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Choix conceptuels, épistémologiques et méthodologiques

A. Quels jeunes ?

3/ Littérature et ressources autour des jeunes ruraux brésiliens

Deux constats sont récurrents dans tous les travaux que nous avons pu lire sur les jeunes ruraux : le sujet a longtemps été ignoré et délaissé même si depuis quelques années de nombreux chercheurs viennent combler le manque135. Valmir Stropasolas évoque dans la première partie de son intervention au Seminario Juventude Rural em Perspectiva « De l'invisibilité au saut qualitatif théorique »136, une « négligence » vis à vis des jeunes ruraux, tant théorique que pratique, tant dans les études que dans la réalité du terrain, social ou politique. Les études rurales ayant été elles-mêmes sous-estimées, ses habitants n'attirent l’œil des chercheurs que depuis récemment, et dans ces études, des groupes ont été historiquement négligés : les femmes, les minorités culturelles et les jeunes.

► Un foisonnement de travaux

En 2007, l'organisation du Seminario Juventude Rural em Perspectiva137 à Rio de Janeiro vient couronner dix ans d'efforts pour sortir cette catégorie de l'invisibilité académique. Clôt par la publication d'un ouvrage clef réunissant les principaux auteurs spécialisés sur la question138 : 64 universitaires, 26 représentants d'institutions, 24 de mouvements sociaux, 4 d'ONG, et des représentants des ministères de l'Agriculture, de l’Éducation et du Secrétariat National à la Jeunesse et du CONJUVE139 étaient réunis, ainsi que de nombreux jeunes, eux aussi présents. Le constat d'un réveil académique (mais aussi politique et social) y est fait à la fois par des fgures historiques de la recherche sur la jeunesse rurale140 et par des chercheurs travaillant plus récemment sur le thème. Ce sont principalement Helena Wendel Abramo, Maria José Carneiro et Ricardo Abramovay qui ont rompu le silence dans les années 1990 avec des travaux de référence.

Dans son état de l'art des recherches sur les jeunesses rurales141, Nilson Weiseheimer dresse un panorama du débat académique brésilien sur la jeunesse rurale entre 1990 et 2004. Il répertorie 50 travaux réalisés par 36 chercheurs (thèses, livres, mémoires, articles) et note la récurrence des thématiques suivantes :

- Jeunesse et éducation rurale avec deux angles de recherche : le décalage entre un modèle éducatif qui prend pour modèle les sociétés industrielles urbanisées et les besoins spécifques des jeunes

135 « Le thème de l'invisibilité des jeunes ruraux et de son dépassement doit être abordé. On pourrait dire que les études sur la jeunesse rurale, domaine lié à celui des études sur la jeunesse traverse actuellement un moment favorable, pas seulement émergent mais en phase de consolidation dans notre pays. L'invisibilité pourrait être observée sous deux aspects : l'invisibilité des jeunes d'un point de vue public et politique et l'invisibilité d'un point de vue de la production de recherche. » Intervention de Marilia SPOSITO dans Carneiro et Castro, 2007, p.123

136 Dans Carneiro et Castro, 2007

137 Organisé par le Programa de Pós-Graduação em Desenvolvimento, Agricultura e Sociedade (CPDA) de l'Université Fédérale Rurale de Rio de Janeiro (UFRRJ) et par le Núcleo de Estudos Agrarios e Desenvolvimento Rural (NEAD) du Ministère du Développement Agraire (MDA), avec l'appui du Secretaria Nacional de Juventude.

138Carneiro et Castro, 2007

139 Conselho Nacional de Juventude (Conseil National de la Jeunesse) : conseil composé par la société civile et le gouvernement ayant pour mission la formulation et la proposition de directives concernant les politiques publiques de la jeunesse.

140 « Aujourd'hui, on peut déjà dire qu'il existe de nombreuses études et recherches sur les jeunes ruraux. Toutes tentent, avec des approches différentes, de répondre aux questions fondamentales, qui sont-ils, où vivent-ils, comment vivent-ils, que pensent-ils, comment se projettent-ils dans le futur » Wanderley Maria de Nazareth « Jovens rurais de pequenos municìpios de Pernambuco : que sonhos para o futuro » dans Carneiro et Castro, 2007 - p.31

141 Weisheimer, Nilson. Juventudes Rurais: mapa de estudos recentes. Brasília: MDA/NEAD, 2005.

ruraux; la participation des jeunes à des projets de formation professionnelle dans l'agriculture - La défnition de la jeunesse rurale : comme tranche d'âge ou comme période de transition - L'accent sur les générations : le potentiel confit entre générations, les jeunes et l'ordre établi

- La jeunesse comme culture ou mode de vie : « Dans de nombreux travaux la jeunesse se défnit par des critères culturels mettant en évidence une culture jeune et l'importance des espaces de sociabilité dans la construction des identités […] La culture juvénile ressort comme étant un produit de l'abondance intimement lié à la société de consommation ».

