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De la stabilisation du Franc aux discussions de l’été

Parcours d‘un financier (1877–1929)

A. La difficil e convocation d’un nouveau comité des experts (septembre 1928 –janvier 1929)

1. De la stabilisation du Franc aux discussions de l’été

En 1928, le plan Dawes est proche de son échéance, prévue pour le 31 août 1929. Il a engen- dré un afflux de capitaux américains qui a permis à l‘Allemagne de payer les réparations tout

en disposant de capitaux pour son industrie. Une large partie des paiements s‘est faite en na-

ture, le reste est payé en marks160. L‘Agent général des paiements, l‘Américain Parker Gil- bert, est chargé du transfert en devises étrangères des paiements qui s‘effectuent en Reich-

smark, sous la direction d‘un « comité des transferts » de cinq membres américain, français,

britannique, italien et belge, qu‘il préside. Mais l‘Agent estime que ce système qui prévoit une

160

Par exemple, sur les 3939 millions de marks or qui ont été transférés à la France, 2394 millions ont été payés par des livraisons de charbon, produits chimiques, engrais azotés, colorants, produits phar- maceutiques, bois, sucre, pâte à papier...

protection des transferts allemands et donc une forme de sécurité pour l‘Allemagne, fonc-

tionne mal. Il propose que l‘Allemagne paye moins mais assure elle-même le transfert. Outre

les rapports de Parker Gilbert et le fait que le plan Dawes arrive à échéance, les Puissances concernées, France, Allemagne, Italie, Japon, Belgique, Royaume-Uni et États-Unis par le biais de banquiers américains, veulent le remplacer pour deux raisons.

Le premier motif est la nécessité pour Paris de protéger le nouveau franc Poincaré. Ce dernier naît officiellement le 23 juin 1928, après une stabilisation officieuse pendant l‘hiver 1926- 1927. Mais les créances contractées pendant la Grande Guerre par la France auprès des États- Unis et des Britanniques font peser un risque sur la monnaie française. En effet, en juin 1928,

la République n‘a toujours pas mis en application les accords signés le 29 avril 1926 avec les

États-Unis et le 12 juillet suivant avec le Royaume-Uni qui prévoient des remboursements des dettes interalliées sur 62 ans. Sans ratification de ces accords, la France paye ses créances dans des conditions nettement moins favorables et une échéance en particulier inquiète : le 1er août 1929, 400 millions de dollars doivent être remboursés161. Le gouvernement cherche alors une solution définitive aux réparations pour faciliter la ratification des deux accords.

La seconde raison est la volonté allemande de trouver une solution définitive aux réparations

à partir du début de l‘année 1928162

. Schacht, l‘Auswärtiges Amt et le ministère de

l‘Économie veulent consolider la confiance internationale dans l‘économie allemande, en

élargir le commerce extérieur et stabiliser la situation économique européenne. La clause des transferts du plan Dawes gêne l‘économie du Reich en faisant peser sur elle de lourdes con- traintes et en diminuant la compétitivité des produits allemands. Schacht veut également évi-

ter une crise du crédit qui mettrait en danger l‘économie allemande163

. Au plan politique, Ber- lin doit aussi trouver un moyen de faire cesser l‘occupation de la Rhénanie, menace perma-

nente contre toute diplomatie d‘envergure. L‘un des problèmes de la politique allemande est

de déterminer la meilleure tactique pour obtenir le retrait des troupes françaises :

l‘affrontement ou la coopération ?

161

Étienne Weill-Raynal, Les Réparations allemandes et la France, Tome III, L'application du plan

Dawes, le plan Young et la liquidation des réparations (avril 1924-1936), Paris, 1948 p. 397

162

Peter Krüger, Die Außenpolitik der Republik von Weimar, Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt, 1985, 605 pages, p. 436.

163

« Die Sorge insbesondere Schachts vor den Folgen plötzlicher Kreditabzüge, vor allem der umfan- greichen kurzfristigen Gelder, im Falle einer wirtschaftlichen Krise erwies sich als nur zu berechtigt. […] Stabilisierung der internationalen Finanzbeziehungen sowie Vorsorge für den Fall einer Krise oder besser noch für ihre Vermeidung mußten also das Ziel sein. » Ibidem, p. 445-446

Cette convergence d‘intérêts franco-allemands rend la révision du plan Dawes possible, à un moment où le rapprochement entre les deux pays connaît une sorte d‘âge d‘or, depuis la créa- tion de l‘Entente internationale de l‘Acier qui réunit la France, la Sarre, le Luxembourg, la

Belgique et l‘Allemagne en 1926 et l‘accord de commerce signé par les deux voisins en août 1927. Le 27 août 1928, la conclusion du pacte Briand-Kellogg, qui condamne le recours à la

guerre, est l‘occasion de discussions bilatérales sur la possibilité d‘une évacuation anticipée

de la Rhénanie en échange d‘un règlement définitif des réparations. Les représentants des

États concernés, à l‘exception des États-Unis, se rencontrent en septembre 1928 à la IXe

ses-

sion ordinaire de l‘Assemblée de la Société des Nations. Malgré une vive tension entre leurs

deux nations à l‘occasion du discours du chancelier allemand Hermann Müller, les délégués français et allemands y discutent en présence de leurs homologues anglais, italien, belge et japonais164. Aristide Briand, ministre français des Affaires étrangères, propose alors une solu-

tion générale permettant à la fois l‘évacuation des deux zones encore occupées en Allemagne

et un règlement des problèmes posés par le plan Dawes et les réparations. Le 16 septembre 1928, les représentants des puissances concernées se mettent d‘accord :

« 1° sur l‘ouverture d‘une négociation officielle au sujet de la demande présen- tée par le chancelier du Reich tendant à une évacuation anticipée de la Rhéna- nie ;

2° sur la nécessité d‘un règlement complet et définitif des réparations et de la constitution, pour atteindre ce but, d‘une Commission d‘Experts financiers dé-

signés par les six Gouvernements ;

3° sur le principe d‘une Commission de constatation et de conciliation, dont la

composition, le mode de fonctionnement, l‘objet et la durée seront soumis à une négociation entre les Gouvernements intéressés. »165

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