Les regrets quant au cheminement

Seulement deux personnes ont affirmé qu’elles avaient des regrets quant à leur cheminement. Quatre personnes ont mentionné qu’elles avaient en partie des regrets et quatorze personnes nous ont dit qu’elles n’avaient aucun regret quant à leur parcours scolaire et professionnel. Ainsi, trois personnes n’ont pas abordé cette thématique.

Étudions d’abord les deux participantes qui affirment avoir des regrets. Pour ces enseignantes, si elles avaient su les conditions de travail à l’entrée dans la profession, elles auraient probablement fait autre chose. En ce sens, elles ont des regrets : Je dirais peut-être que oui. Parce que j'aime beaucoup, beaucoup l'enseignement puis je suis sure que je pourrais en faire ma vie pis je serais compétente pis j'aimerais ça. Ce serait motivant tous les jours d'aller travailler, mais de savoir à quel point c'est difficile d'entrer dans cette profession-là, j'aurais peut-être fait d'autres choix. (P17.EFET) De même, la participante P3.EUSET regrette partiellement son champ d’enseignement :

Je me dis, j'aurais dont ben dû pousser plus le côté primaire, j'aurais dû multiplier des expériences, par exemple service de garde, même dans les camps de jour. Avoir découvert ça plus tôt, je pense que ça m'aurait vraiment plus satisfaite que univers social. Fac, c'est ça… mais… c'est tellement… c'est sûr que non, je n'aurais pas choisi ça. […] Pis avoir su que ça serait aussi difficile de rentrer pis d'avoir un travail, je ne pense pas non. (P3.EUSET)

Ce sont également les conditions de travail qui ont donné des regrets aux participants qui affirment en avoir en partie. Leur discours est d’ailleurs teinté de cette ambigüité, puisque le métier d’enseignant pourrait les satisfaire professionnellement, si les

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conditions d’insertion étaient différentes : En ce moment, je suis vraiment satisfait de mon choix, malgré les côtés négatifs [les conditions de travail]. (P10.EF)

Je suis satisfaite de mon choix, parce que j'adore ça. Je me sens vraiment à ma place, je me sens compétente pis je me sens bien. Pis je suis insatisfaite à cause des conditions de travail. Si j'avais su les conditions… Je savais que j'allais faire de la suppléance en début de carrière, mais je ne pensais pas que ça prendrait dix, quinze ans avoir ma permanence. Je m'attendais à cinq, six ans, j'avais bon espoir. Avoir su les conditions de travail, je me serais réorientée. […] Mais, au niveau carrière, passion, j'adore ça. Ça, y'a aucun doute, c'est vraiment le métier que je veux faire. Mais à cause des conditions, si j'avais su plus tôt à l'université, je me serais peut-être redirigée en cours de route. (P7.EM)

Je ne regrette pas d'avoir fait mon bac, parce que c'est profondément ce que je voulais faire dans la vie. Des fois, je me dis que j'aurais peut-être pu choisir autre chose que le français, mais en même temps, c'est une matière qui me plait vraiment beaucoup. Je sais pas… Je n'ai pas de regrets, je le referais peut-être de la même façon, peut-être pas, je ne peux pas dire. (P12.EF)

Moi, je me suis dit : bon, je ne suis pas tout à fait sure, j'espère que ça va marcher parce que c'est vraiment quelque chose que je trouve beau l'enseignement pis que je respecte. […] Fac oui, j'ai quand même certains regrets, mais bon nécessairement, ça fait de moi la personne que je suis aujourd'hui. Ça donne rien de regretter réellement, au quotidien. Je veux dire… j'aurais pu faire autre chose, mais bon. C'est ça… c'est ça, tu rencontres certaines personnes à certains moments, c'est ton vécu. Fac je ne suis pas nécessairement déçue. (P19.A)

Enfin, les autres participants ont affirmé qu’ils n’avaient pas de regrets quant à leur cheminement, même si certains se sont réorientés. Effectivement, ces quatorze participants font une rétrospective positive de leur parcours scolaire, qui les a formés professionnellement et personnellement : C'est sûr que je ne regrette pas. Je suis content de l'avoir [le baccalauréat] parce que j'ai appris plein de choses intéressantes pis j'ai rencontré plein de monde intéressant. (P11.EF) Je n'ai pas de regrets quant à mes choix, quant à mon parcours scolaire. (P5.EFET) Je ne regrette pas, parce que je pense que c'est ce qui fallait que je vive. Je pense que ça m'a vraiment développée comme personne. Moi en tout cas, je me suis vue transformée. C'est sûr que ça m'a fait mal, mais je me suis vue transformée, donc je ne regrette pas. (P20.ET) Je ne regrette pas du tout d'avoir complété mon bac. Même… J'ai envie de dire que je suis contente de l'avoir fait avant [la technique

en théâtre production]. […] C'est un programme qui est très, très chargé, fac d'avoir des méthodes de travail liées à mon parcours à l'université, ça m'aide. (P15.ET)

Je trouve que finalement, le chemin que j'ai fait… Je trouve que c'était le bon pour faire ce que je veux, me sentir compétente dans ce que je veux faire. […] Sachant que c'est important d'accompagner les élèves dans le développement de leurs compétences langagières autant au primaire pis au secondaire que même au cégep pis à l'université, je suis comme vraiment contente d'avoir fait un bac en enseignement du français finalement. Je l'ai comme regretté dans un premier temps, mais aujourd'hui quand j'envisage ce que je veux faire dans la vie, je me dis c'est vraiment ça que je devais faire. (P18.ET)