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L’importance du stage dans l’insertion professionnelle des étudiants Nicole Escourrou *

2. Analyse des représentations des étudiants

2.3. Les représentations du stage

Une analyse de contenus a été réalisée sur le second questionnaire anonyme présentant trois questions :

« que représente le stage pour vous ? », « en quoi le stage est-il important pour votre insertion professionnelle future ? » et « à quoi serez-vous attentif pendant votre stage ? » Les étudiants interrogés parlent du stage comme d’un début, d’un aiguillage, d’un apprentissage et d’une pratique, qui peut leur ouvrir des opportunités. C’est aussi le moyen pour eux d’acquérir des connaissances et de les mettre en pratique dans leur champ professionnel spécifique. L’appartenance à un monde professionnel spécifique lié à leur formation est aussi claire.

Plus particulièrement, le groupe 1 relie le stage aux connaissances, au travail, à la mise en pratique, aux ressources humaines (c’est-à-dire à leur formation professionnalisante) et à l’entreprise. Les connaissances conduisent au travail, aux occasions, au monde, au stage, aux RH, au projet et au patron... Le groupe 2 ne relie le travail qu’à des notions en amont comme la méthode, l’opportunité, les études, la connaissance et les essais. C’est donc bien un concept lié à l’action et à l’insertion professionnelle. Le groupe 2 lie le stage au monde, à l’appartenance (membre), à la déception et à la connaissance, puis au moyen (outil), à l’entreprise, à la traduction, à la vie, à l’aiguillage et au contrôle.

D’une façon plus globale, l’analyse de contenus sur la vision du stage se centre autour des thématiques suivantes :

• la formation : « une obligation de la formation », « un moyen d’être formé, une formation pratique », « une dernière étape indispensable ou un aboutissement », ou « développer mon projet professionnel » ;

• le rapport au savoir : « un moyen de comprendre ce que l’on a appris en classe ou la traduction pratique dans la confrontation au monde professionnel ; une validation de connaissances en les appliquant », « un moyen d’apprendre d’autres connaissances ou un complément d’études (notamment des choses concrètes, à collaborer avec d’autres membres d’une équipe) », « l’application des théories dans la vie professionnelle », ou encore « apprendre ce que l’on ne peut apprendre en cours » ;

• l’approche pratique : « un moyen de mettre en pratique mes connaissances, une approche concrète » et

« voir ce que je vaux sur le terrain » ;

• l’apprentissage et la professionnalisation : « un moyen d’acquérir une expérience professionnelle et un apprentissage », « un levier d’apprentissage », « une première idée du monde du travail en entreprise, la découverte d’un poste, d’un secteur, d’un milieu, d’une entreprise et de ses rouages », « se rendre compte de la réalité du monde du travail », « une période d’essai et une opportunité de débuter ma carrière, un tremplin pour l’avenir ou un moment de vérité », « facilite la recherche d’un emploi » et « tester mon professionnalisme » ;

• la tactique : « une vitrine » (certains ont même dit en cours que le stage était une carte de visite), et

« enrichir mon CV » ;

• la préparation, la validation de soi et l’engagement : « une manière de vérifier si la carrière me conviendrait, de me tromper de voie », « mieux se connaître ainsi que ses attirances », « se préparer, faire

ses preuves », « un aiguillage », « un moyen de valider sa motivation » (être sûr de soi), ou « une occasion d’accroître son sentiment d’aise dans le monde du travail » ;

• le renforcement des compétences comme « créer un début de réseau » et « faire le tri dans les compétences (et de les affiner) et les attributions ».

Les réponses sur l’insertion professionnelle portent sur :

• la formation : « valider la formation choisie (me suis-je trompé ou pas dans le choix de ma formation ?) » et « le diplôme ne suffit plus ; un passage obligatoire pour l’emploi » ;

• le savoir : « savoir ce que j’aimerais faire, dans quel environnement évoluer », « connaître ses forces et faiblesses, ses capacités et ses goûts, faire découvrir ce qu’on aime ou pas », « acquérir un savoir-faire direct avec notre futur métier » ;

• la validation : « tester ses motivations, ses préférences, ses opportunités », « m’orienter en toute connaissance de cause, savoir ce que l’on veut faire plus tard », « concrétiser la fonction, le secteur... » ;

• la préparation et l’intégration dans le monde du travail : « apporter une expérience enrichissante (pratique, contacts), une expérience terrain », « me valoriser pendant les entretiens d’embauche », « influencer mon insertion professionnelle future, modifier ma vision », « signifier un début de réseau, me permettre de rencontrer des personnes qui pourront m’orienter ou m’aider par la suite, se faire connaître des entreprises »,

« ouvrir à une future embauche, aborder notre future insertion professionnelle plus sereinement », « ouvrir de nouvelles perspectives », « commencer ma carrière », « représenter un tremplin, un effet de levier », jusqu’à « avoir un avantage par rapport aux autres quand je rentrerai dans mon pays ».

