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Choix conceptuels, épistémologiques et méthodologiques

C. Quels outils et quelle mise en œuvre ?

1/ Une combinaison d'apports

► Géographies

• Géographies culturelles et des loisirs

Dans le dictionnaire de Lévy et Lussault, Jean-François Staszak explique les deux façons dont on peut selon lui aborder la géographie culturelle188. Dans les thèmes classiques comme nouveaux, la géographie culturelle ne se confond pas avec une géographie des faits culturels, qu'elle ne fait pas du tout, ou marginalement comme composante d'une culture beaucoup plus large. Dans son

188 « Pour les uns il s'agit d'une géographie du fait culturel – tout comme la géographie commerciale est une géographie du commerce. Elle s'intéresse à la géographie des lieux sacrés, des universités, des musées, des cinémas, des restaurants, etc. Il s'agit de la culture au sens le plus large du terme [...]. Cette géographie ne dispose pas de méthode spécifque [...]. Pour les autres il s'agit d'une approche culturelle des faits géographiques. La géographie culturelle ne s'attache pas à un objet particulier [...] elle se fonde sur une approche spécifque qui est attentive aux "conditions de matérialité, d'historicité et géographicité de tout fait humain et social" (Claval, 1999) » Lévy Jacques et Lussault Michel (co-dir.), Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Belin, 2003. Article « Géographie culturelle » de Jean-François Staszak

dictionnaire en revanche Roger Brunet189 écrit que : « Le géographe est intéressée par la dimension culturelle des organisations spatiales et par la dimension spatiale des phénomènes de culture : cela peut inclure les manifestations d'art, le cinéma, la musique, la forme des maisons et des toits, la danse, la gastronomie ou la religion, et les appréhensions plus globales de comportements et d'institutions culturelles. » Pour notre part nous tenterons d'étudier non pas « la dimension culturelle des organisations spatiales » ni d'avoir une « approche culturelle des faits géographiques », mais nous nous inscrirons davantage dans « une géographie du fait culturel » qui s'intéresse à « la dimension spatiale des phénomènes de culture ». Notre objet est culturel, notre approche est géographique au sens large, car il ne s'agit en aucun cas de cloisonner les disciplines ni au sein de la géographie ni des sciences humaines en général d'ailleurs, comme l'écrivent Maria Gravari-Barbas et Philippe Violier dans leur ouvrage Lieux de cultures, culture des lieux : « L'ambition est double, esquisser une approche géographique de la production culturelle et saisir le prétexte d'un champ, la culture, pour faire de la géographie : la culture interroge la géographie, son épistémologie, ses discours, ses concepts, ses méthodes. On ne cherche pas à contribuer à une géographie de la culture qui se constituerait comme autonome et cloisonnée. »190

Au-delà de l'objet culturel ce sont aussi plus largement les pratiques culturelles et de loisir que nous allons observer, objet autour duquel la géographie a également une tradition d'analyse, même si elle est plus récente en France. Les Anglo-saxons sont les premiers à s'y intéresser, peut-être parce que ce sont eux qui ont inventé certains loisirs modernes (Salaün, Étienvre, 2006). En France, l’intérêt pour les loisirs ne naît vraiment que dans les années 1960 et plutôt chez les sociologues : en 1962, Joffre Dumazedier est en quelque sorte un pionnier, avec Vers une civilisation du loisir ? C'est avec l’extension de « l’Histoire culturelle », à la fn de années 1970 et au début des années 1980, que les loisirs deviennent véritablement un objet d’étude « légitime » ; les travaux de Roger Chartier, Jacques Le Goff, Maurice Agulhon, Alain Corbin, Pierre Nora, Pascal Ory, Jean-François Sirinelli, entre autres, favorisent la production scientifque consacrée aux loisirs. Mais la géographie tarde beaucoup à s'en emparer.

