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Station d’altitude : un développement complexe et long

III. Stations d’altitude et balnéaires : un développement différencié

1. Station d’altitude : un développement complexe et long

Dans le cas des stations d’altitude le processus d’évaluation du site est long et respecte des étapes obligatoires comme l’envoi de missions d’étude et d’agents temporaires, ou encore la création d’une commission chargée d’étudier les résultats et de sélectionner l’emplacement le plus favorable. Ces données scientifiques apparaissent comme des garde-fous, justifiant l’installation des stations, renforcés par la comparaison avec d’autres stations étrangères. Cependant malgré toutes ces études certains projets se révèlent difficiles à réaliser. Dans un premier temps nous nous intéresserons à l’étude du site. Puis dans un second temps nous aborderons les difficultés de réalisation.

L’étude du site se déroule en deux phases : l’exploration grâce à l’envoi de missions et l’acclimatation entreprise par les agents temporaires. L’objectif des missions est d’étudier et d’évaluer les caractéristiques du site : géographiques (voies d’accès, superficie disponible), géologiques (richesses minières, qualité du sol en vue de l’établissement de culture, assainissement du plateau par rapport aux eaux de ruissellement), météorologiques (présence

74 de brouillard, régime pluviométrique, températures, exposition aux vents), hydrographiques (présence de sources, potabilité de l’eau) et végétales (inventorisation des espèces et évaluation des ressources forestières). Ces missions sont complétées par l’envoi d’agents temporaires chargés de faire une collecte plus poussée d’informations et d’effectuer les premiers essais aussi bien « humains » (des Européens peuvent-ils vivre à cet emplacement) qu’agricoles (acclimatation des espèces animales et végétales européennes). Toutes ces informations sont ensuite rassemblées dans des rapports écrits, mais aussi cartographiées grâce aux levés topographiques de terrains et transmis à une commission chargée de les évaluer et de définir l’emplacement exact de la station.

Il existe deux types de missions : des missions générales d’exploration et des missions spécifiques, notamment sur la topographie. Diligentées par Paul Doumer et par Gaston Doumergue, leurs conclusions différent puisque les critères climatiques évoluent.

Ainsi pour compléter les réponses fournies par les Résidents et Administrateurs, à la circulaire du 1897, Paul Doumer envoie des missions d’étude, comme au Bavi, en 1897 qu’il confie à Le Guen médecin de 1ère classe des Colonies167. Dans son rapport il atteste qu’il

existe un plateau entre 700 et 900 mètres facile d’accès. L’altitude reste inférieure à celle demandée, cependant Serez précise que la proximité du Bavi par rapport à Hanoi compensera toujours sa faible altitude. Dans le cas de Mau-Son, Paul Doumer envoie en 1899 un agent, Simonet, qui atteste de la faisabilité du projet au niveau climatique et de l’accessibilité168. A

terme les missions catholiques construiront à 800 mètres un sanatorium, des colonies de vacances s’y établissent, tandis que la Résidence édifiera à 1200 mètres une station estivale169.

En 1904, suite à la relance du projet de station par Gaston Doumergue et à la baisse des conditions d’altitude, les autorités militaires entreprennent de nouvelles études sur le Tam Dao. Une mission militaire, dirigée par Chanzy, est envoyée pour explorer le versant Nord du massif du Tam-Dao, complétée en mai 1904 par la mission militaire de Ducret en charge de l’exploration, durant deux mois, du versant Sud du Tam Dao. Il effectue un levé topographique du plateau de la cascade d’Argent, trace des sentiers, débroussaille la forêt de bambous, prélève des échantillons d’eau, effectue des observations météorologiques pour relever les amplitudes et l’humidité.

