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Des équipements touristiques et de recréation

IV. L’affirmation de la vocation touristique des stations

2. Des équipements touristiques et de recréation

La démédicalisation des stations indochinoises amorcée durant la Première Guerre mondiale favorise leur développement. Les pratiques touristiques de découverte, de repos et de jeu s’épanouissent, avec elles une urbanité touristique se déploie. Cette démédicalisation est d’autant plus rapide à s’opérer que, comme l’explique Isabelle Sacareau208, les stations

206 ANV1, RST 79 246, 1937. 9.29, assemblée générale du comité du Syndicat d’initiative de Cha Pa 207 ANV1, RST 75 202, 1926-1936, divers vœux émis par le comité du Syndicat d’initiative de Cha Pa

208 « Nous ajouterions volontiers que c’est parce que certaines stations ont fait clairement le choix du tourisme,

qu’elles ont pu échapper au déclin du climatisme et se pérenniser dans le temps, alors que la spécialisation médicale a été, au contraire, mortelle pour bon nombre de stations thermales et climatiques. Les stations coloniales ont échappé à ce destin, car elles se sont d’emblée positionnées pleinement comme des lieux de recréation. En effet, aux objectifs purement thérapeutiques et aux impératifs de la reproduction des forces vives de la société coloniale, s’est également ajouté le désir de recréer la vie de société propre aux lieux touristiques, à laquelle les élites britanniques étaient accoutumées en Europe, et cela d’autant plus que les expatriés sont confrontés au quotidien avec la profonde altérité du monde indien. Tout comme dans l’Europe de la fin du 18e siècle, la fonction de health resort des stations climatiques d’altitude a été très vite associée à celle de pleasure place et au déploiement d’une vie de société, renforcée par le contexte colonial. » Sacareau I., Tourisme et

93 coloniales ont, dès leur origine, joué un double rôle : celui de protéger le capital humain et celui de recréer la vie métropolitaine, utile pour préserver et régénérer la santé mentale des colons. Eric Jennings observe le même phénomène dans le cas des stations climatiques thermales étudiées dans son ouvrage sur le thermalisme et le climatisme dans l’Empire colonial français209. Nous verrons dans un premier temps le boom des stations provoqué par la

Première Guerre mondiale. Puis le déploiement des pratiques touristiques et l’urbanisme spécifique qu’elles engendrent, mais aussi la recréation métropolitaine qu’elles provoquent. Dans un dernier point nous nous intéresserons aux spécificités de certaines grandes stations héritées de leur passé et l’état d’esprit dans lequel elles ont été créées.

Les conséquences cumulées du blocus et de l’émancipation de la fonction sanitaire au profit de la fonction touristique apparaissent clairement, le sanatorium du Cap Saint-Jacques constituant le symbole de cette évolution. De façon générale les structures médicales laissent la place aux structures hôtelières et le blocus maritime provoque un accroissement de la fréquentation des stations.

Au Cap Saint-Jacques, le sanatorium et la station avait été fermé en 1904, en raison de la situation stratégique de défense du site. En 1918, le séjour prolongé dans la colonie (de plus de cinq ans pour certains Saigonnais), l’insuffisance et la cherté des structures d’accueil climatiques comme Dalat, l’inégalité de traitement entre Tonkinois (pourvus de deux stations balnéaires alors même que leur climat est plus tempéré et plus salubre que celui des Saigonnais), ainsi que la résolution du conflit reléguant au second plan les enjeux militaires de défense, contraignent les autorités à rouvrir le Cap Saint-Jacques au public. Le sanatorium et l’hôtel laissés à l’abandon sont réaménagés. En 1918 la commission chargée de leur gestion demande la surpression de l’appellation de « sanatorium » au motif qu’il évoque, au regard du plus grand nombre, le local sanitaire où se rencontrent les misères physiques et les infortunes de ceux à qui leur modeste situation interdit l’accès des établissements somptueux. Elle lui préfère l’appellation d’« annexe de l’hôtel »210. Les deux établissements sont donnés en

gérance aux hôteliers Frasseto et Sicé pour une période de neuf ans à compter du 20 décembre 1918211. En 1920 le sanatorium est définitivement abandonné et aménagé en annexe de

sociétés en développement : une approche géographique appliquée aux montagnes et aux sociétés des pays du Sud, Mémoire d’habilitation à diriger des recherches, Paris 1-Sorbonne, 2006, p. 298

209 voir Jennings E., Curing the Colonizers: Hydrotherapy, Climatology, and French Colonial Spas, Durham :

Duke University Press, 2006, 264 p.

