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La qualité de l’eau courante avant 2010

Chapitre 4 : La production et la distribution de l’eau courante

4.1. La qualité de l’eau courante avant 2010

L’année 2010 fut une année particulièrement charnière pour la qualité de l’eau courante cantonaise. D’après l’enquête que nous avons réalisée, nous avons pu mettre en exergue que la qualité de l’eau courante à Guangzhou était assez inquiétante, à cause du fort

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degré de pollution, pendant un certain, et ce, jusqu’à l’année 2010. Et à partir de cette date, nous pouvons voir une nette amélioration.

L’eau courante municipale, utilisée pour l’usage quotidien des habitants, est produite par l’entreprise chargée de l’eau courante de Guangzhou. Pour permettre cette utilisation, des normes strictes sur la qualité de l’eau ont été promulguées par l’État, dans la mesure où la qualité de l’eau influence directement la santé publique. Néanmoins, avant que le gouvernement ne finisse les traitements des rivières, d’une part, et de l’eau d’une façon plus globale, d’autre part, et n’assure l’amélioration de la gestion de l’eau courante à Guangzhou en 2010, nous savons que l’eau courante cantonaise n’avait pas encore atteint les principales normes qui avaient été fixées.

En effet, Guangzhou était la seule ville de la province du Guangdong à ne pas avoir atteint complètement la norme instituée sur la qualité de l’eau courante149

.

Une question demeure : pour quelles raisons cette ville riche et si florissante, aux ressources économiques nombreuses, était-elle dans l’incapacité de fournir et de produire une eau de qualité ?

L’une des premières réponses se trouve dans la qualité de la source en eau, où puise l’entreprise chargée de l’eau courante. En effet, la source, et ce, avant d’être traitée, avait déjà un niveau de pollution particulièrement important. Selon les normes et critères chinois, cette eau était de niveau 4, voire de niveau 5, niveaux que nous avons vus comme étant impropres à une consommation quotidienne « touchant directement la peau »:

« Selon la présentation des employés de l’entreprise de l’eau, la source de l’eau courante, que traite l’usine d’épuration de l’eau nommée Xicun150

(西村水厂 Xīcūn shuǐ chǎng), est de niveau 4. A certains moments, la qualité est de niveau 5, car le plus gros problème concerne les bactéries coliformes. »151

Or, la source de l’eau doit être de niveau 3, selon un expert de ce domaine que nous avons interrogé :

149 Le ministère provincial de Guangdong de la protection de l'environnement : « Le rapport d’environnement de

Guangdong 2009 » ressource en ligne :

http://www.gdep.gov.cn/hjjce/gb/2009gongbao/201009/t20100913_87128.html

150 La plus grande l’usine d’épuration de l’eau courante à Guangzhou 151

PENG Ke, 25/11/2003, « La qualité de l’eau de la rivière de Liuxi est seulement de niveau 4 ; il faut rajouter

de grandes quantités de charbon actif pour la rendre utilisable par l’usine d’épuration de l’eau » Southern Metropolis Daily.

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« L’eau de niveau 3, comment dire ? Le niveau 3 est déjà légèrement pollué, normalement on ne l’utilise pas, quand on l’utilise c’est parce qu’on n’a pas de choix […] oui c’est vrai, à Guangzhou, on a utilisé ce genre d’eau pendant une période… »

(N° 11 Homme 59 ans, ingénieur de l’entreprise de PAC, Guangzhou, 2012)

Nous voici donc devant un premier problème et enjeu important : nous savons que l’entreprise de l’eau traite ainsi des eaux de source particulièrement polluées. Dès lors, nous devons nous questionner sur le procédé de dépollution mis en place. Nous pourrions penser qu’il suffit d’augmenter les produits chimiques afin d’atteindre le but escompté. Quel est donc ce produit ? Nous avons pu apprendre que la technologie utilisée par l’industrie de l’eau courante était le sulfate d’aluminium, pour des questions budgétaires notamment, et ce procédé, utilisé depuis une centaine, possède néanmoins de nombreuses limites :

