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La crise de décembre 1929 et la démission de Hilferding, ministre des Finances

Parcours d‘un financier (1877–1929)

B. L’hostilité irréductible entre Schacht et le gouvernement Müller

1. La crise de décembre 1929 et la démission de Hilferding, ministre des Finances

En 1929, l‘endettement à court terme du Reich augmente, entraînant la suspicion des créan-

ciers, étrangers ou allemands, qui ne prêtent en conséquence qu‘à court terme. Un problème se pose avec insistance : le Reich peut-il surmonter ses difficultés budgétaires ? Les répara- tions sont reliées à cette question dans la mesure où leur paiement dépend aussi de la santé financière du Reich.

En juin 1929, l‘Allemagne a contracté un emprunt extérieur contre l‘avis de Schacht. Le Pré-

sident de la Reichsbank reste cependant neutre, car la banque centrale ne peut empêcher ce

type d‘emprunt si elle n‘y prend pas part. À l‘été 1929, Schacht et le Reich empruntent un

« chemin étrange337 », en tentant de négocier séparément et en concurrence des emprunts à

l‘étranger. Alors que le gouvernement approche la banque américaine Dillon Read, Schacht

cherche à négocier avec JP Morgan. Le Président de la Reichsbank tente d‘approcher deux proches collaborateurs du banquier américain. Morgan lui-même finit par condamner toute

l‘opération338

.

Schacht observe alors les négociations du ministre des Finances, Hilferding, avec Dillon Read. En octobre 1929 à Baden-Baden, il est tenu au courant par le Vice-président du direc- toire de la Reichsbank Dreyse de l‘évolution des négociations. La banque américaine a offre 75 millions de dollars à Hilferding. Associés à un emprunt suédois, le Reich pourrait obtenir un total de 200 millions de dollars, mis à disposition par Lee Higginson, Dillon Read et les Suédois, à un taux de 7 1/8 %. Dreyse conteste le taux d‘intérêt, jugé effrayant. Dans le reste du monde, les taux oscillent entre 6 et 6 ½ %339. Contacté par Dillon Read, Schach est lui- aussi fortement hostile à cette offre :

« Mon impression générale est cependant que, si nous continuons à traiter nos

finances en Allemagne de telle manière que nous reléguons tout à l‘économie

de crédit, non seulement nous sabotons notre propre liberté d‘action lors des négociations finales concernant le plan Young de la plus mauvaise manière et éprouverons de nouveaux échecs en politique étrangère mais l‘apaisement et la réduction des prix absolument nécessaires pour la facilitation de la situation économique allemande sur le marché des capitaux deviennent moins réali- sables. Les conséquences économiques globales qui en résultent devraient

s‘imposer au ministre des finances du Reich. »340

337

Harold James, The German slump… op. cit., p. 56

338

Idem et ADAP Serie B Band XII, n° 208

339

BARCH Koblenz, Nachlaß Schacht, N/1294/3, Lettre de Dreyse à Schacht, 24 octobre 1929.

340

La divergence entre Schacht et Hilferding se confirme en novembre, lorsque le premier, de

passage à Berlin à l‘occasion d‘une pause des négociations de Baden-Baden, évoque le plan

de réforme du gouvernement ainsi que le budget341. Schacht et le gouvernement s‘opposent sur le programme financier du second. Ce conflit se résout lord d‘une crise cathartique les 19 et 20 décembre 1929.

a. Le programme financier du gouvernement Müller face à Hjalmar Schacht

Le programme financier du gouvernement allemand, présenté par le ministre des finances social-démocrate Hilferding, comprend une réduction d‘impôts et de taxes correspondant à 910 millions de Reichsmark pour la première année de son application. Parmi les plus fortes

baisses, l‘impôt sur le revenu est amoindri de 200 millions, les impôts réels, calculés notam- ment sur les biens fonciers, sont diminués de 290 millions, les charges pesant sur l‘industrie sont amorties de 130 millions et l‘impôt sur le sucre est supprimé342

. Pour compenser partiel- lement cette perte de revenus, un programme immédiat (Sofortprogramm) prévoit parallèle- ment une forte augmentation des impôts sur la bière et le tabac. La réforme comprend égale- ment un changement des relations entre l‘État et les Länder, qui modifie la répartition des impôts aux dépens des seconds et impose un contrôle accru des communes par les cours ré- gionales des comptes.

