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CHAPITRE 4 : LA PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

4.1 L’ENTRÉE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL

4.2.7 La poursuite des études

4.2.7.1 Les raisons du retour aux études

Maintenant, voyons précisément ce que les participants avaient à nous dire sur les motifs derrière leur retour aux études. Il est important de noter que tous les enseignants ont autant mentionné des raisons professionnelles que personnelles. En effet, nous constatons qu’ils ont décidé de poursuivre leurs études principalement pour améliorer leur situation professionnelle, mais qu’ils avaient un intérêt pour le programme qu’ils ont suivi ou qu’ils suivaient encore au moment des entrevues; ils ne l’auraient pas fait s’ils n’avaient pas eu d’intérêts personnels. Nous pouvons tout de même classer les raisons professionnelles en quatre catégories.

Premièrement, quatre enseignants ont mentionné poursuivre leurs études pour essayer de travailler davantage. Ils ont décidé de compléter leur formation pour ajouter une corde à leur arc et avoir un plan B : Y'a aussi qu'avec un bac en littérature, théoriquement,

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tu peux enseigner au cégep. Ça m'ouvre une porte de plus. (P1.EF) Ben, en fait ce qui a motivé mes choix à faire le certificat en langue anglaise, c'est le manque d'emploi en univers social. Je savais, plus le bac avançait, plus on voyait les perspectives d'emploi réelles pis plus on se disait : non, ça ne débloquera pas, on n'aura rien en sortant. Moi, je me suis retournée. (P13.EUS) J'ai décidé de m'inscrire au bac en enseignement du français, pour ajouter une matière de plus. Je me disais : si j'ai trois matières, ça peut juste m'aider en suppléance. (P14.A)

Parce que probablement que si j'avais de l'emploi en univers social, c'était mon domaine préféré, c'est sûr que j'aimerais ça. Mais là… présentement, y'a rien. Donc, j'ai pas le choix on dirait de me trouver autre chose si je veux rester dans ce domaine-là. Sinon, c'est quasiment impossible ou faut que je déménage ou... Donc, pour rester à Québec pis avoir du travail pis aussi apprécier ce que je fais, c'est pour ça que j'ai choisi le primaire. (P3.EUSET)

Deuxièmement, trois enseignantes ont décidé de parfaire leurs connaissances en étudiant au deuxième cycle. Il s’agit des deux enseignantes étudiant en adaptation scolaire et de l’enseignante à la maitrise en orthopédagogie. Se sentant démunies devant certains élèves en difficulté, elles ont décidé de s’outiller pour répondre à leurs besoins : Je sentais qu'il me manquait du bagage pour les aider spécifiquement ces élèves-là. Je trouvais que le DESS, ça m'engageait dans un processus qui était moins long qu'une maitrise et qui allait me donner des outils concrets, parce que c'était des stages plutôt que la rédaction d'un mémoire. (P6.EFET) Je m'étais rendu compte en stage IV que je ne connaissais rien aux élèves en difficulté, que de mettre une définition sur la dysorthographie, c'était impossible. (…) J'ai fait : ok, y'a un problème là, y'a une lacune ici et je me suis dit : je vais y aller. (P2.EFET) Au lieu de faire une complète réorientation, je voyais l'opportunité de retrouver des éléments que j'aimais : travailler avec les élèves en difficulté, conseiller les enseignants, planifier des séquences, en me dirigeant plus en orthopédagogie. […] Je trouvais que mon mandat serait plus clair. (P18.ET)

Troisièmement, trois participantes à notre recherche ont choisi de poursuivre leurs études pour améliorer leurs conditions de travail ou tout simplement parce qu’elles avaient du temps libre. L’instabilité et le manque d’emploi en enseignement sont les raisons de leur retour aux études : C'est plate quand tu te reposes toujours les mêmes questions chaque

année : Est-ce que je vais avoir une job? Est-ce que j'en n'aurais pas? Pis où est-ce qu'elle va être ma job? Est-ce qu'elle va être genre à trois heures d'ici ou pas? (P20.ET) C'est le fait que quand, au mois de janvier, je ne vais plus à l'école, j'ai vraiment… je n’ai comme plus de statut finalement, parce que je ne suis plus étudiante, mais je ne travaille pas non plus encore. Le fait que je ne travaillais pas, que j'avais énormément de temps pour penser, ben là, je me suis dit : bon ben je pense que c'est le temps là. (P17.EFET)

