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B. Les manifestations inconscientes de la Volonté dans la nature

2. Second degré : les manifestations inconscientes de la Volonté dans le monde végétal

Schopenhauer, concernant le monde végétal, donne de très nombreux exemples de ce sentiment obscur qui guide la croissance des plantes. Les exemples les plus nombreux et les plus précis se trouvent dans la section « Physiologie végétale » de son ouvrage De la Volonté dans la nature. Schopenhauer s’appuie sur ces considérations empiriques pour témoigner de la manifestation de la Volonté dans la nature, c’est-à-dire, comme nous l’avons défini, d’une force aveugle vers la conservation dont tout être est la manifestation.

Nous ne pouvons ici reprendre l’ensemble des considérations scientifiques sur lesquelles il s’appuie, mais nous allons en développer brièvement trois très significatives.

La première concerne les réactions des plantes vis-à-vis de la lumière. Comme nous l’avons évoqué précédemment, la réaction des plantes est déterminée par une excitation.

Une modification du milieu (lumière, chaleur, etc.) peut faire réagir une plante. Là, en l’occurrence, Schopenhauer évoque les plantes grimpantes et affirme, à partir des travaux du botaniste anglais Thomas Andrew Knight (1759-1838), que, lorsqu’elle cherche un support, elle le cherche toujours « en poussant toujours vers l’endroit le plus ombreux » fuyant ainsi la lumière.

« Une preuve nette de la manifestation de la Volonté dans les plantes nous est fournie par les plantes grimpantes, qui, lorsqu’elles ne trouvent pas autour d’elle un support auquel elle puisse s’accrocher, le recherche en poussant toujours vers l’endroit le plus ombreux, même vers un morceau de papier de couleur sombre, où qu’on le place ; par contre, elles fuient le verre, parce qu’il brille » (Schopenhauer, 1836, p. 119)

L’expérience va plus loin encore, puisqu'elle révèle que l'attirance concerne également les objets sombres, et la répulsion, du même coup, les objets lumineux ou brillants.

Schopenhauer tient cette expérience pour une preuve de sa métaphysique : la plante est aveuglément attirée par le milieu qui lui est favorable et fui les milieux qui ne le lui sont pas.

Toujours concernant les plantes grimpantes, la seconde considération porte sur le choix du tuteur et sur sa capacité à assurer leur survie.

« La Cuscuta ne s’enroule pas autour de n’importe quel tuteur : elle fuie les parties animales, les végétaux morts, les métaux et toute autre matière inorganique. Elle choisit uniquement des plantes vivantes, et encore non sans discernement. Par exemple elle ne s’enroule pas autour des mousses, mais recherche les plantes dont elle peut, grâce à ses papilles, tirer la nourriture qui lui convient, et ces plantes l’attire déjà à une certaine distance » (Treviranus, cité dans Schopenhauer, 1836, p.

120).

Ainsi, la Cuscuta « choisit » son tuteur et elle ne le « choisit » pas n’importe comment.

39 Cette plante, qui est pourvue de sensibilité mais pas d’une conscience intuitive, fait preuve de discernement et s’enroule autour d’un tuteur qui peut lui fournir la nourriture dont elle a besoin. Cette citation de Gottfried Reinhold Treviranus (1776-1837, naturaliste et médecin allemand), reprise ici par Schopenhauer, prouve non seulement que les plantes réagissent avec beaucoup de perspicacité au milieu et à ses possibles évolutions, mais qu’elles ont en plus la capacité de reconnaître et d'être attiré, à une certaine distance déjà, vers telle ou telle condition (là en l’occurrence, tel ou tel tuteur). La notion de distance nous renvoie ici plus loin que la simple excitation ou réaction : il y a un sentiment obscur, un « désir » d’un milieu ou de conditions particulières pouvant assurer au mieux la survie.

