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C. Le Centre de pastorale liturgique

III. SCIENCE DE LA LITURGIE ET TRADITION FONDATRICE

Dans les études récentes le débat concernant l’approche historique et théologique de textes liturgiques suit les grandes lignes tracées par la recherche issue du Mouvement liturgique : les études portant sur la liturgie sont à la fois de type théologique, pastoral et historique et s’inscrivent dans la ligne historico-critique du développement des études bibliques et patristiques. On peut prendre comme exemple quelques ouvrages dont les auteurs sont des enseignants à l’Institut supérieur de liturgie de Paris et des liturgistes reconnus, pour observer la manière dont ils considèrent actuellement la liturgie en tant que science par rapport à la théologie et la place accordée à l’histoire. P. de Clerck, un de ses anciens directeurs, montre quelle est l’articulation entre la théologie et la liturgie, les présentant à côté de l’exégèse comme disciplines distinctes :

« Commençons par présenter plus largement les rapports entre théologie et liturgie. Quel est donc le sens de la copule qui relie ces deux derniers mots ? Théologie et liturgie sont-elles des réalités extérieures l’une à l’autre ? La liturgie mérite-t-elle ou non la qualification théologique ? (...) On pourrait faire appel, analogiquement, aux rapports entre l’exégèse et la théologie ; la première est-elle extérieure à la seconde ? Il ne fait pas de doute que les sciences bibliques requièrent une formation particulière, ne fût-ce que la connaissance des langues anciennes, qui n’est pas indispensable au théologien moraliste. L’exégèse a ses méthodes propres ; elle les a forgées au cours des trois derniers siècles, et a ainsi acquis une certaine autonomie parmi les disciplines théologiques. Un des principaux organismes de la Faculté de

théologie et de sciences religieuses de notre maison ne se nomme-t-il pas d’ailleurs Section de théologie biblique et systématique ? Cette appellation reconnaît la particularité des sciences

bibliques, tout en les intégrant dans un ensemble strictement théologique : le terme “systématique” en fait foi. Les meilleurs théologiens sont en effet convaincus, aujourd’hui, qu’ils ne peuvent ignorer les résultats de l’exégèse pour élaborer un discours théologique. Le statut de la liturgie pourrait-il être analogue à celui de l’exégèse ? »1.

Il poursuit son article en expliquant que le rapport entre la théologie et la liturgie est encore plus compliqué parce que le statut épistémologique des deux disciplines n’est pas le même. La théologie est, selon lui, une des disciplines de la science liturgique et se rapporte à la liturgie comme à un objet de connaissance et peut même « la considérer comme une source de compréhension, et se rendre attentive à la portée théologique des célébrations, en leur rites comme en leur textes » (p. 129). Il ne définit pas distinctement ce qu’est la « science liturgique », mais note seulement qu’elle « se propose sous le plus de facettes possible la spécificité de ces actes que l’on appelle liturgiques. Elle fera appel à l’histoire, bien entendu,

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P. DE CLERCK, « La liturgie comme lieu théologique. », in Id. (dir.), La liturgie lieu théologique, Actes du colloque de 40 ans de l’Institut supérieur de Liturgie, 22-24 janvier 1997, Paris, 1999, p. 125-126.

car l’Eglise n’est pas née d’hier… » (p. 127), mais aussi à l’anthropologie : « L’étude anthropologique de la liturgie se révèle être également du plus grand intérêt, car la liturgie ne se limite pas à des textes ou à des paroles ; elle est par nature l’action d’un groupe humain, avec sa sociologie et sa psychologie religieuse, et l’on tirera grand profit de l’étude des lieux dans lesquels l’action se déploie, des gestes et postures qu’elle prescrit, de l’ethos dans lequel elle introduit » (p. 128).

