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L’importance du stage dans l’insertion professionnelle des étudiants Nicole Escourrou *

1. Stage en formation initiale, trajectoires des étudiants vers l’insertion professionnelle

1.1. Stage et insertion professionnelle

Le stage, dans les dictionnaires, est défini comme une « période d’études pratiques » ou une « période de formation professionnelle », le « stagiaire » étant « celui qui fait un stage », ou encore une « période pendant laquelle une personne exerce une activité temporaire dans une entreprise, en vue de sa formation ». Au niveau juridique, la loi du 12 novembre 1968 d’orientation de l’enseignement supérieur (n° 68-979) est la première à faire mention, dans son article 21, de la possibilité de faire des stages

« d’orientation à l’usage des étudiants nouvellement inscrits lorsqu’elles [les universités] estiment utile de vérifier leurs aptitudes aux études qu’ils entreprennent ». La loi n° 71-557 du 12 juillet 1971, article 9, précise encore : « Ces stages sont obligatoires pour tous les étudiants au bénéfice desquels ils sont prévus. À l’issue de ces stages, il peut être recommandé aux étudiants de choisir soit dans la même université, soit dans une autre université si des conventions ont été passées à cet effet, d’autres études ou cycle d’enseignement plus court adapté à une activité professionnelle. » La loi du 26 janvier 1984 sur l’enseignement supérieur (n° 84-52) précise dans son article 5 : « Les enseignements supérieurs sont

* Nicole Escourrou, doctorante à l’Université de Paris X Nanterre, CREF (EA 1589), Centre de recherche éducation-formation, Équipe enseignement supérieur, École doctorale Connaissance Langage Modélisation, 33 rue Fondary, 75015 Paris, Nicole.Escourrou@club-internet.fr.

organisés en liaison avec les milieux professionnels : [...] des stages peuvent être aménagés dans les entreprises publiques ou privées ou l’administration ainsi que des enseignements par alternance ; dans ce cas, ces stages doivent faire l’objet d’un suivi pédagogique approprié. » Le stage est régi par une convention de stage qui matérialise les liens entre un étudiant, son institution d’enseignement supérieur et une entreprise ou assimilée.

L’insertion professionnelle (Champy et Eteve 2005) est « l’entrée dans la vie active, notamment des jeunes sortant du système scolaire. On désigne généralement l’insertion professionnelle comme processus d’accès à l’emploi, l’insertion sociale comme intégration (des jeunes) dans la société, et le passage à l’"âge adulte"

comme l’accès aux diverses dimensions de l’autonomie ». Plus loin, on parle de « processus complexe et difficile d’alternance de périodes de chômage, d’emplois précaires et de formation pouvant aboutir, ou non, à la stabilisation professionnelle ». Si le rapport Lunel (2007), délégué interministériel à l’orientation, sous le titre de Schéma national de l’orientation et de l’insertion professionnelle, insiste sur le fait que « la formation initiale ne saurait répondre à elle seule au défi de l’insertion professionnelle », quelle est alors la place du stage pour cette insertion professionnelle ?

Walter (2005) estime à 800 000 le nombre de stages organisés chaque année en France. L’APEC1 indique que 90 % des diplômés bac+4 ont effectué au moins un stage durant leurs études et 50 % au moins trois.

L’Observatoire de la vie étudiante (OVE), dans l’enquête « Conditions de vie des étudiants de 2003 », montre que « pendant l’année universitaire 2001-2002, 32,4 % des étudiants interrogés en 2003 déclarent avoir effectué un ou plusieurs stages en France », contre 30,3 % en 1998-1999. Pour la part des stages obligatoires dans les différents cursus, les proportions vont de 30,7 % pour les classes préparatoires aux grandes écoles à 95,4 % pour les cursus STS (sections de techniciens supérieurs) à finalité professionnalisante. L’OVE note que « cette répartition est fortement influencée par le caractère obligatoire des stages dans les études. En effet, plus la proportion d’étudiants ayant fait un stage est élevée pour une filière et plus, dans cette même filière de formation, la part des stages obligatoires est forte. On constate ainsi que 66,6 % des étudiants interrogés en 2003 et qui ont effectué un ou plusieurs stages l’année précédente les ont fait sans aucune obligation alors que c’est le cas de seulement 1,6 % en STS ».

