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Un terrain aux multiples visages

A. Le « rural » au Brésil

1/ Des défnitions aux réalités

La question de la défnition du rural au Brésil est polémique, car elle est sous-tendue par des questions à la fois légales, fscales et politiques. Des postures idéologiques sont aussi en jeu, induisant des visions de la société qui diffèrent, d'autant plus que celle-ci est en évolution rapide. Le Brésil est « un pays rural qui s’ignore » (Sencébé et Cazella, 2014)33 dans lequel réaffrmer la place de l'agriculture familiale est une étape incontournable à la compréhension de processus plus globaux.

► Les défnitions des lois et de l'État fédéral

Au Brésil, un lieu desservi par une route asphaltée et non un chemin de terre est quasiment considéré d'emblée comme urbain par la loi, ce qui rend l'absence d'infrastructure intrinsèque à la défnition même du rural. L'article 32 de la Loi du Statut de la Terre du 30 novembre 196634 défnit ainsi les territoires où pourra s'appliquer l'impôt urbain : « Est considéré comme urbain tout territoire qui présente au moins deux des infrastructures suivantes, construits ou maintenus par les Pouvoirs Publics : 1/ trottoir ou chaussée, avec canalisation des eaux pluviales 2/ eau courante 3/ réseau d'éclairage public 4/ réseau d'égouts 5/ école primaire ou poste de santé à moins de 3 km des maisons considérées »35

L'IBGE (Instituto Brasileiro de Geografa e Estatística, qui réalise le travail fait en France par l'INSEE, Institut National de la Statistique et des Études Économiques) considère les trois critères suivants pour les relevés statistiques du rural : « l'habitat dispersé, la dépendance vis-à-vis d'un centre municipal ou d'une autre ville proche et la précarité de l'accès aux biens et services socialement nécessaires, y compris l'accès à des activités non-agricoles » (Wanderley, 2007, p.23). Le rural se défnit ainsi en négatif par rapport à la ville, par rapport à ce qui ne s'y trouve pas, comme ayant un caractère résiduel, surtout par le poids des infrastructures. Autant d'éléments que l'on ne trouve pas dans les défnitions

33Yannick Sencébé et Ademir A Cazella, « Le paradoxe d’un pays rural qui s’ignore : urbanisation et place de l’agriculture familiale au Brésil », Espace populations sociétés [En ligne], 2014/2-3

34 Citée dans Corrêa Josel Machado, Corrêa Walkiria Kruger, Geraldi Lucia Helena, « A problematica da defnição e da delimitação do espaço rural e urbano, mudanças no espaço rural e praticas institucionais : o exemplo da Ilha de Santa Catarina », revue

Geografa, avril 2001

35 Il est intéressant de noter que selon ces critères la quasi totalité du territoire européen se retrouverait qualifé d'urbain (ce qui ne manque pas d'échapper au regard des Brésiliens venant en France). Il s'agit d'une distorsion importante dans la dynamique comparative.

européennes. On constate ainsi l'obsolescence d'une défnition, adoptée dans les années 1930 quand le pays était encore majoritairement agricole, aux réalités contemporaines, dénoncée par le DESER36: « pour la législation actuelle, tout siège de município et tout siège de district sont classés comme aires urbaines, et les autres aires sont donc considérées comme rurales […]. Cette défnition, face aux transformations ayant eu lieu dans la structure socio-économique nationale, devient obsolète, et a besoin d'être revue et actualisée. Le Brésil a besoin de construire une vision contemporaine de la ruralité » (DESER, 2004, p.17). Les défnitions « offcielles » sont ainsi fortement critiquées par les chercheurs brésiliens ou brésilianistes comme Maria de Nazareth Baudel Wanderley qui explique que, si elle est obligée pour des raisons pratiques d'utiliser les données et défnitions de l'IBGE, elle considère qu'elles « ne permettent pas de comprendre la réalité brésilienne dans sa complexité et profondeur, à la lumière des conceptions modernes à propos de la diversité des formes sociales d'occupation de l'espace ». Elle précise que les petites villes font partie du monde rural car« elles sont aussi fréquemment un espace marqué par un lien singulier avec la nature et par les relations sociales d'inter-connaissance » (dans Carneiro et Castro, 2007, p.22).

