humain) des deux États se situe respectivement à 0,77 et 0,74, les situant dans les cinq premiers États du pays (données IBGE 2016)86. Ainsi, malgré des inégalités indéniables en leur sein, ils demeurent relativement plus riches que la majorité des autres États brésiliens.

Ces caractéristiques du développement sud-brésilien, aboutissant à une société en moyenne plus riche et égalitaire que dans le reste du Brésil sont aussi valables pour les milieux ruraux de l'État, qui ont un bon niveau de vie moyen. L'économiste Cécile Raud prend le Santa Catarina en exemple lorsqu'il s'agit de démontrer la capacité d'une industrialisation diffuse à participer à un aménagement durable du territoire (Raud, 1997, p.173). Pour elle l'importance de rechercher dans les caractéristiques socio-économiques et politico-culturelles locales la source de l'industrialisation fait toute la force de ce territoire exemplaire (p.168). En l'occurrence la fgure de l'« ouvrier-colono » et les « valeurs culturelles locales », liées au type de colonisation, ont permis de développer des milieux ruraux à la fois productifs d'un point de vue agricole et associés au développement industriel de la région87 (p.169). Face aux limites du modèle brésilien hyper centralisé et polarisé (poussant à l'urbanisation), l'État de Santa Catarina « montre la viabilité d'un mode d'industrialisation décentralisé, fondé sur des systèmes productifs localisés » (p.175).

86https://cidades.ibge.gov.br/v4/brasil/sc/pesquisa/45/62737

87avec ses six pôles spécialisés : métal-mécanique (Joinville), textile-habillement, (Blumenau), céramique (Criciúma), mobilier (São Bento), papier-cellulose (Lages) et agroalimentaire (Chapeco). Cécile Raud y ajoute plus loin des exemples dans le Rio Grande do Sul comme la Vallée dos Sinos, spécialisée dans la chaussure, soulignant là aussi « la disposition de matières premières, d'une main d'œuvre qualifée et d'un marché consommateur, grâce à une colonisation européenne fondée sur la petite propriété » (p.175)

Toutefois les disparités restent grandes dans les campagnes et de nombreuses populations sont exclues de ce développement biaisé. Le rural a toujours eu une place importante dans ces États, longtemps considérés comme étant les « greniers » du pays, à l'instar du Brésil au niveau mondial. Désigné comme tel pendant la Révolution Verte, il a accueilli un développement agricole s'insérant dans les problématiques productivistes et modernisatrices. Aujourd'hui ce modèle qui se combine avec une agriculture familiale puissante est en crise, faisant naître de nouvelles problématiques.

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Illustration15:Ensemble de cartes montrantdes indices de développementplus élevés dans les deux États du Sud.Dans le sens de lecture : Taux d'analphabétisme chez les 30-59 ans ; Taux d'emplois informels ; Taux de « dépendance des jeunes »* ;Revenu moyen rural.Source :IBGE,Censodemografico2010

*Ce taux correspond au nombre d'habitants ayantentre 0 et14 ans pour100 habitants ayantentre 15 et64 ans.Ilestutilisé parl'IBGE pourmesurerle taux de « dépendance »,soitle nombre de personnes « à charge »,étantconsidéré que les « jeunes » de 0 à 14 ans et les « personnes âgées » de plus de 64 ans « dépendent» des 15-64 ans.

• Problèmes et atouts des ruralités catarinenses et rio-grandenses

Le Sud du Brésil est souvent pris en exemple pour illustrer la force de l'agriculture familiale, l'État de Santa Catarina est par exemple considéré comme le « paradis des minifundios » (Paulilo et Schmidt, 2003, p.7). Même avec une urbanisation forte, alimentée par un exode rural indéniable, l'économie et la culture des villes de la région restent liées à l'agriculture. Pour Hervé Théry l'agriculture sud-brésilienne a une force d'innovation importante, lui permettant une forte intégration au marché et une forte rentabilité88. Ce dynamisme est en partie à relier aux vagues d'immigrations, composée d’agriculteurs, d’artisans, de travailleurs et de commerçants permettant d'établir dans ces milieux ruraux une multitude de petites unités productives familiales qui ont constitué la base de la croissance économique89, et de la culture locale. L'État de Santa Catarina est aussi une « terre de coopérativisme » (Mior, 2005), en particulier les deux territoires que nous y avons sélectionnés, le Planalto et l'Extremo Oeste, qui, malgré de forts écarts en terme de revenus, ont de hauts taux d'accès au PRONAF (un programme de crédit rural qui a par ailleurs particulièrement privilégié les agriculteurs familiaux des grandes régions Sud et Sudeste), qui révèlent l'importance du réseau de coopération (Dagnese, 201590) . L'agriculture, et l'agriculture familiale ont donc une place particulièrement privilégiée dans ces États, comme le montrent ces deux cartes :

Cette particularité familiale n'est cependant pas monolithique et l'agriculture des États de

88 « Si, vu du Nord ou du Nordeste, le Sud est un bloc, on doit différencier non seulement le Sudeste du Sud [...] mais aussi distinguer, à l’intérieur de ces régions, les marges traditionnelles et les régions dynamiques, où l’agriculture, plus attentive aux sollicitations du marché global, change rapidement. C’est là que les liens avec les industries, en amont et en aval, sont les plus forts, là que se trouve la partie la plus innovatrice et la plus rentable de l’agriculture brésilienne » Théry Hervé, Le Brésil, 5. ed. Paris, Armand Colin, 2005, p.103.

89 Andion Carolina « Développement territorial durable en milieu rural, gouvernance et rôle des organisations non gouvernementales : l'État de Santa Catarina au Brésil » Mondes en développement, 2006/4 no 136, p. 85-100

90 Felipe Dagnese, « Contingente de estabelecimentos agropecuarios de baixa renda benefciarios do Pronaf em Santa Catarina, uma pesquisa a partir do censo agropecuario de 2006 », Seminário em Agroecossistemas, PGA-UFSC, 2015

Santa Catarina et du Rio Grande do Sul présente de très fortes disparités en termes de taille des exploitations et de spécialisation productive (Vitrolles, 2011), du colono à l'assentado91 en passant par le fazendeiro grand propriétaire, notamment dans les pampas rio-grandenses. De plus, le modèle familial, qui constitue clairement un atout en termes de développement rural et de différenciation des territoires est remis en cause par des politiques de modernisation agricole mises en place depuis les années 1970. Plusieurs études signalent ce changement, provoqué par un alignement avec le modèle brésilien de développement qui amène à une concentration foncière et productive avec la formation de gros complexes agro-industriels spécialisés (Schmidt et al., 2003). Les grandes entreprises s'adaptent aux exigences mondialisées, qu'elles répercutent sur leurs fournisseurs agriculteurs familiaux. Cela entraîne une forte sélection des exploitations et une concentration de la