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La loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002 crée un droit individuel à la validation des acquis de l’expérience (VAE). Ce dispositif permet à tout salarié justifiant de trois ans d’expérience professionnelle d’obtenir tout ou partie d’un diplôme, d’un titre à finalité professionnelle ou d’un certificat de qualification.

Avec la formation initiale, la formation continue et l’apprentissage, la VAE représente une quatrième voie à l’acquisition de titres et de diplôme et représente, à ce titre, un nouvel outil de gestion des parcours. La VAE s’adresse aux salariés, aux non-salariés, aux bénévoles ayant une expérience associative et aux demandeurs d’emploi indemnisés ou non.

Cette communication se propose d’analyser la place et les effets de la VAE dans les parcours de demandeurs d'emploi suite à un licenciement économique. Le parcours est ici envisagé comme la suite des événements relatifs au travail et à l’emploi à partir du licenciement économique : période de reclassement et d’accompagnement pendant la durée de l’antenne emploi, cheminement de recherche d’emploi, parcours en emploi.

L’enquête est qualitative et repose sur des observations et des entretiens. L’exemple est celui du reclassement des ex-salariés de Metaleurop (Nord Pas-de-Calais) qui ont perdu leur emploi en janvier 2003 suite à la fermeture brutale de leur usine. L’analyse porte d’une part sur la période de reclassement et le fonctionnement de la cellule de reclassement (mars 2003/mars 2005), d’autre part sur le parcours d’ex-salariés qui ont retrouvé un emploi (enquête par entretiens commencée en novembre 2006). Comment la VAE s’insère-t-elle dans les procédures de reclassement ? Quels sont ses effets sur la recherche d’emploi, la transition professionnelle et le parcours une fois en emploi ?

1. Une faible inscription dans la procédure de reclassement

Les outils de reclassement se sont considérablement diversifiés ces dernières années, notamment depuis la mise en œuvre du Plan d’aide au retour à l’emploi en juillet 2001 : formations courtes et longues, évaluation en milieu de travail, évaluation des compétences, bilan de compétences, VAE, etc. Dans la cellule de reclassement de Metaleurop, la VAE n’a pas été spontanément envisagée. Les ex-salariés pouvaient se rapprocher des Points relais conseils (devenus Mission VAE) mais très peu d’entre eux l’ont fait. Le caractère récent du dispositif et le manque d’identification institutionnelle susceptibles d’informer les candidats potentiels sont une des raisons principales (Personnaz et al. 2005). Il faut attendre juillet 2003 pour que les premières réunions d’informations se déroulent (Lenain 2005). Toutefois, les messages auprès des ex-salariés passent mal en raison d’un manque de clarté et d’une présentation complexe de la procédure, plutôt dissuasive. Les membres de l’Éducation nationale présents soutenaient qu’une personne de niveau CAP ne pouvait pas valider une expérience pour l’obtention d’un bac+2 : les représentants de l’association des ex-salariés ont ressenti cela comme une négation de leur expérience et une méconnaissance de leur travail. De plus, le discours tenu par les responsables de l’antenne emploi était axé sur le reclassement rapide et les formations courtes. La VAE est une solution de reclassement longue. Elle ne représentait pour les cabinets de reclassement qu’une « solution identifiée » et non pas un reclassement, ce sur quoi ils sont évalués. Certains consultants exprimaient la crainte d’éloigner durablement les demandeurs d'emploi de la recherche d’emploi.

La VAE revêt une dimension particulière pour des demandeurs d'emploi ayant une ancienneté importante vécue dans une seule entreprise (vingt ans en moyenne). Alors qu’ils ont acquis beaucoup de savoirs professionnels, leur niveau de formation initiale ne leur permettait pas de se positionner sur des offres de leur niveau d’expérience. Lors de la perte de l’emploi, les salariés se sentent dévalorisés et ont l’impression que leur expérience professionnelle n’a aucune valeur sur le marché du travail. La reconnaissance de leur

* Olivier Mazade, CLERSÉ-UMR 8019 CNRS, Faculté des sciences économiques et sociales, Université de Lille 1, 59655 Villeneuve d’Ascq, olivier.mazade@univ-lille1.fr.

expérience apparaît donc comme un facteur d’activation et de reclassement. De plus, leur principal souci était de résister au déclassement et le diplôme est le meilleur moyen d’y parvenir.

