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Pratiques culturelles pour les jeunes ruraux : quelle offre sur les territoires ?

A. Infrastructures et structures spatiales : comment infuencent-elles les pratiques culturelles ?

1/ Spécifcités des infrastructures, structures spatiales et équipements

Avant d'observer les pratiques des jeunes en elles-mêmes il faut saisir les spécifcités du contexte dans lesquelles elle se déroulent : manque d'infrastructures, situation des jeunes dans les structures spatiales observées et caractéristiques de l'offre d'équipements culturels.

► Infrastructures d'accès et situations dans une structure spatiale éclatée

Routes et transport sont des outils essentiels de la mobilité et de l'accès à des offres, en

particulier pour les jeunes, parfois dépendants des transports familiaux et amicaux. Outre la faible densité du réseau viaire213, c'est aussi la précarité de ses infrastructures qui frappe. Les routes en particulier, souvent non goudronnées, rendent diffcile tout déplacement, a fortiori si celui-ci n'est pas considéré comme essentiel et se situe dans une zone sans couverture téléphonique, comme nous l'expliquait un jeune vivant dans un assentamento d'Abelardo Luz dans l'Oeste Catarinense (entretien n°XXXV) : « si tu veux sortir c'est compliqué, tu risques toujours de crever un pneu sur la route qui en en mauvais état, et si tu crèves dans un endroit où le téléphone ne passe pas, ta soirée est foutue. Et puis risquer ça pour aller quelques heures en ville c'est pas évident » . D'autres extraits d'entretiens confrment que les infrastructures de transport sont une préoccupation importante pour les jeunes ruraux : une jeune flle d'Arroio do Tigre (microrégion de Santa Cruz do Sul) explique que la « frustration » face à l'état des routes est la première préoccupation du parti politique qu'elle a choisi (entretien n°53, F, 24 ans, StC), un jeune homme de Cerro Negro (microrégion Campos de Lages) qu'il n'a pas continué ses études faute d'accès aux transports (entretien n°62), un autre d'Anita Garibaldi (idem) dont un ami habitant « lá no fundão » (« là-bas tout au fond » au sens d'un éloignement très prononcé) a raté sa cérémonie de remise de diplôme parce que la pluie avait rendu impossible la circulation

212 S'il est compliqué ou coûteux de se rendre à tel événement ou telle activité culturelle, on s'en passera plus facilement que pour d'autres pratiques (accès à l'alimentation ou à l'éducation par exemple)

213 Ainsi que ferroviaire, quasiment inexistant alors qu'il peut être ailleurs une réponse aux diffcultés de mobilité des jeunes dans les espaces de faible densité (voir l'usage fait du TER - Train Express Régional par les jeunes dans les régions rurales de France)

près de chez lui (entretien n° 143, M, 18 ans, CdL). Les situations diffèrent selon les microrégions étudiées, le planalto (microrégion Campos de Lages), possédant par exemple des infrastructures plus précaires que les deux autres microrégions et l'Extremo Oeste étant dans ce domaine la mieux dotée. Cependant, la question des infrastructures est considérée comme « très importante pour l'exode des jeunes » pour de nombreux acteurs rencontrés (ici un jeune rural élu de Xanxêre, entretien n°132), jugeant par exemple que le programme d'aide à la construction immobilière Minha Casa Minha Vida a aidé à « fxer » les jeunes dans les espaces ruraux. De fait, ce sont également de nombreuses politiques d'amélioration des routes et réseaux de communication qui ont été menées pendant les mandats de Lula et Dilma Roussef, faisant considérablement progresser les conditions infrastructurelles des espaces ruraux brésiliens. Mais la situation reste souvent aléatoire et fragile et si des photographies peuvent aider à comprendre cette réalité quotidienne (voir ci-dessous) c'est surtout en éprouvant des temps de parcours longs, liés aux conditions matérielles des routes, que nous avons pu considérer les diffcultés de mobilité des jeunes (parfois plus d'une heure pour parcourir 20 kilomètres).