167 ANOM, GGI 5 981, 1897.11.18, arrêté de nomination

168 ANV1, GGI 3 309, 1899.3.18, rapport de Simonet à GGI sur l’établissement d’un sanatorium au Mau Son 169 Taupin G., Guide touristique général de l’Indochine, Hanoi : Edition Taupin, 1937, p.192

75 Ces missions d’exploration sont complétées par des missions topographiques chargées de trouver les voies d’accès, condition indispensable au développement de la station. La détermination de ces voies est incertaine et s’échelonne sur plusieurs étapes. Leurs tracés font l’objet de nombreuses missions d’étude, comme à Dalat : mission du capitaine d’artillerie Thouars et du lieutenant Wolf, chargés de trouver la voie d’accès la plus facile et la plus courte entre le plateau et la mer, puis de dresser le tracé d’une route carrossable pouvant recevoir un tramway170. La mission du capitaine Thouars dévoile dans son rapport du 28

juillet 1898, trois conclusions : l’impossibilité d’établir un accès direct par Nha Trang, la possibilité de relier directement Saigon en suivant la vallée du Donnai, évitant l’escalade de la falaise abrupte de la route de Phan Rang et l’élaboration du tracé d’une route reliant Phan Rang au Langbian, longue de 122 kilomètres, passant par Xomgon, Dran et la haute vallée du Danhim (à 1 000 mètres) convertible en voie ferrée. Le tracé ferroviaire est retenu et intégré au réseau de voies ferrées financé par la loi du 25 décembre 1898 [voir chapitre 4]. En attendant sa construction, un chemin partiellement carrossable est construit de Phan Rang au Langbian, au cours de l’année 1899. Il permet l’organisation d’un service régulier de porteurs et de bêtes de somme pour communiquer et approvisionner le Langbian de façon à débuter la construction de la station. Le choix de cet itinéraire présente l’avantage de relier la future station au port de Phan Rang, permettant d’envisager, à terme, l’établissement d’un service de chaloupes de haute mer. Trois nouvelles missions topographiques sont envoyées en complément. La première de 1899 à 1900 est composée par Odhéra, Garnier et Bernard. Elle est chargée de repérer le tracé d’une route directe de 300 kilomètres reliant Saigon à Dalat. Les deux autres missions sont chargées de parachever les travaux de la route de Phan Rang à Dalat171. Ainsi en mars 1900, Phan Rang et Dankia sont reliées par une route de 52 kilomètres

permettant de faire en deux jours le trajet : de Phan Rang à Daban (en voiture), un sentier muletier partant de Daban et allant jusqu’à Dalat (à cheval) et une route carrossable continuant jusqu’à Dankia (en voiture). Au Bockor les travaux de construction de la route débutent en décembre 1917, ils sont réalisés par une main-d’œuvre pénale de 400 prisonniers. En moins de cinq mois, huit kilomètres de la route de Popokvil sont ouverts à la circulation des automobiles.

Si les premières investigations sont bonnes, les autorités envoient des agents temporaires en charge de l’évaluation générale du plateau et ou de l’organisation des stations

170 ANOM, GGI 5 969, 1898.4.18, lettre du GGI au ministre des Colonies 171 L’une est dirigée par Guynet, en 1899 et l’autre par Buvigner, en 1900

76 agricoles. Leur action est secondée par l’envoi d’experts, chargés d’inventorier les ressources géologiques et forestières.

Au Tam Dao, suite au rapport favorable de Ducret et du docteur Pacot, le Gouverneur général Paul Beau prend un arrêté désignant Brochier comme agent temporaire172 de fin juillet

1904 jusqu’à janvier 1906. Au Bockor, les autorités nomment en juin 1917 Jubin géomètre du cadastre. Il demeure une année sur le plateau, confirme ses avantages climatiques et répertorie les emplacements favorables à l’établissement d’une station.173 A Cha Pa, la Résidence

supérieure facilite l’implantation en juillet 1909, du premier colon européen, Miéville. Il devient agent de culture, chargé des premiers relevés météorologiques et des premiers essais agricoles notamment dans le domaine horticole174. Dans les stations (Dalat, Cha Pa et le