D’un point de vue épistémologique on pourrait s’interroger sur l’hétérogénéité de ces disciplines théologiques tout à la fois autonomes et tellement dépendantes dans la recherche des outils méthodologiques des sciences humaines, dont ceux de l’histoire en premier lieu. Comme l’auteur du manuel d’introduction à la liturgie, A.-G. Martimort et beaucoup d’autres spécialistes1 dans ce domaine, il accepte que l’étude de la genèse des textes liturgiques d’un point de vue historico-culturel doit passer par des approches historiques, anthropologiques, sociologiques, etc., mais souligne que l’objectif principal est théologique ou plus précisément pastoral. L’article de P. de Clerck est une approche de la liturgie comme lieu à la fois théologique et historique de la foi, ce qui justifie pour lui l’interaction entre liturgie et théologie. Partant de l’adage « Lex orandi, lex credendi, selon lequel la loi de la prière détermine la loi de la croyance » (p. 129), il l’interprète dans un double sens : « tantôt la théologie imprime sa marque à la liturgie ; c’est ce qui se passe lors d’une réforme liturgique. Tantôt la liturgie peut être considérée dans ses aspects doctrinaux, car elle véhicule des convictions de foi » (p. 133). D’un point de vue théologique, cet adage signifierait que la liturgie et le dogme sont liés et représentent l’expression de la tradition, comme le montre d’un point de vue théologique J.-G. Boeglin pour qui cette formule, lex orandi, lex credendi, « signifie que le culte et le dogme ont un lien étroit entre eux. Ainsi les doxologies, les confessions et les symboles sont à la fois des formules de confession de foi et de louange. C’est pour cette raison que toute enquête sur la conjoncture actuelle de la foi doit écouter ces formules dont le Sitz im Leben est la liturgie, car elles sont des lieux privilégiés où se vit la Tradition de la foi. Cette écoute ne signifie pas pour autant que la liturgie a la fonction de norme de la foi ; mais elle en assure le témoignage et le commentaire. La liturgie est un lieu important de la Tradition vivante parce qu’elle est en même temps une profession de foi dont l’Eglise tout entière est le sujet. A ce titre-là, elle est un des lieux où peut se vérifier la voix de la Tradition vivante. (…) La liturgie est Tradition en acte dans des rites humains

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Par exemple D. MEDEIROS, « La natura della liturgia nella discussione odierna » ; G. BONACCORSO, « I principali orientamenti dello studio della liturgia », in E. CARR (éd.), Liturgia Opus Trinitatis. Epistemologia

d’appropriation du salut. Quand on parle de liturgie on entend surtout en fait l’eucharistie célébrée (…). L’eucharistie, ou bien le repas du Seigneur, est l’illustration fondamentale de ce qui est au cœur de la foi chrétienne : c'est-à-dire une mémoire en acte. En effet, l’eucharistie rend présent devant Dieu un événement passé, le sacrifice du Christ, pour avoir part mutuellement à la grâce qui en découle, dans l’attente d’accomplissement final qu’est le salut »1.

Donc en suivant J.-G. Boeglin, pour le théologien « la liturgie est Tradition »2. Comme une confirmation, P. de Clerck ajoute dans la conclusion de son article :

« J’espère avoir montré que la liturgie qui est fondamentalement l’action d’une assemblée (et non seulement sa régulation cérémonielle), véhicule l’expérience de l’Eglise, plus exactement des Eglises, en leur diversité, et qu’elle est susceptible d’être reprise théologiquement, de faire l’objet d’une élaboration théologique systématique »3.

Par conséquent, on pourrait comprendre que la liturgie est pour l’auteur, un acte de foi, une célébration rituelle communautaire, le véhicule ou l’instrument de la Tradition. On peut conclure que pour P. de Clerck la liturgie en tant que science est une discipline théologique mais c’est principalement par l’histoire, la sociologie, l’anthropologie, etc., qu’elle est abordée dans sa pratique communautaire. D’ailleurs en France on ne la rencontre sous cette désignation de « science liturgique » ou « liturgie » que dans les Facultés de théologie, or la théologie elle-même est absente de l’Université publique. En revanche, au sein même de cette Université, dans la recherche sur des sujets portant sur l’histoire de la liturgie comme les origines du rite de l’Eucharistie, on ne peut négliger le travail, souvent d’une grande finesse dans l’analyse historique et littéraire des textes, dû à des théologiens.