- La jeunesse comme représentation sociale et auto-représentation : la condition juvénile est avant tout une position dans la hiérarchie sociale, qui détermine les identités dans des contextes socio-culturels, en l'occurrence les espaces ruraux.

L'existence d'autres états de l'art montre également l'importance que le sujet a pris dans le monde académique, au-delà des auteurs clefs. Par exemple Maria Regina Clivai Capelo, Aparecida Martins Suely et Wagner Roberto do Amaral systématisent (dans leur article au titre signifcatif « Jeunes de la campagne : à la recherche d'une visibilité sociale »142) les résultats du groupe de recherche de l'Universidade Estadual de Londrina (UEL) sur la jeunesse rurale. Ils y notent une grande hétérogénéité sociale et économique de cette catégorie malgré la récurrence de thèmes comme le rapport à la propriété de la terre et les diffcultés d'accès au foncier. Ils relèvent aussi les nombreux travaux (notamment de Ricardo Abramovay) qui évoquent les fux migratoires, leurs raisons et conséquences pour la « désertifcation », la masculinisation et le vieillissement des campagnes. Ces deux derniers sujets, et notamment par le biais des études de genre (voir Parry Scott, Rosinei de Cordeiro e Marilda Menezes, Gênero e geração em contextos rurais, Florianopolis, ed Mulheres, 2010), sont aussi parmi les plus documentés lorsque l'on dresse un état de l'art brésilien autour de la jeunesse rurale.

Dans un livre regroupant des études à l'échelle de l'Amérique Latine (Alvarado, Vommaro, Jóvenes, Cultura y Política en América Latina: algunos trayectos de sus relaciones, experiências y lecturas 1960-2000) les principaux chercheurs actuels143 sur le sujet au Brésil dressent une chronologie de leur champ. Dans les années 1950, l'image de la jeunesse est associée à celle de l'augmentation de la violence dans les centres urbains. Dans les décennies suivantes, on passe de l'image de rupture avec la société, de rébellion inspirée du mouvement hippie et étudiant à une jeunesse « individualiste, apolitique et apathique »144. Entre 1960 et 1999, la production scientifque sur les jeunes est peu conséquente et correspond à un total de 19 références, soit moins d'une publication par an. À partir de 2000 les auteurs identifent une croissance signifcative de la production bibliographique, qui atteint une moyenne de 22 travaux par an. Le champ de l'éducation fut pionnier pour les mémoires et autres thèses. Dans le peu de références trouvées avant 1985, les catégories utilisées sont celles de « jeunes ruraux », « travail infanto-juvénile » et « éducation rurale » ce qui oriente vers une compréhension du jeune en tant qu'objet d'éducation et de travail

142 Capelo Maria Regina Clivai, Suely Aparecida Martins, Amaral Wagner Roberto do Amaral. « Jovens do Campo: a procura da visibilidade social » dans Paulilo Maria Ângela Silveira, Jeolas Leila Sollberger, Capelo Maria Regina Clivati. Juventudes,

Desigualdades e Diversidades. Londrina: Eduel, 2007.

143 Castro Elisa Guarana de, Correa José G., Matrins Maíra. Ferreira Salomé Lima. « A categoria juventude rural no Brasil: o processo de construção de um ator político. Contribuições para um estado da arte. » dans Alavaro Sara Victoria Alvarado. Vommaro Pablo A. Jóvenes, Cultura y Política en América Latina: algunos trayectos de sus relaciones, experiências y lecturas (1960-2000). Rosario: Homo Sapiens Ediciones, 2010

avec deux problèmes majeurs : l'évasion scolaire et l'exode rural. Les travaux se concentrent alors sur les programmes et projets de pédagogie rurale. De 1995 à 1999 le champ des recherches se modife peu à peu, les nouvelles catégories montrent l'association de la jeunesse aux processus de mutations sociales du milieu rural : jeunes « assentados » « sem terra » « jeunes et agriculture familiale » « élève-travailleur rural ». De 2000 à 2002 ces premières catégories ne tombent pas en désuétude mais d'autres questions émergent : la reproduction de l'agriculture familiale, la migration rural-urbain et le jeune toujours comme fls de l'agriculteur.