« Avant, Guangzhou utilisait le sulfate d’aluminium152, et ce… depuis à peu près cent ans, pour traiter l’eau courante […] Ce produit ne coûte pas cher, sa production est simple, et en plus il se produit dans cette région […], mais son défaut est qu’il faut en mettre beaucoup, et il ne permet pas un effet insuffisant pour purifier l’eau. Quand on le met dans l’eau, au bout d’un moment, il ne purifie plus. Au contraire, il pollue. De plus, quand la température est de moins de 5 °C, le sulfate d’aluminium n’a presque plus d’effet pour purifier l’eau » (N° 11 Homme 59 ans, ingénieur de l’entreprise de

PAC, Guangzhou, 2012)

Nous voyons donc émerger une autre cause particulièrement importante, qui explique l’incapacité de répondre aux normes relatives à la production en eau courante. Ce procédé, devenu désuet, peut perdre ainsi en efficacité, et un surdosage peut être dangereux pour la santé publique. Ainsi, les habitants cantonais également, pourtant non équipés en appareils pour vérifier la qualité de l’eau, s’étaient rendus compte que l’eau courante proposée n’était pas de bonne qualité. En effet, certains d’entre eux sentaient le goût du produit chimique se trouvant dans l’eau, et avaient une impression qualifiée de « désagréable » quand ils l’avaient en bouche, même s’ils n’arrivaient pas en identifier clairement la raison, à cette période :

« Dans l’eau courante, on a mis beaucoup de choses chimiques pour traiter l’eau sale. Avant, quand on utilisait cette eau, on sentait le goût de la javel, c’était de la pollution seconde. J’avais une impression très forte, quand je me brossais les dents […] Le

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matin, j’avais un sentiment très désagréable quand l’eau rentrait dans ma bouche ».

(N° 2 Homme 38 ans, comptable, habitant de Guangzhou, 2012)

Pour certains Cantonais, cette eau pouvait également nuire à leur santé, avec l’apparition de certains « troubles » sur leur peau, comme des boutons :

« L’eau courante m’a fait pousser des boutons sur le visage », (N° 14 Femme 35 ans,

Musicienne, Habitant cantonais, 2013)

Or, il convient de rappeler que les boutons sont un « mauvais signe » dans la médecine chinoise traditionnelle. En effet, ils signifient qu’il y a des éléments « toxiques » (毒 Dú) dans le corps. Pour notre interviewée N° 14, ces éléments « toxiques » devaient être dus à la pollution de l’eau, mais également aux produits chimiques, qui avaient été utilisés en quantité importante pour traiter l’eau courante.

On peut ajouter à ces sensations physiques, des aspects visuels déroutants. L’eau courante qui devait être claire et limpide, dans la représentation de nos interviewés pour signifier sa « pureté », et ainsi sa non dangerosité, était parfois loin de cet aspect :

« Si on laissait l’eau courante dans un verre, après quelques jours, sa couleur devenait jaune… j’ai pensé que c’était peut-être la pollution de l’eau, j’ai eu des doutes. La serviette pour la douche, si l’on utilisait un moment, la serviette de couleur claire devenait jaune claire […] jusqu’à 2006-2007 la pollution (de l’eau) était importante, on l’a retraitée après. Comme je t’ai dit tout à l’heure, quand on récupérait l’eau courante tout de suite, sa couleur était transparente, mais après quelque temps, sa couleur changeait. » (N° 16 Femme 52 ans, Cadre, Habitant

cantonais, 2012)

La qualité de l’eau courante était ainsi mauvaise à Guangzhou, aussi bien selon les experts, que pour les habitants. Ainsi, une source d’eau trop polluée et une technologie un peu désuète, et parfois difficilement contrôlable, sont les deux conditions majeures qui ont déterminé la qualité de l’eau, pendant cette période. Quelles furent donc les solutions du gouvernement et de l’industrie de l’eau pour face à ces problématiques ? Une nouvelle technologique fut-elle déployée ?

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4.2. L’arrivée des nouvelles entreprises fabriquant le PAC (Poly-Aluminium Chloride),

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