Bockor) vouées à un grand avenir, les autorités font construire des stations agricoles dirigées par un agent spécifique. Leur but est d’effectuer des observations météorologiques, des essais de cultures potagères et d’étudier la composition végétale de la région. A Dalat, la première station agricole, créée au mois d’octobre 1897, est celle de Dakhia. Elle est composée d’un observatoire météorologique et d’un jardin potager. Elle est dirigée par Jacquet conseillé par Yersin. Jacquet y demeure quatre mois, durant lesquels il réalise des essais de plantations et étudie l’étagement des cultures des régions basses aux régions hautes afin d’expertiser les capacités agricoles, il en conclue qu’« en utilisant rien que les terres basses et humides, convenablement drainées, le Lang-Bian peut produire à lui seul de quoi suffire à la consommation de toute l’Indochine, et arriver très rapidement à faire concurrence, aux légumes importés de la Chine sur le marché de Singapour et des autres pays voisins » 175. Il

note ainsi l’étagement des cultures, du riz au thé, en passant par le tabac, le maïs, le bétel, la ramie176. Au delà de 800 mètres, il remarque la présence d’essences se rapprochant des

espèces européennes : comme le chêne, puis le pin et le châtaignier à partir de 1 100 mètres. Il s’intéresse à l’écobuage qu’il considère comme à l’origine du déboisement du plateau.

Les agents temporaires et les missions d’étude sont aussi chargés de l’inventaire géologique du plateau, l’objectif est de repérer les ressources exploitables commercialement, mais aussi celles pouvant faciliter la construction de la station. Par exemple le Tam Dao possède peu de fer et d’or, le calcaire est absent, mais surtout on découvre que l’argile est

172 Agent temporaire : terme utilisé dans les archives pour désigner une personne envoyée de façon temporaire

par l’administration pour mener les premières études et évaluer les qualités de vie d’un lieu.

173 ANC, RSC 1437, 1918, rapport création d’un sanatorium d’altitude au Cambodge 174 ANOM, GGI 5 982, rapport sur l’établissement d’un sanatorium à Cha Pa, 1909-12. 175 ANOM, GGI 5 969, 1898.4.18, lettre du GGI au ministre des Colonies

77 impropre à la fabrication de briques. En 1918, au Bockor, les autorités diligentent, sous la direction de Lantenois, Ingénieur en chef des mines de l’Indochine, une mission d’exploration géologique du massif. A Cha Pa les ressources en bois sont favorisées par la chaux et la pierre à bâtir se trouvant facilement aux alentours de la station177.

En complément des agents temporaires, certains sites bénéficient de postes forestiers ou de missions d’inventorisation de la faune et de la flore. Au Bockor le Résident supérieur crée en juin 1917, un poste forestier permanent, afin d’inventorier les espèces d’arbres et notamment les espèces communes à l’Europe comme le châtaigner, le chêne ou le pin. Son travail est complété par les missions de Belou et de Boutier en charge de l’exploration de la faune et de la flore, ainsi que par une mission spéciale confiée à Chevalier, Professeur au Muséum de Paris, chargé d’identifier les espèces de conifères. Au Tam Dao on organise des commissions d’inventaire de la flore et de la faune. La présence des forêts est une donnée indispensable pour mettre en place des chemins de promenade et de randonnée, essentiels à la vie en station. De plus la présence de ces espèces tempérées rappelle la France, elle constitue un atout paysager caractéristique des stations d’altitude coloniales. La nécessité de posséder un parc forestier entraîne des tensions avec les populations locales pratiquant l’écobuage et perçues comme les responsables des destructions environnementales. Dès leur arrivée à Cha Pa, les Français considèrent qu’ils doivent enrayer la déforestation en installant un agent forestier de manière à organiser le domaine boisé en vue des besoins de la station et de limiter les prélèvements par les populations locales178. Par ailleurs, elle contraint les autorités

coloniales à encadrer l’exploitation du bois de construction et de chauffe afin de préserver le paysage. Ainsi Brochier, agent temporaire au Tam Dao, n’est autorisé, conformément à son contrat du 17 avril 1905, à construire huit baraquements qu’au moyen d’arbres d’une hauteur minimale de 40 centimètres et possédant un diamètre égal ou supérieur à 20 centimètres. Pour tout autre abatage, il lui faut une autorisation spéciale. Cette attention particulière accordée au domaine forestier répond aussi à un besoin technique : canaliser l’eau de ruissellement sur les pentes, la présence d’arbres freinant le ruissellement et l’érosion du terrain. Ainsi en 1905, Brochier, dans le cadre de son rapport sur l’alimentation en eau intitulé Captation et l’aménagement des eaux, préconise, en raison de la nature du terrain et de l’organisation

177 ANOM, GGI 5 982, rapport sur l’établissement d’un sanatorium à Cha Pa, 1909-12. 178 ANOM, GGI 5 982, rapport sur l’établissement d’un sanatorium à Cha Pa, 1909-12.

