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Un terrain aux multiples visages

A. Le « rural » au Brésil

2/ Les débats actuels

On commence à le voir, notre réfexion s'inscrit dans des enjeux larges qui, s'il ne s'agit pas de les explorer tous, doivent être expliqués. L'exode des jeunes est sans conteste une préoccupation majeure qu'il faut questionner, tout comme celle des mutations du rural dont il faut poser les grandes lignes. Enfn, nous défnirons ce qu'est pour nous la recomposition territoriale que nous souhaitons analyser dans la suite de ce travail, en rappelant la notion de territoire.

► L'exode rural et la place des jeunes

La population brésilienne a plus que décuplé en un siècle, passant de 16 millions d'habitants en 1900 à 160 millions à la veille de l'an 2000 puis à 206 millions aujourd'hui. En une génération, le pays est passé (selon les critères de l'IBGE) de deux tiers de population rurale à deux tiers de population urbaine et l'exode rural a été particulièrement brutal : depuis les années 1960, chaque année près de 1,5 millions de personnes quittent le milieu rural, toujours selon l'IBGE, provoquant une impressionnante explosion urbaine (Droulers dans Dias et Raud, 2000). Le Brésil traverserait ainsi la même phase qu'ont connu l'Europe ou les États-Unis un siècle ou un demi-siècle auparavant, un exode rural lié à la mécanisation et à la mutation des systèmes de communication (Claval dans Dias et Raud, 2000, p.8). Ce processus a eu plusieurs phases. Dans les années 1970, l'exode fut très intense et produisait essentiellement des mouvements inter-régionaux ; dans les années 1980, le rythme de départ a diminué en même temps que celui du rythme de modernisation de l'agriculture. Durant cette période, les mouvements étaient davantage intra-régionaux, faisant aussi croître les capitales fédérales, les moyennes et petites villes de l'intérieur, et plus seulement les mégapoles carioca et paulista (Graziano da Silva, 2002).

Dans les décennies suivantes et jusqu'à aujourd'hui l'exode a continué et atteint surtout un grand nombre de petits agriculteurs, ceux qui ne sont pas propriétaires ou ne dégagent pas suffsamment de revenus pour se maintenir (Wanderley, 2009). Pour de nombreux acteurs rencontrés, ainsi que pour les auteurs ayant travaillé sur le Sud du pays, le phénomène est donc en grande partie à imputer à la structure foncière dominante dans le pays, car le nombre d'exploitations est quant à lui

stable (Vinholi et Martins dans Martins, Sanchez et Welter, 2012). Cette migration prend des formes et a une intensité différente selon les zones. Globalement le Sud du Brésil présente un exode qui a été très fort encore au début des années 2000, qui s'apaise aujourd'hui car les populations ont durablement diminué. Celui-ci y est caractérisé par une fuite de la pauvreté, liée à la crise d'un modèle faisant coexister agriculture familiale et agro-industrie. Dans ce cas de fgure la rupture du processus de succession générationnelle démultiplie le phénomène de migration.

Les jeunes souffrent souvent d'une surcharge de travail imposée par la dépendance aux agro-industries (Stropasolas, 2011). Ils sont donc souvent candidats au départ et les enquêtes et recherches menées suggèrent que, outre la dimension économique, les jeunes sont en demande de changements dans la condition sociale et dans les valeurs qui fondent les relations de genre et de génération dans le rural. Ne trouvant pas l'espace pour ces changements dans leurs communautés rurales, ils partent vers les centres-bourgs « urbains » de leurs municípios ou vers de plus grandes villes (Stropasolas, 2006, p.173). Ainsi même si la diminution de la population en milieu rural perd aujourd'hui de son intensité en valeur absolue, l'exode rural continue avec de nouveaux traits qui ont pour conséquence une forte masculinisation et un vieillissement de la population rurale, particulièrement dans la région Sud du pays où les pertes de population rurale sont importantes. Il s'agit ici de la population rurale « agricole », vivant dans les comunidades rurales considérées et comptabilisées comme telles, et non nécessairement de population rurale en général si on y inclut celle des petits municípios, qui ont plutôt tendance à gagner de la population.

