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Les solutions historiques qui ont été mises en place pour résoudre le problème de la pénurie

Chapitre 2. Le développement industriel et économique, en Chine, à l’origine de la « crise de l’eau »

2.2. Les solutions historiques qui ont été mises en place pour résoudre le problème de la pénurie

Se basant sur l’idée d’une forme de collaboration autour de l’eau entre les régions chinoises, qui avait été énoncée par Mao Zedong, le gouvernement chinois ne cessa de chercher des solutions pour résoudre le problème de la pénurie d’eau au nord du pays (notamment pour la région de Beijing-Tianjin-Hebei). Dans l’objectif d’avoir un résultat rapide et visible (la solution d’un ralentissement du développement et de la diminution de la migration interne n’étant pas envisageable), et sans nuire à l’économie et au pouvoir politique de la capitale, le projet d’adduction en eau du sud au nord (南水北调 Nánshuǐběidiào) a été proposé, discuté et modifié à plusieurs reprises pendant les quarante dernières années. Jusque dans les années 1990, ce projet avait été reporté, du fait de son coût pharamineux : les travaux au sein de Beijing étaient estimés particulièrement élevés dans leur réalisation, et à ces travaux s’ajoutaient ceux qui devaient avoir lieu à travers la moitié de la Chine, pour le besoin de la capitale et de Tianjin. Des contraintes avaient également été soulignées quant aux capacités technologiques disponibles, à l’époque, pour mener à bien un tel projet, à l’évacuation de milliers d’habitants que cela requérait, et enfin, des interrogations avaient été soulevées sur l’influence imprévisible qu’un tel projet pouvait avoir d’un point de vue social et écologique.

Cependant, à partir de la fin des années 1990, face à une sècheresse de plus en plus importante et un développement de plus en plus rapide, afin de garder la stabilité de la capitale, réaliser ce projet, certes très audacieux, semblait être la seule solution envisageable pour obtenir un résultat immédiat, et contrecarrer les effets de la sécheresse. Ainsi, en 2000, le conseil des Affaires d’État organisa une conférence sur le projet des travaux d’adduction en

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MOORE Scotte, 28/03/13 – “China’s Massive Water Problem”, The New York Times

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LE Huaichuan « MAO Zedong et l’adduction en eau du sud au nord » le site officiel de l’adduction en eau du sud au nord, http://www.nsbd.gov.cn/zx/rdht/201212/t20121221_252989.html, ressources disponibles en ligne

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eau du sud au nord. Ce projet fut validé à la fin de l’année 200282

. Ce projet comprend trois canaux d’adduction principaux : le canal oriental, le canal central et le canal occidental. Le lancement des travaux des deux premiers fut entrepris entre 2002 et 2003, et ces travaux étaient estimés à un coût particulièrement élevé, comme le rapporte Edward WONG (2011) : « Ça coûte 62 milliards de dollars, c’est le double de celui du barrage des trois-Gorges (三峡 大坝 Sānxiá dà bà). Ce dernier est le plus grand projet hydroélectrique au monde. »83

En septembre 2008, malgré le caractère incomplet de la première phase des travaux du canal central (中线 Zhōngxiàn), celui-ci commença à distribuer de l’eau à Beijing : « Il

distribue l’eau depuis les quatre réservoirs provenant de la province du Hebei… fournissant 1/3 des besoins quotidiens d’eau en Été à Beijing… pour s’adapter aux travaux de canalisation, les provinces du Henan, du Hebei, et la ville Tianjin ajustèrent la réservation de l’eau de leurs réservoirs »84

.

Il convient de souligner que le projet du canal occidental, qui devait récupérer une partie de l’eau venant de l’Himalaya, avait été suspendu et reporté dans sa réalisation jusqu’à aujourd’hui. Toutefois, à cause de besoins grandissants et des effets du changement climatique qui se font de plus en plus prégnants, les régions du sud de la Chine doivent de plus en plus faire face à un manque d’eau. De plus, « le réchauffement de la région de la

montagne Himalaya diminuera probablement la quantité de l’eau des fleuves principaux en Chine, ce qui aggravera la pénurie de l’eau »85

.

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TAO Yinquan, 05/01/13 - Une offre d’eau dans la vie pour un milliard de personnes — la synthèse de dix ans

de travaux de l’adduction du Sud-Nord, Quotidien de l’ouvrier

83 WONG Edward, 01/06/11 – “Plan for China’s Water Crisis Spurs Concern”, The New York Times 84

NAN Yan, 22/10/13 – « Pékin manque de 1,1 milliard de mᶾ d’eau par an, l’eau souterraine explorée est gravement surchargée en Chine », Economic weekly

Chapitre 2. Le développement industriel et économique, en Chine, à l’origine de la « crise de l’eau »

60 Représentation 2 : la Chine et l’adduction en eau du sud au nord.

Sur ce dessin, nous pouvons avoir une vision claire des travaux d’adduction : l’ingénieur qui se situe au niveau du Tibet représente la source des deux plus grands fleuves : le fleuve Jaune et le fleuve Yangtsé ( 长 江 Chángjiāng également connu sous le nom de 扬子江 Yángzǐjiāng). En amont, la couleur de ces deux fleuves est le bleu clair qui devient de plus en plus foncé en aval, ce qui signifie une pollution importante en aval. La zone industrielle particulièrement développée au nord-est de la carte représente la région de Beijing-Tianjin-Hebei. Deux canaux venant du sud fournissent de l’eau à cette zone ; ce sont le canal central et le canal oriental. Quant à celui se trouvant au niveau du Tibet (devant l’ingénieur), il s’agit du canal occidental qui a été suspendu. (Dessin réalisé par Scotte MOORE in The New York Times : “China’s Massive Water Problem”, publié le 28/03/13)

Sur ce plan, le canal central mesurera, une fois terminé, 1276 kilomètres de long, et transportera l’eau du réservoir depuis Danjiang (丹江 Dan jiāng), en traversant les provinces du Henan (河南 Hénán) et du Hebei (河北 Héběi), pour arriver jusqu’à Pékin. Dès que les travaux du canal central seront achevés, il est censé pouvoir offrir 1,05 milliard mᶾ d’eau par an. Volume d’eau qui ne correspond, cependant, qu’au quart de la quantité totale des besoins d’eau de Pékin, selon NAN Yan (2013). En effet, Beijing et Tianjin ne seront pas les seuls bénéficiaires du canal ; les deux provinces du nord Henan et du Hebei devraient également pouvoir profiter de cet approvisionnement en eau. Ainsi, en août 2013, avant d’activer le canal et de le mettre en marche, « le Conseil des affaires d’État a publié “les règlements de la

gestion de distribution de l’eau lors des travaux de l’adduction en eau du Sud-Nord” pour éviter de distribuer l’eau sans ordre préétabli. »86

86 LÜ Zongshu, 12/12/13 – « L’adduction de l’eau du Sud-Nord arrive au moment de marche », Southern

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Le canal oriental récupérera ainsi de l’eau du fleuve Yangsté, au niveau de la ville de Yangzhou (扬州 Yángzhōu), dans la province du Jiangsu (江苏 Jiāngsū), et « va distribuer de

l’eau à trois provinces (Jiangsu Anhui [安徽 Ānhuī], Shandong [山东Shāndōng]), il y aura

100 millions de personnes qui vont en bénéficier »87.

2.3. L’adduction en eau du sud au nord (南水北调 Nánshuǐběidiào) : une solution

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