Les diminutions d‘impôts répondent pour partie aux revendications du RDI, soutenu par la

Reichsbank et Schacht, et aux recommandations du rapport des experts343. La banque centrale a demandé un changement de la politique économique, comprenant la suppression des impôts sur les successions et les biens, de la taxe sur les bénéfices sur les capitaux et de la tranche supérieure de l‘impôt sur les revenus. Ces impôts et taxes devaient être remplacés par des

weiter behandeln, das wir alles auf zusätzliche weitere Pumpwirtschaft abstellen, wir nicht nur bei den kommenden Schlussverhandlungen anlässlich des Youngplanes uns selbst die Freiheit des Handelns in der schlimmsten Weise beschneiden und neue außenpolitische Niederlagen erleben werden, sondern daß wir auch die für die Erleichterung der deutschen Wirtschaftslage unbedingt erforderliche Beruhi- gung und Verbilligung auf dem Kapitalmarkte in weite Ferne rücken. Die gesamtwirtschaftlichen Konsequenzen, die hieraus resultieren, sollte sich das Reichsfinanzministerium vor Augen halten. » in

BARCH Koblenz, Nachlaß Schacht, N/1294/3, Schacht à Dreyse, Baden-Baden, 25 octobre 1929.

341

Müller II, Band 2, n° 335, 1er novembre 1929

342

Müller II, Band 2, n° 374 « Ministerbesprechung vom 9. Dezember 1929, 10 Uhr : 1. Fortsetzung: 16 Uhr; 2. Fortsetzung: 20.30 Uhr »

343

Harols James, The German Slump… op. cit., p. 55 et Peter Krüger, Op. cit., p. 488 explique que le

taxes sur des biens de grande consommation. Elle conseille également une diminution dras- tique de l‘assurance-chômage344. L‘attention portée par le programme gouvernemental aux

finances des communes bénéficie également de l‘assentiment de Schacht qui s‘élève systéma-

tiquement contre leurs dérapages bidégtaires. Mais les désaccords entre le gouvernement et la

banque centrale sont forts, malgré l‘assainissement de l‘assurance-chomâge prévu par le gou-

vernement.

Le 6 décembre 1929, ces divergences amènent Schacht à publier un mémorandum, que le gouvernement critique violemment. Les discussions qui suivent cette publication déclenchent une crise ministérielle.

Le contenu du mémorandum du 6 décembre 1929

Le 27 novembre 1929, Schacht et Curtius, nommé ministre des Affaires étrangères à la mort de Stresemann, s‘entretiennent de la possibilité pour Schacht de participer aux travaux de la conférence de La Haye345. Au terme de cette entrevue, la discussion s‘oriente sur les finances du Reich et sur le plan proposé par Hilferding. Selon Schacht, le Reich est en faillite et le mi- nistre des Finances est un « banqueroutier ». Le 4 décembre, au cours d‘une discussion à la- quelle participent Hilferding, Paul Moldenhauer, ministre de l‘Économie, et Müller, Schacht désire faire connaître son opinion sur la réforme des finances. Il veut aborder les problèmes de

l‘assainissement des finances et de la diminution des charges. Pour lui, l‘abaissement des im-

pôts aggrave la situation économique. Dès cette date, le gouvernement réfute les propositions de Schacht qui sont politiquement impossibles à accepter.

Schacht souhaite parler en tant que Président de la Reichsbank et signataire du plan Young. Il établit un lien explicite entre la crise budgétaire de décembre 1929 et les négociations sur le plan Young. Il estime notamment qu‘il aurait dû être consulté sur les décisions prises au titre du chapitre IX du plan Young (liquidation du passé) :

« À Paris, je n‘ai jamais reconnu que les annuités du plan Young seraient sup- portables pour nous, seule la mise en place des différentes clauses de sécurité a

diminution des dépenses sociales.