C'est d'abord autour du tourisme que leurs travaux se tournent après la Seconde Guerre mondiale (Bonneau, 1983), accordant au phénomène touristique une place de plus en plus grande au sein des analyses régionales. Les autres loisirs sont laissés de côté191. En 1984, le projet LORETO (pour LOisir, de la REcréation et du TOurisme) est créé en France, pour informer les chercheurs francophones des publications et innovations intéressantes sur ces sujets192. Tourisme et loisir prennent alors place aux côtés des disciplines traditionnelles : géographie urbaine, rurale etc... L'inscription de cette thématique au programme de l'Agrégation et du Capes (concours du professorat en France) en 1992 est une autre étape de reconnaissance. Georges Cazes publiait la

189 Brunet Roger, Ferras Robert et Théry Hervé (co-dir.), Les Mots de la géographie, dictionnaire critique, Reclus-La Documentation française, 1992. Article « culture »

190 Gravari-Barbas Maria et Violier Philippe (sdd), 2003, Lieux de culture, culture des lieux : production(s) culturelle(s) locale(s) et

émergence des lieux dynamiques, acteurs, enjeux, Presses universitaires de Rennes, 301 p.

191 « Le tourisme n'est en défnitive qu'un aspect de la manière d'utiliser son temps libre. C'est incontestablement le plus géographique puisqu'il entraîne des déplacements à travers l'espace, qui peuvent être mesurés, cartographiés et qu'il modife cet espace. Mais ce n'est pas le seul. Des activités récréatives de plus en plus variées sont apparues et occupent une partie non négligeable du budget-temps des citadins, pouvant s'exercer à l'extérieur de la maison ou chez soi. [C'est un thème riche mais extrêmement diffcile à appréhender] Ces diffcultés tiennent à deux grandes séries de causes. La première concerne les imprécisions du vocabulaire et des concepts. La seconde tient au caractère récent de l'étude géographique des loisirs » Bonneau Michel. L'analyse géographique des

loisirs. Présentation. In: Norois. N°120, 1983. Octobre - décembre 1983. pp. 479- 480.

192 Delbaere R. L'approche géographique de l'étude des loisirs. Le projet Loreto et l'importance de la linguistique dans cet ensemble. In: Norois. N°124, 1984. Octobre - décembre 1984. pp. 605-608.

même année un éclaircissement des concepts et des processus de la discipline193, déplorant que ces objets aient été trop longtemps le seul apanage des sociologues, malgré les conséquences sociales et spatiales de ces activités. Il faut noter cependant que les objets de la géographie des loisirs sont encore trop souvent circonscrits (le tourisme toujours, l’événementiel, les sports, les aspects économiques et symboliques) et qu'il reste des objets à observer, surtout hors des frontières européennes, où la prégnance de problématiques plus fondamentales dans le développement pur et simple empêche trop souvent de s'attarder sur ce type de sujets, ce que nous nous proposons de faire sur nos terrains.

• Géographies rurales

En France, l'expression « Géographie Rurale » apparaît dans les années 1920 avec les Principes de géographie humaine de Vidal de la Blache (publiés en 1922) et atteint son apogée après 1945 avec les ouvrages d'Albert Demangeon, Maxilien Sorre et le Précis de géographie ruralede Pierre George de 1963 (Jean, Périgord, Géographie Rurale, La ruralité en France, Armand Colin, 2009). Il faut noter l'histoire distincte de cette discipline avec la Géographie Agraire (Faucher, 1949), Max Derruau (1967) tentant par exemple de démêler géographie agraire (qualitative, faisant référence aux résultats de l'exploitation sur le paysage), agricole (plus quantitative et tournée vers l'agronomie) et rurale (« géographie des campagnes avec beaucoup d'habitants qui ne vivent pas du travail de la terre »). Apparait ensuite la notion d' « espace rural » en tant qu'espace triple : agricole, naturel et habité (Diry, 1999 ; Duby, 1975). Aujourd'hui, la géographie rurale est l'objet d'un fort intérêt de la part de la communauté scientifque en France, refété par de nombreuses revues, laboratoires, formations, événements scientifques et associations (Jean, Périgord, 2009, p.16).

