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La diminution progressive de la qualité de l’eau et la pollution des rivières

Chapitre 3. L’évolution de la situation environnementale de l’eau et sa crise dans la province du

3.1. L’environnement de l’eau à Guangzhou, capitale de Guangdong : son évolution, sa crise et

3.1.2. La pollution de l’eau à Guangzhou, à partir de la fin des années 1980

3.1.2.2. La diminution progressive de la qualité de l’eau et la pollution des rivières

Ainsi, Guangzhou, comme nous l’avons déjà énoncé, est une ville riche en eau, mais son eau perdit en qualité à cause de l’urbanisation et de la pollution qui s’en suivit. De plus, le développement économique nécessita de nombreux terrains, pour la construction des bâtiments, des usines, et des routes, etc. Ces constructions empiétèrent non seulement la terre, mais s’étendirent également sur les rivières. De nombreuses rivières ont en effet disparu suite à ce développement, la plus connue étant la rivière de Lizhiwan (荔枝湾涌 Lìzhī wān chōng), qui se situait dans le quartier de Lizhiwan, le centre-ville de Guangzhou :

« La rivière de Lizhiwan a été couverte vers 1982, il me semble […], car elle était sale, nous n’avions pas encore d’usines pour traiter les eaux usées à l’époque […] les eaux

133JIAO Huidong, 10/07/2000 – « Le rapport de la crise environnementale : l’alerte avec du sang », la presse de

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usées des ménages autour étaient toutes évacuées dans cette rivière, et puis ça coulait jusqu’au fleuve de la Perle […] petit à petit, la population a augmenté, la rivière de Lizhiwan n’était pas très grande, les déchets, et les eaux usées se sont accumulés. C’était comme un égout, un bourbier… ça puait ! Depuis, elle a été couverte par des dalles de ciment ; cet endroit est devenu une route, une route très commerçante. »

(N° 1 Homme 50 ans, employé, habitant de Guangzhou. 2012)

« Quand j’avais 6 ou 7 ans, on pouvait toujours voir la rivière de Lizhiwan, mais après, ils ont mis des dalles qui l’ont recouverte entièrement. J’ai vu qu’ils l’avaient couverte de mes propres yeux. […] Quand j’étais petit, les eaux usées étaient évacuées directement dans cette rivière. Nager dedans ? C’était impossible ! Mais, j’ai entendu mes parents dire qu’avant, on pouvait s’y baigner. » (N° 13 Homme 36 ans,

Architecte, habitant cantonais, 2013)

La rivière de Lizhiwan ne fut ni la première, ni la dernière rivière à « disparaître » dans le processus d’urbanisation :

« Maintenant, ça change. Certaines rivières (dans le village) sont devenues des égouts à cause du développement urbain. […] Certaines ont été recouvertes, car on a élargi la route. Elles sont cachées par des dalles de ciment. Si l’on ne fait pas attention, on ne les trouvera pas. » (N° 2 Homme 38 ans, comptable, habitant de Guangzhou. 2012)

Ces rivières cachées ont une fonction similaire à un égout, mais celles-ci deviennent un facteur latent, qui perturbe l’environnement écologique de la ville :

« Comme la rivière de Donghao, et aussi la rivière de Lizhiwan, c’était les rivières sous la route. Quand on marchait dessus, on pouvait sentir leurs odeurs désagréables. Tu ne sais pas d’où ça vient, en fait, c’était ces rivières. » (N°16 Femme 52 ans, Cadre,

habitant cantonais, 2012)

« Ici, il y avait plein de rivières. Elles ont toutes été recouvertes, et après, elles sont devenues des égouts, des rivières cachées. » (N°12 Homme 42 ans, fonctionnaire

participant au traitement des rivières, Guangzhou, 2013)

En outre, certaines de ces rivières qui ont été recouvertes ont un problème d’écoulement, entrainant un débordement en temps de pluie. Or, Guangzhou est une ville où il pleut assez fréquemment. Si ces « égouts » ont été cachés, leurs influences nauséabondes

