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Priorité aux transferts – Mars-juillet

De la démission au ministère de

C. Sur la scène internationale : la sortie du multilatéralisme

1. Priorité aux transferts – Mars-juillet

À l‘arrivée de Schacht à la Reichsbank, une première urgence est traitée : le crédit de rées- compte, accordé en juin 1931, est en instance de renouvellement. Ce crédit qui a été l‘une des

cibles du discours de Schacht à Bad Harzburg en octobre 1931, doit-il être remboursé ?

a. Le remboursement du crédit de réescompte et la préparation d’un moratoire du paiement des dettes commerciales

Le crédit de réescompte a été accordé le 25 juin 1931 à la Reichsbank par la BRI, la Banque de France, la Réserve Fédérale et la Banque d‘Angleterre. Il est d‘un montant de 100 millions de dollars à un taux de 7 %539. Il est renouvelé régulièrement par les quatre banques créancières, sur demande de la Reichsbank, pour des durées de un à trois mois. Le 4 mars 1932, la Reichs-

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bank en rembourse 10 millions. Quelques mois après, 4 autres millions sont restitués540. Son

taux d‘intérêt est diminué à plusieurs reprises. Lors du 19e Conseil d‘administration de la BRI

du 14 mars 1932, le taux est abaissé à 6 %. Par une lettre du 19 avril 1932, la Reichsbank de- mande un renouvellement de l‘emprunt qui arrive à échéance le 4 juin suivant, sous condition

que le taux d‘intérêt soit abaissé à 5 %, c‘est-à-dire le niveau du taux d‘escompte de la

Reichsbank541. Enfin, le conseil d‘administration du 13 mars 1933 donne une dernière fois son

accord pour le renouvellement de l‘emprunt, en prévoyant cependant le remboursement de 16 millions de dollars, le prêt n‘étant alors plus que de 70 millions de dollars, et avec une dimi-

nution du taux à 4 %. Chaque prorogation nécessite l‘accord du gouvernement allemand. Mais le 11 avril 1933, le conseil de la BRI est informé que la Reichsbank a remboursé le crédit

à la fin du mois de mars, anticipant l‘échéance prévue. Le crédit a coûté 57 millions de Reich-

smark542. Étant un crédit-or, les intérêts n‘ont pas diminué lors des dévaluations de la livre et du dollar.

Dans un rapport daté du 11 avril 1933, le consul français à Bâle rapporte les propos de Schacht sur le remboursement du crédit de réescompte543. D‘après ce texte, le Président de la

Reichsbank n‘a pas eu l‘autorisation du gouvernement du Reich de le renouveler. Il est accusé

d‘organiser l‘insolvabilité de l‘Allemagne et la limitation des transferts car ce remboursement

divise par deux les réserves en or de la Reichsbank, même si le Président de la Reichsbank

assure ne pas l‘avoir remboursé pour cette raison. La banque centrale du Reich ne dispose plus d‘une couverture suffisante de sa monnaie. À la BRI, on pense que Schacht n‘a pas eu le choix et qu‘il était opposé à ce remboursement544

.

Pour Schacht, la Reichsbank ne pouvait plus se permettre de maintenir dans ses réserves une créance aussi onéreuse. Le remboursement était donc nécessaire, mais il révèle une situation en devises intenable. Il aborde ce sujet le 7 avril 1933 en conseil des ministres. Il y rappelle les difficultés de la Reichsbank, en premier lieu les pertes en devises depuis la crise ouverte par la faillite du Creditanstallt en mai 1931. Il ne reste ce jour-là que 450 millions de Reich-

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BRI MCG3, Papiers McGarrah/Fraser, 18 – Germany Reichsbank.

540

BRI, Conseils d‘administration de la BRI, 19e conseil d‘administretion, 14 mars 1932

541

BRI, Conseils d‘administration de la BRI, lettre de Schacht à la sous-direction des relations commer- ciales, 11 avril 1933.

542

BARCH Berlin Reichskanzlei, R43/I/1461, Kabinettsprotokolle, Band 114, 04.33.

543

BRI QUE 5, Papiers Quesnay, Comptes rendus et notes Séances BRI de 1930 à 1935 et janvier–

février 1937, 11 avril 1933.