L’article de P. de Clerck est publié dans les actes du Colloque des quarante ans de l’Institut supérieur de liturgie des 22-24 janvier 1997, qu’il a lui-même organisé, étant alors le directeur de cet institut. Dans la présentation de ces actes, il définit le projet du colloque qui consistait, en « observant les modifications en cours, [à] évaluer la conjoncture et [à] réfléchir sur les évolutions des études liturgiques » à l’Institut supérieur de liturgie, internationalement reconnu, et à faire sortir la science liturgique de son confinement dans les sciences historiques : « la discipline majeure des études liturgiques avait été l’histoire ; il valait donc la

1

J.-G. BOEGLIN, La question de la tradition dans la théologie catholique contemporaine, Paris, 1998, p. 362-365.

2

J.-G. BOEGLIN, op. cit. , Paris, 1998, souligné par l’auteur p. 366.

3

P. DE CLERCK, « op. cit. », in Id. (dir.), La liturgie lieu théologique, Actes du colloque de 40 ans de l’Institut supérieur de Liturgie, 22-24 janvier 1997, Paris, 1999, p. 142.

peine de mesurer les écarts »1. La liturgie est définie non seulement comme l’expression de la foi de l’Eglise, en l’occurrence de l’Eglise catholique, mais également comme l’un de ses lieux source.

Théologien et historien de la liturgie, P.-M. Gy, lui aussi ancien directeur de l’Institut supérieur de liturgie, souligne dans La liturgie dans l’histoire, les liens nécessaires particulièrement entre histoire et théologie comme deux sciences indispensables à la compréhension des véritables enjeux de l’évolution liturgique et de l’interaction entre la liturgie comme acte de foi et la théologie qui l’interprète2. En même temps, il met en évidence l’importance pour le liturgiste d’une histoire de la liturgie ancrée dans l’histoire générale ou constituant un domaine important de cette histoire qui peut contribuer à la compréhension des sociétés du passé comme des société modernes. Néanmoins, même située dans l’histoire la liturgie représente aussi pour P.-M. Gy la mémoire des origines chrétiennes et la voie de transmission de la Tradition de son Eglise et du christianisme en général. De façon significative, il clôt son livre par une homélie intitulée « La tâche du liturgiste » où il l’explique par rapport à celle du théologien :

« Comparons le liturgiste et le théologien. La théologie est intérieure à la foi, c’est la foi vivante qui cherche l’intelligence, fides quaerens intellectum, et le théologien est un croyant qui, à l’intérieur de son adhésion vivante de foi, cherche à comprendre ce qu’il croit et dont il vit. On peut dire quelque chose de semblable du liturgiste. Le liturgiste est d’abord un liturge, c’est-à-dire quelqu’un qui croit et qui célèbre au milieu de l’Ecclesia, in medio

Ecclesiae, et son étude est comme intérieure à son activité célébrante, intérieure à la

célébration de l’Eglise dans laquelle il est engagé. La liturgie comme savoir chrétien, c’est la célébration réfléchissant sur son propre sens »3.

Pour la liturgie en général et la liturgie eucharistique en particulier, qu’il s’agisse de ses origines ou de son évolution au cours de deux millénaires, le recours à l’histoire et à sa méthodologie est une nécessité qui fait en même temps ressortir son utilisation aporétique car l’objectif à atteindre semble être théologique. Dans une récente présentation sur les études liturgiques, P. de Clerck note précisément à ce sujet :

« Pour tous les domaines de la théologie, elle [l’histoire] reste un outil d’investigation indispensable. Comment comprendre et interpréter la vie de Jésus sans scruter toujours plus et mieux, à l’aide de méthodes et de questions nouvelles, le milieu dans lequel il a vécu, et sa culture ? Comment comprendre la structure actuelle de la messe sans s’interroger sur les

1

P. DE CLERCK, « Présentation », in Id. (dir.), La liturgie lieu théologique, Paris, 1999, p. 1.

2

P.-M. GY, op. cit., Paris, 1990.

3

conditions qui ont fait apparaître par exemple, ce qu’on a appelé “l’offertoire”, et disparaître, pendant près de quinze siècles, la communion des fidèles ? »1.