344

Harold James, The German Slump… op. cit., p. 55

345

ADAP Serie B Band XIII, n° 164 « Aufzeichnung des Reichsministers des Auswärtigen Curtius. Abschrift. Berlin, den 30. November 1929. Niederschrift über eine Besprechung mit Reichsbankpräsi- dent Dr. Schacht während eine Frühstücks am 27. November 1929 ».

permis que Kastl et moi signions. C‘est pourquoi il est pour moi établi qu‘il ne peut y avoir de paiements supplémentaires à ceux du plan Young. Le fonction-

nement des clauses du plan Young n‘est pas possible sans crise. […] Pendant

les difficiles négociations de Paris, nous avons reçu au moins quatre fois les explications du gouvernement du Reich que la politique financière nécessite de

l‘ordre et un allègement. […] Quand on parle de politique de crise, il ne faut

pas le faire au sujet de la politique de la Reichsbank mais à propos des finances

de la sphère publique. Il n‘y a qu‘un seul moyen, la diminution des dépenses. Si ce n‘est pas possible, une alternative : non-participation de la Reichsbank, un crédit du Reich à l‘ancienne manière n‘est plus possible. »346

Schacht demande une contraction des dépenses, à laquelle s‘oppose Hilferding qui ne la juge

pas opportune et préfère conclure un nouveau crédit. Le 5 décembre, Schacht s‘oppose à

l‘emprunt Dillon-Read en cours de négociation par Hilferding et esige que le gouvernement crée un fonds d‘amortissement de la dette de 500 millions de Reichsmark347

.

Le 6 décembre 1929, Schacht publie un mémorandum dans la presse allemande. Envoyé la veille aux principaux membres du gouvernement, ces derniers n‘en ont pris connaissance que

le matin de sa publication, minant encore la confiance déjà entamée qu‘ils accordent au Prési-

dent de la Reichsbank. Schacht justifie sa démarche par la volonté de limiter les responsabili-

tés qu‘il a prises lors de la signature du plan Young348

. Il estime en effet que certaines déci-

sions, en Allemagne et à l‘étranger, ont mis le plan en danger. Il avait accepté ce dernier sous la double condition qu‘il soit mis en place sans modification par toutes les puissances impli-

quées signataire et que les finances allemandes soient assainies pour faciliter les paiements du plan Young.

La première partie du mémorandum évoque le comportement des puissances créancières et les accords conclus ou demandés en matière financière. Il rappelle tout d‘abord que les experts

allemands n‘ont signé le plan Young qu‘en raison des mesures de protection qu‘il prévoit.

346

« In Paris habe ich nie zugestanden, daß Young-Zahlen für uns tragbar wären, lediglich Einbau der verschiedenen Sicherungsklauseln hat Kastl und mir die Unterschrift ermöglicht. Daher für mich feststeht: daß keine weiteren Zahlungen über Young-Plan möglich sind. Funktionieren der Klauseln des Young-Planes nicht möglich ohne Krisis. […] Wir haben während der schwierigen Pariser Bera- tungen mindestens vier Mal die Erklärung der Reichsregierung bekommen, daß Finanzpolitik Ord- nung und Entlastung braucht. […] Wenn von Krisenpolitik gesprochen wird, so nicht durch die Politik der Reichsbank, sonder durch die Finanzgebarung der öffentlichen Hand. Nur ein Mittel, Senkung der Ausgaben. Wenn das nicht möglich, dann zweierlei: Nichtbeteiligung der Reichsbank, Kredit Reiches auf bisherige Weise nicht mehr möglich. » In Müller II, Band 2, n° 367, « Reparations- und finanzpo- litische Besprechung vom 4. Dezember 1929, 16.30 Uhr »

347

Müller II, Band 2, n° 367, « Reparations- und finanzpolitische Besprechung vom 4. Dezember 1929, 16.30 Uhr », en note

348

« Quand dans des négociations avec les gouvernements étrangers sur l‘entrée en vigueur du plan Young de plus grands sacrifices sont encore exigés de

l‘Allemagne, notamment la renonciation à la revendication de propriétés ou encore le paiement de montants supplémentaires, il est d‘emblée clair que la

possibilité de pouvoir supporter les chiffres du plan Young est remise en ques- tion et que la responsabilité des experts créanciers des gouvernements étran- gers est plus lourde encore. »349

Les demandes de paiements additionnels vont à l‘encontre du plan, car ce dernier précise que

les réparations concernent l‘ensemble des Puissances concernées par les indemnités de guerre (paragraphe 168 du plan Young). De plus, pour permettre sa mise en place solide, le plan pré-

voit une diminution de la charge financière pesant sur l‘Allemagne dans les premières années

(paragraphe 113). Or ces demandes supplémentaires annulent les effets de cet allègement budgétaire. Enfin, le plan Young prévoit une clause dite all inclusive amounts (paragraphe 96, chapitre VIII) : les paiements inscrits dans le texte des experts couvrent l‘ensemble des sommes dues par l‘Allemagne. Tout versement subsidiaire appelle en conséquence une con- trepartie.