Un livre, devenu un classique pour les ruralistes37 brésiliens, a même pour titre Villes imaginaires, le Brésil est moins urbain que ce qui est calculé38. José Eli da Veiga y recense 5.000 « fausses villes » et fait passer le nombre de ruraux au Brésil de 19% de la population (critères de l'IBGE) à 30% selon ses critères propres. Il dénonce ainsi l'inadéquation entre réalité et statistiques offcielles en parlant de « fction » ou d' « imbroglio statistique ». Des questions fscales sont en partie à son origine, un município (unité la plus fne de la nomenclature politique, équivalent en cela de la commune) pouvant faire payer un impôt plus élevé (l'IPTU : Imposto Predial e Territorial Urbano, équivalent des taxes foncières et d'habitation en France) à une résidence classée en zone urbaine. Mais pour José Eli da Veiga, le principal problème tient aux recensements démographiques eux-mêmes (voir aussi Sencébé et Cazella, 2014). En effet, ceux-ci classent les habitants selon le type de zone municipale où se situe leur domicile (zone « rurale » ou « urbaine »). Or, au Brésil, tous les municípios sont obligés de déclarer une zone rurale et une zone urbaine (puisqu'aucun município ne peut obtenir son indépendance sans zone urbaine), cela aboutit donc à une surestimation de la population « urbaine », celle-ci incluant les habitants de petits bourgs de faible densité, ayant des modes de vie et une culture essentiellement ruraux39. Ainsi, la compréhension du processus d'urbanisation au Brésil est pour l'auteur rendue impossible à cause de cette règle « unique au monde » (DESER, 2004) qui considère comme urbain tout siège de município (ville) et de district (village) quelles que soient ses caractéristiques structurelles et fonctionnelles. Sur un total de 5.507 sièges de municipes répertoriés au Brésil en 2000, 1.176 comptaient moins de 2.000 habitants, 3.887 moins de 10.000 et 4.642 moins de 20.000, tous avec un statut légal de ville, identique à celui attribué aux noyaux incontestables qui forment les régions métropolitaines. Outre les données quantitatives, l'équipe du DESER a cherché à prendre en compte le manque de certaines

36 Le DESER, Departamento de Estudos Sócio-Econômicos Rurais, est une structure créée par des organisations d'agriculteurs familiaux qui effectue une systématisation de l'information, la réalisation de recherches et d'études, l'élaboration de propositions et de conseils aux organisations, mouvements, entités et institutions liées à l'agriculture familiale.

37 Voir mise en garde dans le glossaire

38 Veiga José Eli, Cidades imaginárias; o Brasil é menos urbano do que se calcula. Campinas, Autores Associados, 2002

39 Ce décalage, et le prisme avec lequel il oblige à lire le rural, est aussi dénoncé par les francophones travaillant sur le sujet comme Magda Zanoni et Hugues Lamarche pour qui « il semble évident que dans ce champ de recherche qui se redessine, les catégories adoptées par l'IBGE doivent être repensées car elles ne contribuent pas à comprendre ce mouvement de la population rurale vers les petites villes et qu'en transformant en "ville" les petits espaces qui bénéfcient des politiques publiques d'"urbanisation" elles accentuent la perception de tarissement et de perte de substance du milieu rural. » Zanoni Magda et Lamarche Hugues (coord.)

Agriculture et ruralité au Brésil. Un autre modèle de développement. Éditions Karthala, 2001. 346p. - page 54

d'infrastructures ou indicateurs fonctionnels dans la défnition de l'urbanité de certains noyaux : elle a ainsi « rayé » plus de 4.500 municípios de la catégorie « urbains », expliquant que cela n'aurait pas de sens « d'imaginer que sont urbains des noyaux qui n'ont aucune loi de zonage, de plan directeur, de collecte des déchets, d'IPTU progressif, de propreté des rues, de voirie, d'assainissement (sans parler de musée ou de salle de spectacle) ? » (DESER, 2004, p.17). Il est intéressant de noter d'ores et déjà que certains équipements culturels sont considérés comme critère d'urbanité.