544

BRI QUE 5, Papiers Quesnay, Comptes rendus et notes Séances BRI de 1930 à 1935 et janvier–

smark en valeurs étrangères. En accord avec le ministre des finances et le ministre de

l‘Économie, il rappelle qu‘il a remboursé le crédit des banques centrales et de la BRI. Il insiste sur le fait que dans les mois précédents les pertes en devises n‘ont pas été très visibles, en

raison de la dévaluation du dollar. Mais il pense qu‘en peu de temps, il ne devrait rien rester

des réserves. Il est désormais nécessaire de préparer l‘étranger à une interruption du paiement

des dettes commerciales, afin de ne pas subir des mesures de rétorsion.

Concernant cette interruption, Schacht demande qu‘une décision soit prise le plus tôt possible,

afin de garder les liquidités nécessaires pour les affaires courantes. Il propose de contraindre le débiteur allemand de payer ses dettes en marks. Ces derniers seraient mis à disposition des créanciers. Un nouvel emprunt pourrait être contracté pour consolider les dettes communales

ou pour couvrir de nouveaux besoins du Reich. Pour aider l‘économie allemande, il faut obte-

nir une diminution des taux d‘intérêt. Il est nécessaire de trouver une tactique permettant une

faible résistance de l‘étranger, en prévision de la conférence de Londres. Les ministres de l‘Économie et des Finances sont en accord avec la solution proposée par Schacht car elle évi-

terait de faire peser une contrainte sur le commerce. Ils lui donnent pour instruction de prépa- rer les membres de la BRI à une interruption du transfert des paiements en insistant sur les

fondements moraux d‘une telle décision.

b. Le voyage aux États-Unis pour la préparation de la conférence de Londres

Après le conseil des ministres du 7 avril, une autre question se pose au gouvernement alle- mand. En effet, Roosevelt a demandé à rencontrer, à Washington, un représentant de

l‘Allemagne, en vue de la préparation de la conférence économique et monétaire mondiale de Londres. Le gouvernement du Reich, dans cette perspective, doit d‘une part désigner celui qu‘il enverra à Washington, et, d‘autre part, définir les positions à défendre.

Ces questions sont abordées une première fois le 22 avril 1933545. Le ministre des Affaires étrangères Konstantin von Neurath propose que Schacht soit envoyé à Washington. Mais la discussion est reportée à une session du comité économique du gouvernement qui se réunit le 24 avril à la chancellerie, en présence de Hitler, Papen, Neurath, Krosigk, Göring, Seldte (mi- nistre du Travail), Schacht, Lammers, Hugenberg et Funk.

Pour le Cabinet, à l‘exception de Hugenberg, la priorité de la Conférence de Londres est le

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traitement du problème financier qui a deux branches : la stabilisation des monnaies et

l‘endettement. De plus, le gouvernement pense qu‘il sera impossible que cette conférence

puisse réussir, en raison du trop grand nombre d‘État qui y seront réunis. Sur les dettes, Hitler

estime qu‘il faut chercher une conversion. Cependant, une liquidation complète est sans inté-

rêt car leur préservation est à considérer comme une mesure de protection politique :

« Le chancelier a soulevé la question de l‘endettement extérieur, que l‘on ne

pouvait naturellement pas refuser une déduction ou une conversion d‘intérêts, mais que l‘on n‘avait aucun intérêt à une liquidation de notre dette. Il faut plu-

tôt considérer dans la conservation de nos dettes une mesure de protection poli- tique. »546

Avant de partir aux États-Unis, Schacht propose qu‘il y défende quatre mesures. En premier lieu, le dernier paiement au titre des réparations de trois milliards de Reichsmark prévu à Lau- sanne doit être annulé. En second lieu, il faut rechercher l‘annulation des arrières accumulés vis-à-vis des États-Unis. En troisième lieu, le retour des mines sarroises au Reich ne peut se faire par un rachat. Enfin, le Dawes et le Young doivent être inclus dans la législation cou- rante des transferts. Comme ces emprunts circulent dans le public, ils sont devenus des em- prunts privés.