La deuxième partie du mémorandum résume ces paiements complémentaires demandés à

l‘Allemagne. Ainsi, Berlin a abandonné à La Haye un surplus de 400 millions de Reichsmarks correspondant à l‘application conjointe des deux plans pendant sept mois. Elle a accepté une

augmentation de la part non-protégée de l‘annuité de 40 millions pour les premiers paiements. Elle a renoncé aux propriétés allemandes liquidées après 1918 en Angleterre et en Pologne. Au nom de la « liquidation du passé », elle a accepté la disparition de droits financiers qu‘il est difficile de chiffrer. Elle doit payer pendant 37 ans 19,5 millions par an pour les marks

belges. Enfin, d‘autres abandons sont prévisibles, notamment sur la Sarre.

La troisième partie conteste point par point la thématique de la liquidation du passé. Schacht conclut ainsi :

« De ce qui précède, il résulte que le plan Young ne contient pas la moindre

raison d‘approuver les renoncements et paiements énumérés au paragraphe II

349

« Wenn in den Verhandlungen mit den auswärtigen Regierungen über die Inkraftsetzung des Young-Planes nunmehr von Deutschland über den Young-Plan hinaus weitere große Opfer verlangt werden, nämlich Verzicht auf berechtigte Eigentumsansprüche wie auch Zahlung zusätzlicher Be- träge, so ist von vornherein klar, daß die Tragbarkeit der Ziffern des Young-Planes noch viel mehr in Frage gestellt und die Verantwortung der Gläubiger-Sachverständigen von den ausländischen Regie- rungen noch stärker belastet wird. » in Müller II, Band 2, n° 369, « Der Reichsbankpräsident an den Reichskanzler. 5. Dezember 1929 ». Point I, 1 du mémoire.

sans contrepartie équivalente. »350

Schacht en vient ensuite à l‘assainissement des finances publiques allemandes, qui a pour

ambition de permettre le paiement des annuités et d‘alléger la charge fiscal pesant sur la pro- duction allemande :

« À ce sujet, serait d‘ailleurs nécessaire une politique financière montrant clai- rement que la diminution des paiements du plan Young serait mise à disposi-

tion de l‘économie par l‘allègement des charges […]. »351

Aucune mesure n‘a été prise pour réduire le déficit budgétaire. Les sommes libérées par l‘allègement des annuités risquent de ne pas être allouées au financement du déficit. Les dé-

penses pourraient alors ne pas être diminuées et pire encore :

« Ce qui est particulièrement menaçant est le fait que les montants manquant

s‘accroissent constamment, ce qui a mené à un endettement à court terme du

secteur public qui grandit régulièrement et dont la consolidation nécessitera beaucoup de temps. »352

En conclusion de cette argumentation, Schacht évalue que l‘économie risque d‘avoir à sup-

porter une augmentation supplémentaire des charges.

Le Président de la Reichsbank refuse catégoriquement d‘endosser la responsabilité des déve- loppements postérieurs à la signature du plan. Il somme le gouvernement de ne plus accepter de charges supplémentaires et de mettre ses finances en ordre. Il conclut :

« J‘ai combattu avec insistance l‘agitation contre le plan Young, je tiens le ré- férendum initié, que sert cette agitation, pour une lourde erreur, parce que cela mine une défense pleine de sens et de force de nos intérêts à propos du plan Young. Mais parce que je me suis engagé pour l‘acceptation du plan Young, je ne souhaite pas prendre part à sa falsification. Ce serait faire illusion de croire que nous pouvons payer quelques millions ou milliards supplémentaires ou re- noncer à des droits de propriété en plus des paiements du plan Young. Cela se-

rait faire illusion à notre propre peuple de croire qu‘il est en situation de fournir

les paiements du plan Young et peut-être encore des montants supplémentaires aux vues des actuelles charges économiques qui pourraient encore être accen-

350

« Aus allem Vorstehenden ergibt sich, daß auch nicht die leiseste Begründung im Young-Plan en- thalten ist, die im Abschnitt II aufgezählten Verzichte und Zahlungen ohne gleichwertige Gegenleis- tungen zuzusagen. » Idem