679 personnes sont prises en charge par la cellule de reclassement. D’après les chiffres de cette dernière, 34 s’inscrivent dans un processus de validation d’expérience (13 agents de maintenance, 7 contrôleurs de production, 1 ouvrier et 13 « autres ») mais seulement 17 vont jusqu’au bout, ce qui est peu par rapport aux 679 ex-salariés. La VAE concerne des personnes qui ont déjà des facilités pour se reclasser : des agents de maintenance et des contrôleurs de production. Les ouvriers de production (fondeurs, raffineurs, grilleurs, etc.) ne sont pas concernés. À cette double sélection par la qualification et le domaine de compétences, s’ajoute celle du parcours. Ces salariés ont connu une trajectoire identique. Ils sont entrés dans l’usine avec un niveau de formation initiale peu élevé et ont parcouru tout ou partie de l’échelle d’atelier (OS, OP, technicien d’atelier, agent de maîtrise, chef d’équipe, chef de poste, contremaître).

La VAE pour les demandeurs d'emploi ne se déroule pas de la même façon que pour les salariés. Les premiers doivent « replonger » dans leur passé professionnel alors qu’ils se trouvent en même temps en plein travail de rupture par rapport à leurs anciennes conditions de travail, voire de vie. Ils doivent trouver des passerelles entre une expérience qui n’est plus présente et un avenir hypothétique. La dimension

« accompagnement » s’insère dans la procédure. Pour certains d’entre eux, reparler du passé est une souffrance. Comme le souligne Francis (annexe) : « Le plus dur, c’est de revenir dans le passé, en sachant qu’il n’y a plus rien, vous revivez votre travail, c’est surtout ça. » Alors que d’autres éprouvent des difficultés à se remémorer les expériences de travail lorsque la base professionnelle de certification remonte à dix ou quinze ans. Enfin, il existe une contradiction entre le discours des responsables de la cellule de reclassement qui insistent sur la nécessité d’oublier le passé pour mieux se convertir au présent et la remobilisation des expériences (Mazade 2005).

Pour comprendre comment cette certification s’insère dans les parcours, on peut distinguer deux cas de figure. La VAE peut être un outil de retour à l’emploi. Dans ces conditions, elle est entamée très tôt, ce qui suppose son inscription dans les procédures de reclassement (informations, réunions de détection de certification possible). Les salariés ne sont pas en recherche d’emploi et attendent la validation du diplôme pour se présenter sur le marché du travail. Les emplois visés incluent la perspective de l’obtention d’un diplôme. Dans un deuxième cas de figure, la VAE n’est pas un outil de retour à l’emploi car les personnes sont déjà en emploi lorsque la certification aboutit1. Les effets sur le parcours sont différents dans la mesure où le diplôme est obtenu après avoir eu un emploi. Les personnes sont salariées mais ont enclenché la procédure en tant que demandeurs d'emploi.

2. La VAE comme outil de retour à l’emploi

Nous nous sommes entretenus avec 8 ex-salariés de Metaleurop sur les 17 qui ont suivi une VAE. Parmi les 17 ex-salariés, aucun n’est au chômage, deux travaillent en intérim (situation en décembre 2007). La surprise vient du constat que seulement deux correspondent au premier cas de figure. Ils ont préparé leur VAE et attendu le diplôme avant de chercher un emploi. Pour tous les autres, on peut dire que la VAE et le diplôme, tout en revêtant une importance subjective, n’ont pas eu d’impact sur leur parcours. D’une part, la VAE n’a pas orienté leur recherche d’emploi et n’a pas été déterminante dans l’obtention de l’emploi, d’autre part elle ne leur a pas permis pour l’instant d’éviter le déclassement. Partons des deux ex-salariés qui ont reporté leur recherche d’emploi après la VAE.