Schacht explique ensuite qu‘il faut attendre des mesures de rétorsion après la déclaration d‘un moratoire. L‘arrêt des paiements montrerait cependant la situation drématique de l‘Allemagne. Il demande de plus à s‘arrêter à Paris pour discuter avec son homologue fran-

çais. Enfin, il désire annoncer le moratoire avant son départ. Le Cabinet accepte sa proposi- tion de passer à Paris mais refuse d‘annoncer le moratoire avant son départ. Par contre,

Schacht aura la responsabilité de choisir le moment de l‘annonce du moratoire, pendant ou

après son voyage aux États-Unis.

Sur la route des États-Unis, Schacht passe à Paris et rencontre les dirigeants de la Banque de France547. Il arrive à New York le 5 mai 1933 et va directement à Washington548. Il discute

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« Der Reichskanzler hob zur Frage unserer Auslandsverschuldung hervor, daß man selbstverstän- dlich einen Nachlaß oder eine Zinskonversion nicht ablehnen könne, daß aber an einer völligen Til- gung unserer Schulden kein Interesse bestände. Vielmehr sei in der Konservierung unserer Schulden eine politische Schutzmaßnahme zu erblicken. » BARCH Reichskanzlei, R43/3618, « Niederschrift über die Sitzung des wirtschaftspolitischen Ausschusses der Reichsregierung am Montag, den 24. April 1933 nachm. 6 ½ - 10 Uhr », p. 9.

547

BARCH Berlin Deutsche Reichsbank, R2501/3773, WTB Handelsdienst 27 avril 1933. Nous n‘avons

pas d‘éléments sur le contenu de ces discussions.

548

avec Roosevelt pour la première fois le 7 mai 1933. Il dîne avec lui en présence de Luther549. À Washington, il rencontre le ministre des finances italien et le représentant de la Chine. Un communiqué commun Schacht–Roosevelt est publié. Il rappelle la nécessité de négociations sur le désarmement. Il comprend un passage sur la stabilité des monnaies, sur le crédit inté- rieur et son élargissement et la question du crédit international. Schacht repart le 13 mai de New York. Il passe par Londres à son retour pour voir Montagu Norman, puis annonce la

possibilité d‘une conférence avec les créanciers de l‘Allemagne.

Le 26 mai 1933, Schacht fait un rapport sur son voyage au gouvernement550. Il estime qu‘à son arrivée à Washington, Roosevelt était sous l‘influence du Français Herriot. Schacht ne

s‘est ainsi pas rendu compte que Roosevelt avait été déçu par le scepticisme français à propos

du projet américain de trêve douanière que le Président voulait mettre en place pour le 1er mai 1933, le temps de la conférence551. Mais il a pu rééquilibrer l‘avis du Président démocrate, lors, notamment, de trois longues entrevues avec le sous-secrétaire d‘État Philipps. Il a insisté sur la déception des Allemands par la non-application des 14 points, thème qui lui est cher. Il a évoqué le problème des dévaluations. En ce qui concerne la conférence de Genève, Roose- velt est d‘avis qu‘il fallait désarmer les autres puissances que l‘Allemagne. À New York, il a

rencontré des Juifs importants à qui il a assuré qu‘ils pourraient continuer leurs affaires. En ce qui concerne la presse, Schacht estime que l‘Allemagne a un effort de propagande à faire aux

États-Unis. Son voyage à Londres a surtout permis de discuter de la conférence des transferts avec Norman.

Enfin, Schacht pense que le gouvernement américain n‘a pas vraiment de programme en vue

de la conférence de Londres. La seule idée est la mise en place d‘une trêve douanière. Il pense qu‘une proposition allemande y serait bien vue. Schacht a eu l‘occasion de parler des posi-

tions du gouvernement allemand, sur la question des colonies, l‘interdiction du financement de nouvelles industries, la coopération financière, et les Tarifbindungen à long terme.

L‘Allemagne accepte alors la proposition américaine de trêve douanière, alors que Herriot,

pour la France, fait des difficultés. La tentative de coordination entre les trois grandes démo- craties, qui se profile au printemps 1933, échoue en raison de l‘attitude de la France, au grand

549

BARCH Berlin Deutsche Reichsbank, R2501/7025, New York Times 7 mai 1933

550

BARCH Berlin Reichskanzlei, R43/I/534, Ministerbesprechung, 26 mai 1934

551

bénéfice de l‘Allemagne552

.

