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CHAPITRE 4 : LA PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

4.1 L’ENTRÉE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

4.2.6 La stabilité assurée par l’emploi

Après nous avoir fait part de leurs satisfactions et de leurs insatisfactions, les participants à notre recherche étaient invités à discuter de la stabilité assurée par leur emploi. Pour déterminer si leur emploi est stable, nous demandions aux participants le type de poste qu’ils occupent, s’ils considèrent leur emploi comme étant stable et s’ils doivent occuper un autre emploi pour subvenir à leurs besoins.

Premièrement, 90 % des participants (N = 18) ont décrit leur emploi comme étant instable. Autant les enseignants travaillant en suppléance, que les enseignants ayant un contrat et que les participants ayant quitté le domaine ont utilisé le mot instabilité pour décrire l’entrée sur le marché du travail en enseignement. Les deux enseignantes n’ayant pas décrit leur emploi comme instable sont les participantes P15.ET et P19.A. Celles-ci ont obtenu un contrat et ont ensuite quitté l’enseignement. Elles nous ont mentionné qu’elles se considéraient chanceuses puisqu’elles avaient travaillé lorsqu’elles étaient sur le marché du travail; elles n’ont pas eu à faire face à l’instabilité : Fac moi c'est sûr que je garde un souvenir de : mon dieu… le travail abonde! Pas nécessairement… je sais que c'est faussé, mais je sais que je n'aurais pas eu de recherches à faire pour l'année suivante, finalement. (P15.ET) J'étais vraiment chanceuse de ce côté-là. […] Oui, c'est stable sauf que ce n'est pas l'idéal non plus. C'était quand même correct. (P19.A)

Voyons maintenant quelques commentaires de nos participants décrivant l’instabilité qu’ils vivent en enseignement : Je n'ai pas de chiffre exact, mais je pense que je

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peux compter sur les doigts d'une main le nombre de [périodes de] suppléance que j'ai faites de septembre à décembre. (P10.EF) J'ai un emploi jusqu'au mois de juin, après ça, ben y'a rien à l'école où que je suis présentement, y'a rien pour l'année prochaine. (P16.ES) Quand tu as un contrat, t'es confortable, tu as ta stabilité, mais pour un an. Ça ne dure pas plus qu'un an, parce que c'est ça, après ça c'est à recommencer. […] Mais quand t'as rien, c'est sûr que c'est beaucoup de questionnements, d'insécurité pis aucune stabilité. (P7.EM) C'est dur à prévoir, parce qu’on ne sait jamais. Premièrement, c'est sur appel. Deuxièmement, ils nous disent qu'il y a tellement de monde sur les listes d'attente, qu'on ne sait pas. C'est tu 10 ans avant d'avoir une permanence? C'est tu 15 ans? (P3.EUSET)

Très instable. Des semaines sans travailler, j'en ai vu. Tu travailles une période dans la semaine, puis d'autres semaines, tu dois dire non, parce que tout le monde t'appelle en même temps. Toutes les écoles t'arrachent. Mais… non, ce n'est pas stable généralement. Même là… même si j'ai été stable pendant presque trois mois, en septembre j'ai absolument rien. J'ai des promesses, mais on ne s'y fie pas. Je n'ai rien en septembre. (P1.EF) Pour ce qui est de la stabilité, c'est stable à court terme. Dans le sens où là, j'avais un contrat déterminé, je ne pouvais pas perdre mon emploi. Cette année, l'année prochaine, en fait, à partir de l'automne 2014, ce que je vais probablement avoir comme contrat, c'est un congé de maternité. La personne peut décider de revenir à l'avance si elle le veut. Donc, stabilité oui et non, dans le sens où oui le contrat va être là, mais le contrat peut se terminer plus tôt que prévu. Après ça, à long terme, stabilité zéro, parce que c'est un statut précaire, ce n'est pas un poste que j’ai. (P6.EFET)

C'était jamais, jamais garanti. […] On m'a dit : bon ben voici un groupe, il se peut que l'enseignante revienne, mais ce n'est pas certain. À ce moment-là, elle est revenue au bout de deux semaines. Sinon la suppléance, on ne s'attend à rien, on fait notre période ou notre journée pis ça finit là. (P17.EFET)

Deuxièmement, nous avons demandé à nos participants de nous dire quel type de poste ils occupent en enseignement. La figure 9 présente ces données. Notons que nous considérons ici seulement les participants travaillant en enseignement au moment de l’entrevue. Ainsi, nous avons un total de quatorze cas. Cinq personnes occupent un emploi occasionnel et sur appel; ils font de la suppléance. Cinq personnes ont un contrat à temps partiel, allant de six périodes par cycle à un pourcentage se rapprochant du 100 %. Trois personnes ont un contrat à temps plein, c’est-à-dire une tâche représentant 100 % de la

tâche d’un enseignant, mais pour une période indéterminée ou pour un maximum d’une année scolaire. Enfin, une seule personne a un poste permanent. Notons que cet enseignant travaille dans l’Ouest canadien et nous a mentionné qu’il n’a pas l’intention d’occuper ce poste de façon permanente.

Troisièmement, nous avons demandé à nos participants s’ils devaient occuper un autre emploi pour subvenir à leurs besoins financiers. Treize enseignants nous ont dit qu’ils devaient occuper un autre emploi, cinq enseignants nous ont dit qu’ils vivaient seulement de l’enseignement, sans occuper un autre emploi, et deux personnes n’ont jamais enseigné et donc, ne pouvaient pas répondre à cette question. Les enseignants qui doivent travailler dans un autre emploi pour combler leurs besoins financiers nous ont, par contre, fait part des difficultés qu’ils rencontrent à occuper deux emplois. En effet, ne voulant pas se priver de faire de la suppléance ou d’avoir un contrat, ils demeurent disponibles les jours de semaine pour les écoles, devant donc travailler à temps partiel les soirs et les fins de semaine. Lorsqu’ils ont des heures en enseignement, il leur arrive de travailler en journée et en soirée — au cours de la même journée — ou de faire des semaines de six ou sept jours

Occassionnel et sur appel : 5 Contrat à temps partiel : 5 Contrat à temps plein: 3 Permanence: 1 Nombre de cas

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de travail, ce qui leur occasionne du stress et de la fatigue. De même, ils doivent travailler lors des vacances d’été des enseignants : C'est sûr que j'avais fait un peu plus d'argent cette année-là que ce que j'avais envisagé, mais pas assez pour dire que je ne travaillerais pas durant l'été. J'ai fini, mettons on va dire le 23 juin à 11 h 30 pis à 13 h 15 je commençais au camp de jour. J'ai eu des vacances : je faisais la route de Québec à Shawinigan… C'était ça mes vacances pis après je recommence. (P18.ET) C’est de ne jamais avoir de fin de semaine, de ne jamais avoir de soir. […] C'est le fait de ne pas avoir de temps ensemble [en couple] pis c'est le fait d'être toujours fatiguée et stressée. C'est ça, mai et juin, je travaillais six jours, sept soirs. (P14.A) Vu que j'avais un emploi très flexible pis un employeur très compréhensif, je n'avais aucun stress. Je savais que je pouvais travailler n'importe quand ou revenir n'importe quand. C'est pour ça que ça m'a permis d'essayer le monde de l'enseignement, comparativement à quelqu'un qui doit garder son autre emploi. J'étais vraiment chanceuse de ce côté-là. (P19.A)