C’est dans ce désir, qu’il évoquait déjà à propos des corps inorganiques, que Schopenhauer voit la manifestation de la Volonté. Une telle poussée de la plante, vers un milieu ou un élément duquel elle n’a pas forcément reçu d’excitation, est la manifestation de cette aveugle Volonté de vivre (Wille zum Leben), qui nous semble, à la vue de ces travaux, d’une mystérieuse lucidité !

La troisième considération concerne plus directement encore la conservation et donc la Volonté de vivre. Schopenhauer s’appuie sur des travaux de botanique – ceux notamment du botaniste anglais Charles Daubeny (1795-1867) – pour affirmer que la manifestation de la Volonté de vivre dans les plantes passe par la sélection de certaines substances du sol1. Ainsi, les racines des plantes et des arbres en particulier poussent dans et vers les zones du sol les plus propices à leur développement2. Ainsi, elles n’ont aucune conscience du bénéfice de telle ou telle région du sol, ni la représentation de ce qui est le mieux pour leur développement, mais elles se dirigent infailliblement vers elles.

Ce que toutes ces expériences prouvent, aux yeux de Schopenhauer, c’est que la Volonté est antérieure et indépendante de la conscience, car des êtres qui en sont dénués et ainsi condamnés à une existence aveugle, ne sont pas moins capable de vivre en parvenant à se conserver au mieux. Il y a plus : ces êtres en sont d’autant plus capables, qu’ils sont d'autant plus privés de connaissance. En effet, la force vitale, qui pour

1 « Dans la même revue, année 1835, n°981, on rencontre la traduction d’une communication du Pr Daubeny, d’Oxford (Edinb. New philos. Journ., Avril-Juillet 1835), qui, grâce à de nouvelles expériences très minutieuse, confirme avec certitude que les racines des plantes, au moins jusqu’à un certain degré, ont la capacité de faire un choix parmi les substances du sol » (Schopenhauer, 1836, p. 122).

2 À l'appui de cette idée, Schopenhauer cite Georges Cuvier (1769-1832), et notamment le passage : « Ainsi les cimes des arbres cherchent toujours la direction verticale, à moins qu'elles ne se courbent vers la lumière

; leurs racines tendent vers la bonne terre et l'humidité, et se détournent pour les trouver, sans qu'aucune influence des causes extérieures puisse expliquer ces directions, si l'on n'admet pas une disposition interne propre à en être affectée, et différente de la simple inertie des corps bruts » (Cuvier, Histoire des progrès des sciences naturelles depuis 1789 jusqu'à ce jour, vol. I, 1826 ; cité par Schopenhauer, 1836, p. 116).

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Schopenhauer est Volonté, fait preuve ici, dans le règne végétal, d’une infaillibilité totale : la plante, toute entière Volonté, n’ayant tout au plus qu’un vague sentiment de l’extérieur, et simplement soumise à l’excitation, témoigne d’une force aveugle qui la

« guide » infailliblement vers sa conservation et la survie de son espèce. La connaissance, qui naît avec les fonctions cérébrales, vient perturber cette force infaillible : plus l’instinct cède le pas à la conscience, plus la possibilité d’erreur est grande. Pour Schopenhauer, cela prouve que la Volonté est parfaitement indépendante de l’intellect, parce que ce dernier n’est pas une condition nécessaire à la vie1. Un organisme peut vivre sans conscience, mais la conscience ne peut exister sans la vie organique et ses « processus vitaux totalement inconscients » (Schopenhauer, 1836, p. 80 ; SW, Band III., p. 344). La connaissance est donc proprement un accident, un élément secondaire, dérivé de notre essence. La plupart des êtres en sont dépourvus, ce qui ne les empêchent pas de croître, de subsister, de se multiplier, etc.