Schacht avait demandé, début avril, qu‘une décision soit prise rapidement sur un éventuel

moratoire des paiements en devises. Le temps est venu de convoquer la première conférence sur les transferts.

c. La première conférence sur les transferts

Le 10 mai 1933, la Reichsbank fait savoir à la BRIqu‘elle paierait désormais en Reichsmark

les sommes dues au titre de sa dette extérieure. Ce jour-là, Schacht est encore aux États-Unis :

il a décidé de cette conférence pendant son voyage. L‘institut d‘émission indique qu‘il a en-

voyé auprès des banques centrales des marchés créanciers concernés une lettre leur deman- dant de choisir des représentants de ses créanciers en vue de négociations à Berlin. Le consul de France à Bâle, dans son rapport daté du 18 mai estime que Hjalmar Schacht essaye

d‘augmenter la pression dans le domaine financier international avant la conférence de

Londres553. Ces représentants n‘ont pas de mandats formels de représentation des créanciers, rendant cette conférence ambiguë. De plus, le rapport de force est défavorable aux créanciers. En effet, la Reichsbank négocie seule pour l‘ensemble des débiteurs allemands, alors que les créanciers sont représentés par plusieurs personnes par pays.

Schacht désire légitimer une décision prise le 7 avril, afin d‘améliorer la position de l‘Allemagne en vue de la Conférence économique et monétaire de Londres.

Le déroulement de la conférence

La première conférence sur les transferts commence le 29 mai et s‘achève le 2 juin 1933554.

552

Sylvain Schirmann, Crise… op. cit., p. 300-302

553

BRI QUE 5, Comptes rendus et notes Séances BRI de 1930 à 1935 et janvier–février 1937, 18 mai

1933

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BARCH Berlin Deutsche Reichsbank, R2501/6778 et 6780. Participent à la conférence : Reichsbank : Dreyse, Vocke, Nordhoff, Knaack, Puhl, von Wedel et bien entendu Schacht ; États-Unis : Albert H. Wiggin, Dulles, Shepard Morgan, JH Gannon, Francis Downey, Basil Hwos- chinsky ;

Royaume-Uni : F.C. Tjarks, R.H. Brand, Arthur et Richard Guinness, E.H. Leber, N. Campbell, H.G. Brown, G. Vickers ;

France : Jean Velay ;

Pays Bas : J. Stroeve, Dr. W. Cnoop Koopmans, C.E. ter Meulen, P.D. Schuller tot Peursum, Dr. H. van Nierop, J.M. Telders, Dr. J.W. Beyen, Dr. H.R. van Maasdyk, Dr. E. P. de Monchy ;

Elle est présentée comme une discussion informelle par Schacht lors de son discours

d‘introduction. Il tient à rappeler que la convocation de cette conférence a pour but de cher-

cher une solution aux difficultés de transferts. Le premier problème qui se pose est celui du pouvoir des représentants : peuvent-ils s‘engager au nom des créanciers ? Puis le Président de la Reichsbank rappelle que l‘Allemagne a besoin d‘un surplus d‘exportations de 81 millions par mois de Reichsmarks, somme qui n‘est plus atteinte depuis plusieurs mois.

Les représentants des créanciers demandent à Schacht si la Reichsbank a déjà pris une déci- sion. Cette question, posée au début de la conférence, montre l‘incertitude dans laquelle elle

s‘est ouverte : les personnes présentes ignorent ce qui est censé s‘y décider. John Foster

Dulles, que Schacht connaît bien, compte parmi les représentants des créanciers des États- Unis. Il se demande si la nouvelle réglementation des transferts sera introduite avant la confé-

rence de Londres. Schacht ne veut pas attendre l‘ouverture de cette dernière et ne voit person- nellement pas d‘autres solutions que la suspension des transferts. Il veut toutefois connaître

auparavant les propositions des représentants des créanciers, comme une suspension du paie- ment des intérêts. Schacht insiste sur deux points : d‘une part, la Reichsbank n‘a que 280 mil- lions de Reichsmarks de réserves ; d‘autre part la source des devises de la Reichsbank doit être le commerce. Il sous-entend ainsi qu‘un nouveau crédit de réescompte est impossible.