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Illustration27: Infrastructures routières des communautés visitées.1 : Sur son profil d'un réseau social,un jeune de Santa Rosa (município d'Abelardo Luz dans l'Oeste Catarinense), se réjouit ironiquement de l'état de la route conduisant à sa communauté : « Merci à l'administration publique. Elle a réalisé le rêve des enfants, en laissant nos routes devenir des terrainsdemoto-cross...C'estpour cela que nous avons élu chacun d'entre vous. Le peuple de Santa Rosa vous remercie. Rien n'est meilleurquedeseretrouversans route.» (source : capture d'écran Facebook) / 2 : Certaines communautés sont dotées de pavés dans leur « centre », comme à Villa Progresso (município d'Arroio do Tigre dans la microrégion de Santa Cruz do Sul)/3 :Les panneaux indicatifs sonttrès rares etartisanaux dans les zones rurales desmunicípios, ce qui rend très difficile l'orientation pour quelqu'un de l'extérieur(icià Barra Bonita dans l'Extremo Oeste Catarinense)/4 et 5 : routes de terre précaires menant à des exploitations vinicoles et d'élevage à São Joaquim et Anita Garibaldi (microrégion Campos de Lages).

L'accès à une éventuelle offre culturelle dépend aussi aujourd'hui beaucoup de l'intégration

numérique, c'est à dire de l'accès à internet, aux moyens de communication, aux médias en général.

Si l'accès au matériel est plutôt généralisé (les jeunes rencontrés ont en grande majorité un smartphone ou leur foyer en est équipé, sans être passé par la case du téléphone fxe ou de la télévision), la plupart « ne captent pas » (entretien n°27, F, 24 ans, ExO) et cela compromet l'accès à une offre de loisir, comme cela peut également rendre diffcile la poursuite d'études. Le témoignage d'un jeune d'Anita Garibaldi, qui ne peut accéder au bureau virtuel mis en place dans son université et se plaint de l'immobilisme des opérateurs, en est un exemple214. Cette absence d'infrastructure - qui devient une blague quand on nous dit que« Le signal télé est si mauvais que "Mardi libre" [programme de télévision populaire] passe le jeudi ! » (entretien n°142) ou qu'il faut laisser le portable posé à côté de l'antenne dans la maison pour qu'il capte (entretien n°76, M, 22 ans, CdL) - est parfois combattue directement par les familles qui s'organisent pour installer des antennes comme nous le rapportait un extensionista de Santa Cruz do Sul (entretien n°77). Si la situation diffère là aussi selon les microrégions, le planalto se trouvant également particulièrement démuni d'infrastructures numériques, on peut parler pour la majorité des espaces parcourus d'une véritable exclusion numérique. À l'heure où internet devient un liant essentiel entre les espaces et leurs habitants et pour la diffusion culturelle en particulier, cela pénalise d'autant plus les espaces ruraux et les jeunes qui y résident dans la mise en place et le développement de leurs pratiques. En effet, l'intégration numérique facilite et crée des espaces, même dits « virtuels », pour l'épanouissement de pratiques culturelles et de loisirs, par l'accès à une grande diversité de contenus et la possibilité de diffuser sans limites. Un animateur de terrain, interrogé par Maria Garcia Castro, évoque de ce point de vue un « apartheid digital » formant des « légions d'exclus technologiques » et l'urgence de combattre l'« analphabétisme digital »215.

Outre la problématique infrastructurelle, la réalité des jeunes ruraux rencontrés est de se situer dans une structure spatiale éclatée où les situations individuelles sont diverses. Les jeunes enquêtés vivent des réalités différentes, et celles-ci sont en partie déterminées par la localisation de leur lieu de vie par rapport aux infrastructures existantes. Il y a des jeunes ruraux plus ou moins éloignés du centre, ce centre pouvant être une ville à l'urbanité bien établie, un bourg rural qui tait son nom (car les habitants le nomment « ville ») ou une petite ville ayant des caractéristiques très rurales. Cela nous amène à nous questionner sur la centralité, sa défnition et son rôle pour les pratiques culturelles. En vérité les centres perçus (les grandes villes, avec leurs infrastructures culturelles visibles et convoitées) semblent différents des centres vécus puisque les pratiques culturelles des jeunes rencontrés gravitent souvent autour d'un ou deux lieux où se concentrent leurs