Comme les auteurs le notent souvent « l'exode était plus intense dans la décennie 1980 mais il était plus équilibré, aujourd'hui, les politiques publiques (comme celles pour la retraite rurale) ont augmenté les possibilités de rester en milieu rural pour les plus vieux. Mais les jeunes voient encore les villes comme un avenir prometteur »54. Si au début du processus de migration rural-urbain au Brésil ce sont donc des familles entières qui prenaient la route des grands centres urbains, aujourd'hui bien souvent les jeunes partent seuls, parfois poussés par leurs parents, pour tenter « d'avoir une vie meilleure » ou « d'être quelqu'un », des expressions que l'on entend souvent. Des facteurs spécifques liés à la condition du jeune dans le noyau familial ou la société rurale (manque d'opportunité, d'autonomie, de responsabilité, dépendance, confits familiaux, problèmes de succession) et les inégalités de mode de vie entre rural et urbain au Brésil entrainent particulièrement les jeunes vers les villes. Selon Maria de Nazareth Baudel Wanderley, non seulement la nature même de l'unité familiale de production tend à provoquer la sortie d'un certain nombre d'enfants qui ne peuvent pas être gardés à l'intérieur de l'exploitation, mais la situation est d'autant plus alarmante quand aucun enfant n'est intéressé ou n'a les conditions d'assumer l'exploitation familiale, qui ainsi cesse donc d'exister en tant que telle dans la génération suivante, et quand le fait de rester est à son tour considéré comme le choix « par défaut » (Wanderley, 2011).

La pyramide des âges est ainsi déséquilibrée : pour les 0-14 ans, la réduction de la population refète une baisse de la natalité, entre 15 et 24 ans c'est la migration des jeunes, entre 25 et 59 ans la réduction existe mais elle est bien moindre et après 60 ans, la population augmente et les genres se rééquilibrent (c'est la seule tranche d'âge où les femmes sont plus nombreuses que les hommes). Ainsi les départs renforcent le vieillissement de la population rurale (Froehlich, Rauber,

54 Par exemple ici Froehlich José Marcos, Rauber Cassiane da Costa, Carpes Rocardo Howes, Toebe Marcos, « Êxodo seletivo, masculinização e envelhecimento da população rural na região central do RS », Ciência Rural, Santa Maria, v.41, n.9, p.1674-1680, setembro 2011

Carpes, Toebe, 2011), les communautés rurales perdent leurs « forces vives ». La problématique devient alors double pour les décideurs : « si la jeunesse est en passe de devenir un public stratégique pour le développement rural, en revanche, le nombre de personnes pouvant jouer ce rôle dans les communautés diminue de jour en jour car quand ils atteignent cet âge les jeunes refusent d'assumer ce statut social dans les zones rurales et migrent vers les villes à la recherche d'une alternative » (Stropasolas et Aguiar, 2010). Les causes qui poussent les jeunes au départ sont multiples et Valmir Stropasolas et Vilenia Aguiar les résument ainsi dans leur article « As problematicas de gênero e geração nas comunidades rurais de Santa Catarina » (dans Scott, Cordeiro, Menezes, 2010) que nous avons synthétisé dans le tableau page suivante. On y voit que les flles sont particulièrement concernées, notamment à cause des relations à l'intérieur même de la famille. Pour elles « le choix entre "campagne et ville" ne constitue pas seulement un choix de lieu de vie mais un jeu de relation entre "dépendance et indépendance" » (Stropasolas, 2010, p.282).

Aspects généraux impliqués dans la migration des jeunes et des femmes des communautés rurales, liés aux conditions... … de l'agriculture Vulnérabilité de l'agriculture

En relation au climat : intempéries

En relation au marché : basse rentabilité, manque d'incitation Plus ou moins conforme à l'effcacité du système de production adopté :

vulnérabilité à la chute des prix, augmentation des coûts

Pénibilité du travail dans l'agriculture

Effort physique qui demande une main d'œuvre pour des travaux diffciles physiquement (sens donné à « pesant » dans le Planalto)

Fait d'être sans temps libre car le système de production est plus intensif (sens donné à « pesant » dans l'Oeste Catarinense)

