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CHAPITRE I : UN PEUPLEMENT FAIBLE ET DISCONTINU

Carte 6. Situation des masses d'air en janvier et en juillet

De toutes les stations, seule celle de Bambari, relève les températures, la durée et l’intensité des pluies. Le faible nombre des postes et la mauvaise tenue de ceux-ci ne permettent que l’observation des grandes variations régionales du climat en fonction de la latitude. Cela conduit à une sous-estimation des facteurs locaux, comme l’influence de la topographie, des cours d’eau et des formations végétales. En revanche, les données ne font pas suffisamment la part des climats et climats locaux existant là où les postes sont installés : à Bangui par exemple, où se trouvent plusieurs stations rapprochées, on observe de l’une à l’autre des variations très sensibles, de la pluviosité, normale en milieu tropical.

Toutefois, en s’inspirant des différents travaux publiés sur le climat Centrafricain, et notamment ceux de Chabra (1962, 1963), de Nevière (1960, 1965) et de Y. Boulvert (1981, 1988) on peut résumer les caractéristiques du climat du Nord-Est de Bambari par saison.

Cette région appartient au climat soudano-guinéen, avec un indice de pluviométrie de 7-2-3. Elle enregistre en moyenne des hauteurs de pluies de l’ordre de 1300 à 1400 mm par an. L’influence successive des deux anticyclones (de Libye et de Sainte Hélène) partage l’année en deux saisons principales, une saison humide et une saison sèche, séparées par des périodes transitoires. L’influence de chacun de ces anticyclones dans le Centre-Est de la R.C.A, est étroitement liée aux déplacements du FIT. Au Nord-Est de Bambari, la saison des pluies est surtout caractérisée par une très forte humidité de l’air, qui se manifeste par des brouillards matinaux fréquents. Elle comprend une période très arrosée, encadrée de deux périodes de pluviosité moins importante, pendant lesquelles les orages violents dominent (cf. figure 1).

En effet, avec la remontée du FIT, la saison des pluies qui débute ici à partir de mi-mars ou début avril ne commence pas immédiatement avec de grosses précipitations, mais par une saison intermédiaire, appelée « saison chaude » (Boulvert, 1988). A cette époque de l’année, Le FIT oscille entre 5° et 9° N (Suchel, op.cit). A cause de l’instabilité de l’atmosphère, il subit des variations journalières de position.

L’intersaison pluvieuse est caractérisée par une pénétration lente et progressive de la mousson, masse d’air chaud et humide véhiculée par un vent du sud-sud-ouest. A la limite de ces deux masses d’air, le FIT remonte très lentement en subissant de petites oscillations journalières. A une forte fluctuation vers le nord correspond, au sud du FIT, un temps très lourd, menaçant, chargé d’électricité mais encore rarement pluvieux. Les températures sont élevées le jour (maxima moyens de 33°9 à Bambari en février) et varient peu la nuit (maxima moyens de 27°4 en mars). A une forte fluctuation vers le sud, correspond, aux abords du FIT, un temps frais la nuit, brumeux parfois avec brouillard le matin ou avec brume sèche. Atteignant le sud du pays aux premiers jours de mars, cette intersaison pluvieuse atteint en mars-avril une ligne ondulante passant par Bouar, Bossembelé, Damara, Bambari, et Obo. En avril-mai, elle est plus au nord (Ndélé, et Ouanda-Djallé). A cette période, la pluie est d’évolution diurne et tombe en orages locaux influencés par les reliefs et la végétation. Ces précipitations orageuses dites « pluie des termites » chez les Banda (Piermay, 1977), sont connues de tous les Centrafricains sous le nom de « pluies des mangues ». Cette période est une intersaison plus ou moins pluvieuse, caractérisée par la pénétration lente et progressive de la mousson humide. Elle correspond généralement aux débuts des travaux champêtres (abattage des arbres, préparation des champs pour le labour), au retour des premiers éleveurs à leurs campements de saison des pluies, et aux premières disputes de cette saison entre agriculteurs et éleveurs.

De mai à octobre, le FIT stationne vers 9° N ; il occupe sa position la plus septentrionale en juillet-Août sur la région et peut aller bien au-delà du neuvième parallèle. La région nord de Bambari se trouve alors baignée par le flux de la mousson. Boulvert (1981), souligne que lorsque ce flux pénètre à l’intérieur des continents, il apporte des précipitations abondantes sous forme d’orages, de lignes de grains, des amas convectifs ou poussées de mousson.

