• Aucun résultat trouvé

Chapitre I : Mise en place de l’enquête de terrain et méthodologie

D) Mise en place du terrain d’enquête

2) Spécificités de chaque site

Je propose ici de distinguer les sites parisiens des sites bruxellois en les renvoyant pour les premiers à la lettre P et pour les seconds à la lettre B. D’autre part, j’attribuerai un numéro allant de 1 à 3 pour les sites de chaque contexte national, le site numéro 1 correspondant dans chaque contexte national au service ayant accepté le premier de participer au projet et le numéro 3 correspondant à celui ayant chronologiquement accepté en dernier de faire partie de l’enquête dans chaque contexte national.

Notons que les différents services dont il sera question ici accueillent en moyenne tous sites confondus 250 patients par an, avec de grandes disparités en fonction des services : le plus petit d’entre eux avait comptabilisé pour l’année 2015 un total de 138 admissions,

La question de l’ «  entrée  » est un élément qui a été abondamment commenté par les

143

quand le plus important comptabilisait pour la même année un total de 509 admissions. Pour l’ensemble des services, sauf exception, la durée d’hospitalisation des patients n’excédait pas les 5 semaines.

• Les services parisiens

Deux des trois services dans lesquels l’enquête s’est déroulée étaient des unités cognitivo-comportementales (UCC). Ces unités mises en place à partir de 2012 dans le cadre du 3 ème plan Alzheimer déployé par le gouvernement français proposent une prise en charge spécialisée pour les patients présentant des troubles du comportement. Ces unités ont vu le jour en raison des limites observées quant à la prise en charge à l’hôpital des patients atteints de la MA dans les services gériatriques classiques. Ces unités sont généralement dotées d’un nombre de personnel soignant plus important et davantage formé à la prise en charge spécifique de ce type de troubles que le personnel travaillant dans les services gériatriques traditionnels. D’autre part, l’un des objectifs assumés par la mise en place des unités cognitivo-comportementale (UCC) était d’éviter « la cohabitation souvent difficile entre les patients déments et les patients gériatriques ordinaires  » (Geronimi Robelin L., Dimanchin V., 2012, p. 149). Les unités cognitivo- comportementale (UCC) se concentrent principalement sur le caractère aigu de la prise en charge et n’ont pas pour vocation d’assurer une prise en charge à long terme. En ce qui concerne le troisième service parisien de l’enquête, même s’il s’agissait d’une structure non-spécialisée dans la prise en charge des troubles du comportement des patients gériatriques, le service était toutefois amené à accueillir en partie ce type de patients. Il s’agissait d’une structure de soins de suite et de réadaptation (SSR), qui correspond à un service de gériatrie classique de moyen séjour.

La composition des équipes était sensiblement la même dans les différentes unités : ces dernières comprenaient généralement deux médecins, un nombre variable d’infirmiers et d’aides-soignants, et étaient complétées par l’intervention de professionnels dont l’activité n’était dédiée que partiellement aux services en question : kinésithérapeute, neuro- psychologue, ergothérapeute, diététicien, assistant social, etc.

Les équipes fonctionnaient selon un système de rotation tel qu’il est traditionnellement mis en place dans les services hospitaliers : une équipe le matin, une l’après-midi et une équipe réduite pendant la nuit ainsi que durant les week-ends.

P1

L’unité P1 se situe au sein d’un hôpital du centre de Paris, ce dernier étant spécialisé dans la prise en charge de patients gériatriques. Ce site comprend au total 344 lits répartis dans différents services et unités. Celle qui nous intéresse est une unité cognitivo- comportementale (UCC) qui a vu le jour en 2013 dans le cadre du 3ème plan Alzheimer. Cette unité, qui comporte 16 lits, est intégrée au service de soins de suite et de réadaptation, mais une porte à code sépare les deux unités, ce qui empêche les patients hospitalisés en unité cognitivo-comportementale (UCC) d’accéder au service de soins de suite et de réadaptation (SSR), seul accès permettant de rejoindre les ascenseurs qui mènent au hall central de l’hôpital. L’une des spécificités de ce service est que les soignants travaillent aussi bien au sein de l’unité cognitivo-comportementale (UCC) que dans le soins de suite et de réadaptation (SSR), selon un système de rotation complexe (que je n’exposerai pas ici). Ceci est un élément intéressant à souligner, car cela permet en partie aux soignants d’avoir affaire à une variété de profils et d’éviter ainsi une « routinisation » de la prise en charge qu’ils sont amenés à proposer.