Aujourd'hui les choses ont de nouveau évolué et les jeunes ruraux, sortis de la simple condition de fls d'agriculteur sont devenus une catégorie importante dans les études rurales, associés à certaines questions spécifques comme celles de l'exode rural et des migrations. Ainsi les jeunes sont-ils perçus comme ceux qui vivent le dilemme de la circulation entre villes et campagnes, et souffrent le plus directement des transformations sociales dans les zones rurales. C'est pourquoi « comprendre comment la jeunesse construit ses représentations sur les milieux ruraux et urbains a été, sans aucun doute, une question qui a fortement imprégné une grande partie de la recherche. Si d'une part de nombreuses recherches identifent le manque d'intérêt des jeunes par rapport au rural et aux professions agricoles, d'autres ont remarqué dans les villes l'exploitation du travail, ou même des processus de lutte pour la terre, qui ont contribué à la redéfnition de la campagne pour une partie des jeunes. »145. Ainsi les recherches sur la jeunesse rurale en Amérique Latine s'approprient-elles de plus en plus de thèmes. Au-delà de la production qualitative scientifque, d'autres ressources sont aussi aujourd'hui disponibles.

Si « les enquêtes quantitatives servent moins à prouver des réalités qu'à soulever de nouvelles questions pour la réfexion146» ,il est important d'y prêter attention et de nombreuses études quantitatives de grande qualité ont été menées ces dernières années, afn de cerner ce grand ensemble de la jeunesse brésilienne, de mieux le connaître et donc tenter de répondre à ses problématiques. Nous avons particulièrement utilisé les données de la grande enquête Perfl da Juventude Brasileira (dans le cadre du Projeto Juventude), menée en 2003 auprès de 3.501 jeunes entre 15 et 24 ans, dans 198 municípios et ayant donné lieu à la publication de plusieurs ouvrages de divulgation et d'analyse des résultats. Dans l'une d'elles les auteurs expliquent que :

« le Projeto Juventude a offert aux pouvoirs publics un ensemble de données, analyses, informations, suggestions et propositions qui montrent les besoins de cette jeunesse dans sa diversité et ses fortes inégalités sociales. L'originalité de l'enquête Perfl da Juventude Brasileira c'est son amplitude à divers niveaux : taille, cadres géographiques (urbain, rural, petites grandes moyennes villes, littoral et intérieur), variables (salaires, genre, âge, scolarité, ethnie, religion, situation conjugale et sur le marché du travail), thèmes (160 questions divisées en 10 thèmes) et donc la possibilité de mettre en relation les données entre elles. »147

En effet, si la dizaine de thèmes abordés ne nous intéressaient pas tous a priori, il a été très important pour nous, ne serait-ce que pour mesurer les différences entre sociétés européennes et brésiliennes148, de parcourir avec beaucoup d'attention cette enquête. Nous l'avons également utilisée pour élaborer nos trames d'entretiens, notamment les sections « Appréciation et

145 Idem – pages 71 et 73

146 Abramo Helena Wendel, Branco Pedro Paulo Martoni. Retratos da juventude brasileira: análises de uma pesquisa nacional. São Paulo (SP): Instituto Cidadania: Fundação Perseu Abramo, 2005. 446 p. - page 13

147 idem

148 C'est grâce à cette enquête que nous avons pris conscience que 65% des jeunes brésiliens vivent chez leur parents (ou un des deux), 3% seulement vivent seuls ou avec des gens de leur âge et 17% seulement des jeunes partiraient de chez leur parents même s'ils le pouvaient (et cela dépend peu de la CSP interrogée). Par ailleurs, l'enquête révèle que 46% des jeunes ont déjà perdu un proche de mort violente, 38% ont déjà vu une mort violente et 42% ont déjà tenu une arme à feu, ce qui donne une idée de la fréquence de certaines situations dans le contexte national.

connaissance des politiques publiques », « Activités culturelles et de loisir » et « Infuence et préférence des médias » afn à la fois de puiser des idées (et des modèles de grilles de réponse plus adaptées que ce que nous pouvions nous-même imaginer, en termes de musiques et de gamme de loisirs par exemple même si les grilles se sont vite avérées décalées par rapport aux jeunes rencontrés) et d'avoir une certaine échelle comparative.