78 orographique du plateau, des actions de reboisement des versants afin d’éviter le ravinement179.

Enfin en dernier lieu, les autorités nomment une commission pour évaluer le projet, déterminer l’emplacement précis de la station et organiser son développement. Pour délibérer la commission s’appuie sur les études menées ainsi que sur l’évaluation de critères géographiques précis servant de caution à toute installation.

A Dalat, Paul Doumer constitue, par arrêté 15 décembre 1897, une commission sous la direction du docteur Yersin. Au Tam Dao elle est constituée par Paul Beau, par arrêté du 9 décembre 1904. Elle est composée notamment du capitaine Chastenay et de l’architecte Lichtenfelder chargés d’étudier et d’établir les conditions d’habitation et de préparer un projet de lotissement des terrains. Au Bockor elle est créée par un arrêté en date du 6 février 1919, sa première fonction est de définir l’emplacement de la station, de la nommer, de déterminer les aménagements nécessaires : adduction d’eau et éclairage, et d’organiser le transport des matériaux de construction et de la nourriture180. Le 2 juin 1919 la commission vote pour le

site du Bockor au détriment du lieu dit « kilomètre 22 », de la Cascade, du plateau de Popokvil et de la Grande cascade.

Dans le cas de Dalat, la commission est chargée de trancher parmi quatre emplacements. Les critères qu’elle retient sont en adéquation avec les caractéristiques géo- climatiques énoncées par Paul Doumer. Nous classerons ces emplacements par ordre décroissant de préférence : le « Plateau », Dankia, le Peneur et Dalat. La confrontation des résultats fait ressortir quatre arguments déterminants : la proximité de la forêt (pour les bois de chauffe et de construction), la qualité de la vue, la ventilation et l’accès à l’eau. Ainsi le « plateau », à quelques kilomètres de Dankia, (sur le versant Nord Ouest de la chaîne), malgré une belle vue et le voisinage de la forêt, est pénalisé par son manque de ventilation et surtout par l’éloignement des sources d’eau. Dans le cas de Dankia (à l’extrémité Nord Ouest du plateau), l’emplacement jouit d’un bon approvisionnement en eau, de terrains alluvionnaires, fertiles et profonds, aptes à recevoir des cultures diverses, et des pâturages. Cependant il est écarté en raison de sa localisation dans un bas-fond, qui empêche une bonne ventilation, limite la vue, ainsi que par l’absence de végétation arborescente et l’éloignement de la forêt.

179 Sur la genèse de l’environnementalisme et la prise de conscience européenne de la dégradation des

écosystèmes dans les Empires coloniaux voir Grove R. H., Nature and the Orient : the Environmental History of

South and Southeast Asia, Delhi, New York : Oxford University Press, 1998, 1 036 p.

79 En troisième position, le Peneur, situé à proximité d’un village moïs à trois kilomètres environ à l’Est de Dankia, sur la route de Dalat est également écarté. Le site est dégagé et possède une belle vue panoramique, la présence de terrains alluvionnaires permet d’envisager la production agricole et la création de pâturages artificiels. Cependant le site souffre d’un débit de rivière moindre et peut-être, supposons-nous, de la proximité du village. En tête de ce classement nous trouvons Dalat situé à la lisière du plateau et de la forêt de pins 181 [Annexe

6. La détermination du lieu d’implantation d’une station].

Concernant Cha Pa, seul sanatorium de l’Indochine, une commission, créée le 21 décembre 1911 et dirigée par le docteur Le Dantec, examine l’opportunité de la création d’une station climatique182. Elle s’appuie sur les travaux du docteur Huillet, médecin de l’assistance