« Pesant », sale et lourd pour les flles

Structure foncière

Manque ou insuffsance de terres pour maintenir toute la famille Oeste > pression sur la terre

Planalto > structure foncière très concentrée

… du milieu rural

Revenu stable

Absence d'un revenu sûr Absence d'un revenu fxe Absence d'un revenu de fréquence mensuelle

Condition de l'infrastructure

Mobilité (transport, routes, distances) Exclusion digitale

Conséquences : isolement social, diffculté à concrétiser les redéfnitions de valeurs vécues et l' « élargissement du monde »

Loisir

Absence ou peu d'options

Encore davantage pour flles qui ont moins d'options et moins de liberté d'y accéder

Cercle vicieux des autorités arguant que le nombre réduit de jeunes ne justife pas d'investissement ...du / de la jeune dans l'unité familiale Division du travail dans l'unité familiale

Sphère domestique / Travail « productif » Attraction par la ville

Manque d'opportunité

Absence d'alternatives de production Aval des parents

Possibilité d'accès aux facteurs de production, à la connaissance et aux informations

Manque d'autonomie

Dans l'exécution de ses projets

Manque de valorisation par les parents, aucune possibilité de prendre part aux décisions, d'avoir une autonomie d'action

Dépendance fnancière Dépendance morale et symbolique

Condition ou non de successeur

Détermine différentes insertions et intérêts

Planalto > se fait via la concession d'une petite partie de la propriété Oeste > transmission progressive

Très fort biais de genre : les flles ne sont pas préparées ni incitées à rester sur la propriété

Tableau 1:Aspects généraux impliqués dans la migration des jeunes etdes femmes des communautés rurales,liés aux conditions de l'agriculture,du milieu rural,etdu jeune dans l'unité familiale.D'après AguiaretStropasolas,2010

Le processus de masculinisation de la population rurale agricole est aujourd'hui une réalité fagrante dans de nombreuses régions du Brésil, parmi lesquelles le Planalto et les « régions coloniales » du Sud55, comme elle a pu l'être en Europe56 et en Asie57. L'exode vers les villes58 est aussi dû à des facteurs plus globaux, comme la diffculté de se lancer dans l'activité agricole, et celle de trouver d'autres types d'emplois. Ainsi, même pour ceux que le secteur agricole attire, il est diffcile de se lancer : les problèmes fonciers, les mécanismes de succession, le manque de terre obligent beaucoup à renoncer. Ainsi la nécessité de travailler se fond avec celle de migrer vers la ville, étant donné le manque d'opportunités professionnelles alternatives en milieu rural. On retrouve cet aspect dans les données de l'enquête Perfl da Juventude Brasileira59. Pour le Rio Grande do Sul par exemple, seuls 17% des fls d'agriculteurs veulent se consacrer à l'activité agricole, alors que pourtant presque la moitié des jeunes souhaiteraient rester dans leur localité rurale d'origine (parfois considérée comme urbaine mais aux caractéristiques rurales). Ainsi l'affrmation d'un projet professionnel impose la migration, au-delà d'un possible attachement à la vie en milieu rural (Wanderley, 2011). Le problème de l'alternative à l'agriculture est à son tour lié à un autre problème poussant les jeunes au départ, celui du manque de structures scolaires. En effet, il est rare de pouvoir continuer son cursus scolaire dans une petite ville une fois passé l'équivalent du brevet des collèges, et les structures existantes sont précaires (Wanderley, 2011). C'est donc parfois la poursuite des études qui poussent les jeunes dans les villes lointaines. Or, lorsqu'ils sont partis, ils reviennent rarement, notamment parce que l'enseignement reçu en ville les invite rarement à choisir la vie rurale60. En effet, l'enseignement majoritaire n'est en rien adapté aux réalités sociales rurales (Castro, 2009, p.247). Par ailleurs il est commun de penser que pour être agriculteur il n'est pas nécessaire d'étudier et qu'ainsi, si l'on a fait des études, ce n'est pas pour devenir agriculteur61. Il existe cependant de nombreuses initiatives d'éducation dans le / et au rural [educação no/do campo], et des avancées signifcatives62.