Outre cette enquête ponctuelle nous avons également beaucoup utilisé les données quantitatives de l'IBGE. Nous en connaissons les limites, notamment en termes de défnition et de rigueur sur l'urbain et le rural. Mais la base de données, complète et vaste nous a tout de même éclairée sur les spécifcités et le profl de nos territoires, complété par les données parfois transmises par les sièges municipaux. Plus spécifquement, le document « Informaçoes basicas municipais », donnant lieu à la publication Perfl dos municípios brasileiros recense de nombreux éléments précis, notamment en termes d'équipements (17 types d'équipements, en indiquant sa présence et parfois sa quantité dans tel ou tel municipe), d'infrastructures (existence d'association culturelle, d'organe de gestion du patrimoine, etc...) et de politiques publiques (existence d'un secrétariat indépendant ou non, date de création etc...) dans 5.560 municípios du pays.

Enfn nous avons utilisé des documents dits de littérature grise149. Certains fonctionnaires ou responsable d'institutions rencontrés ont parfois pu partager avec nous leurs documents de travail riches en informations (budgets de SDR, de PC et de SESC, dossiers de demande de subventions reçus, documents propres à diffusion restreinte150). Des documents plus offciels relevant de la production par les services de l'État fédéral nous ont également parfois été utiles : rapports du Ministère de la Culture151, de l'Agriculture152.Des articles également non scientifques ont été pour nous source d'information : les articles parus dans Le monde diplomatique (édition brésilienne) ou des journaux très grand public comme la Folha de São Paulo ou O Globo de Rio refètent une atmosphère et un ressenti autour des questions touchant les jeunes ruraux et nos problématiques. Ils offrent un point de vue plus commun, « lambda » et parfois partisan ou teinté de préjugés qui doit aussi être une source de réfexion pour le chercheur quant à l'insertion de son sujet dans la société.

149 Terme qui recouvre tout ce qui est produit par toutes les instances du gouvernement, de l’enseignement et la recherche, du commerce et de l’industrie, et n’est pas contrôlé par l’édition commerciale, elle n'est donc pas disponible par les circuits classiques et est parfois constituée de documents de fonctionnement internes

150 Le Portfolio du Projeto Teatro Circula Dô par exemple, comportant cartes et et données fnancières et quantitatives

151 Jordão Gisele (coord.), Panorama setorial da cultura brasileira 2011/2012, São Paulo, 2012. 216 p. ; Ferran Marcia (ccord.),

Perspectivas da Economia da Cultura: um modelo de análise do caso brasileiro - Area: Indicadores para Política Cultural no Campo da Arte Contemporanea, Ministério da Cultura / Fecamp Projeto, Campinas, 2012, 50p.

152 Núcleo de Estudos Agrarios e Desenvolvimento Rural, Brasil Rural na Virada do Milênio - Encontro de Pesquisadores e

Jornalistas,2001, São Paulo : USP, Borin, Jair; Veiga, José Eli (org.), Almeida, Wellington (texto). Brasília : Ministério do Desenvolvimento Agrario / Conselho Nacional de Desenvolvimento Rural Sustentavel / Núcleo de Estudos Agrarios e Desenvolvimento Rural, 2001. 76 p.

► Une triple invisibilité dans l'état de l'art

Les travaux existants sur les jeunes ruraux sont donc assez nombreux, mais ils ont des limites, relevées par les chercheurs eux-mêmes, et principalement leurs tendances aux approches mono-thématiques, mono-graphiques et mono-disciplinaires. Si Nilson Weisheimer note dans son état de l'art153 la prédominance, parmi les 50 travaux observés, de ceux cherchant à comprendre les relations entre jeunesse et processus de reproduction sociale de l'agriculture familiale d'autres chercheurs, comme Helena Abramo, invitent les ruralistes à enrichir le champ des études sur la jeunesse grâce à leurs méthodes et leur point de vue singulier, pouvant ainsi alimenter un débat plus large154. En termes d'études systémiques du monde rural, ce ne sont pas seulement les approches pluri-thématiques qui manquent mais aussi l'omniprésence de la monographie. En ce qui concerne l'État de Santa Catarina par exemple nous avons observé que toutes les études utilisées se focalisent sur un territoire très délimité (un município, une association de municípios, une mésorégion155) et que rien de comparatif ou de plus transversal n'avait été proposé, amenant une grosse production de travaux sur des thèmes variés (le riz, les latifundios, etc.) mais très peu d'un point de vue régional, aboutissant à une connaissance très limitée de certains phénomènes globaux.