214 « Le principal problème que j'ai ici c'est qu'il n'y a pas internet. Et du coup par exemple à l'université, là-bas il y a le système AVA, l'Environnement Virtuel d'Apprentissage, grâce auquel sont fait les examens, les travaux, les devoirs, tout passe par là, tout est fait on-line. Et ici je n'ai pas accès à internet, seulement sur mon téléphone portable, et j'utilise l’internet du téléphone sur l'ordinateur, mais mon abonnement est de 500 méga par mois. Du coup en une seule fois j'utilise déjà tout ça rien qu'en 2h. Ce n'est pas possible... il faudra que je gaspille 300 R$ par mois pour avoir internet pendant tout le mois. Ça ne marcherait ici que si on met une tour. Mais tu parles avec les gars des opérateurs et eux non, ils s'en fchent. Ils ne trouvent pas ça viable parce qu'il y a trop peu de maisons et ils ne veulent pas mettre une tour ici » (entretien n°143, M, 18 ans, CdL)

215 « Il y a beaucoup d'analphabètes parmi les jeunes mais ce qui est en train d'arriver aujourd'hui c'est que, alors qu'un tiers des européens ont accès à Internet, au Brésil, seulement 4% de la population y a accès et seulement 9% ont accès à des ordinateurs, au travail ou dans un lieu public. De ces 4% qui ont accès à internet, 16% sont de la classe C et seulement 4% de la classe D. Cette situation montre un apartheid digital, qui est en train de former des légions d'exclus technologiques. Alors oui c'est une action urgente de combattre l'analphabétisme digital car cette population aux faibles revenus a besoin d'avoir accès à ce que la technologie amène en termes de marché du travail, opportunités de services, loisir et divertissement et d'éducation » Castro Mary Garcia, Cultivando vida,

desarmando violências : experiências em educação, cultura, lazer, esporte e cidadania com jovens em situação de pobreza. Brasília:

activités de loisir comme nous le verrons dans les schémas de la sous-partie suivante. En termes de structures spatiales, ce qui est en jeu est donc l'usage que font les jeunes de la faible densité davantage que son desserrement. Mais ce desserrement parfois extrême doit être présenté.

À Cerro Negro par exemple, município de 416 km², et où seulement 500 des 3000 habitants vivent dans la « zone urbaine », la communauté rurale la plus lointaine est située à 50 km du « centre » (soit 1h30 de route en terre), où se situent l'école et d'où partent les camions des entreprises laitières qui refusent depuis peu de se rendre dans les exploitations les plus distantes. Les jeunes soulèvent fréquemment le problème de l'éclatement résidentiel, rendant diffcile la rencontre du groupe d'amis ou la fréquentation d'espaces qui sont en ville des lieux de rencontre entre jeunes : « J'ai pas mal d'amis ici à la campagne, mais ils sont dispersés et donc les activités de loisirs... H : Ils sont partis ? G: non, des amis qui sont là, sauf que dans des communautés qui sont loin » (entretien n°81) ; « Ici il y a une communauté, mais où les maisons sont très loin les unes des autres et avec un centre communautaire, un poste de santé, une école et c'est tout. En ville les maisons sont proches et il y a tout, un centre commercial, des magasins, des choses comme ça et tout est plus facile, plus facile à faire, plus facile d'accès » (entretien n°XX) ; « Il n'y a pas une facilité d'accès terrible alors qu'en ville tu as besoin de quelque chose et voilà, ici non, même pour aller à l'école il faut penser aux kilomètres et tout ça. » (entretien n°6).

La proximité d'une ville semble aider au développement d'une sociabilité entre pairs échappant un peu à la mécanique communautaire, entre voisins et familles, comme pour ce jeune (entretien n°120) qui déclare aller « souvent » dans le centre de la capitale régionale São Miguel do Oeste, situé à 8km de sa propriété (dont 4,5 de route de terre), où il retrouve des « connaissances » aussi bien de la ville que rurales qui se retrouvent « généralement en ville » pour échapper à la présence parentale ou par commodité pour chacun, ce jeune justifant qu'il « n'est pas du genre à prendre un moment pour aller voir les voisins, comme ça »216.