Des études régulières comme celles du Céreq (2005) et celles de l’OVE montrent les insertions professionnelles de générations d’étudiants. Elles illustrent bien certaines utilités du stage dans les cursus supérieurs, comme, par exemple, celle de permettre au jeune en cours d’études de bénéficier de compléments financiers pour payer ses études et de se construire une expérience préprofessionnelle capitalisable par la suite.

d’observation Stage en situation Stage en responsabilité

Continuum De l’enseignement au travail productif Source : Pelpel (1989, 2001).

1 APEC : Agence pour l’emploi des cadres, dont les chiffres cités ont été publiés par les Échos du 25 novembre 2005.

Le cadre des stages ici est double : celui de l’institution de l’enseignement supérieur à laquelle le stagiaire est rattaché et celui de l’entreprise ou de l’organisme d’accueil qui reçoit le stagiaire. C’est donc autour de ces deux entités que le stage est construit. Pelpel (1989, 2001) présente le stage en mettant en évidence une typologie basée sur un continuum qu’il fait partir de l’enseignement pour déboucher sur le travail productif.

Il couvre ainsi les différentes formes de stages, des collèges et lycées à la vie professionnelle, de jeunes mineurs à des professionnels en exercice (cf. le tableau 1).

Un autre terme relatif aux stages est celui de stage préprofessionnel (Laverrière et Couriaut 1980), dans le sens où il permet au jeune de débuter son expérience professionnelle en situation, dans une entreprise.

Cette expérience peut être comptabilisée ultérieurement comme partie prenante de l’expérience professionnelle exigée à l’entrée des entreprises pour se voir proposer un emploi à part entière. Pour Pelpel (1989), le stage regroupe trois aspects :

• un aspect structurel (contraintes par rapport à la situation du stage : du choix du stage, du statut de stagiaire, différent de celui d’étudiant, de l’évaluation du stage en tant qu’épreuve académique),

• un aspect relationnel,

• un aspect fonctionnel.

Il s’agit d’apprendre d’autres choses que celles abordées dans la formation, d’apprendre en voyant faire et/ou en faisant soi-même. C’est donc un complément, un enrichissement et une concrétisation des enseignements orientés vers un domaine professionnel. Il s’agit aussi d’une période d’essais et d’erreurs qui correspond à la fonction probatoire du stage et qui est incluse dans l’évaluation du stage.

Il oppose deux visions :

Enseignement/période en formation Stages et périodes en entreprise L‘approche par la théorie L’approche par la pratique Une logique de construction de savoirs et de

transmission de savoirs

Une logique de production, celle de l’entreprise avec un principe de réalité

La didactique La production

La théorie et la démarche déductive Le stage et sa démarche inductive

L’étudiant, celui qui a acquis un savoir L’apprenti, celui qui a acquis un savoir-faire Par l’intermédiaire d’un enseignant Par la pratique

Un problème abstrait à résoudre Un problème concret sur lequel agir

Hahn, Besson, Collin et Geay (2005) sur « l’Alternance dans l’enseignement supérieur » indiquent que le stage considéré comme une alternance dépasse largement le cadre juridique de l’apprentissage et que les rythmes de l’alternance école/entreprise au sens large peuvent être très différents et se retrouver dans la formation initiale sous la forme d’année de césure entre deux années de formation, de stages, de contrats à durée déterminée ou indéterminée. Selon Champy et Eteve (2005), l’alternance, ou plus exactement la formation en alternance, est un mode d’organisation du cursus éducatif et formatif qui articule explicitement plusieurs lieux, temps et modalités d’apprentissages, considérés comme proposant des contenus complémentaires, à la fois théoriques et pratiques. Il s’agit de partenariats entre des entreprises et un éta-blissement de formation, en formation initiale ou continue et qui a comme acteur principal l’apprenant.

Le lien entre théorie et pratique est souvent cité, surtout entre la formation et l’emploi (Fretigné 2004). Les étudiants font des allers-retours entre pratique et théorie et inversement dans des mécanismes de construction/déconstruction/reconstruction ou de transposition d’un milieu à l’autre, sans oublier les rites de passage qui permettent d’intégrer plus ou moins bien les étudiants dans les entreprises d’accueil (Pelpel 1989). Qu’en est-il pour des étudiants en master actuellement ?

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