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Les travailleurs dans un autre domaine que l’enseignement

CHAPITRE 4 : LA PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

4.1 L’ENTRÉE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

4.2.8 Les travailleurs dans un autre domaine que l’enseignement

Dans le cadre de notre recherche, nous avons rencontré trois personnes qui travaillent actuellement dans un domaine autre que l’enseignement. C’est dans cette section que nous verrons ce qu’elles avaient à nous dire sur ce changement de carrière. Notons qu’ici, nous nous intéressons à ceux qui ne sont pas étudiants, même si certains de ceux-là ont quitté l’enseignement. Les réponses des participants qui ont quitté l’enseignement et étudient dans un autre domaine ont été analysées dans la section précédente. Ainsi, nous étudions ici les réponses de trois participantes. La participante P8.A n’a jamais travaillé comme enseignante, alors que la participante P19.A a eu un contrat et a ensuite quitté le domaine. La participante P14.A, dont nous avons également présenté des réponses dans la section précédente, a enseigné tout en étudiant et a ensuite quitté le domaine. Voyons d’abord pourquoi elles ont quitté l’enseignement et ensuite si leur situation professionnelle s’est améliorée.

Deux principales raisons expliquant pourquoi elles ont quitté l’enseignement ont été évoquées par nos participantes : les conditions de travail et l’enseignement comme tel. D’une part, pour la participante P8.A et la participante P14.A, l’instabilité des débuts dans l’enseignement est une problématique : L'incertitude des horaires, être sur appel tout le temps. Le concept d'incertitude est vraiment problématique. Pas savoir quand tu travailles,

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où tu travailles, pas savoir tes horaires, pas savoir combien d'heures tu vas faire dans une semaine. Je viens de m'acheter une maison, fac c'est impossible d'avoir un salaire qui varie tout le temps. (P8.A) Dans le fond, les raisons qui me poussent à aller vers ça [un autre emploi], je trouve ça très difficile l'insertion, parce que ben là, moi ça fait quelques années que je suis avec mon copain, j'ai 28 ans, si je veux avoir des enfants pis acheter quelque chose avec lui un jour, […] je ne vois pas en enseignement le jour où ça va arriver. […] La tâche, je vis bien avec ça quand même, mais c'est l'instabilité. (P14.A)

D’autre part, pour les participantes P8.A et P19.A, les tâches demandées aux enseignants (la gestion de classe, la planification et l’enseignement) les ont poussées à changer de domaine :

C'est vraiment par rapport à moi, ce que je voulais, dans mon dedans! J'aimais pas ça enseigner devant des gens. Je ne suis pas à l'aise devant 36 personnes pis je peux t'expliquer pourquoi. Quand je suis avec un élève un pour un, je le vois, il comprend ou il ne comprend pas. Pis j'ai besoin de m'assurer que l'élève comprend, toujours, toujours, toujours. C'est peut-être un petit peu intense, mais j'ai toujours besoin de savoir que l'élève comprend. Quand j'en ai 36 en avant de moi, je ne peux pas m'assurer qu'ils comprennent pis ça me dérange, ça me dérange vraiment beaucoup. Fac ça c'était un gros élément de ma décision. (P8.A)

Finalement, planification, correction, gestion de classe, c'était comme tout un peu difficile. […] L'important c'est d'être bien pis dans l'enseignement, morale de l'histoire, je n'étais pas très bien! (P19.A)

Voyons maintenant si leur situation professionnelle s’est améliorée, par rapport à l’enseignement. Avant tout, mentionnons que la participante P8.A travaille actuellement en ressources humaines, la participante P14.A travaille pour un organisme fédéral et la participante P19.A travaille à temps partiel dans un organisme communautaire, en plus d’être mère au foyer à temps plein. Cette dernière est également en processus de réorientation et en recherche d’emploi. D’un point de vue professionnel, deux participantes ont des emplois stables et à temps plein. Elles ont de meilleures conditions de travail que ce qu’elles avaient en enseignement : Ce poste-là, c'est un poste permanent et c'est des bonnes conditions, le salaire est bon, c'est 37,5 heures par semaine et une garantie d'avoir un emploi à vie. (P14.A)

Je suis vraiment contente des décisions que j'ai prises. Parce que je vois mes amis, qui ont fini le bac en même temps que moi, je ne voudrais pas faire ça. Je ne voudrais pas vivre comme ça, dans l'incertitude tout le temps, de se lever tout le temps à 6 h pour regarder son téléphone jusqu'à 7 h en attendant un appel pis se recoucher en disant : bon ben ils m'ont pas appelée. Je ne serais pas capable de vivre comme ça, fac je suis vraiment contente de mon choix. […] Je fais 35 heures de jour dans un bureau. (P8.A)

De plus, d’un point de vue personnel, les participantes semblent heureuses d’avoir quitté l’enseignement, puisqu’elles se sentent maintenant valorisées et respectées dans leur travail, comme l’exprime cette participante : Ça arrive souvent que je vais le rencontrer [le patron] dans son bureau pis là je dis : telle affaire, il me semble qu'on pourrait faire ça comme ça pis je sens que c'est respecté et valorisé. (P14.A) Enfin, la participante P19.A, qui est en recherche d’emploi, tente de trouver quelque chose qui correspond davantage à ses valeurs : Moi, j'aimerais ça aller travailler dans des organismes plus communautaires, vraiment où est-ce que justement l'équipe de travail, c'est pas du monde stressé avec un air bête, parce qu'ils ne joignent pas les deux bouts, du monde où est-ce qu'ils sont passionnés pis qu'ils veulent faire une différence pis être là finalement. (P19.A)