La catégorisation offcielle ne convient plus à un rural brésilien qui change et a besoin de nouvelles frontières, et elle correspond à un héritage politique colonial (Sencébé et Cazella, 2014), qui pourrait s'apparenter à une « occultation » du rural. Ainsi, des défnitions qui prennent davantage en compte les dimensions sociologiques sont proposées par les auteurs brésiliens, souvent en s'appuyant sur des auteurs français comme Roger Brunet ou Bernard Kayser40. Les dimensions démographiques sont également prises en compte. Lopes (1978, p.57) considérait dès les années 1970 que le recensement, distinguant la population urbaine selon le cadre administratif, n'était pas satisfaisant et il désignait comme urbaines les agglomérations d'au moins 5.000 habitants en parlant de « semi-rural » pour les noyaux se situant en deçà. De nombreux chercheurs brésiliens adoptent depuis le même présupposé, sur la base de nouveaux seuils, souvent 20.000 habitants (Zanoni et Lamarche, 2001 p.47 ; Martine et Garcia, 1987). Le socioéconomiste Ignacy Sachs considère, quant à lui, qu'au Brésil, il existe à la fois de vastes zones périurbaines abritant une population employée épisodiquement dans l'agriculture et de nombreux noyaux de municípios qui sont des bourgs ruraux. Ainsi il fait remonter le poids du rural au tiers de la population brésilienne (ajoutant 50 millions de personnes aux 34 millions comptabilisées par l'IBGE41).

Dans cette thèse, nous adopterons les défnitions données par les chercheurs travaillant sur le même objet que nous : les jeunes ruraux. En effet, dans la littérature scientifque consacrée aux jeunes, les défnitions du rural occupent toujours une place intéressante, adaptée à l'utilisation pratique qu'en fait le chercheur observant ce public qui vit au-delà des normalisations. Dans leurs défnitions priment la notion de mode de vie, de perception et le lien à la terre (Wanderley, 201142 et Stropasolas, 201043). De plus, si les chercheurs commencent à concevoir que le rural peut se défnir autrement qu'en négatif par rapport à l'urbain et qu'il faut différencier les bourgs ruraux des villes, ce type de représentation n'est pas celle adoptée par les habitants. En effet pour les ruraux que nous avons rencontrés les critères de l'IBGE et de l'État fédéral sont aussi ceux du quotidien et ceux des imaginaires collectifs et individuels pour défnir urbain et rural. Ainsi les noyaux centres de

40 Cités par exemple dans « Dossiê Refexões Sobre o Rural » TEIXEIRA, Marcio Antônio et LAGES Vinícius Nobre,

Transformações no Espaço Rural e a Geografa Rural: Idéias para Discussão

41 Sachs cité par Droulers Martine « Formes de la Croissance urbaine et environnement au Brésil » dans Dias Leila Christina Duarte; Raud Cecile, Villes et régions au Brésil, Paris, L'Harmattan, 2000. 218p.

42« Le milieu rural est un espace physique différencié, qui est un lieu de vie, c'est à dire un lieu où l'on vit (particularités de mode de vie et référence identitaire) et un lieu depuis lequel se voit et se vit le monde (citoyenneté de l'homme rural et insertion dans la société nationale). Au Brésil, la majorité des habitants des campagnes est composée par des individus ou groupes qui gardent, sous des formes variées, un lien patrimonial à la terre, dont ils tirent leur subsistance dans le présent et garantissent leur reproduction dans le futur. Il s'agit, plus spécifquement, de familles d'agriculteurs et d'exploitants et de communautés traditionnelles de diverses origines. » Wanderley Maria de Nazareth « Edito » dans Juventude na construção da agricultura do futuro, Agriculturas vol 8 n.1, mars 2011, ASPTA, Leisa Brasil

43 « Nous entendons espace rural, en premier lieu, un espace physique résultant spécialement de l'occupation d'un territoire, des formes de domination sociale qui ont pour base matérielle la structure de la propriété et de l'usage de la terre et autres ressources naturelles, comme l'eau, la conservation et l'usage social des paysages naturels et construits et des relations ville / campagne. » Stropasolas Valmir Luiz et Aguiar Vilenia Venancio Porte, « As problematicas de gênero e geração nas comunidades rurais de Santa Catarina », dans Parry Scott, Rosineide Cordeiro e Marilda Menezes, Gênero e geração em contextos rurais, Florianopolis, ed Mulheres, 2010