55La masculinisation des communautés rurales brésiliennes est globale, la proportion garçons / flles est passée de 1,0 en 1970 à 1,10 en 2000. Il faut cependant rappeler les différences territoriales face à ce phénomène. Si dans le Sud du Brésil la masculinisation est une réalité, c'est l'inverse dans le Nordeste, où la dynamique démographique rurale est plus proche de celle des pays d'Afrique : dans ces territoires plus pauvres ce sont les hommes qui partent vendre leur force de travail dans les centres urbains ou dans les régions de plantation, et ils ne reviennent que quelques mois par an ou après plusieurs années d'expatriation, laissant ainsi la propriété, la famille, les terres sous la responsabilité des femmes (Paulilo, 2013). Ce qu'on appelle l' « exode sélectif » est lié à la place laissée à la femme dans les cultures rurales brésiliennes aujourd'hui encore. En plus du désintérêt des flles pour l'activité agricole (étant donné le peu de considération généralement donné à leur avis dans les noyaux familiaux et le peu de chance qu'elles ont d'hériter de la terre), celles-ci souffrent d'un modèle encore très fortement patriarcal. Pour approfondir cette thématique voir notre article « La place des flles dans les débats sur l’agriculture familiale au Brésil », publié dans le Bulletin de l'Association des Géographes Français (BAGF) en 2015

56 Voir notamment Bourdieu, Le Bal des célibataires, 2002

57 Pour le cas de la Chine par exemple voir Thorborg Marina, Ruiz-Lescot Nicolas. "Où sont passées toutes les jeunes flles ?". In: Perspectives chinoises. N°86, 2004. pp. 2-12.

58 Métropoles (nationales comme São Paulo ou locales comme Florianopolis ou Porto Alegre dans la région observée) ou villes moyennes locales (ici Lages, Chapeco, Santa Maria). Il y a peu de migration en dehors du pays.

59 Carneiro Maria José « Jeunesse rurale : projets et valeurs » dans Abramo, Branco, 2005

60 « En ce qui concerne la qualité, la nature de l'éducation nature offerte à la jeunesse rurale fait l'objet d'un intense débat dans la société brésilienne. Il y a un certain consensus quand il s'agit de critiquer la transmission du savoir qui ignore et exclut la culture rurale dans laquelle les jeunes sont insérés, ce qui peu accentuer le sentiment d'infériorité et d'isolement. Cependant, cette position ne peut se traduire non plus par la demande d'un enseignement individualisé, adapté uniquement aux activités agricoles, sachant que les enfants sont aussi éduqués par les familles rurales à aller vers les villes et, surtout, qu'ils ont droit à la culture universelle » Maria de Nazareth Baudel Wanderley, Édito à la revue Juventude na construção da agricultura do futuro Agriculturas vol 8 n.1, mars 2011, ASPTA, Leisa Brasil

61 Cette vision est souvent partagée par les gestionnaires des écoles rurales elles-mêmes, comme celle que nous avons visitée à Lages en 2013, une école itinérante concernant environ 300 jeunes des noyaux ruraux de ce município très étendu. Antonio, son gestionnaire, nous explique que « avant 1984 il n'y avait rien du tout pour tous les enfants des zones rurales du município, ils n'allaient pas à l'école car il n'y en avait qu'en ville et que c'était bien trop loin. Notre objectif au départ a vraiment été de limiter l'exode rural. Aujourd'hui on se rend compte que notre rôle c'est plutôt de les éduquer pour qu'ils n'aient pas trop de diffculté à s'intégrer en ville ensuite ».

62Voir l'expérience des UFFS conquises par les mouvements sociaux dans les régions ouest des trois États du Sud.