La suite de notre ascension dans l’échelle des êtres nous conduit maintenant à la vie animale. Cette étape « intermédiaire », entre les êtres dépourvus de connaissance (corps inorganiques et plantes) et les êtres connaissants (animaux), n’est pas sans évoqué, comme le fait remarquer à juste titre Edouard Sans, dans son Schopenhauer, que

« Schopenhauer (…) apprécie la distinction de Bichat entre la vie animale (intelligence en termes schopenhaueriens) et la vie organique (Volonté). La vie organique concerne les fonctions de nutrition et de reproduction, alors que la vie animale touche les fonctions de relation, caractéristique des êtres supérieurs » (Sans, 1990, p. 24). Pour reprendre le terme de Cabanis, la sensibilité dépourvue de conscience, toute entière présente chez les plantes, se retrouve comme base organique de la vie animale. La notion cabanissienne de sensibilité trouve ainsi toute sa place au sein des considérations physiologiques de Schopenhauer. C’est ce qui fait dire notamment à Gabriel Peron et Clément Rosset2, que les véritables précurseurs de Schopenhauer ne pas des philosophes, mais bien Cabanis et Bichat. C’est ce qu’il nous faudra quelque peu étudier, après avoir défini le troisième degré de l’échelle des êtres.

1 Schopenhauer se permet ici une remarque psychologique en pensant déceler la principale cause de résistance et l'origine affective des difficultés pour les savants à reconnaître une Volonté aux plantes : cela, en effet, vient « du fait que eux aussi sont prisonniers de la vieille croyance selon laquelle la conscience est la condition nécessaire de la Volonté. Or, les plantes n’en ont manifestement pas ». Il déplore alors qu’il ne leur est pas venu à l’idée « que la Volonté soit le facteur primaire, et, par conséquent, indépendant de la connaissance, élément secondaire avec lequel seulement apparaît la conscience » (Schopenhauer, 1836, p.

123).

2 Gabriel Peron établit que le primat de l’affectivité défendu par Schopenhauer, ainsi que la conception de l’inconscient qui en découle, trouvent leur origine dans les œuvres de Cabanis et Bichat (cf. Peron, 2000, p.

232-233). Clément Rosset, quant à lui, identifie les deux savants comme les uniques précurseurs possibles du philosophe concernant sa définition du concept étendu de Volonté, et donc du primat de l’affectivité qui en découle (cf. Rosset, 1967, p. 94).

41 3. Troisième degré : les processus organiques inconscients

La notion d’inconscient (unbewußt) est utilisé d’un point de vue empirique, pour caractériser des processus en œuvre au sein même de tout organisme animal. Si, physiologiquement, le cerveau est le symbole de l’animalité, au sens où il est le siège de la conscience (il est l’intellect vu objectivement), le reste de l’organisme, dont le travail demeure la plupart du temps inconscient, demeure proche de la nature végétative. C’est même la base organique sur laquelle repose le cerveau, puisque son fonctionnement dépend de fonctions végétatives et inconscientes (unbewußt). Selon Schopenhauer, chaque degré de l’échelle des êtres repose sur le précédent et, ainsi, la nature animale, connaissante (pourvue d’un cerveau), repose sur une nature végétative et donc dépourvue de connaissance.

L’absence de conscience fondamentale des processus gouvernant le fonctionnement interne des plantes se retrouve dans les degrés supérieurs des manifestations de la Volonté (dans les formes de vie animale et donc également chez l’Homme). Ainsi, certaines fonctions internes des organismes animaux réagissent par excitation, indépendamment du fait que l’action proprement animale soit orientée par les motifs, c’est-à-dire que la connaissance leurs fournissent des raisons d’agir. Schopenhauer, notamment dans De la Volonté dans la nature, insiste sur cette distinction entre mouvements internes inconscients et actions externes conscientes. Les premiers regroupent entre autre la digestion, les sécrétions, les battements du cœur, etc., c’est-à-dire l’activité des « fonctions internes inconscientes de l’organisme [innern unbewußten Funktionen des Organismus] »1 ou encore des « processus vitaux totalement inconscients [die völlig unbewußt vorgehenden Lebensprozesse] »2. Le cerveau, et donc la conscience, n’intervient pas dans ces fonctions végétatives de l’organisme.