Au Brésil, la géographie rurale s'inscrit fortement dans les pas de la tradition française, et la Géographie Agraire des débuts y est clairement un « prolongement de la Géographie Française »194. Pour Flamarion Dutra Alves « l'histoire de la Géographie rurale brésilienne passe inévitablement par l'infuence des bases théorico-méthodologiques françaises, ce que nous devons aux premiers géographes fondateurs des cours supérieurs de géographie au Brésil, d'origine française, qui ont diffusé la pensée acquise en France sous la tutelle de Paul Vidal de La Blache »195. Antonio Candido a lui aussi rendu un vibrant hommage à cette tradition française dans les Études Rurales brésiliennes, soulignant la pertinence des méthodes apportées196. La tradition nationale s'est cependant peu à peu affrmée, étant longtemps un secteur majeur de la géographie humaine nationale mais étant également par la suite rattrapée par les Études Urbaines197. 193Cazes Georges, Fondements pour une géographie du tourisme et des loisirs, 1992

194 Teixeira Marcio Antônio; Lages Vinicius Nobre. Dossiê refexões sobre o rural. Transformações no espaço rural e a geografa

rural : idéias para discussão. Dans Revista de Geografa/UNESP; São Paulo, v.14, p.9-33,1997.

195 Dutra Alves Flamarion, « O pensamento francês na geografa rural do Brasil », Confns, 16, 2012, http://confns.revues.org/7814

196« Si je me rapporte à l'expérience personnelle, je me souviens, à la fois gai et surpris, que mes professeurs brésiliens se fattaient de citer des auteurs européens, de montrer une connaissance minutieuse sur l'Europe, une bonne prononciation du français et de l'anglais, et d'utiliser des catégories de la pensée européenne pour construire des images abstraites d'une réalité vague. Tandis que les maîtres français nous obligeaient à regarder le monde environnant, à recourir aux sources locales, à découvrir des documents, à regarder la réalité proche. Les Brésiliens […] fnissaient par nous enlever du Brésil en nous initiant dans un monde inexistant. Les français, en utilisant leur langue, en employant leur méthodes, nous mettaient dans notre pays » Antônio Candido, Uma palavra

instavel, Folha de São Paulo, août 1995

197 Idem : « La forte présence de Leo Waibel se détache, lui qui a travaillé en 1946-1950 au sein du Conseil National de Géographie, à Rio de Janeiro. La Géographie Agraire Brésilienne, qui pour une longue période a été responsable de la plupart des travaux de Géographie Humaine, passe à la fn des années 60 et au cours de la décennie suivante, en arrière-plan, en raison d'un intense

La sociologie rurale brésilienne est également fondamentalement infuencée par les géographie et sociologie rurales françaises, notamment par les travaux et méthodologies du Laboratoire Dynamiques Sociales et Recompositions des Espaces (LADYSS) à Paris, où de nombreux chercheurs brésiliens ont collaboré (Maria Nazareth, Maria José Carneiro, Valmir Stropasolas, etc.).

Nous le verrons dans notre état de l'art, certains champs restent cependant très méconnus, car le souci d'études systémiques est récent. Trop souvent encore au Brésil, la Géographie Rurale est confondue avec la plus traditionnelle Géographie Agraire, exclusivement consacrée au monde agricole, et les Agronomes sont d'ailleurs très présents dans les institutions de recherches rurales. Mais d'autres types et thèmes de géographie rurale plus humaine émergent et font croître ce champ d'étude dans le pays. Face aux transformations actuelles cependant, les études font encore fortement défaut, notamment sur l'exemple précis de notre terrain198.

► Interdisciplinarité

Nous nous situons dans le champ des Études Rurales, alliant sociologie, anthropologie et histoire avec une prédominance ici de la géographie rurale. L'interdisciplinarité est inhérente à l’appréhension même de l’espace rural (Delfosse, 2003 ; Kayser, 1990) et le thème de la culture lui-même l'appelle également. Au sein du PGA199 nous avons pu exercer une réelle interdisciplinarité au jour le jour.