Je ne cacherai pas que je trouve les conditions très difficiles pour les enseignants, tant pour la stabilité que pour le salaire. C'est des conditions que je trouve très exigeantes, c'est beaucoup d'heures, c'est un salaire bas versus les efforts, le temps que tu mets, le diplôme de quatre ans. C'est peu payé pour toutes les heures que tu fais dans la journée, les soirs, les fins de semaine. Donc, moi j'aspire à avoir peut-être une carrière un peu plus… ben avec une meilleure rémunération, des meilleures conditions de travail, mais en étant quand même dans le monde de l'éducation. (P5.EFET)

Quatrièmement, pour deux participantes, c’est le travail d’enseignant comme tel qui les a incitées à poursuivre leurs études : Là, je me suis dit : je ne peux pas vivre comme ça. […] Je me mettais beaucoup de pression. […] C'est sûr que ça été une décision relativement difficile à prendre, parce que justement, j'aimais beaucoup être avec les élèves, j'aimais ça leur enseigner, mais c'est ça je me mettais trop de pression pis […] c'est le programme qui était vraiment source d'angoisse. (P15.ET) Moi, j'avais deux problèmes : ma gestion de classe pis aussi la planification. (P20.ET)

Nous pouvons aussi classer les raisons personnelles, cette fois, en trois catégories. D’abord, bien que tous les étudiants nous aient fait part de leur intérêt pour leur domaine d’études, pour quatre d’entre eux, il s’agit principalement d’une raison personnelle. Effectivement, le participant P1.EF et les participantes P13.EUS, P3.EUSET et P14.A ont effectué un retour aux études parce qu’ils appréciaient le contenu des programmes.

Ensuite, trois étudiantes ont mentionné qu’elles ont poursuivi leurs études parce qu’elles aiment l’école, apprendre et parce qu’elles se sentaient encore jeunes pour entrer à temps plein sur le marché du travail. Deux participantes expriment bien ce sentiment : Dans le fond, pourquoi je suis allée au deuxième cycle, en partant ça n'a pas été sorti d'un chapeau, c'est vraiment depuis que je suis toute petite, j'ai toujours voulu me rendre loin,

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aller le plus loin possible. Je me disais : je veux un doctorat pis j'avais dix ans! (P17.EFET) Je me trouvais trop jeune ou pas assez prête pour commencer à travailler, réellement. Pis, j'avais envie de poursuivre mes études. J'aime ça, étudier. (P6.EFET)

Enfin, les quatre autres enseignantes ont choisi de poursuivre leurs études parce qu’elles ne se voyaient pas en enseignement; elles veulent changer leur parcours professionnel : Je ne pense pas que ma place est nécessairement dans une classe, à enseigner. Je préfèrerais avoir un poste plus de gestion. Ça peut être dans une école ou ça peut être pour l'État, dans la fonction publique. J'aimerais quand même que ce soit dans le monde de l'éducation, parce que c'est un domaine qui me passionne. (P5.EFET) C'est sûr que j'ai toujours été déchirée entre les domaines. Maintenant, je suis en théâtre production, j'ai toujours été attirée par le domaine du théâtre. (P15.ET)

Pis je savais aussi que, il fallait aussi que mon choix d'aller en ortho soit conséquent avec ma prise de conscience que je suis du genre à tout le temps en mettre plus. Je sais que mettons en orthopédagogie au secondaire, […] tu ne suis pas autant d'élèves qu'une prof de français peut avoir d'élèves. Je savais qu'un moment donné… Tu les accompagnes en ortho, ce n'est pas toi qui leur enseigne, fac peut-être que… je sentais que je me sentirais peut-être un petit peu moins préoccupée. Je savais que là, en choisissant ça, je ne me mettrais pas encore les pieds dans les plats à prendre une job que je ne sais jamais quand arrêter. (P18.ET)

Ce qui m'a fait décider que je ne retournerais pas, c'est quand je suis venue à l'université chercher mon dossier d'évaluation de mes stages. […] Pour m'aider dans ma décision, je me suis dit : je vais aller voir qu'est-ce qui est écrit. AH! Ce n'était pas une bonne idée! Dans le sens que… je me questionnais beaucoup sur est-ce que je continuais pis j'avais trouvé ça difficile mes stages. Est-ce que j'avais vraiment envie de faire ça? Pis ça m'avait rentré dedans, ce qui était écrit... Ce n'est pas tant des attaques personnelles pis tout ça, mais ça m'avait fait mal. J'aurais aimé ça qu'on me le dise plus. Je trouvais qu'il y avait des choses qui étaient écrites qu'on ne m'avait pas dit. (P20.ET)