M. Metzger, pourtant si explicite sur le but théologique et pastoral de son étude portant sur l’histoire de la liturgie eucharistique cité au chapitre précèdent, dans Histoire de la

liturgie, les grandes étapes, laisse aussi apparaître cet aspect paradoxal voire aporétique d’une

démarche méthodologique historique pour expliquer théologiquement la liturgie. Pour la méthode historique il note :

« On présentera les différentes institutions liturgiques telles que les sources disponibles permettent de les connaître, selon les époques et les Eglises. Pour cela on examinera les documents existants, pour reconstituer, autant que faire se peut, le déroulement et l’évolution des rites et des formulaires. On veillera de se défaire de tout à priori et préjugé, en se démarquant de certaines façons de faire, trop habituelles dans un passé encore récent, lorsque l’historie de la liturgie était mise au service de thèses à démontrer et, pour cela conduite de façon déductive. (…) Il faut donc éviter de projeter dans le passé des préoccupations ou des usages plus récents. Outre le domaine de la pénitence, le risque existe aussi à propos de la célébration eucharistique » 2.

Mais dans le premier chapitre, les premières lignes indiquent son appartenance : « L’étude historique de la liturgie a été officiellement reconnue par le Concile Vatican II (Constitution sur la liturgie, § 16 et 23) »3 et l’importance accordée à la « Tradition », avec un « T » majuscule qui désigne la « tradition apostolique », plus précisément la transmission de l’Evangile et de la foi par les apôtres, comme fondatrice et légitimatrice de la liturgie :

« La liturgie est, en effet, au cœur de la Tradition de l’Eglise, elle est un héritage apostolique transmis de génération en génération, jusqu’à nous, d’une façon vivante. Si dans une démocratie les lois doivent obtenir l’assentiment de la majorité, dans les Eglises, elles doivent correspondre à la volonté fondatrice du Christ telle qu’elle s’exprime dans la Tradition de l’Eglise, écrite et orale. A ce titre, l’histoire de la Tradition, dont la liturgie

1

P. DE CLERCK, « op. cit. », in La responsabilité des théologiens. Mélanges offerts à Joseph Doré, Paris, 2002, p. 177-193 ; p. 177.

2

M. METZGER, Histoire de la liturgie. Les grandes étapes, Paris, 1994.

3

Constitution sur la sainte liturgie, « Sacrosanctum Concilium », in Concile œcuménique Vatican II,

Constitutions, décrets, déclarations, Paris, 1967, p.149-205. Les paragraphes sur lesquels s’appuie M. Metzger

font référence à une théologie historique et à une histoire de salut qui doivent être privilégiées dans la formation des prêtres et religieux, §16, p. 159 : « L’enseignement de la liturgie dans les séminaires et les maisons d’études des religieux doit être placé parmi les disciplines nécessaires et majeures, et dans les facultés de théologie parmi les disciplines principales ; et il faut le donner dans sa perspective théologique et historique aussi bien que spirituelle, pastorale et juridique. En outre, les maîtres des autres disciplines, surtout de théologie dogmatique, d’Ecriture Sainte, de théologie spirituelle et pastorale, se préoccuperont, selon les exigences intrinsèques de chaque objet propre, de faire ressortir le mystère du Christ et l’histoire du salut, si bien qu’on voie apparaître clairement le lien de ces disciplines avec la liturgie et l’unité de la formation sacerdotale » ; § 23, p. 161-162 : « Afin que soit maintenue la saine tradition, et que pourtant la voie soit ouverte à un progrès légitime, pour chacune des parties de la liturgie qui sont à revisiter il faudra toujours commencer par une soigneuse étude théologique, historique pastorale…».

constitue le cœur, est le lieu où s’est manifestée la volonté fondatrice du Christ, mise en œuvre par les pasteurs, sous la motion de l’Esprit Saint » (p.15).