210 ANV2, VIA 8/016, 1918.9.26, inspecteur des Affaires politiques et administratives de la Cochinchine à GC 211 ANV2, VIA 8/016, 1918.9.26, inspecteur des Affaires politiques et administratives de la Cochinchine à GC

94 l’hôtel. L’immeuble dit des officiers est remis à neuf212 et destiné aux petites bourses.

L’immeuble dit « de la troupe » est transformé en cinéma. A Kep, la guerre relance le projet. En 1916, le Résident supérieur au Cambodge se plaint au Gouvernement général213 qu’il

n’existe au Cambodge aucune installation susceptible de remplir cette fonction de repos. Les personnes fatiguées doivent, si elles veulent changer d’air, entreprendre un voyage long et coûteux à Dalat. Pour y remédier il soumet au Gouverneur un projet qui comprend une remise en état et l’aménagement du pavillon Sisowath214 à Kep, en vue d’édifier un hôtel bungalow

comprenant trois pavillons.

La priorité est donnée non plus aux structures médicales mais aux structures hôtelières. Ainsi le Gouverneur général Ernest Roume215 entreprend, en 1916 à Dalat, la

construction de structures hôtelières et non médicales, telles que le Langbian Palace216, vaste

édifice doté de tout le confort désirable, ainsi que l’hôtel de Dalat, ensemble de petits pavillons destinés à une clientèle moins exigeante. Au Tonkin, la Résidence supérieure tente de développer le parc hôtelier du Tam Dao en achetant un petit hôtel, qu’elle agrandit, dote d’un mobilier pratique et moderne. Pour faciliter l’accès, la Résidence termine les travaux d’une route carrossable s’arrêtant à cinq kilomètres de la station. Le succès est immédiat et considérable. Pendant l’été 1914, les touristes européens dépassent la centaine et l’initiative privée entreprend la construction d’hôtels et de villas. En 1919, la station d’altitude du Tam Dao est dotée de l’essentiel : accès suffisant, hôtels convenables, parc, routes et sentiers et villas.

A défaut de statistiques sur l’accroissement du nombre de touristes, les constructions hôtelières constituent un bon indicateur de l’affirmation de la fonction touristique des stations. Le développement touristique se fait naturellement grâce à l’initiative privée. Il est aussi cautionné par les autorités comme le montre l’importance croissante accordée aux

212 Il comprend une grande salle à manger, une officine, deux salles de bains, 4 douches, 4 cabinets d’aisance et

20 chambres à coucher. Toutes les pièces sont pourvues d’eau, de lumière, d’une ventilation électrique et de mobilier neuf.

213 ANC, RSC 1 833, 1916.3.15, RSC à GGI, au sujet de la création d’une station de repos à Kep

214 Le contrôle financier ayant bloqué le projet d’acquisition de l’immeuble Dupuis, le Résident du Cambodge,

réussit à l’acquérir via le Roi qui en fit l’acquisition en 1914, (le Gouvernement général débloque les fonds pour préserver le roi de la peste qui sévit à la Phnom Penh). En 1916 Sa Majesté fit cession gratuite d’un immeuble royal et de son mobilier en faveur du protectorat.

215 Gouverneur général de l’Indochine de 1914 à 1917

216 Voir Jennings E., « From Indochine to Indochic : The Lang Bian/Dalat Palace Hotel and French Colonial

Leisure, Power and Culture » in Modern Asian Studies, vol. 37, Cambridge University Press, February 2003, pp. 159-194

95 équipements sportifs, aux espaces verts, aux espaces de commerce, aux zones hôtelières et aux concessions de villas, dans les plans d’urbanisme [Annexe 8. La place du tourisme dans les plans d’urbanisme]. Ces équipements contribuent à développer l’activité touristique, mais aussi à recréer l’ambiance de stations touristiques européennes. Leur présence dépend de l’importance de la station. Nous focaliserons notre attention sur les composants classiques de l’urbanisme touristique que sont l’environnement végétal et aquatique, les équipements sportifs et de jeux et les villas, mais aussi sur la mise en place de stations agricoles qui contribuent à recréer l’ambiance de la métropole via la consommation de denrées originaires des régions tempérées.