En choisissant pour orienter nos recherches une directrice française géographe ruraliste et un directeur brésilien sociologue de la jeunesse nous avons ancré d'emblée notre travail sur ces deux rives. Après une formation en « humanités » (notamment philosophie, histoire, langues anciennes, littérature en classe préparatoire littéraire) puis en histoire et géographie (double licence et Master Études Rurales bidisciplinaire), il nous semblait naturel de continuer à lier les disciplines. C'est ainsi que le Laboratoire d'Études Rurales, pluridisciplinaire également, a accueilli nos recherches. De plus, l'apport de la sociologie rurale pour notre sujet est tout à fait fondamental et nous en avons pris toute la mesure en suivant les cours d' « Agriculture et Ruralité » dispensés par Maria Ignez Paulilo à l'UFSC, dans le département de sociologie politique. De Marx à Van Der Ploeg en passant par P. Champagne et Chonchol, nous avons pu agréger la pensée de ces sociologues à notre réfexion géographique. On ne peut nier également la place centrale des anthropologues et ethnologues dans la bibliographie sur la culture, la jeunesse et le milieu rural. L'interdisciplinarité, c’est enfn pour un ruraliste travailler avec des géographes urbanistes, notamment parce que la question de la culture est liée aux relations ville-campagne, parce que les géographes urbains travaillent sur le rôle de la culture dans la régénération urbaine et que leurs apports peuvent aider à comprendre le rôle de la culture dans la recomposition des territoires (Delfosse, 2003, p.33), ce que

processus d'urbanisation qui provoque une explosion des Études Urbaines. Teixeira (1981), Diniz (1973), Gusmão (1978) nous montrent l'évolution des Études Rurales au Brésil, indiquant combien la compréhension des phénomènes dans leur globalité a été affaiblie par la compartimentation entre zones rurales et urbaines. Le divorce entre Géographie Rurale et Géographie Urbaine, doit cependant, selon nous, être réinterprété aujourd'hui (Auriac, 1994). Fondamentalement, toute Géographie Humaine étudie la façon dont les êtres humains, leurs activités et leurs œuvres se localisent les unes par rapport aux autres »

198 « Il y a peu de publications qui analysent l'agriculture et l'espace rural catarinense. Le problème c'est que les publications sont en général celles de l'UFSC, des mémoires, thèses et articles qui restent restreints à l'aire académique. D'où l'idée de faire ce livre, vu les transformations qu'a connues cet espace durant les 30 dernières années. » Paulilo Maria Ignez Silveira, Schmidt Wilson, Agricultura

e espaço rural em Santa Catarina, Editora da UFSC, 2003, 311 p. - page 8

199 Programme de Pos-Graduação en Agroécosystèmes au sein duquel nous réalisons cette thèse en co-tutelle

nous verrons au Chapitre 6.

Nous souhaitons également inclure ce travail dans l'interdisciplinarité prônée par les défenseurs de la « perspective ethnosociologique » qui combine une conception aussi ethnographique que possible du terrain avec une conception beaucoup plus sociologique des questions examinées et de la construction des objets étudiés (Bertaux, 2010). « La perspective ethnosociologique est l’épistémologie dont relève l'enquête sociologique. C'est un type de recherche empirique fondé sur l'enquête de terrain et des études de cas, qui s'inspire de la tradition ethnographique pour ses techniques d'observations, mas qui construit ses objets par référence à des problématiques sociologiques » (idem, p.16). Ainsi une enquête ethnosociologique ne s'inscrit pas dans le même espace épistémologique que celui qui s'est élaboré à partir d'une autre forme d'enquête, l'enquête par questionnaires sur échantillons représentatifs, canon de la sociologie des années 1940 à 1970. La méthode étant différente, il faut donc des critères différents d'évaluation de la qualité de l'enquête (Bertaux, 2010). Ce type de méthode appelle également à une certaine généralisation des conclusions (Bertaux, 2010, p.16-17)

« L'ethnosociologie c'est tenter de passer du particulier au général en découvrant au sein du terrain observé des formes sociales – rapports sociaux, places et positions dans ses rapports, situations qui en découlent, logiques et contradictions inhérentes à ces situations, logiques d'action, mécanismes sociaux générateurs de conduites, logiques sociales, processus récurrents – qui seraient susceptibles d'être également présentes dans une multitude de contextes similaires. […] L'hypothèse centrale de la perspective ethnosociologique est que les logiques qui régissent l'ensemble d'un monde social (mésocosme), sont également à l'œuvre dans chacun des microcosmes qui le composent : en observant de façon approfondie un seul, ou mieux quelques-uns de ces derniers, et pour peu qu'on parvienne à en identifer les logiques de situation, les mécanismes générateurs de conduite, les processus de reproduction et de transformation, on devrait pouvoir saisir certaines au moins des logiques sociale du mésocosme lui-même. »

