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PARTIE I : PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE

CHAPITRE 4 : MÉTHODOLOGIE DE RECHERCHE

2. Méthodologie de recherche

2.3 Sources de données et instruments de collecte

2.3.1 Examen de réseaux locaux de services

2.3.1.2 Sources de données dans les réseaux locaux

Dans chacun des trois réseaux locaux examinés, nous avons utilisé quatre types de sources de données. Cette variété de sources nous a permis d’effectuer une triangulation des données pour chaque type de réseau local. Voici ces quatre types de sources :

- le discours de répondants-es;

- le contenu de documents produits par les acteurs sociaux;

- le contenu factuel et juridique de textes de décisions de tribunaux et de conventions collectives lorsque de telles sources de données existent relativement au réseau local; - les observations de la chercheure consignées dans des journaux de bord (un par réseau

Nous souhaitons apporter certaines explications relatives à la façon dont nous avons recueilli les données selon les divers types de sources, et en particulier en ce qui a trait au premier type, le discours des répondants-es, car ces explications sont plus complexes pour celui-ci.

L’instrument de collecte des données utilisé pour avoir accès au discours des répondants-es au sein des réseaux locaux était l’entrevue semi-dirigée. Nous expliquons le choix de cet instrument dans la section 2.3.5 portant sur la source de données que constituent le discours d’acteurs sociaux situés hors des réseaux locaux examinés car la présente section comporte déjà beaucoup d’information.

Nous avons réalisé dix-neuf entrevues semi-dirigées au total dans le cadre de l’examen des réseaux locaux, soit cinq entrevues dans le réseau local no 1, sept entrevues dans le réseau no 2 et sept entrevues dans le réseau local no 3. Les répondants-es étaient des acteurs sociaux impliqués dans ces réseaux locaux. Il s’agissait en partie d’acteurs communs aux trois réseaux : deux travailleuses employées par les prestataires privés pour chacun des réseaux locaux; un-e gestionnaire responsable des services dans l’organisme public présent dans le réseau; et un-e représentant-e syndical du personnel de l’organisme public pour le personnel de la « catégorie 2 » (celle à laquelle appartient le personnel dispensant les services d’aide à domicile). De plus, selon les particularités de chaque réseau local examiné, nous avons réalisé des entrevues avec d’autres types d’acteurs. Par exemple, dans le réseau local no 1, nous avons réalisé une entrevue avec un-e représentant d’une association locale de défense des droits des personnes handicapées impliquée dans le réseau. Dans les réseaux no 2 et 3, où le personnel des prestataires privés était syndiqué, nous avons réalisé une entrevue avec les représentants-es des syndicats le représentant.

Le choix des répondants-es provenant d’organisations (syndicats, organismes publics, prestataires privés, associations) s’est effectué par une prise de contact de notre part avec la direction de ces organisations ou avec la direction des services concernés lorsque l’organisation était de grande taille. Lorsqu’elles étaient d’accord pour que nous puissions effectuer une entrevue (ce qui fut le cas dans la majorité des situations), les personnes à la direction des organisations ou des services nous accordaient une entrevue ou déléguaient quelqu’un pour le faire.

Pour ce qui est de la procédure utilisée pour communiquer avec les travailleuses à l’emploi des prestataires privés et leur demander de nous accorder une entrevue, nous la précisons au début de chacun des chapitres portant sur les résultats des études de cas dans un encadré qui présente des données de base sur le réseau et sur les personnes interviewées. Cette procédure varie dans chacun des trois cas en fonction des spécificités de chacun. Lorsque nous avons évalué un risque de biais dans ce cadre de cette procédure, ce qui est survenu uniquement dans la première étude de cas, nous l’avons indiqué dans l’encadré et en avons tenu compte lors de l’analyse du contenu des entrevues.

De plus, dans la planification des entrevues avec deux travailleuses employées par le prestataire privé par réseau local, nous avons tenté d’assurer une représentativité du groupe des travailleuses à l’emploi de chaque prestataire privé. Nous avons établi certains critères généraux au plan socio-démographique et au plan théorique en plus de poser comme condition que les travailleuses dispensent des services d’assistance personnelle dans le cadre de leur emploi. Nous demandions d’abord informellement à des acteurs sociaux en lien avec le groupe des travailleuses (soit un-e représentant-e syndical ou un-e gestionnaire d’EESAD, d’agence ou d’association locale dans le cas du CES) de nous décrire le profil du groupe : les caractéristiques démographiques de ce groupe (sexe, âge, identification à la catégorie de minorité visible, statut d’immigration/citoyenneté), les statuts d’emploi (régulier, occasionnel), les types d’horaires (temps plein, temps partiel) ainsi que les pratiques d’action collective des travailleuses lorsque celles-ci existaient. Lors des entrevues avec les travailleuses, nous procédions à une contre-vérification en leur demandant aussi de nous tracer le profil du groupe. Ces informations visaient à permettre un réajustement par la réalisation d’entrevues supplémentaires avec d’autres travailleuses, s’il s’avérait nécessaire. Cela n’a pas été le cas puisque le profil des deux travailleuses retenues dans chacun des réseaux correspondait aux critères généraux élaborés à partir des réponses des acteurs sociaux contactés. Au plan de la connaissance des pratiques d’action collective du personnel, au moins l’une des deux travailleuses interviewées dans chaque réseau avait cette connaissance lorsque nous avions été informée que de telles pratiques avaient existé.