municípios sont la plupart du temps désignés comme « zone urbaine » ou « ville » par les habitants des zones rurales, quelle que soit leur taille. Inversement, souvent les gens des villes considèrent les villes de l'interior comme faisant partie d'un vaste ensemble « rural », lointain et aux caractéristiques marquées, les différenciant d'un vaste ensemble « littoral » lui aussi perçu comme homogène malgré sa grande diversité. Les détails et conséquences de cette perception du rural apparaîtront plus loin dans notre travail car leurs implications pour notre sujet sont importantes. Il est important de noter dès à présent que pour des questions pratiques (usage des statistiques) et méthodologiques (considérer comme rural ce que nos interlocuteurs considèrent comme tel) nous adopterons cette défnition restreinte du rural n'incluant pas les bourgs.

Le rural brésilien a aussi été diffcile à appréhender et défnir pour nous parce qu'au-delà de ses défnitions, ses réalités sont fondamentalement différentes de celles des espaces ruraux que nous pouvions connaître. Si l'on ne doit en aucun cas réduire la grande diversité des milieux ruraux françaises et a fortiori européennes ni celle sans doute encore plus grande des milieux ruraux brésiliens à des schématisations généralisatrices, il faut noter deux points majeurs sur lesquels ces deux grands ensembles diffèrent encore majoritairement : d'une part les structures spatiales (en Europe domine la structure villageoise et un maillage général de hameaux, bourgs, petites villes, moyennes villes, grandes villes, avec peu d'espaces « vides ») et d'autre part les secteurs d'activités considérés comme partie intégrante du rural (en Europe les situations où la population agricole ne constitue pas la majorité de la population rurale dominent désormais).

► Structures spatiales : « Il n'existe pas de villages au Brésil ! »44

L'histoire de la formation du milieu rural brésilien diffère de l'histoire européenne. Le peuplement massif y est beaucoup plus récent et l'abondance d'espace, longtemps perçu comme inépuisable, a provoqué un étalement extrême, dans l'urbain comme dans le rural. Tout ruraliste européen ressent, en effet, un manque devant l'absence de la structure socio-spatiale du village qui constitue, en France notamment, la base religieuse, puis politique, et celle de la sociabilité locale et de l'espace de vie. Comme l'explique Marcel Jollivet dans sa préface au même ouvrage que celui où cette exclamation est rapportée (Zanoni et Lamarche, 2001, Préface), la paysannerie européenne s'est construite au sein de la « matrice féodale » qui n'a pas seulement créé une base foncière, mais fut aussi le « creuset des solidarités locales ». Les villages ne sont pas de simples regroupements de défricheurs mais ont aussi été à la base des « communautés paysannes, c'est à dire d'une organisation collective à la fois de l'appropriation et de l'utilisation du sol et de la vie en commun ».

Si l'entité de « comunidade » remplit en partie ce rôle social nous le verrons, l'absence de villages au Brésil est synonyme d'absence de la « commune rurale » en tant que structure détentrice du pouvoir municipal, accentuant la dépendance à la ville, même petite45.Il faut ainsi souligner à

44 Exclamation de la chercheuse Nicole Eizner, du CNRS, Université Paris X-Nanterre, rapportée par Maria de Nazareth Baudel-Wanderley dans « Regards sur le rural brésilien » (dans Zanoni et Lamarche, 2001)

45 « Au Brésil, il n'existe pas de communes rurales – à savoir des espaces et des communautés proprement rurales et en même temps détentrices du pouvoir municipal – termes qui, à la lumière des traditions historiques et des conceptions juridiques dominantes dans ce pays, apparaissent comme opposés et contradictoires. Attribuer le pouvoir municipal à un groupement suppose automatiquement

quel point la vie politique et les infrastructures, puisque c'est en partie ce qui va infuencer notre objet, sont intrinsèquement urbano-centrées.

fracture spatiale, liée aux distances, à la littoralisation et à l'étalement du peuplement. Si en France par exemple un espace rural même « reculé » est toujours à moins de 200 km d'une grande ville, cela fait sourire les Brésiliens pour qui le mot interior est un synonyme littéral de « zone rurale ». En effet, les dichotomies sont si fortes entre littoral urbanisé et « intérieur », que tout ce « reste » du territoire national allant des premières centaines aux plusieurs milliers de kilomètres de cet « hinterland » est souvent considéré comme un grenier, une frange rurale, même si elle peut être ponctuée de centres urbains.