Cela fait en revanche émerger la nécessité d'un regard à une échelle différente, moins monographique, qui traitent de thèmes peu courants, en corrélation les uns avec les autres et surtout qui croise davantage les disciplines, comme nous essayons de le faire avec la géographie et la sociologie. Par ailleurs, ces lacunes, au-delà de justifer la nécessité d'une recherche sur tel ou tel sujet, refètent une tendance académique et politique à encore méconnaître les enjeux des pratiques culturelles pour les jeunes ruraux. Au Brésil, dans les recherches sur le rural, les jeunes ont ainsi longtemps été considérés seulement comme une partie d'un grand tout et non pour eux-mêmes et Maria José Carneiro, relevant la dimension très culturelle de cette invisibilité, écrit que « généralement les recherches sur l'organisation sociale des campagnes se référent aux jeunes seulement dans leur condition de membres de l'équipe de travail familial […] Vue de cette manière depuis l'optique du travail, la jeunesse rurale reste dans son invisibilité par rapport à sa participation aux autres sphères de la vie sociale. Cette invisibilité découle d'un stéréotype fondé sur une vision urbaine de la notion de jeunesse, soutenue par la perception de l'existence d'un espace culturel proprement juvénile »156.

Cette « triple invisibilité » est également fagrante dans les politiques publiques brésiliennes (celles qui ciblent les jeunes ruraux ne ciblent pas leurs pratiques culturelles, celles qui ciblent la culture en milieu rural ne ciblent pas les jeunes, etc...), nous y reviendrons dans notre analyse des politiques publiques en place sur les territoires enquêtés. Cette invisibilité est également celle du thème de la culture et des jeunes eux-mêmes dans les organisations professionnelles présentes en milieu rural. Des organisations de jeunesse existent, comme la commission jeunesse du CUT, Central Unica dos Trabalhadores, un syndicat qui organise de nombreux débats et séminaires avec

153 Weisheimer Nilson. Juventudes Rurais: mapa de estudos recentes. Brasília: MDA/NEAD, 2005.

154 « Les recherches sur les jeunes ruraux et le débat développé et accumulé dans ce domaine, contribuent, parce qu'ils amènent des méthodes d'analyse, à offrir de nouvelles perspectives et des questions qui peuvent aider à qualifer le débat déjà existant sur la jeunesse dans d'autres environnements. » Abramo dans Carneiro et Castro, 2007, p.67

155 Voir respectivement Constante, 2011 ; Bernardy, R. J.; Zuanazzi, J.; Monteiro, R. R., 2008 ; Testa, V. M.; Nadal, R. de; Mior, L. C.; Baldissera, I. T.; Cortina, N. , 1996

156 Carneiro Maria José, « Jeunesse rurale : projets et valeurs » dans Abramo Helena Wendel; Branco Pedro Paulo Martoni. Retratos

da juventude brasileira: análises de uma pesquisa nacional.São Paulo (SP): Instituto Cidadania: Fundação Perseu Abramo, 2005. 446 p. - pages 243 et 244

les jeunes ruraux. Mais dans un document produit à l'une de ces occasions157, la CUT fait le constat d'une insuffsance de représentation de cette population dans ces instances :

« Habituellement, quand la participation des jeunes ruraux aux organisations de l'agriculture familiale (syndicats, associations, coopératives, etc.) est débattue il est commun de remarquer leur absence ou la diffculté qu'ils ont à participer de ces processus. Parmi les principaux facteurs contribuant à l'effacement des jeunes dans ces entités on peut citer : le manque de volonté et d'intérêt, le manque d'union dans l'organisation, l'individualisme, le manque de formation, en plus de l'absence classique de politiques publiques. Les groupements de jeunes liés à l'Église sont actuellement selon nos observations les principaux espaces rencontrés par les jeunes pour discuter des thèmes qui leur sont propres. La participation aux syndicats est trop faible car la famille est toujours représentée par le père. ».

Enfn, la focalisation sur le jeune rural en tant que travailleur agricole158 est symptomatique de la