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n’ont, quant à elles, pas disparu. Ces rivières sont considérées comme des égouts, sans toutefois en être :

« Quand il pleut, la rivière recouverte de Lizhiwan n’arrive pas à écouler l’eau assez rapidement, l’eau remonte avec son odeur. Cette odeur est désagréable, l’eau sur la route est désagréable. » (N° 1 Homme 50 ans, employé, habitant de Guangzhou, 2012)

Cependant, les rivières « cachées » ne sont pas la seule source de pollution. Les rivières non recouvertes, qui se trouvent à l’air libre, sont comme des « tumeurs malignes » dans cette ville. A titre d’exemple, la rivière de Shijing fut particulièrement polluée à partir de la fin des années 1980 jusqu’en 2010. Son eau s’écoule dans la rivière des Perles, le fleuve principal de Guangzhou, et en le fleuve le plus important pour les Cantonais. Elle était l’un des plus grands problèmes pour l’eau dans la région cantonaise :

« À partir des années 1980, elle a commencé à être polluée. Avant son traitement, c’était sale ! Vraiment sale ! Tu étais à 100 mètres loin d’elle, tu pouvais sentir l’odeur qui pue ! À cette époque, tu ne pouvais pas rester à côté d’elle, c’était insupportable. » (N° 1 Homme 50 ans, employé, habitant de Guangzhou, 2012)

« L’eau de la rivière de Shijing était noire et puante. C’était comme un égout. »

(N° 12 Homme 42 ans, fonctionnaire participant au traitement des rivières, Guangzhou, 2013)

Quant aux autres rivières, situées dans le centre-ville, elles n’ont pas échappé à la pollution environnante. Elles sont souvent très sales, à la couleur foncée très prononcée, avec une odeur désagréable, voire nauséabonde. Elles sont une menace pour l’environnement écologique dans une aussi grande ville :

« Quand j’étais petit, j’habitais à côté de la rivière de Shahe (沙河涌 Shāhé chōng). À cette époque, elle était déjà polluée. Quand on passait à côté d’elle, il y avait une odeur bizarre. » (N° 14 Femme 35 ans, Musicienne, habitant cantonais, 2013)

« L’endroit où j’ai travaillé, il y a une petite rivière qui n’a même pas de nom. Elle était toute noire, elle sentait mauvais. […] des rivières qui puent, tout le monde va les esquiver, et faire un détour pour ne pas les approcher. » (N° 16 Femme 52 ans, Cadre,

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« Les rivières dans la ville… elles sont sales, tu peux sentir leur odeur. C’est un phénomène très général. Leurs couleurs sont noires, elles ne ressemblent plus à des rivières, on dirait des égouts. » (N° 5 Homme 33 ans, professeur, habitant cantonais,

2012)

À Guangzhou, si le fleuve principal est la rivière des Perles, toutes les rivières de Guangzhou sont entrecroisées comme un réseau. Les eaux des petites rivières situées en ville proviennent de la rivière des Perles, et ces eaux finissent par s’écouler dans cette même rivière des Perles. Mais ce fleuve « maternel » de Guangzhou est très pollué. Si un aussi grand fleuve a la capacité de se régénérer, sa vitesse de régénération n’est pas aussi rapide que celle de sa pollution. L’intervention extérieure au processus naturel de régénération devient nécessaire, pour éviter de polluer les rivières par les activités humaines. La récupération des eaux usées, par les usines du traitement des eaux usées, est donc nécessaire. Néanmoins, avant que la plupart des usines de traitement des eaux usées soient construites, la majorité des eaux usées de cette ville coulaient dans la rivière des Perles, que ce soit par les égouts ou par les petites rivières, ce qui en faisait un fleuve très pollué à la fin des années 1990 et au début du XIXème siècle :

« C’était en 2001 à peu près… je trouvais l’eau de la rivière des Perles très polluée. »