La présence de lacs, d’espaces verts, des promenades et points de vue fait partie de l’archétype des stations européennes développées au XVIIIème siècle grâce au courant

romantique. En Indochine, la composante végétale prend de l’importance à partir des années 1930, les plans d’urbanisme lui offrent une place de plus en plus importante. A Dalat, le plan d’urbanisme de Pineau en 1932, intègre pour la première fois les environs de la station comme des zones de promenade et crée une zone inconstructible afin de préserver un havre de verdure aux abords de la station. Lorsqu’elles ont les moyens et la place, les stations entreprennent la construction d’un lac artificiel servant à la fois de retenue d’eau pour alimenter la ville, de lieu de cabotage et de promenade comme à Cha Pa et Dalat. L’absence de lac peut être compensée par la présence d’un parc, comme au Tam Dao. Un parc à anglaise est situé au cœur de la ville, duquel partent des sentiers de promenades menant aux points de vue.

Le lac ou le parc centralise l’activité et la vie de la station, lieu de promenade, mais aussi lieu à partir duquel s’établissent les édifices publics de services, les commerces, hôtels, les riches villas en espalier et les équipements sportifs et de jeux. Ces derniers sont disséminés dans toute la ville. Les stations comptent des boulodromes, des courts pour chevaux, des terrains de tennis, de basket-ball, de volley-ball. Dalat, la station la plus importante, est dotée d’un golf. Elles favorisent l’organisation d’activités extérieures (pêche, chasse aux papillons), de jeux d’intérieur (dames, échecs, cartes, jacquet, dominos, loto, ping-pong, billard russe) et d’activités divertissantes voire culturelles (bar, club, kiosques à musique, librairies). Les stations sont des lieux festifs, propices aux relâchements et à la jouissance pour une société coloniale très policée. A Cha Pa, le Syndicat organise tous les ans « la Grande Semaine », durant laquelle le comité organise des soirées, un tournoi de tennis, des courses de chevaux [voir chapitre 6]. Les stations sont des lieux de socialisation privilégiée pour les femmes qui s’y trouvent surreprésentées. En effet, les femmes et les enfants y sont envoyés durant la

96 saison chaude, pour des raisons médicales (physiques ou psychologiques), rejoints en fin de semaine par leur mari et père. Le séjour dans les stations les régénère et les rapproche, leur permettant de rompre avec l’isolement ressenti le reste du temps. Cette proximité et l’importance des activités de divertissements favorisent le relâchement des mœurs et l’infidélité conjugale. Isabelle Sacareau217, faisant le même constat dans les Hill’s stations

britanniques, souligne que la frivolité et la légèreté, présentes dans les stations, sont une des caractéristiques de la plupart des lieux touristiques dans le monde. Cependant elle insiste sur le fait qu’elles prennent ici une importance particulière, en raison du confinement social et géographique de la société coloniale.

Les villas, autre composante des stations touristiques, se multiplient. Comme en Inde leur architecture218 fait écho à l’architecture métropolitaine. Les villas des stations

indochinoises sont construites suivant le modèle des chalets régionaux français ou des chalets suisses. Le style indochinois est ici complètement absent, seuls les toits débordants pour écouler les fortes pluies témoignent d’une adaptation tropicale219. Les stations constituent le

seul endroit où les constructions de type métropolitain sont possibles. Le climat tempéré qui y règne est l’unique occasion pour les colons se s’émanciper des bungalows ouverts entourés de véranda des plaines chaudes et de retrouver l’architecture des stations montagnardes européennes. Cette architecture accentue ce que Jennings appelle la réoccidentalisation220. Les

villas appartiennent à des particuliers mais aussi à des amicales, des associations, ou à des services administratifs. Leur implantation dynamise la station. Ainsi le Tam Dao s’est développé à partir de 1911, grâce, notamment, à l’action des amicales, comme celle de la garde indigène et des services civils, qui construisent des immeubles pour leurs adhérents.