Gilbert, entré à l’usine Metaleurop en 1981 en qualité d’ajusteur (OS), termine sa carrière comme responsable d’atelier à la maintenance. Il a obtenu en 1976 un BEP/CAP dans l’usinage des métaux. Après le licenciement (janvier 2003), il s’aperçoit vite que son niveau d’étude ne lui permet pas de passer le premier tri de CV sur des offres d’emploi dans la maintenance où le BTS est souvent exigé. Il a pourtant suivi de nombreuses formations pendant son parcours, notamment dans la gestion de maintenance assistée par ordinateur (GMAO). Il se lance dans la VAE (« On en entendait parler, que c’était un avantage pour trouver un emploi ») et obtient un BTS maintenance en octobre 2004. Il candidate sur des offres d’emploi pour lesquelles le BTS est exigé. En janvier 2005, il trouve un emploi de « responsable maintenance » dans un groupe de négoce en céréale. La VAE est pour lui une « reconnaissance, [car] on se sentait sans rien, malgré que j’avais des formations, il fallait rebondir. »

1 Il y a un troisième cas de figure : la VAE ne permet pas de retrouver un emploi et contribue à élever les exigences salariales et statutaires.

François, entré à l’usine en 1982 après un BEP mécanicien monteur et un CAP fraiseur, est en 2003 agent de maîtrise à la maintenance également. Il s’est renseigné sur la VAE avant le démarrage de la cellule de reclassement : « Un copain m’a en parlé, je suis allé au lycée S. chercher des documents. » Il obtient un bac pro maintenance des systèmes automatisés en décembre 2003. Il trouve un emploi dans une usine agroalimentaire en qualité de responsable maintenance mais n’y reste que quelques mois parce que le déclassement salarial lui semble trop important. Contacté par un ancien collègue de Metaleurop parti dans une usine d’incinération industrielle, il est embauché comme technicien de maintenance sur un emploi où il était demandé un niveau BTS : « Pour S [l’usine], c’est un ancien collègue. Ce n’est pas dit que mon collègue m’aurait contacté et pris sans le bac pro, c’est un poste pour un bac plus deux. Avec vingt ans d’expérience, j’ai le niveau. Mais il y a une mentalité assez bizarre, il privilégie beaucoup les diplômes à S. »

Pour ces deux cas, nous sommes bien en présence de la séquence VAE/diplôme/emploi. La VAE est entamée très tôt, la recherche d’emploi est suspendue, leur orientation professionnelle reste inchangée et l’emploi trouvé semble en correspondance avec la certification obtenue. Il n’y aurait pas de différence par rapport à l’entrée en formation et on serait en présence, du point de vue du parcours, à une logique du « détour » formatif pour mieux se présenter ensuite sur le marché du travail (élévation de l’employabilité et, pour François, des exigences professionnelles).

3. La VAE : un impact faible sur les parcours

Pour tous les autres cas, le cheminement ne se passe pas de cette façon. Partons de quelques exemples.

Jean-Marie est entré à Metaleurop en 1974, après avoir passé un CAP de menuisier du bâtiment. Il a commencé comme échantillonneur au laboratoire (prélever des échantillons de minerais, les préparer pour les chimistes) et terminé en qualité de responsable de salle de contrôle au raffinage zinc. Il a 50 ans en 2003. Il entame une VAE pour obtenir un bac professionnel « pilote d’installation de production par procédé » : « Je n’étais pas au courant, c’était en lisant la revue des fondeurs qu’étaient précisés les diffé-rents types de formation, moi, j’ai choisi "conducteur d’appareil de production" comme j’ai travaillé en salle de contrôle, je rentrais dans les critères pour rentrer dans la VAE. J’en ai parlé à mon consultant. » Mais Jean-Marie a un autre projet : il veut entrer dans la formation : « D’après moi, je me disais que j’avais des aptitudes à former des gens. Mais il [le consultant] n’a pas voulu ». C’est toutefois par l’intermédiaire de la cellule de reclassement qu’il fait des remplacements dans un centre d’aide par le travail (CAT) comme moniteur d’atelier (2004). Cela dure deux ans. Il trouve ensuite un emploi d’encadrant technique dans une association d’aide aux jeunes handicapés (équivalent à un chantier école). La VAE n’a donc pas d’influence sur son parcours. Il a pourtant « pris des contacts avec des entreprises » mais les remplacements l’ont acheminé vers un domaine pour lequel il n’avait aucune connaissance : « C’est là que j’ai découvert le monde du handicap, ça m’a intéressé, j’ai souhaité continuer. »