(N° 16 Femme 52 ans, Cadre, Habitant cantonais. 2012)

En vingt ans, l’image des rivières de Guangzhou a complètement évolué. Les activités liées à l’eau avaient tendance à disparaître, comme les petits commerçants sur l’eau et le tournoi du bateau-dragons célébré sur les rivières cantonaises. Les nouvelles générations ne pouvaient dès lors plus connaitre des endroits aquatiques agréables et naturels, comme autrefois. Par conséquent, la pollution de l’eau n’était pas seulement un problème écologique, mais également culturel et sanitaire, puisque la santé publique pouvait être menacée par la pollution de l’eau, la source de l’eau courante à Guangzhou provenant des rivières. Ainsi, à partir du moment où la pollution en vient à menacer les activités humaines et le développement de la société, une intervention officielle devint indispensable.

3.1.3. L’émergence de la question politique sur l’environnement, la protection et le traitement des rivières à Guangzhou

Le gouvernement cantonais reconnut que la pollution de l’eau pouvait devenir un obstacle au développement de la ville, et commença son intervention pour essayer de protéger

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l’environnement de l’eau à Guangzhou. La première intervention était en 1988, lorsque le gouvernement cantonais publia « le programme intégral du traitement des eaux usées », ce qui fut la base au principe selon lequel il fallait: « traiter les eaux usées avec une façon

centralisée, en faisant également les traitements particuliers ». Le plus important était de

construire une grande usine pour le traitement des eaux, permettant ainsi de collecter les eaux usées par un réseau dense et complexe de canalisations. Ce programme, qui dura douze ans (la fin de ce programme a eu lieu en 2000), dirigea les travaux pour traiter l’eau de Guangzhou. Néanmoins, il y eut beaucoup de contraintes qui finirent par limiter l’impact de ce programme, dont notamment l’incapacité à suivre l’ensemble des changements de cette ville, qui furent si rapides, pendant les années qui suivirent.

Ainsi, la première grande usine de traitement des eaux a été construite après la publication du programme. Cette usine avait pour nom Datansha (大坦沙 Dà tǎn shā), et fut améliorée et perfectionnée deux fois pendant les années 1990. Il est vrai qu’il s’agissait de la seule usine de traitement des eaux usées jusqu’en 1999.

En 1998, le secrétaire du comité provincial du parti communiste, LI Changchun, a établi un programme en trois étapes concernant le traitement de la rivière des Perles. Celui-ci engagea un tournant politique majeur concernant la protection de l’environnement de l’eau, en public, pour la première fois à Guangzhou : « en 2003, il faudra être efficace (sur le

traitement de la rivière des Perles) ; en 2005 (l’eau) devra être ni noire, ni mal odorante ; en 2010, le fleuve (des Perles) devra devenir clair ». Ce programme était proposé par l’homme

politique le plus important de l’époque, au niveau de la Province. Si sa perspective était assez limitée, puisqu’il ne se focalisait pour le moment que sur le fleuve principal de Guangzhou, il témoigna néanmoins d’une attention gouvernementale sur l’environnement de l’eau et sur la problématique de la gestion de l’eau.

En 1999, la deuxième usine de traitement des eaux était construite, l’usine de Liede (猎德 Liè dé), à une époque où la vitesse de traitement d’eau à Guangzhou n’arrivait pas à rattraper celle de la pollution. Les Cantonais faisaient ainsi attention à l’état de leur eau, uniquement lorsque la pollution devenait de plus en plus grave et visible à leurs yeux.

En 2003, le gouvernement cantonais démarra les travaux nommés « la montagne verte, le ciel

bleu, l’eau claire » qui avait pour objectif de rétablir l’environnement naturel des rivières de

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traitement synthétique des rivières ». Malgré toutes ces mesures politiques mises en œuvre,

l’environnement de l’eau à Guangzhou ne s’était pas amélioré.

3.1.3.1. La mise en place de la protection et du traitement des rivières avant les jeux

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