A la marge des équipements touristiques, mais conformément au souci de recréer un mode de vie métropolitain, nous trouvons les stations agricoles et les jardins maraîchers, lieux de promenade et de production. Le climat tempéré permet d’acclimater un nombre important de légumes, de fruits et de fleurs, mais aussi d’élever des espèces bovines et ovines françaises

217 Sacareau I., Tourisme et sociétés en développement : une approche géographique appliquée aux montagnes et

aux sociétés des pays du Sud, Mémoire d’habilitation à diriger des recherches, Paris 1-Sorbonne, 2006, p.303

218 Cottages et manoirs d’Ecosse ou du Somerset pour les stations indiennes, Sacareau I., Tourisme et sociétés en

développement : une approche géographique appliquée aux montagnes et aux sociétés des pays du Sud,

Mémoire d’habilitation à diriger des recherches, Paris 1-Sorbonne, 2006, p. 312

219 Herbelin C., Architecture et urbanisme en situation coloniale : le cas du Vietnam, Thèse de Doctorat, Paris,

2010p. 224

220 Jennings E., « Douleurs et conforts coloniaux à Dalat », communication faite au colloque « Les identités

97 afin de produire des fromages, de la crème et des laitages221 [Annexe 11. Station agricole,

exemple du Val d’Emeraude au Bockor]. Les stations expérimentales sont présentes dans les stations les plus importantes comme à Cha Pa. Elles sont chargées des opérations de greffage (semis, marcottage et bouturage), de la diversification des essences fruitières d’origine locale, mais aussi importées du Yunnan (pêcher, prunier, pommier, poirier, abricotier, figuier, cerisier) et d’Europe. Cette activité est menée en parallèle à la sélection et l’acclimatation d’espèces ovines et bovines. Une fois l’acclimatation réussie, les fermes et stations agricoles distribuent gratuitement, aux colons fermiers et aux indigènes, des plants d’arbres fruitiers greffés et des semences. Les pouvoirs publics favorisent la création des stations expérimentables agricoles et des fermes, pour faire face à l’augmentation des populations et à l’accroissement des besoins alimentaires, et « mettre fin au régime des hôtels où le pain manque, parce que six personnes ont eu la malencontreuse idée d’arriver sans télégraphier deux jours à l’avance »222.

En complément de ces équipements, caractéristiques de la plupart des stations européennes touristiques, les stations possèdent aussi des équipements propres à leur histoire, rappelant leur fonction médicale originelle, les acteurs (civils ou militaires) à l’origine de leur développement, et le modèle utilisé pour leur édification. Nous verrons deux exemples de ces héritages : l’héritage médical et militaire avec le sanatorium de Cha Pa223 et l’héritage

britannique éducatif développé par les autorités civiles de Dalat.

Les équipements sanitaires sont l’héritage médical des stations conçues à l’origine pour soigner les colons. Toutes les stations possèdent un service de santé dont l’importance dépend de leur histoire. Elles continuent à être conseillées aux personnes fatiguées, affaiblies ou surmenées, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes. A Cha Pa, le passé médical et militaire est concrétisé par la présence d’un sanatorium militaire. Il accueille, par ordonnance médicale, pendant la saison chaude (divisée en trois périodes de traitements de 45 jours chacune, s’étendant du 1er mai au 30 septembre), les soldats ainsi que les sous-officiers convalescents

ou anémiés, avec leur famille224. Cet héritage est dû à l’influence des autorités militaires sur le

développement de la station, mais aussi au maintien d’une conception médicale des stations.

221 Sur la naissance et le rôle de la Société d’acclimatation de zoologique française et le rapport entre

impérialisme et nature voir Osborne M. A., Nature, the Exotic, and the Science of French Colonialism, Bloominghton : Indiana University Press, 1994, 216 p.

222 ANV1, RST 75 247, rapport de 1926, station d’arboriculture fruitière à Cha Pa

223 Voir Demay A., Géographie historiques de la région de Lao Kay durant la présence française, Mémoire de

maîtrise, Bordeaux III, 2004, 170 p.