La mise en œuvre de cette interdisciplinarité au sein du PGA (Programa de Pós-Graduação em Agroecossistemas - Programme de Master et Doctorat et Agroécosystèmes) a été déterminante. Ce programme a accueilli notre recherche dans le cadre de la co-tutelle et j'ai ainsi intégré la promotion d'étudiants débutant leurs recherches en mars 2015 (début de l'année scolaire brésilienne). Elle est majoritairement composée d'agronomes, mais aussi de zootechniciens, vétérinaires, nutritionnistes, journalistes, agroécologues, écologues, ingénieurs forestiers, économistes. Le programme intègre fréquemment des chercheurs en sciences humaines (comme notre directeur de thèse, sociologue), géographes, historiens, sociologues, même s'ils ne sont pas en grand nombre. Tous viennent au CCA pour profter d'une formation axée sur les « Agroécosystèmes », terme peu usité en France et défni par l'UNESCO comme étant « un produit de la modifcation de l’écosystème par l’homme et constitue un espace d’interaction entre l’homme, ses savoirs et ses pratiques et la diversité des ressources naturelles. »

L’agroécosystème est l’unité de base permettant d’étudier les relations entre une communauté humaine, son environnement et les services que les écosystèmes fournissent pour assurer sa subsistance. L’agroécosystème est donc une« association dynamique comprenant les cultures, les pâturages, le bétail, d'autres espèces de fore et de faune, l'atmosphère, les sols et l'eau en interaction avec les usages qu’en font les hommes sur la base de leurs systèmes de valeurs et traditions. Leur développement durable constitue sans doute un des principaux défs auquel devra faire face l’humanité dans les prochaines décennies » (2009, International Coordinating Council of the Man and the Biosphere Programme). Nous avons ainsi dans le cadre du PGA reçu des cours sur les Relations référentielles en Agroécosystèmes, comprenant un volet sur le développement rural, donné un cours sur l'agroécologie ou fait une présentation sur la multifonctionnalité de l'activité agricole.

Tableau 5:Tableau de synthèse des aires de concentration,lignes de recherche etprojets de recherche du PGA

Notre travail s'est par ailleurs tout à fait intégré à ceux du LAF (Laboratorio de Agricultura Familiar), travaillant sur l'Agriculture Familiale et plus particulièrement la place des femmes et des jeunes, et à ceux du LEMATE (Laboratoire d'Étude de la Multifonctionnalité des Territoires Ruraux) avec un projet sur les politiques de décentralisation par exemple. On voit ci-dessous la ligne de recherche « Agriculture familiale, nouvelles ruralités et territoires ruraux » où notre travail a sa place.

L’interdisciplinarité aura été quotidienne dans la fréquentation de mes collègues en majorité issus des sciences naturelles et surtout de l'agronomie, dont beaucoup ont connu des expériences professionnelles en tant qu'extensionistas200 voire de longues carrières dans les mouvements liés à l'agroécologie. Ainsi, travailler en groupe avec eux, partager les réfexions autour des cours et surtout comprendre leurs recherches et leur expliquer la nôtre aura été un exercice sans égal. Sensibiliser des zootechniciens et ingénieurs forestiers à l'importance des pratiques culturelles des jeunes dans l'espace rural n'est pas une évidence, mais fut une étape très intéressante de la réfexion.

Si invoquer et revendiquer l'interdisciplinarité est devenu un poncif, il n'est pas de meilleure démonstration de sa pertinence que sa mise en œuvre, sur le terrain, comme nous nous proposons que l'exprimer dès à présent. En effet, à l'autre bout de la chaîne, en regard de l'état de l'art, se trouve le terrain, son analyse, son traitement, son parcours. Nous évoquerons ici nos choix méthodologiques, quelles ont été les techniques qui nous ont accompagnées sur nos différents terrains, nous jetterons un regard plus sensible sur l'expérience et son apport en termes de recherche, puis nous détaillerons la méthodologie et l'usage que nous avons fait du récit de vie.

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