De tout ceci se dégage une stratégie globale, ancrée dans le temps, voire l’espace, qui va de la formation (y compris pour vérifier si la formation est bonne) à une carrière professionnelle construite.

La troisième question donnait le moyen de projeter les étudiants dans ce qu’ils feraient pendant leur stage :

« À quoi serez-vous attentif pendant votre stage ? ». Les réponses reprennent des mots comme l’entreprise et son fonctionnement, l’organisation, la communication, la relation, la culture, le type de patron, le secteur et à la capacité. Il s’agit donc d’un moment fort d’observation qui mène à la responsabilité, à l’autonomie, à la capacité, au comportement et à la stratégie. D’autres mots suivent ensuite comme « le travail lié à l’environnement », la notion « d’équipier », de « mission » et « d’ambiance », de « méthode », puis

« comment les salariés sont gérés ». Il y a donc un fort lien entre le stage et l’embauche. Faire bonne figure, se faire repérer, se voir attribuer des responsabilités, connaître l’entreprise de l’intérieur, prendre sa place, sentir l’ambiance, apprendre (notamment le relationnel)... voici un ensemble d’aspects auxquels les stagiaires seront attentifs. Les pistes d’évolution, la construction de l’employabilité dans le futur sont bien des éléments auxquels ces étudiants sont ouverts. L’opportunité de se faire intégrer est bien présente à leur esprit.

En conclusion, les étudiants envisagent le stage, dans leur insertion professionnelle, comme un accroissement de leurs connaissances : savoirs spécifiques, aptitudes et connaissances, réseaux, construction d’une démarche comme un projet d’insertion professionnelle [Boutinet 1990 ; Dubet 1973], posture de candidat. Le stage est plus lié au travail, à l’entreprise, à l’embauche et à des stratégies d’insertion. Il prépare au travail professionnel et au secteur d’activité envisagé. Il est même dit que le diplôme ne suffit plus, et que le stage est un passage obligé pour l’emploi. Il permet à l’étudiant de tester beaucoup d’aspects : savoir ce qu’il aimerait faire, dans quel environnement évoluer, repérer ses forces et faiblesses, valider la formation choisie, tester ses motivations, vivre une expérience de terrain. D’autres points ont aussi été cités comme influencer son insertion professionnelle tout en la modifiant, constituer un réseau, s’orienter en toute connaissance de cause, se valoriser dans les processus d’embauche, acquérir un savoir-faire direct avec leur futur métier, en faire un tremplin et un levier.

Le stage peut être analysé sur trois niveaux. Le premier est la professionnalisation que le stage favorise : construction de savoirs particuliers et renforcement de l’apprentissage voire de l’auto-apprentissage, construction des compétences en situation. Le second est pratique : le stage permet aux étudiants de passer à l’action, de se confronter à des problématiques professionnelles plus ou moins proches de ce qu’ils pourront trouver une fois insérés. Le stage agit enfin au niveau de la sphère personnelle en favorisant leur maturation, en renforçant leur autonomie et leur motivation et en les aidant à se construire, notamment au niveau de leur future identité professionnelle.

Bibliographie

Boutinet J.-P. (1990), Anthropologie du projet, Paris, PUF.

Céreq (2005), Quand l’école est finie... Premiers pas dans la vie active de la Génération 98, Marseille, Céreq.

Champy P., Eteve C. (dir.) (2005, 3e éd.), Dictionnaire encyclopédique de l’éducation et de la formation, Paris, Éditions Retz.

Dubet F. (1973), « Pour une définition des modes d’adaptation sociale des jeunes à travers la notion de projet », Paris, Revue française de sociologie, XIV, pp. 221-241.

Fretigné C. (2004), Une formation à l’emploi ?, Paris, L’Harmattan.

Hahn C., Besson M., Collin B., Geay A. (2005), L’alternance dans l’enseignement supérieur, Enjeux et perspectives, Paris, L’Harmattan.

Laverrière, Couriaut J.-P. (1980), Le stage préprofessionnel, Paris, Éditions d’Organisation.

Lunel P. (2007), Schéma national de l’orientation et de l’insertion professionnelle, Paris, ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ministère de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement.

OVE (2003), Enquête « Conditions de vie des étudiants », Paris, OVE, Observatoire de la vie étudiante.

Pelpel P. (1989), Les stages de formation, Paris, Bordas.

Pelpel P. (2001), Apprendre et faire, Vers une épistémologie de la pratique ?, Paris, L’Harmattan.

Walter J.-L. (2005), L’insertion professionnelle des jeunes issus de l’enseignement supérieur, Paris, Avis et rapports du Conseil économique et social.

Fermeture du marché du travail et

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