Cette « Tradition est la grande mémoire de l’Eglise, celle qui lui assure son identité à l’instar de nos mémoires individuelles. (…) Cette tradition a un passé, elle est fondée dans l’événement pascal de Jésus ; elle a un présent, elle s’actualise continuellement dans la vie de l’Eglise, en particulier à travers la célébration de l’Eucharistie, cœur de la Tradition, où le Christ se livre à nous, nous donne son corps et son sang à manger et à boire ; enfin elle s’ouvre sur un avenir qui sera la tradition, la transmission, le don de tous les hommes à Dieu »1. Ce point de vue correspond à la définition de la Tradition donné par le Concile Vatican II dans la Constitution dogmatique sur la Révélation, Dei Verbum, où il est spécifié qu’elle n’a à proprement parler qu’une seule source, Dieu lui-même qui se révèle en action et en parole dans l’histoire, il est vrai par des intermédiaires dont le dernier est « le Christ Seigneur ». Le texte reprend ensuite les termes pauliniens pour parler de l’Evangile en tant que « révélation » reçue par les apôtres « de la bouche du Christ » :

« Le Christ Seigneur, en qui s’achève toute la Révélation du Dieu très haut (1 Co 11, 23 ; 15, 3 ; 2 Co 1, 30 ; 3, 16-4, 6), ayant accompli lui-même et proclamé de sa propre bouche l’Evangile, d’abord promis par les prophètes, ordonna à ses apôtres de le prêcher à tous comme la source de toute vérité salutaire (…). Ce qui fut fidèlement accompli, tantôt par les apôtres, qui dans la prédication orale, dans les exemples et les institutions transmirent, soit ce qu’ils avaient appris de la bouche du Christ en vivant avec lui et en le voyant agir, soit ce qu’ils tenaient des suggestions du Saint-Esprit tantôt par ces apôtres et par des hommes de leur entourage, qui sous l’inspiration du même Esprit-Saint, consignèrent par écrit le message de salut. Mais pour que l’Evangile fût toujours gardé intact et vivant dans l’Eglise, les apôtres laissèrent comme successeurs les évêques auxquels ils “remirent leur propre fonction d’enseignement”. Cette sainte Tradition et la Sainte Ecriture de l’un et l’autre Testament sont donc comme un miroir où l’Eglise en son cheminement terrestre contemple Dieu, dont elle reçoit tout jusqu’à ce qu’elle soit amenée à le voir face à face tel qu’il est (cf. Jn 3, 2) »2.

C’est peut-être la raison pour laquelle M. Metzger continue son analyse en expliquant comment l’utilisation de la méthode historique « sous la motion de l’Esprit-Saint », est nécessaire pour démontrer la continuité dans l’évolution de cette même Tradition :

1

B. SESBOUE, « Tradition et traditions », in Nouvelle revue théologique, 112 (1990), p. 572-573.

2

Constitution dogmatique sur la Révélation divine, Dei Verbum, § 7, in Concile œcuménique Vatican II,

Constitutions, décrets, déclarations, Paris, 1967, p. 129-130. Le 26 octobre 1998 à l’occasion du dixième

anniversaire de son motu proprio Ecclesia Dei (publié le 2 juillet 1988) Jean-Paul II notait à propos du rôle de la Tradition pour la liturgie : « Pour sauvegarder le trésor que Jésus lui a confié et en étant résolument tournée vers l'avenir, l'Église a le devoir de réfléchir en permanence sur son lien avec la Tradition qui nous vient du Seigneur par les Apôtres, telle qu'elle s'est constituée tout au long de l’histoire ». Le texte se trouve sur le site du Vatican : www.vatican.va.

« L’étude historique consiste à examiner les différents états des institutions liturgiques, pour repérer comment les traditions ont évolué, et pour y déceler ce qui est fondamental, parce qu’institué par le Christ et les apôtres, et ce qui a été adapté ou ajouté au cours des siècles, selon les nécessités pastorales. Comme les sciences bibliques, l’étude historique de la liturgie en appelle à l’intelligence (que nous reconnaissons comme un don de Dieu) et à la foi. D’une part, en effet, cette étude doit être menée selon les règles appliquées dans les sciences historiques, par l’analyse de documents disponibles et de leur environnement. D’autre part, dans l’histoire des institutions chrétiennes, le croyant est conduit à reconnaître les traces de l’Esprit Saint, qui guident les Eglises. D’ailleurs, les célébrations liturgiques elles-mêmes comportent toujours un regard sur l’histoire : par les lectures, la prédication et les actions de grâces, elles dévoilent les réalisations du Mystère du salut dans