« La conscience a son siège dans le cerveau et se limite donc aux parties dont les nerfs vont au cerveau ; elle disparaît d'ailleurs si on sectionne ces nerfs : ainsi s’explique absolument la

1 « Mon principe est donc que la « chose en soi » de Kant, le substrat ultime de tout phénomène, c’est la Volonté : or, je n’en avais pas seulement déduit que la Volonté est aussi l’agent qui se trouve à l’œuvre dans toutes les fonctions internes, inconscientes, de l’organisme [innern unbewußten Funktionen des Organismus], mais également que ce corps organique lui-même n’est autre que la Volonté entrée dans la représentation, la Volonté elle-même considérée à travers cette forme de la connaissance qu’est l’espace » (Schopenhauer, 1836, p. 91 ; SW, Band III., p. 355).

2 « Les progrès de la physiologie depuis Haller ont mis hors de doute que ce ne sont pas seulement les actions extérieures accompagnées de conscience (functiones animales), mais aussi les processus vitaux totalement inconscients [die völlig unbewußt vorgehenden Lebensprozesse] (fonctiones vitales et naturales) qui sont gouvernés communément par le système nerveux ; ainsi pour ce qui est de la prise de conscience, la différence réside uniquement dans le fait que celles-là sont régies par des nerfs qui partent du cerveau » (Schopenhauer, 1836, p. 80 ; SW, Band III., p. 344).

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rence entre le conscient et l’inconscient [Unbewußten], et donc entre le volontaire et l’involontaire dans les mouvements du corps » (Schopenhauer, 1836, p. 81 ; SW, Band III., p. 345).

Schopenhauer explique ici la distinction fondamentale qu’il opère entre les mouvements involontaires et les mouvements volontaires du corps. Les mouvements involontaires, ou mouvements réflexes, sont des mouvements inconscients : ce qui signifie que l’information nerveuse ne transite pas par le cerveau. Ils sont ainsi le résultat de l’activité du système ganglionnaire, et sont donc provoqués par des excitations. Les mouvements volontaires, sont des mouvements conscients au sens où l’information nerveuse passe par le cerveau. Ils sont volontaires au sens où ils sont conscients et donc provoqués par des motifs. Ce qu’il faut ne pas perdre de vue ici c’est que ces deux types de mouvements sont les expressions d’actes de la Volonté. La notion de volontaire renvoie ici non au terme de Volonté (Wille) mais à celui de volonté consciente (Willkür).

Tant les mouvements involontaires que les mouvements volontaires sont des manifestations de la Volonté, simplement les premiers ne transitent pas par le cerveau et sont le résultat de réactions du système ganglionnaire à des excitations. Cette distinction repose ainsi sur la distinction entre Volonté et acte volontaire : Schopenhauer affirme que le second n’est qu’une espèce particulière de la première. En effet, nous dit Schopenhauer,

« la Volonté s’appelle acte volontaire quand elle est éclairée par la connaissance, c’est-à-dire quand elle a pour causes de son action des motifs, donc des représentations ; autrement dit, en parlant objectivement, lorsque l’influence extérieure qui détermine l’acte est transmise par un cerveau. On peut définir le motif comme une excitation extérieure sous l’influence de laquelle naît tout d’abord une image dans le cerveau, et grâce à cette image, la Volonté exécute l’action elle-même, une action extérieure au corps » (Schopenhauer, 1836, p. 78).

Nous avons ici une explicitation physiologique de la différence que nous avons évoquée précédemment entre l’excitation et le motif. Le motif, qui est une représentation, provoque un acte volontaire : il est volontaire car il est conscient, le cerveau ayant fournit une image qui a permis à la Volonté de s’orienter. L’excitation n’est donc pas une influence extérieure comme le motif, mais immédiate et inconsciente. C’est sur cette idée que Schopenhauer définit cette importante différence. L’excitation et le motif ne sont que deux modes, le premier immédiat et inconscient, le second médiat et conscient, de la manifestation de la Volonté. Ce qui n’affecte en rien « l’élément essentiel, primaire » : l’acte volontaire qui distingue l’animal de la plante, entièrement soumise à l’excitation, se réalise par la médiation du cerveau1. C’est le système cérébral, venant s’ajouter au