à Lao Kay, qui a dirigé les premières recherches d’ordre médical et météorologique183. Le

docteur le Dantec donne son aval au projet, précisant que Cha Pa n’est pas la seule solution envisageable, mais qu’il est urgent de ne pas attendre plus longtemps pour accepter le principe de la création d’une station d’été au Tonkin184. Cha Pa est choisie en raison de son climat (26°

l’été et jusqu’à zéro l’hiver), de ses avantages paysagers, le site est de caractère alpestre, entre 1 500 et 1 600 mètres d’altitude, possédant une superficie suffisante à l’édification d’une station. La vue s’étend à l’est sur une riche vallée, au fond garni de rizières, au sud ouest se dresse le Fan Si Pan, le sommet le plus élevé de l’Indochine (3150 mètres), à seulement neuf kilomètres de Cha Pa. Ce site permet d’organiser des promenades : « une des conditions indispensables, semble-t-il, pour rendre plus agréable et moins monotone, pour les malades et les convalescents, le séjour dans un sanatorium, c’est d’y avoir des promenades intéressantes et variées »185. De plus les relations avec Hanoi sont facilitées par la présence de la voie ferrée reliant Lao Kay à Hanoi.

Le processus de sélection du site s’appuie sur des études scientifiques évaluées par une commission de spécialistes et pourtant, une fois le site défini, la poursuite du projet se révèle problématique, témoignant de la complexité intrinsèque de l’aménagement des stations d’altitude. Deux types de problèmes apparaissent, ils concernent l’approvisionnement en eau potable et l’accessibilité de la station.

181 ANOM, GGI 5 963, 1900.3.30, note du directeur de l’agriculture et du commerce de l’Indochine Capus

relative à l’emplacement d’un sanatorium sur le Lang-Bian

182 Rozario, Chapa station d’altitude, Cahier de la société de géographie de Hanoi, conférence faite à la société

de géographie de Hanoi le 13 avril 1935, Hanoi, 1935

183 ANOM, GGI 5 982, rapport sur l’établissement d’un sanatorium à Cha Pa, 1909-12. 184 ANOM, GGI 5 982, rapport sur l’établissement d’un sanatorium à Cha Pa, 1909-12. 185 ANOM, GGI 5 982, rapport sur l’établissement d’un sanatorium à Cha Pa, 1909-12.

80 L’alimentation en eau potable se révèle soit insuffisante, soit impropre. A Dalat les autorités s’aperçoivent qu’elle est insuffisante et que l’eau du Kam Ly est impropre. Il faut donc la filtrer et en augmenter le débit grâce à des citernes, des retenues (lacs), des barrages et des dérivations de cours. Dans les stations vouées à un grand avenir par les autorités, comme Cha Pa ou Dalat, la solution retenue est celle du lac. Le lac permet de résoudre le problème d’approvisionnement, mais constitue aussi un composant des stations touristiques permettant de diversifier les distractions grâce au canotage et aux régates, et d’embellir le lieu. A Dalat il est achevé en 1902 et dans les années 1920 à Cha Pa.

Mais ce qui entrave le plus le développement des stations d’altitude reste la réalisation et l’entretien des voies d’accès. Conçues fréquemment suivant les chemins pédestres, elles se révèlent difficile à aménager et à entretenir en raison de la forte inclinaison de la pente. Cette situation est aggravée par le milieu montagnard, les eaux de ruissellement dévalent les pentes en détruisant les aménagements. Les conséquences sont désastreuses pour la station, à Dalat les autorités décident que l’organisation de la ville restera rudimentaire (construction en bois) jusqu’à l’amélioration des communications. Au Tam Dao, la route pour relier la station à Vinh Yen est construite suivant le tracé du résident de province Frébault. Ce tracé est mal conçu, trop large à certains endroits (sur les quatorze premiers kilomètres la route mesure six mètres de large), il est traversé par trois ruisseaux se transformant en torrents à la saison des pluies, et possède un tronçon de six kilomètres trop abrupt pour faire passer une voiture, contraignant les touristes à poursuivre en chaise ou à cheval. Les voies d’accès constituent un sujet de discorde interpellant l’opinion publique. Dans le cas du Tam Dao, la presse locale en fait état. L’avenir du Tonkin, en date du 30 juin 1905, écrit que la route est mal tracée, nécessitant, en raison de sa largeur, un entretien sans fin et trop coûteux et souhaite qu’elle soit rectifiée afin de la rendre carrossable sur sa totalité. Un autre article, en date du 15 octobre, souligne l’impossibilité de franchir les trois ruisseaux à la période des pluies