Nous allons donc présenter trois exemples de localisation spatiale de jeunes, chacun dans leur contexte en termes d'infrastructure et d'équipement, montrant la diversité des situations et suggérant des conditions d'accès très différentes aux pratiques culturelles et de loisirs, ou du moins à leurs lieux, pour chacun des trois jeunes.

216 « je ne suis pas du genre à prendre un moment pour aller rendre visite aux voisins, genre comme ça... » entretien n°120

► Équipements culturels : entre manque et développement

Ce sont ensuite les infrastructures culturelles à proprement parler qui manquent, et pour reprendre le témoignage plus haut relatif au risque de circuler sur des routes en mauvais état, le même jeune poursuit en disant que « de toute façon à Abelardo Luz, même dans la ville il n'y a pas de cinéma, ni rien » (entretien n°XXXV). Dans Panorama sectoriel de la culture brésilienne, Gisele Jordão217 fait le point sur les infrastructures du pays et conclut que « la distribution actuelle des espaces culturels corrobore les inégalités économiques » : 93% des municípios n'ont pas de cinéma, 79 % n'ont pas de musée ni de salle appropriée pour recevoir du théâtre. Les données de l'IBGE sur la répartition des équipements culturels dans les 5.565 municípios du pays permettent de percevoir précisément les inégalités sociales et spatiales (voir les cartes de l'annexe n°9). Les bibliothèques sont l'équipement le plus présent à l'échelle municipale (79%) alors que moins de la moitié des municípios brésiliens disposent d'une librairie (43%). Quand 64% ont un loueur de vidéo, seulement 8% ont un cinéma, ce qui marque l'importance des équipements domestiques et la faiblesse des salles de cinéma. Les théâtres sont présents dans 19% des municípios et les musées dans 17%. Le principal émetteur de télévision couvre quant à lui 98% des municípios. Des groupes de musique sont présents dans 44% des municípios et des orchestres classiques seulement 6%. « Plus le município est petit, moins il y existe d'équipements culturels »218 et de manière générale les municípios brésiliens, qu'ils soient à dominante rurale ou urbaine ont peu d'équipements culturels. Cependant, le grand nombre de gymnases et de clubs (dans 76% et 70% des municipes) montre l'importance qu'y occupe le sport. Dans nos trois microrégions la situation est la suivante (voir aussi annexe n°8) :

217 Jordão Gisele, Renata R. Allucci, Panorama setorial da cultura brasileira 2011/2012, São Paulo : Allucci & Associados Comunicações, 2012.

218 Brenner Ana Karina, Dayrell Juarez, Carrano Paulo, « Cultures du loisir et du temps libre des jeunes brésiliens » dans Abramo Helena Wendel; Branco Pedro Paulo Martoni. Retratos da juventude brasileira: análises de uma pesquisa nacional. São Paulo (SP): Instituto Cidadania: Fundação Perseu Abramo, 2005. 446 p. - p.177-179.

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Illustration28:Carte du nombre d'équipements culturels etmoyens de communication existantdans chaquemunicípio. Réalisation :N.Chauveau,2017 d'après Diretoria de Geociências,Coordenação de Geografia.IBGE,Perfildos Estados e Municípios Brasileiros :Cultura,2014

Les « capitales » de nos microrégions sont les mieux dotées avec toujours plus de 20 équipements. Tous les autres municípios sont en majorité mal pourvus, abritant le strict minimum en terme d'infrastructures, et généralement dans les sièges urbains des localités, d'après ce que nous avons observé sur le terrain. La carte refète ainsi mal la réalité puisque les données sont relatives aux municípios mais ne témoigne pas de la concentration des équipements dans leurs seuls sièges. De la même façon, ces chiffres ne distinguent pas vraiment nos territoires par rapport aux données nationales, mais confrment plutôt une carence généralisée. La microrégion Extremo Oeste est la moins bien dotée des trois terrains observés, ce qui peut être rattaché à la taille du pôle qu'est São Miguel do Oeste, à l'éloignement du littoral et au profl général du territoire. Certains municípios se distinguent, comme Lages, le plus culturellement urbain des pôles de nos trois territoires qui possède le théâtre Marajoara, exemple de l' « art déco lajeano », et dont les nombreuses « boates » et « casas de show » (Baracão, Tradição, Centro Serra, Secret Garden Lages) ont été citées lors des entretiens avec les jeunes ruraux rencontrés.