Dulles avoue ne pas s‘être rendu compte de la gravité de la situation et se demande quelles sont les solutions pratiques. Schacht rappelle qu‘il a depuis longtemps averti que cette situa- tion était susceptible d‘arriver. Le néerlandais Jan Willem Beyen555

met en garde contre le

risque qu‘un moratoire sur les transferts n‘empêche certains pays d‘acheter en Allemagne. Schacht estime qu‘il existe effectivement un risque de cercle vicieux et qu‘il faudra absolu-

ment maintenir une partie du crédit pour le commerce. Mais le niveau des réserves pose trop de problèmes.

La deuxième réunion a lieu le 30 mai. Les créanciers ont passé l‘après-midi du 29 à analyser les chiffres de la Reichsbank. Puis ils confrontent leurs avis lors de cette seconde réunion. Un

comité créé pour l‘occasion va ensuite rencontrer Schacht. Une discussion très technique sur

les statistiques de la Reichsbank s‘engage. Elle se conclut par le constat que deux points en-

Suède : Jacob Wallenberg, P. Brundell, A. Waldstedt ; Suisse : P. Jaberg, Max Schwab, A. Johr, H. Blass. Les réunions ont lieu à la Reichsbank.

555

Beyen, président de la BRI de 1937 à 1939, est ministre néerlandais des Affaires étrangères des lors

gendrent des difficultés. La Reichsbank n‘a en effet pris en compte ni les effets de la dévalua- tion du dollar, ni les effets étrangers en propriété allemande. De plus, le remboursement du crédit Lee-Higginson est contesté. Les estimations de la Reichsbank pour ses besoins en de- vises sont en conséquences diminuées.

Ce même comité, le 1er juin, affirme que le lent mouvement de diminution des réserves de la

Reichsbank est causé par une radicale réduction de l‘endettement. Le problème est alors de

mettre un terme au déclin des exportations et de renverser le mouvement afin de reconstituer

des réserves et de renforcer la confiance dans la monnaie. Le comité conclut qu‘une restric-

tion des transferts ne pourrait remplir cette mission car elle entraînerait des contre-mesures de

l‘étranger, avec pour conséquence une nouvelle diminution des exportations allemandes et une inversion de l‘effet souhaité.

La troisième réunion a lieu le 2 juin, au siège de la Reichsbank. Schacht prononce un nouveau discours. Il essaye clairement de diviser les pays créanciers, en rappelant que certains pays facilitent la situation allemande en achetant plus de biens allemands que d‘autres. Les États- Unis sont et se sentent particulièrement visés. Schacht rappelle que le commerce avec certains pays a fortement diminué : de 50 % avec le Royaume-Uni mais de 25 % seulement avec les Pays-Bas. John Foster Dulles réagit en premier à cette idée : la base du remboursement ne peut être le bilan commercial car cela désavantage les pays qui, comme les États-Unis, expor-

tent des matières premières. Schacht répond qu‘il espère que la conférence de Londres per-

mettra une remise en route du commerce international. Ces propos sont hypocrites : le cabi- net, lors de réunions où Schacht était présent, s‘est fixé comme presque unique objectif pour

la conférence de trouver une solution au problème de l‘endettement.

Schacht a rencontré les groupes sur les statistiques, sur les crédits à court, moyen et long terme et les groupes nationaux. À la fin de la conférence, il estime que tous ces groupes lui

ont demandé de faire l‘impossible. Il estime ne pas encore pouvoir décider ce qu‘il fera. Il ne sait pas s‘il tiendra compte de la balance commerciale mais fera tout pour que des bons ou

avoirs étrangers possédés par des Allemands soient payés en marks. Schacht refuse par contre la solution du clearing.

Cependant, certains résultats sont atteints. Un comité permanent des créanciers des dettes à long terme est mis en place pour garder le contact avec la Reichsbank. Il a pour modèle les groupes Stillhalte qui sont en contact avec elles depuis la conclusion des accords d‘octobre

1931. Le communiqué final de la conférence ne mentionne aucun accord. Il espère que cette réunion aura permis de rendre compréhensible un acte unilatéral et annonce la création du comité des créanciers à long terme. La conférence est suivie d‘une rencontre avec le groupe

Stillhalte et de discussions avec la BRI la semaine suivante, à Londres dans les deux cas556.

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