Le processus de production des espaces ruraux brésiliens (infuencé par le rôle de l’État, du temps, de la taille du pays, de la culture, le rôle de la division du travail...) a abouti à des structures spatiales singulières, l'habitat étant généralement très dispersé et se regroupant soit sous forme coagulaire, soit sous forme linéaire46. Le géographe brésilien Brandão a, en 1995, tenté une classifcation des structures rurales dans son ouvrage A partilha da vida et il propose une explication graduée des termes suivants, du moins « humanisé » jusqu'à l'urbain :

. Sertão : « c'est le lieu où par opposition aux campagnes couvertes de forêts, il n'existe que des forêts sans campagne, certaines impénétrables, de part et d'autre de la Serra » (p.62). C'est une zone reculée, isolée et diffcilement accessible, rappelant le wilderness américain.

. Sitio : « le sertão se transforme : il est conquis et cède sa place au monde où l'on habite et travaille comme paysan » (p.64). C'est aussi un synonyme de ferme ou maison rurale ;

. Bairro : « vu comme un endroit pleinement rural, mais non plus sauvage, et il est le lieu de vie vers lequel converge le travail paysan, le lieu qui rend stable la culture rurale et qui permet de rendre communautaire la vie familiale des sitios » (p.66). Sur nos terrains nous avons pu constater que le mot comunidade (communauté) recouvrait cette acception, chaque communauté ayant son propre nom, son église et sa vie sociale47.

. Vila : « lieu où convergent les bairros. Ainsi, de même que les bairros sont vus, un à un, comme une conquête du travail sur le sertão, la vila est comme un prolongement du bairro et un prolongement de la ville sur lui » (p.69). Ce

la reconnaissance de sa condition de ville. […]. Par défnition, le "rural" suppose la dispersion de la population, l'absence de pouvoirs publics sur son espace et même l'absence de la majorité de ces biens et services naturellement concentrés en zone urbaine. En conséquence le "rural" fait toujours référence à la ville, il est en est sa périphérie spatiale précaire, et en dépend du point de vue politique, économique et social » (Zanoni et Lamarche, 2001, p.37)

46 Muller, 1951, p.173 et 175, cité par Wanderley dans Zanoni et Lamarche, 2001, p.30 : coagulaire : « les maisons bien qu'isolées sont suffsamment proches pour créer une tâche de plus forte intensité dans la dispersion dominante » ; linéaire : « les maisons, bien qu'éloignées les unes des autres, conservent un relatif alignement, en suivant le tracé des routes et des rivières »

47 Pour Maria de Nazareth Baudel-Wanderley les bairros ruraux « ne possède pas le degré d'autonomie, même relative, qui caractérise la vie sociale des "villages" européens, et peuvent être comparés, de façon plus appropriée à de petits noyaux de voisinage » Idem p.31

serait une sorte d'intermédiaire entre le village et la ville mais, de fait, nous n'avons que très peu constaté l'existence de villes moyennes jouant un rôle de relais sur les territoires.

. Cidade : « espace d'échanges opposé au bairro et à la vila, domaines de la culture », ville. Notons l'assimilation à nouveau faite entre culture et urbanité.

On peut en partie synthétiser cette comparaison des structures spatiales par un croquis d'observation qui, s'il ne refète pas la diversité interne aux réalités nationales (la proportion d'espaces naturels et cultivés, ainsi que la taille des exploitations et la densité de peuplement est très variable selon les régions), est une schématisation visant à clarifer et incarner des observations générales :

On y constate que le maillage routier a une densité bien plus faible au Brésil et surtout qu'il y est peu asphalté. Le degré d'artifcialisation des terres est beaucoup plus élevé en France, avec de nombreuses routes, des aires habitées plus denses et une agriculture consommatrice d'espace. Au Brésil, bien que de nombreuses régions présentent des latifundios étendus, les exploitations se trouvent le plus souvent autour des habitations qui sont ainsi éclatées sur le territoire. L'entité

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Illustration 5:Schématisation de structures spatiales rurales (réalisation :H.etN.Chauveau,2017)