Face aux limites du modèle brésilien d'urbanisation, le rural est aujourd'hui revalorisé comme territoire d'autres possibles et la tendance historique du vase communiquant vidant les campagnes et remplissant les favelas et morros semble se renverser petit à petit. L'évolution des milieux ruraux et notamment l'avènement d'une parité territoriale peut permettre à ce pays de se singulariser, de combattre ses démons de toujours (inégalité, instabilité), de répondre aux problèmes des villes (engorgement, diffculté d'insertion, d'exercice de la citoyenneté, perte de sens, nouvelles attentes en suspens) et ainsi de faire émerger un modèle original. Cette infexion n'est certes pas majoritaire (et son évocation laisse encore dubitatifs la majorité des Brésiliens), mais elle est réelle, prend de l'ampleur et plusieurs tendances distinctes semblent aller dans ce sens. Ce sont notamment les mouvements sociaux, avec l'engagement des femmes et des jeunes, qui œuvrent pour la resignifcation du rural comme espace allant au-delà de la production, incluant des modes de vie, des cultures, des patrimoines et comme étant des territoires d'appartenance et d'identité. Nous reviendrons sur ces éléments, les approches théoriques de la recomposition et ses indices empiriques au Chapitre 6, mais il nous paraissait important de les dévoiler synthétiquement en amont afn de contextualiser la suite de l'analyse.

L'agroécologie, dont le développement au Brésil est intimement lié à la société civile et à la

mise en place de méthodes participatives d'action, semble une réponse à quelques impasses actuelles du rural. Ce modèle, tel qu'il est pensé au Brésil, promeut l'agriculture familiale en dépassant la dépendance mise en place par les négoces et propose un usage différent de la main d'œuvre dans l'agriculture63. La modifcation du modèle de production et la transition vers l'agroécologie joue un rôle important dans le changement de condition de vie des femmes64 et permet souvent une plus grande implication des jeunes dans la propriété, insérant son travail dans l'unité productive de la famille et facilitant son accès aux associations et coopératives (Aguiar et Stropasolas, 2010). Le Sud du Brésil est particulièrement pertinent pour l'observation de ces alternatives puisqu'il concentre un grand nombre de marchés paysans, d'associations de producteurs agroécologiques, de dynamiques de formations, de conscientisation du grand public, de mise en place d'alternatives de commercialisation, de mécanismes de certifcation participative. Ces organisations sont pour beaucoup pionnières et sont devenues des références continentales, voire mondiales, aujourd'hui. C'est le cas notamment de l'AGRECO (Association des Agriculteurs Ecologiques des Encostas da Serra Geral, entre Florianopolis et Lages), du Réseau Ecovida (qui fait de la certifcation participative dans les trois États du Sud), d'EcoSerra (coopérative de producteurs de la région de Lages), des Groupes de Production et de Résistance de la PJR (Pastorale de la Jeunesse Rurale, surtout dans l'Oeste Catarinense). Bien que l'adhésion à l'agroécologie soit très minoritaire au Brésil par rapport au poids qu'occupe l'agriculture familiale65, ces organisations

63 « Pour rompre les chaînes de la dépendance avec les chaînes productives de l'agronégoce, le potentiel créatif et l'impulsion à l'innovation de la jeunesse même sont débloqués et canalisés par le développement d'opportunités de travail de de revenus basées sur la valorisation des ressources économiques, environnementales et socio-culturelles présentes sur les territoires ruraux. C'est dans ce sens que l'agroécologie est assimilée par les mouvements de jeunesse rurale comme une référence théorique et méthodologique pour la transformation d'un monde rural en un espace accueillant une affrmation identitaire, la construction de la citoyenneté et de nouvelles formes d'intégration économique et d'émancipation sociale » Petersen Paulo, « Édito », Juventude na construção da agricultura do futuro, Agriculturas vol 8 n.1, mars 2011, ASPTA, Leisa Brasil

64 Nicole Fossile Alvez, Ressignifcação dos papeis sociais de mulheres na agricultura familiar de base agroecologica, Florianópolis, CCA, PGA-LAF, 2016

65 Voir Cazella, Schmitt Filho, River, Bosa, Magnanti et Chauveau, « Perspectives critiques de l'agroécologie au Brésil » à paraître dans l'ouvrage 25 ans de Dynamiques Rurales, PUM, 2017

contribuent, chacune avec sa méthodologie, son domaine et son espace d'action, aux recompositions des territoires en répondant aux nouvelles attentes des citadins pour les campagnes et en offrant aux jeunes des alternatives de production et de mode de vie que nous approfondirons avec leurs témoignages.

L a multifonctionnalité du milieu rural et la pluriactivité font aussi désormais partie des débats ruralistes au Brésil. José Graziano da Silva, agronome, actuel directeur général de la FAO,