Francis, 23 ans d’ancienneté, entré à Metaleurop avec un CAP de mécanicien ajusteur et embauché comme mécanicien d’entretien, termine son parcours en 2003 comme agent de maîtrise responsable de la maintenance dans le secteur plomb. Il entame une VAE et obtient un BTS maintenance industrielle en novembre 2004 : « J’ai recherché un emploi, ça m’a permis de me positionner sur des profils où il demandait un BTS exigé. J’ai percuté sur Dunkerque, Boulogne. J’y suis allé pour travailler mes entretiens, pour voir si j’étais valable, comment cela se passait mais j’avais un autre objectif, un autre projet, pouvoir aider les jeunes, faire le lien entre le monde des jeunes et celui de l’entreprise. Il y a un écart important, des jeunes ont été mal orientés. Il fallait que je trouve quelqu’un pour financer, le conseil régional, je ne savais pas trop qui. J’aurais récupéré du matériel, des pièces défectueuses et j’aurais fait les réparations, et les jeunes apprenaient. Eh oui, dans la tête ça tourne. Suite à ça, l’ANPE m’appelle et me dit qu’on cherchait des "conseillers entreprise" pour travailler dans une Mission Locale de L. (Pas-de-Calais), ils ont besoin de gens qui viennent de la métallurgie. J’avais goûté à autre chose, je ne voulais plus faire mon métier. » Comme le cas précédent, Francis fait une VAE et candidate sur certains postes. Mais il a « un autre projet » qui émerge progressivement et dont la latence semble liée aux possibilités de l’envisager concrètement (« il fallait que je trouve quelqu’un »). Ce projet le détourne de « son » métier de la maintenance, pour lequel il a fait une VAE. Dans les deux cas, c’est la temporalité d’émergence et de consolidation d’un projet alternatif qui explique pourquoi la VAE est à la fois activée et sans effet sur le parcours.

Pour les exemples qui suivent, le cheminement est semblable dans la mesure où ils sont partis en emploi avant la fin de la VAE. Toutefois, contrairement aux cas qui précèdent, cet emploi se situe dans leur domaine de compétences initial et en rapport avec la VAE.

Michel, entré en 1984 à la maintenance avec un bac en électromécanique, termine agent de maîtrise et chef de poste à la maintenance au secteur plomb. Il fait une VAE et obtient un BTS maintenance industrielle :

« J’avais un bac, ceux qui sont arrivés après mois, avaient un BTS, je me disais "c’est cher payé deux ans d’études", ils sont bons mais pas meilleurs que moi, j’avais cette colère, j’ai mis quinze ans pour arriver là, eux ils arrivent, ils ont autant que moi. » Mais il n’attend pas la fin de la procédure pour chercher un emploi. Il fait une première expérience de trois mois dans une entreprise de transport, à la maintenance. Il le quitte parce que le salaire lui parait trop faible. Il trouve un emploi de responsable maintenance dans une entreprise d’incinération d’ordures ménagères. La VAE et l’obtention du BTS n’ont pas eu d’effet sur son parcours : « La VAE, c’est une reconnaissance, mais elle ne m’a pas servi pour avoir un boulot, j’en ai eu avant. Le BTS ne m’a pas servi pour l’instant. Ça m’a montré que j’étais capable de faire tout ça. Mais c’est quand même la reconnaissance de mes capacités. À la commission [de validation], ils me l’ont dit : "Ça vous sert à rien, le diplôme, vous avez un travail". » L’expérience du premier emploi, puis du second, enrichit ses compétences (« Avant j’étais un exécutant de maintenance. Maintenant j’ai d’autres cordes à mon arc. Je peux répondre à plein d’annonces ») et réduit en quelque sorte la portée de la VAE et du diplôme. En fin de compte, partant d’une situation de demandeur d’emploi, Michel passe une VAE en étant en emploi, sans être dans la situation classique d’un salarié qui réalise une VAE pour monter en qualification ou changer d’orientation.