224 Société coopérative militaire du sanatorium de Chapa, Règlement intérieur, Hanoi imprimerie G. Taupin et

98 En 1910, les militaires mettent en place un premier poste sur l’emplacement du futur sanatorium et installent une compagnie de légionnaires pour aider à créer le camp militaire et tracer les premiers sentiers225. En 1913, débute la construction du sanatorium militaire sur les

hauteurs de Cha Pa. En 1915 les premiers militaires convalescents ou fatigués sont reçus au sanatorium. En 1919, le Gouvernement général décide d’agrandir le sanatorium afin de passer ses capacités d’accueil de 40 hommes à 200. La commission met en place la construction de six pavillons pour les officiers et leurs familles226. Au début des années 1920, le sanatorium

comprend 38 chambres dont quatre pour généraux, elles disposent toutes de l’eau courante et de l’électricité. En plus du sanatorium, l’autorité militaire possède deux villas gérées par les officiers, regroupés dans une société coopérative. La première est agrandie en 1924, elle compte 30 chambres réparties en deux bâtiments, un troisième bâtiment contenant les salles communes (salle à manger, salon) et un quatrième contenant les locaux de services. La deuxième villa : la villa Mangin, rassemble trois corps de bâtiments, dont deux renferment les chambres, le troisième est à usage de bar et de restaurant [Annexe 10. Les stations d’altitude]. Le mode de gestion de ces établissements se rapproche sensiblement de la gestion commerciale d’un hôtel restaurant.

L’installation d’équipements scolaires est conditionnée par la volonté de doter l’Indochine de structures équivalentes à celle des Hill’s stations indiennes227. Leur

établissement est aussi lié à la fonction médicale ou du moins aux conditions climatiques tempérées et à l’ambiance métropolitaine qui y règne. La seule station à avoir bénéficié de ces équipements est Dalat, considérée comme la station des enfants, elle favoriserait leur éducation physique et morale228. Ainsi Dalat possède en plus de son hôpital, sa maternité et

son institut de recherche (l’Institut Pasteur), un des principaux lycées français de l’Indochine, le lycée Yersin. Les jeunes Européens peuvent suivre le cycle complet des enseignements primaires et secondaires229, ainsi que des institutions privées, comme le couvent « Notre

Dame du Langbian ». En 1936 les autorités souhaitent attirer les jeunes étrangers, notamment les Européens (Anglais majoritairement) vivant à Singapour vers ces établissements scolaires.

225 Rozario, Chapa station d’altitude, Cahier de la société de géographie de Hanoi, conférence faite à la société

de géographie de Hanoi le 13 avril 1935, Hanoi, 1935

226 ANOM, GGI 26 247, 1919, projet d’agrandissement du sanatorium de Cha Pa

227 Sur la question des équipements scolaires dans les stations indiennes voir Kennedy D. K., The Magic

Mountains: Hill Stations and the British Raj, Berkeley : University of California Press, 1996, 264 p.

228 Jennings E. « Dalat, centre éducatif de l'Indochine » 34ème congrès de la Société d’histoire coloniale

français, Québec, Canada, 14-18 .5.2008

229Direction générale de l’Instruction publique, Le petit lycée de Dalat, Paris : Exposition coloniale

99 L’OCTI s’en félicite espérant que leur venue intensifiera le mouvement touristique grâce aux séjours de visite des parents230.

Les stations indochinoises s’affirment à travers leurs équipements urbains d’abord comme des villes modernes, puis comme des stations touristiques, enfin le poids de leur histoire leur attribue parfois des fonctions complémentaires médicales (sanatorium) ou éducatives.

Au terme de cette étude, nous pouvons affirmer que les stations climatiques et leurs équipements touristiques ont servi le projet colonial en recréant un environnement climatique connu et un environnement urbain propice à la pratique du jeu et du repos, rappelant les stations touristiques métropolitaines.

Leur création ex nihilo, sur les littoraux et dans les montagnes, a été conditionnée par la nouvelle lecture du territoire importée par les Français. L’implantation des stations, notamment celles en altitude, s’est appuyée sur des critères géo-climatiques, mais a aussi dû se conformer au projet d’aménagement global de la colonie.

Le développement des stations a connu un fort accroissement durant la Première Guerre mondiale, accompagné d’une affirmation de fonction touristique par rapport à la fonction médicale. Cependant la spécificité de certaines stations rappelle le projet et les objectifs initiaux des stations : protéger les forces vives de la colonie grâce à des structures médicales, combinées à des structures éducatives pour assurer la reproduction de la communauté.