351

« Hierzu wäre aber erforderlich eine Finanzpolitik, die klar erkennen läßt, daß die Zahlungssen- kung des Young-Planes auch wirklich zur Erleichterung des Lastendruckes für die Wirtschaft verfügbar sein und nicht für andere Zwecke benötigt werden wird. » Idem

352

« Besonders bedrohlich ist, daß die ständig steigenden Fehlbeträge zu einer ständig steigenden kurzfristigen Verschuldung der öffentlichen Hand geführt haben, für deren Konsolidierung geraume Zeit benötigt werden wird. » Idem

tuées. »353

La critique du mémorandum

Le mémorandum est confié par le gouvernement, pour critique, à Kastl et Melchior qui ont accompagné Schacht à Paris, et à Hans Schäffer, secrétaire d‘État. Les deux premiers estiment

qu‘aucun expert n‘a signé sous condition, contestant ainsi le fondement de l‘argumentaire de Schacht. Les deux conditions évoquées dans le texte n‘ont donc aucune valeur juridique. De plus, ils estiment que le plan laisse ouvert à l‘appréciation politique des gouvernements la question des nombreuses créances s‘ajoutant aux réparations. En effet, la clause all inclusive

amount ne conceerne que les créances couvertes par le plan Dawes. L‘acceptation de paie-

ments supplémentaires par le gouvernement du Reich n‘est donc pas une falsification du plan

Young. Schäffer indique que la renonciation de l‘Allemagne aux propriétés allemandes en Pologne a été concédée contre une garantie d‘une meilleure protection de la minorité alle-

mande : la politique allemande repose bien sur le principe des contreparties.

Kastl et Melchior rappellent que les experts n‘ont pas résolus un certain nombre de pro- blèmes. Le surplus de 400 millions correspondant à la succession d‘un plan par l‘autre était

laissé à l‘appréciation des États. La liquidation des propriétés privées n‘est pas évoquée dans

le plan des experts car ces derniers ont été incapables de trouver un compromis.

Une conclusion se dégage de la critique de Kastl, Melchior et Schäffer : le Président de la

Reichsbank interprète le plan Young de manière très personnelle. Plus encore, il lui donne une

autorité que le texte des experts n‘a pas : le plan ne lie les gouvernements que s‘ils y consen-

tent et dans les conditions qu‘ils fixent.

Les raisons du mémorandum et les discussions qui l’ont suivi

Schacht envoie des signes contradictoires au gouvernement. Le jour même de la publication, il confie à Hermann Pünder, secrétaire d‘État à la chancellerie, que son mémonradum devrait

353

« Ich habe mit allem Nachdruck die Agitation gegen den Young-Plan bekämpft, ich halte das ein- geleitete Volksbegehren, das dieser Agitation dient, für einen schweren Fehler, weil es eine sinn- und kraftvolle Verteidigung unserer Interessen unter dem Young-Plan untergräbt. Aber gerade weil ich mich für die Annahme des Young-Planes einsetze, wünsche ich nicht, Teil zu haben an seiner Verfäl- schung. Es wäre eine Selbsttäuschung der Welt, zu glauben, wir könnten über die Young-Zahlungen hinaus noch weitere beliebige Millionen oder Milliarden zahlen oder auf Eigentumsrechte verzichten. Es wäre eine Selbsttäuschung des eigenen Volkes, zu glauben, daß es bei der heutigen oder womö- glich noch gesteigerten Wirtschaftsbelastung die Young-Zahlungen und womöglich noch zusätzliche Beträge aufzubringen in der Lage ist. » Idem

renforcer le gouvernement354. En réalité, les discussions entre Schacht et le gouvernement qui suivent la publication montrent les motivations probables du Président de la Reichsbank. Le 6 décembre 1929, le chancelier Müller constate que le texte impose au gouvernement de réagir355. Il s‘interroge sur la possibilité de mêler Schacht aux négociations de La Haye. Sur la scène politique intérieure, il propose d‘organiser un vote de confiance au Reichstag. Le gou- vernement a besoin de prendre des décisions claires pour pouvoir se présenter à La Haye. Un communiqué est publié le jour même :

« Le gouvernement du Reich doit exprimer sa surprise sur la publication. La

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