Ces précipitations sur le Centre-Est de la R.C.A. sont entretenues par des quantités de vapeur d’eau précipitable sur le continent apportée par le flux de mousson humide. L’ascendance de cette vapeur favorise la

condensation, d’où libération de la chaleur latente et formation de gros nuages de type cumulonimbus, à grand développement vertical. Les nuages sont responsables d’importantes pluies qui s'abattent sur la région de Bambari.

La saison des pluies qui va de mi-mars à mi-octobre est la période des activités agricoles. Ces dernières atteignent leur intensité maximale entre mi-juin et fin août, période où les agriculteurs partagent leur temps entre labours et semis des parcelles de coton, et ceux des cultures vivrières (maïs et arachide, courges, sésame, etc.). Pour les éleveurs, c’est plutôt la période de repos. L’herbe est abondante, les vaches mettent bas et le lait ne manque pas. C’est également le moment où les conflits atteignent leurs pics entre les deux communautés.

A la fin de la saison des pluies dans la deuxième moitié du mois d’octobre, l’irruption de l’harmattan est assez brutale (Cf. fig.1). En effet, l’intersaison sèche ne dure que quelques semaines, marquée par un temps variable, accompagnée au sol de brume sèche ; souvent, des orages parfois d’origines thermiques, dus aux premiers feux de brousse éclatent ; ils sont alors très violents. La période allant de mi-octobre à mi-novembre correspond à l’arrivée des premiers éleveurs dans leurs zones de transhumance généralement situées dans les vallées des rivières Ouaka, Yambélé et Kotto. Certains atteignent les rives de l’Oubangui. Pour ce qui concerne les agriculteurs, c’est la saison des récoltes de tout genre : courge, sésame, riz, etc. ; le coton est récolté un peu plus tard.

De novembre à mi-mars, la saison sèche s’installe. Le F.I.T. se trouve alors au sud de 4° N, et toute la zone connaît la sécheresse. L’harmattan plus puissant à cette époque, souffle au moins pendant cinq mois sur les régions parcourues. Cette période est dite « fraîche », avec des températures diurnes assez élevées (maxima moyens de 31°8 à Bambari en décembre) et des nuits fraîches (minima moyens de 19°4 à Bambari en décembre), voire "froides" pendant quelques jours (jusqu’à + 10°). Parfois, la saison sèche est coupée par quelques orages dus à une brusque avancée de la mousson vers le nord.

Figure 1. Découpage saisonnier suivant les évènements climatiques à la station de Bambari (Centre-est de la RCA)

Source : Ndjendolé S., Septembre 2OO1

Dans l’ensemble, bien que les précipitations soient abondantes dans cette région, il convient de souligner qu’elles sont caractérisées par leur irrégularité inter-annuelle. En effet, la saison sèche peut être bien marquée ou inexistante. Les mois de saison des pluies peuvent exceptionnellement ne recevoir que très peu d’eau. Dans ces irrégularités, les conditions locales jouent un rôle considérable. En revanche, les totaux annuels ne varient pas dans les mêmes proportions, loin de là. L’irrégularité affecte donc plus les régimes pluviométriques que la quantité totale de pluies reçues. Cette irrégularité est sans doute due à la diversité des influences climatiques qui affectent cette région, où le FIT n’est jamais très éloigné. Le caractère imprévisible du régime pluviométrique peut, en certaines années exceptionnelles, compromettre le bon développement des cultures. Néanmoins, les précipitations restent toujours très largement supérieures aux besoins de l’agriculture, qui bénéficie d’autres part de leur étalement sur de nombreux mois.

0,0 50,0 100,0 150,0 200,0 250,0

janv fév mars avril mai juin juil août sept oct nov déc

P pos m ens uel le s , E T P 1 /2E T P ( m m )

pluie ETP 1/2ETP

Période Humide pré-humide

Donc, au rythme des saisons défilent les activités humaines (élevage et agriculture). Le climat s’associe également à la nature de la roche mère pour déterminer la nature des sols et de la végétation.

C. UN MILIEU DE SAVANES CARACTERISE PAR SA FRAGILITE

Au cours de nos enquêtes de terrain, agriculteurs et éleveurs n’ont cessé de se plaindre concernant le manque de terres pour les premiers, et la dégradation des pâturages pour les seconds. Qu’en est-il réellement des sols et de la végétation du Nord-Est de Bambari ?

1. Types de sols et leur disponibilité