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Stabilité des éléments extralinguistiques

Macro-structure du catalogue de jouets

Chapitre 3 Le catalogue de jouets comme genre

3.1.2. Stabilité des éléments extralinguistiques

Les familles de textes, issues des divers discours, doivent présenter des caractéristiques assez stables pour accéder au statut de genre. Les textes faisant l’objet d’un regroupement en genres ne doivent pas présenter une variation trop importante entre eux en s’écartant des caractéristiques prototypiques de la classe du genre considéré. Certains genres obéissent à des « cahiers de charges » très précis – par exemple le formulaire administratif – et les textes se rattachant à ce genre ne présentent que très peu de variation entre eux voire une variation nulle. Par contre, les genres oraux, l’entretien d’embauche, par exemple, peuvent présenter des variations importantes, tant sur le plan du contenu que de la forme.

L’examen d’environ cinquante catalogues de jouets (signalée en 1.3, liste en Annexe 2) nous a permis outre de délimiter notre corpus, de « mesurer » la stabilité de ce type de document. Tous partagent le même domaine – le jouet – et ont une même finalité – commerciale – qui définit des rôles sociaux vendeur/consommateur. L’observation de la présentation matérielle a porté sur les trois points suivants.

• le péritexte : couverture (émetteur, titre, visuel, dispositif iconique), quatrième de couverture ;

• la macrostructure du catalogue : format, sommaire, découpage en sections, etc. ;

• la microstructure du catalogue : organisation interne du module (nom de produit, marque, photographie, texte).

Les résultats font apparaître une relative stabilité à la fois diachronique et synchronique. En ce qui concerne le péritexte décrit en (§ 1.2.1), on constate très

souvent traité de la même manière : la couverture comporte un visuel pleine page (le plus souvent un dessin) qui représente l’iconographie de Noël. Cette iconographie est de trois types : type (1) extérieur paysage de neige avec la présence du Père Noël ; type (2) intérieur avec sapin et/ou enfants en attente ou chargés de cadeaux ; type (3) représentation de jouets dotés de vie (imaginaire du « pays des jouets). Le seul écart est de type infographique et concerne la structure de la couverture des catalogues Auchan et Leclerc 2002 (illustration 14) qui n’est plus composée d’une seule image de fond mais comporte trois photographies supplémentaires (anticipation du sommaire chez Auchan).

Illustration 14 – Variation dans la structure de la couverture (Auchan 2002, Leclerc 2002)

En revanche, les autres éléments de la couverture – identification du magasin émetteur, titre du catalogue et durée de l’offre – sont très stables. On relève également une grande régularité dans la macrostructure, le découpage en sections étant sensiblement le même d’un catalogue à l’autre. Le plus gros écart constaté concerne la microstructure : le nom de jouet et le texte peuvent être désolidarisés du module. Le module comporte alors uniquement la photo, le prix (parfois l’âge) et est affecté d’un numéro de renvoi au nom de jouet et au texte. Seuls les catalogues Auchan 2000 à 2004 et Géant 2001-2002-2004 sont concernés et on constate qu’à l’intérieur d’un même catalogue on peut trouver les deux types de module : module prototypique et module avec texte désolidarisé (illustration 15).

Illustration 15 – Variation de la structure du module (Auchan 2002)

Dans la sous-classe des catalogues de grandes surfaces spécialisées, La

Grande Récré, Jouetland ou encore Jouéclub se caractérisent par une grande stabilité dans la conception, les catalogues étant produits selon la même maquette d’une année à l’autre. Un seul – Maxi-Toys – s’écarte des autres et présente même des variations au fil des pages d’un même catalogue. La principale différence est l’insertion de la référence du jouet (ref : 607.8540, par exemple) dans le module. Ce catalogue se rapproche en cela des catalogues des fournisseurs qui fonctionnent sur ce principe – une photo et une référence – les noms de jouets étant répertoriés en fin de catalogue. Par ailleurs, la structure du module subit des variations : le module ne comporte parfois pas de texte (illustration 16, module de droite). Le module est alors composé de quatre éléments : le nom de jouet, le prix, la référence, le nom de marque.

Illustration 16 – Variation de la structure du module-jouet (Maxi-Toys 2001)

différents types de photographie décrits (type A (« thématisante») ; type B (« descriptive ») ; type C (« suggestive ») ; type D (« argumentative »)).

Les éléments de la situation de communication (identité des partenaires,

finalité, thème, dispositif) sont, de manière générale, très stables. La stabilité des éléments linguistiques (NJ et texte) n’a pas été examinée dans le détail. Un parcours rapide des catalogues permet néanmoins de constater des éléments récurrents : des textes courts avec une forte proportion de phrases averbales.

3.2. Genre et linguistique de corpus

La notion de genre fait appel à l’idée de régularité tant au plan des éléments extralinguistiques que des éléments linguistiques qui composent le texte. Les travaux sur le genre en linguistique de corpus partent du principe que le seul élément objectivable est le texte. Décrire un genre c’est donc mettre au jour un certain nombre de fonctionnements linguistiques récurrents. Le texte est considéré comme un « agglomérat » de traits linguistiques (Habert 2000), de marques de surface. Dans un but descriptif et/ou typologisant, des méthodes d’analyse des textes basées sur le repérage d’éléments de surface ont été mises au point (Sueur 1982 ; Bronckart 1985 ; Biber 1988 ; Habert & al. 2000, Malrieu & Rastier 2001). Les travaux de Habert & al., de Malrieu & Rastier comme ceux de Beauvisage (2001) sur le roman policier ou encore de Beaudoin & al. (2001) sur la typologie du web se situent dans la lignée des travaux de Biber (1988 ; 1995). Nous présenterons en parallèle les travaux de Bronckart qui ont certes eu un moindre retentissement même s’ils sont – on va le voir – très similaires. Ils ont en outre l’avantage de porter sur le français.

Bronckart et Biber partagent le parti pris d’un repérage de formes de surface et appuient leur réflexion sur des arrière-plans théoriques qui se rejoignent également sur certains points : la prise en compte du contexte est à cet égard capitale. On observera également comment ils articulent éléments extralangagiers et éléments langagiers pour aboutir à une sélection de traits en vue d’une caractérisation linguistique des textes et des genres.