Spécifions enfin, concernant les entrevues avec les travailleuses de chacun des réseaux locaux, que chacune de celles-ci recevaient 20 $ en frais de dédommagement (frais de déplacement,

etc.) lors de l’entrevue. Nous avons décidé de leur donner ce dédommagement financier à cause de la situation économique précaire dans laquelle elles vivent, situation constatée dans l’une de nos recherches passées et dans d’autres travaux (Cognet et Fortin 2003; Corbeil, Descarries et Malavoy 2003; Boivin et Pinard 2007; Vaillancourt et Jetté 2009). La non prise en compte de la situation de ces personnes vulnérables économiquement dans l’organisation technique des entrevues aurait pu avoir un effet sur la représentativité des répondants-es. Il fallait donc tenir compte non seulement de leurs horaires de travail et de leur capacité de se déplacer, mais aussi de leur besoin d’un dédommagement financier pour assumer certains frais liés au fait de nous accorder une entrevue. L'Énoncé de politique des trois Conseils : Éthique de la recherche avec des êtres humains (EPTC), sur lequel se basent les principes éthiques directeurs de l’Université de Montréal, et en particulier la version révisée de la proposition de la deuxième édition de ce document consultée aux débuts de notre recherche, mentionne la possible nécessité d’un traitement adapté à la réalité des personnes vulnérables :

« Traiter les personnes de façon juste et équitable ne signifie pas toujours qu’il faille les traiter toutes de la même façon. L’existence, entre des personnes ou des groupes, de différences moralement pertinentes justifie en effet les différences dans le traitement ou la répartition des avantages et des inconvénients. À cet égard, la vulnérabilité est une différence importante dont il faut absolument tenir compte. La vulnérabilité résulte souvent d’une capacité limitée ou d’un accès limité à des biens sociaux comme les droits, les occasions et le pouvoir. (…) Afin de traiter les personnes ou les groupes vulnérables ou marginalisés de façon juste, il est parfois nécessaire de leur accorder des protections spéciales. » (GCIER 2009: 7)

Les autres sources de données que nous avons recueillies dans le cadre de nos études de cas nécessitent moins d’explications. En ce qui a trait aux documents produits par les acteurs sociaux, il s’agissait de documents que nous nous sommes procurés auprès de représentants-es de la direction de prestataires privés, de syndicats, d’associations ou encore de documents que nous avons trouvés par nos propres moyens (dans des centres de documentation, sites web, etc.). Pensons par exemple aux ententes de services entre les CSSS et les prestataires privés dispensant des services qui constituaient une source de données importante pour notre analyse. Nous avons aussi utilisé une série de documents officiels produits par les autorités

pertinents pour notre recherche à l’aide d’une grille d’analyse élaborée sur la base de notre modèle conceptuel et ce à partir du logiciel NVivo.

Notre troisième source de données dans l’examen des réseaux locaux était le contenu factuel et juridique de textes de décisions de tribunaux et de conventions collectives (ainsi que de lettres d’ententes entre la négociation des conventions) lorsque de telles sources de données existaient relativement au réseau local spécifique. Enfin, notre quatrième et dernière source de données était constituée de nos observations à titre de chercheure, observations consignées dans des journaux de bord, qui nous permettaient d’identifier des éléments d’information ou de réflexion pouvant être utiles pour opérer des choix méthodologiques et pour réaliser notre analyse. Nous avions un journal de bord par réseau local. De plus, nous avions un journal de bord par étude de cas car certaines données des études de cas ne provenaient pas de l’examen des réseaux locaux. Ces journaux de bord nous ont servi à consigner nos observations durant toutes les phases de la recherche afin de les garder en mémoire. Nous y avons aussi rédigé des comptes-rendus lors de l’observation d’événements sur le terrain, telles des audiences devant un tribunal ou encore des assemblées syndicales. Ajoutons que nous avons consigné dans ces journaux de bord nos impressions et réflexions à la suite des entrevues ou de simples prises de contact.