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1Université de Nantes (UN)  ESPE NANTES  1, quai de Tourville - BP 13522 - 44035 Nantes cedex

1, France

Dans notre monde problématique décrit par Michel Fabre (2011), se pose la question d'un renouvellement de la forme scolaire et de ses enjeux de savoirs. Etant à la fois chercheure en didac- tique et enseignante en classe de troisième agricole, la diculté est la tension entre l'articulation des deux postures. En eet le chercheur a pour optique la création de savoirs nouveaux et l'ensei- gnant se trouve accaparer dans des contraintes multiples de la forme scolaire. Pourtant au regard des recommandations générales de l'Inspection de l'Enseignement Agricole :  ces enseignements d'histoire-géographie préparent les élèves à vivre et s'intégrer dans la société et à poursuivre des études, en leur transmettant des références culturelles et intellectuelles qui leur permettent de se situer dans le temps et l'espace comme dans un système de valeurs démocratiques, de com- prendre les modalités de l'action humaine, de construire des raisonnements et de les exprimer à l'écrit comme à l'oral. Ils leur donnent ainsi les moyens d'un épanouissement individuel et de se préparer à l'exercice de la citoyenneté  (clorol, 2016), les injonctions se portent plutôt vers un renouvellement de la discipline. Face à ce référentiel, des interrogations émergent à l'égard de ce public  scolairement fragilisé  et sur l'intérêt de maintenir des pratiques ordinaires en classe d'histoire. Ainsi l'opportunité d'être à la fois chercheure et enseignante autorise l'enseignante à innover, sous couvert du cadre d'analyse de la problématisation de la chercheure.

Ma recherche a pour objet la problématisation comme dispositif didactique pour appliquer les curricula au regard d'élèves présentant des dicultés scolaires. Le cadre théorique de la pro- blématisation qui  vise à dégager les conditions d'accès des élèves au savoir savant  (Doussot, 2011) peut-elle être une alternative de  faire de l'histoire  autrement en s'interrogeant sur les processus cognitifs mis en jeu ? Ce choix de la problématisation provient des constats des limites de la pratique ordinaire en classe d'histoire. D'une tendance face à des élèves en  échec sco- laire  à la réication du savoir qui peut s'opérer en privilégiant des opérations intellectuelles de  basses tensions . (Mousseau & Pouettre, 1999). D'autant plus que le Diplôme National du Brevet série professionnelle ne propose que des tâches simples à savoir : identier et relever des informations dans un document. Un phénomène renforcé dans la pratique professorale eective, où le paradigme dominant de la  boucle didactique  (Audigier, Crémieux & Mousseau, 1996) ne propose au nal qu'un faible degré d'activités intellectuelles pour  penser l'histoire . Pourtant, les travaux de recherche ont démontré que cette forme scolaire accentue les inégalités (Bonnery, 2015). Une exigence apparait alors d'étayer la construction d'outils novateurs et donc émancipa- teurs pour réduire ces inégalités. La problématisation propose à l'enseignante de faire travailler les élèves en tant qu'apprenants réexifs sur leurs propres explications, avec comme objectif de faire émerger que les réponses qu'ils proposent sont insusantes et qu'il existe d'autres raisons possibles :  pourquoi ça ne s'est pas passé autrement  (Koselleck, 1997). La problématisation

est une réexivité, en étant une recherche des solutions possibles et une mise en tension d'un savoir déjà-là. Ce processus de problématisation peut ainsi permettre de construire une progres- sivité des apprentissages qui associe savoirs et méthodes historiques comme le propose Sylvain Doussot avec un découpage sans  se référer à des âges ou à des cycles  (Doussot, 2014), ni à chercher à reproduire les propos de l'historien. Ainsi chaque élève aurait la possibilité de problé- matiser son propre savoir initial quel que soit son niveau scolaire, de progresser à son rythme, de se construire des savoirs disciplinaires, mais induit la mobilisation d'une fonction d'étayage spécique de l'enseignante. Face à ces constats, il en résulte la problématique suivante : en quoi peut-on parler d'étayage lorsqu'il s'agit d'une situation didactique de problématisation ?

Néanmoins, la mise en place de situations de problématisation nécessite des conditions qui impliquent de se détacher fortement de sa pratique ordinaire, une diculté déjà évoquée sur les pratiques eectives professorales peu concluantes de construction de savoirs problématisés (Nicole Lautier et Nicole Allieu-Mary, 2008). Ces constats et interrogations rejoignent mes premières expérimentations de construction de séquences forcées sur le régime de Vichy. Une séquence forcée propose d'aller à la limite des possibles de la classe en y créant des phénomènes de façon à mieux comprendre le fonctionnement des apprentissages scolaires et à faire évoluer le cadre théorique (Orange, 2010). Ces premières séquences forcées ont révélé une posture  aidante  de l'enseignante avec un eet  topaze  récurrent comme frein à la construction de l'espace problème, élément clé du processus de problématisation qui laisse moins d'espace à un oral réexif.

Ainsi je propose une nouvelle séquence forcée sur le régime de Vichy autour du lm Le chagrin et la pitié, visant à pallier notamment les eets de contrat résultant de ce public  scolairement fragilisé  et poursuivre mes recherches sur les conditions d'élaboration d'un processus de problé- matisation et les eets constatés sur la construction des savoirs. La nécessité de l'étayage dans la problématisation implique de la part de l'enseignante de porter un nouveau regard sur ses pratiques en ne se focalisant pas sur la bonne réponse, mais pour que les élèves se placent dans un démarche d'enquête historienne, en cherchant mieux et en surveillant leurs pensées (Bache- lard, 1938). L'analyse des données portera sur des séances lmées et des documents écrits en étudiant les interactions langagières pour repérer les indicateurs de problématisation d'une part, les  aides à la problématisation  (Orange, 2016) d'autre part et enn le processus d'étayage.

Analyses préalables pour une ingénierie