1 « Sur le plan physiologique, la différence entre excitation et motif peut se caractériser ainsi : l’excitation appelle immédiatement la réaction, celle-ci venant de la partie même sur laquelle vient agir l’excitation. Le motif, au contraire, est une excitation qui doit faire le détour par le cerveau, lequel donne naissance à une image : c’est cette dernière qui engendre la réaction : cette réaction s’appelle alors acte de volonté, acte volontaire. La différence entre mouvements volontaires et involontaires ne touche donc pas l’élément

43 système ganglionnaire, qui est le propre de la physiologie des animaux. C’est pourquoi Schopenhauer définit la connaissance comme le propre de la nature animale. Cela fonde, selon lui, l’idée qu’il existe une force commune à l’origine à la fois des mouvements volontaires et des mouvements involontaires. Cette force, nous l’appelons force vitale, mais nous pouvons l’appeler également Volonté. En effet, ce qui ressort de l’observation des organismes végétaux et animaux, c’est que l’ensemble des fonctions vitales, qui sont inlassablement mis en mouvement par une force interne, infaillible et infatigable, sont proprement inconscientes, c’est-à-dire que leur fonctionnement ne dépend en rien du cerveau. L’impulsion première ne vient donc pas de la conscience, ni d’une volonté qui serait consciente, mais du fond de notre être. La connaissance, élément dérivé et secondaire, ne serait bel et bien qu’un moyen particulier qu’a cette Volonté pour s’orienter dans le monde.

« La Volonté, que nous trouvons au dedans de nous, ne résulte pas avant tout, comme l’admettait jusqu’ici la philosophie de la connaissance, elle n’en est même pas une pure modification, c’est-à-dire un élément secondaire dérivé et régi par le cerveau, comme la connaissance elle-même ; mais elle est le Prius de la connaissance, le noyau de notre être et cette propre force originelle qui crée et entretient le corps animal, en en remplissant toutes les fonctions inconscientes [unbewußten] et conscientes : comprendre cette vérité est le premier pas à faire pour pénétrer dans ma métaphysique » (Schopenhauer, 1844, p. 1008, nous soulignons ; SW, Band II., p. 378).

Nous voyons ici, nous dit Schopenhauer, se manifester à un niveau empirique, que la connaissance, en tant que fruit du cerveau, dépend entièrement de fonctions organiques inconscientes. À l’inverse des philosophies modernes notamment, Schopenhauer soutient que la Volonté est le Prius de la connaissance, et c’est là une idée essentielle permettant de comprendre au mieux sa métaphysique. Il se manifeste là, en effet, des éléments empiriques qui préfigure jusqu’à ses développements sur la morale : si la connaissance avec ses fonctions particulières isole les individus, leur Volonté les réunit en une même essence1. Là se manifeste la profonde nature de tous les êtres.

essentiel, primaire, qui est dans les deux cas la Volonté, mais uniquement le facteur secondaire, celui qui provoque la manifestation de la Volonté, que cette manifestation vienne d’une cause, d’une excitation ou d’un motif, c’est-à-dire d’une cause qui a traversé le champ de la connaissance » (Schopenhauer, 1836, p.

79).

1 « Chez l’homme, c’est le cerveau avec la conscience qui isole les individus : la partie inconsciente [der unbewußte Teil], au contraire, la vie végétative, le système ganglionnaire, dans lequel, durant le sommeil, disparaît la conscience cérébrale, semblable au lotus qui la nuit se plonge dans les flots, voilà la vie commune à tous, et ils y trouvent même exceptionnellement un moyen de communication, par exemple dans cette transmission directe des rêves d’un individu à l’autre, dans ce passage des pensées du magnétiseur à la somnambule, ou encore enfin dans toute influence magnétique, ou, en général, magique, issue d’une Volonté préméditée » (Schopenhauer, 1844, p. 1048-1049 ; SW, Band II., p. 422).

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