Le développement d'infrastructures de loisirs privées fait partie du contexte culturel : des équipements que l'on peut louer, sortes de « salle des fêtes » mais qui se révèlent souvent peu appropriées (coût, présence d'autrui, taille, localisation) pour des événements entre jeunes par exemple (voir encadré sur le Clube 25 d'Arroio do Tigre). La mise à disposition du wif peut transformer un bar ou un restaurant donné en haut lieu de rencontre pour les jeunes des alentours (« o ponto de encontro da galera »), comme dans le cas de l'Aquarius à Cerro Negro (entretiens n°62, 142 et 144). Les lieux de loisir d’extérieurs sont également de plus en plus aménagés et privatisés, comme le déplore cet éleveur d'Anita Garibaldi : « Avant il y avait beaucoup de choses de loisir, aujourd'hui non, je ne saurais pas dire pourquoi... tout a été privatisé : les terrains de foot sont payants, les balnearios comme de Lago Azul Campestre Clube,... Il y a aussi moins de jeunes. Ils vont tous en ville [na praça] »(entretien n°108). Cela peut en effet générer une source de revenus non négligeable comme pour une famille de céréaliers d'Arroio do Tigre, dont la moitié du revenu annuel vient du « balneario » familial (proposant une piscine, un accès à la rivière, de la pêche, des terrains de volley, football et bocha, 18 bungalow loués tout l'été) – l'autre moitié provenant du soja. Le succès d'infrastructures privées comme le Salão Rohde à Candelaria (qui annonce sur YouTube être « un des meilleurs lieux de fête [casa

de festas] de la région avec une méga-structure de son et de lumières »), critiqué pour accueillir des mineurs, contrôler peu la consommation d'alcool et être passé de « bandinha » à « boate »219, rappelle la bataille des années 1990 dans l'Indre entre la « discomobile » et la « discothèque » mise en scène dans le documentaire Un samedi soir en province220. Des images de ces équipements privés permettent de considérer leur inclusion dans la vie des communautés, l'offre disponible et l'usage qui en est fait :

219 Entretien n°89 : « Il y a des salles où ils disent que les moins de 17 ans ne peuvent pas entrer. […] Mais tu vas dans la partie boîte de nuit, mon Dieu, il y a des enfants de 11 ans en coma éthylique ! […] Et même dans cette salle Rohde quand ça a commencé ce n'était que des petits groupes il n'y avait pas de boîte de nuit. Et là il y a eu de moins en moins de public, de moins en moins. Il a commencé à mettre la boîte de nuit et ça a commencé à chauffer. Et maintenant il n'y a plus que la boîte. »

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Illustration 29:Infrastructures culturelles etde loisirs privées dans les microrégions de Campos de Lages etSanta Cruz do Sul. 1:Entrée du RestaurantAquarius,lieu de rencontre pourles jeunes de Cerro Negro;2:Un jeune de Cerro Negro profite du wifide l'Aquarius entouré d'affiches annonçantles prochains concerts se tenantdans la région;3,4,5 : équipements du Clube 25 d'Arroio do Tigre,cancha de bocha,piscine etsalle de réception,le Clube a beaucoup investitdans ces aménagements réservés à ses adhérents ;6 :une pancarte "Son fortinterdit"près des tables de pique nique du Balnéario Hermés à Arroio do Tigre.

De petits équipements publics de proximité émaillent aussi les territoires ruraux. Les « salão de festa » ou « salão comunitario », souvent proches de l'église et/ou de l'école de la communauté (quand il y en a une) jouent ce rôle. Ils rappellent la salle des fêtes, décrite par Nicolas Renahy comme un lieu « qui structure liens de sociabilité et convivialité à base villageoise » (2005, p.77), avec un investissement associatif cependant souvent bien moindre que celui constaté par le sociologue même si le salão accueille toutes les manifestations de la communauté : événements familiaux,