Éric est entré à Metaleurop en 1982 avec un BEP de mécanicien. Il a démarré OS2, soutireur de zinc, avant de passer opérateur salle de contrôle. En 2003, après le licenciement, il trouve rapidement un emploi de rondier dans une entreprise d’incinération de déchets industriels. Il fait l’expérience du déclassement car la qualification de rondier est inférieure à celle qu’il avait à Metaleurop, son salaire présent correspond à 70 % de son ancienne rémunération. Il se sent déclassé également en termes de responsabilité. C’est dans ces conditions qu’il entend parler de la VAE et de la possibilité d’obtenir un bac pro. Après un an de VAE, il obtient en mars 2005 un bac pro pilote d’installation de production par procédé : « C’est le poste de travail que je faisais à Metaleurop, exactement le même poste de travail que font les chefs de quart habituellement » c’est-à-dire le poste supérieur à rondier dans l’entreprise où il se trouve. Éric a fait une VAE en réaction à son vécu de déclassement : « Là où je travaille, je pense que ça va me servir. Il n’y a pas d’impact pour l’instant, mis à part la satisfaction de l’avoir, pour le moment il n’y a que ça, mais s’ils cherchent quelqu’un, j’ai vraiment le diplôme qui colle à la fonction, c’est un atout supplémentaire, j’attends ça. » Toutefois, il lui aurait fallu un niveau bac+2 pour avoir un coefficient supérieur. Dans ce cas, l’orientation s’est construite avant la VAE qui a été utilisée, sans effet pour l’instant, comme un moyen de résister au déclassement.

Le cas de Pierre est semblable aux précédents. Après vingt-deux ans d’ancienneté en qualité de contremaître à la maintenance, Pierre fait une VAE et obtient un BTS maintenance en 2005. Grâce à un ancien collègue de Metaleurop, il trouve un emploi dans une entreprise spécialisée dans la maintenance et travaille sur plusieurs sites. Il est chef de travaux mais vit également le déclassement salarial. La VAE et le diplôme obtenus n’ont pas eu d’effet au moment où nous l’avons rencontré (décembre 2006).

En définitive, pour tous ces cas, que ce soit en termes d’orientation professionnelle, d’aide au retour à l’emploi ou de résistance au déclassement, l’impact de la VAE et du diplôme obtenu sur la trajectoire apparaît faible. Une des principales raisons tient au fait que ces personnes prennent un ou des emplois avant la certification de leur expérience. La temporalité de la VAE est longue. Elle comprend les phases de recevabilité de la demande, de constitution du dossier, d’analyse du dossier par le jury. Cela peut prendre une année. Mais contrairement à une formation longue, de durée équivalente qui oblige une présence régulière et structure le temps en l’absence de travail, la VAE permet la modulation de son temps de constitution. Les personnes interrogées devaient se rendre dans un GRETA pour bénéficier d’une aide (trente heures), elles se rencontraient parfois, mais globalement le travail de constitution des livrets est relativement solitaire et se fait à domicile. C’est pourquoi certaines d’entre elles prennent un emploi. Inscrites dans un autre environnement et un autre cheminement, elles modifient leurs arbitrages et leurs préférences. La VAE, par définition, renvoie les personnes à leur histoire. Mais des personnes profitent de la rupture de trajectoire pour envisager d’autres projets et réactiver d’anciennes voies contrariées bien des années auparavant (parfois dans la sphère parentale). La prise d’emploi avant la certification modifie la portée de la VAE. En quelque sorte, les deux cheminements de la certification et de l’emploi se chevauchent.

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