P2

Le second service ayant accepté de participer à l’enquête se trouve au sein d’un hôpital situé dans un arrondissement du nord de Paris, également consacré à la gériatrie. Le site a une capacité d’accueil de 207 lits et possède depuis 2012 une unité cognitivo- comportementale (UCC) de 16 lits, dans laquelle l’enquête s’est déroulée. Les infirmiers et aides-soignants y travaillant étaient exclusivement rattachés à cette unité. Notons que ce service comportait également une porte à code empêchant les patients de pouvoir sortir librement.

P3

Le troisième service parisien de l’enquête se trouve dans un hôpital en banlieue nord de Paris. Le site peut accueillir jusqu’à 700 patients et n’est pas spécialisé dans la prise en charge gériatrique. Le service dans lequel s’est déroulée l’enquête a une capacité d’accueil de 26 lits. Il s’agit d’un SSR accueillant aussi bien des patients gériatriques que des personnes atteintes de troubles cognitifs en raison d’une maladie neuro-dégénérative

de type Alzheimer. Ce service est le seul de l’enquête à ne pas être muni d’une porte à code, les patients ayant donc la possibilité de pouvoir sortir librement.

• Les services bruxellois

Contrairement à la France, la Belgique n’a pas souhaité jusqu’à aujourd’hui intégrer au sein de ses hôpitaux des structures spécialisées dans la prise en charge des patients atteints de troubles cognitifs. Ceux-ci sont donc accueillis en cas d’événements de santé aigus au sein d’unités gériatriques classiques. Par ailleurs, une autre différence significative pour mon propos entre les services français et belges consiste en la faible présence des aides-soignants au sein de ce dernier contexte national. Deux des trois sites belges sur lesquels s’est déroulée l’enquête ne comprenait aucun aide-soignant, et le troisième en comptait une très faible proportion. En effet, les services belges de l’enquête semblaient privilégier l’embauche d’infirmiers, en raison de la dimension technique et médicale qui caractérise cette catégorie de professionnels. Ainsi, les infirmiers dans les services belges de l’enquête étaient d’une part amenés à réaliser l’ensemble des actes qui caractérisent leur domaine de compétence, mais également les tâches généralement attribuées en France aux aides-soignants, comme les toilettes, les changes, etc. En dehors de cette différence, la composition des équipes était sensiblement la même sur les sites belges et français. D’autre part, le système de rotation était également identique : une équipe le matin, une l’après-midi et une équipe réduite durant la nuit ainsi que les week-ends. Enfin, indiquons également ici que l’ensemble des services bruxellois de l’enquête étaient munis d’une porte à code, celui-ci n’étant pas communiqué aux patients et suffisamment compliqué pour qu’il ne puisse être mémorisé que difficilement par des personnes atteintes de troubles cognitifs.

B1

Le premier service bruxellois ayant accepté de participer à l’enquête se trouve au sein d’un important hôpital de la région bruxelloise, d’une capacité d’accueil d’environ 1000 lits et bénéficiant d’une grande variété de spécialités médicales, dont la gériatrie. Le service de gériatrie dans lequel s’est déroulé le projet comportait 26 lits et était spécialisé dans la prise en charge de soins aigus. Le service était doté d’une porte à code.

B2

Le second service bruxellois de l’enquête fait partie d’un hôpital consacré à l’oncologie. La capacité d’accueil de l’hôpital est de 160 lits quand le service en question en compte 16. Il s’agit d’un service de soin «  supportif et palliatif  », qui ne prend pas spécifiquement en charge des patients âgés ; il est spécialisé dans la prise en charge de la douleur aigüe et chronique à tous les âges de la vie. Notons toutefois que l’ensemble des situations qui ont été travaillées sur ce site dans le cadre de mon enquête concernait bien entendu des patients âgés atteints de troubles cognitifs en raison d’une maladie neuro-dégénérative de type Alzheimer, mais présentant une affection intercurrente ayant nécessité une hospitalisation dans ce type de service consacré à la prise en charge de la douleur. Le service était également doté d’une porte à code.

B3

Enfin, le dernier service bruxellois de l’enquête se trouve au sein d’un hôpital aux spécialisations multiples. Le site possède une capacité de 632 lits et le service de gériatrie où s’est déroulée l’enquête peut accueillir jusqu’à 24 patients. Comme les services belges précédents ainsi que deux des trois services français, il était muni d’une porte à code144.