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CHAPITRE II : DEVELOPPEMENT DES SECTEURS SOCIAUX

3.2.1 Santé et Hygiène Publique

La situation sanitaire de la Guinée est préoccupante ; comme l’indique les indicateurs de démographie et de santé ci-après :

- la mortalité infantile est de 91 pour mille ;

- la mortalité des moins de 5 ans est de 163 pour mille ;

- la mortalité maternelle est de 980 décès maternels pour cent mille naissances vivantes ; - la séroprévalence du VIH sida est de 1,5% sur l’ensemble de la population ;

- l’espérance de vie à la naissance est de 55 ans pour les femmes et de 54 ans pour les hommes ;

- 40% des populations sont exclues des soins de santé de base.

Les populations meurent généralement de maladies infectieuses et parasitaires notamment le paludisme, les infections respiratoires et les diarrhées sur fond de malnutrition.

Certaines maladies qui avaient disparu réémergent. Il s’agit de la trypanosomiase humaine africaine, la tuberculose, la lèpre qui assombrissent le tableau des maladies existantes en Guinée.

D’autres maladies telles que le VIH SIDA, l’hypertension artérielle, le diabète, le cancer du col utérin, les maladies de la prostate prennent de plus en plus une place inquiétante dans le tableau épidémiologique du pays. Il en est de même des accidents de circulation et la toxicomanie sous toutes ses formes.

Cette situation est aggravée par le fort taux de croissance démographique (3,1%), la pauvreté (54,6%), l’insalubrité, l’insuffisance d’approvisionnement en eau potable, la dégradation de l’environnement, l’insécurité alimentaire et l’analphabétisme.

Tableau 24 : répartition des infrastructures sanitaires

Type d’infrastructure Quantité Bon état A rénover

Postes santé (villages)

Par exemple à l’intérieur du pays, les hôpitaux préfectoraux et régionaux ne disposent d’aucun service spécialisé en cardiologie, ophtalmologie, ORL, neurologie, urologie etc.

Disponibilité de Médicaments

Les besoins en médicaments et consommables des structures publiques ont été estimés en 2009 à 51 milliards 482 millions GNF, l’Etat a financé 9 milliards 300 millions GNF et les partenaires extérieures ont financé 11 milliards GNF soit au total 20 milliards 300 millions GNF.

Le GAP à couvrir est de 31 milliards 182 millions de GNF et est supporté par les populations, ce qui explique le taux élevé d’exclusion pour les soins essentiels. Le système d’approvisionnement en

médicaments est incapable d’assurer la disponibilité permanente des médicaments et autres matériels médico-sanitaires pour les structures de soins. Cette situation entraine la prolifération du marché illicite des produits pharmaceutiques de mauvaise qualité. Aussi le ministère de la santé a perdu le contrôle de l’approvisionnement et de distribution des médicaments.

En 2009, les médicaments enregistrés à la rentrée par la Direction Nationale des pharmacies et laboratoires se chiffraient à 44 milliards de francs guinéens, alors que dans les registres de la douane on a noté une entrée dont la valeur s’élevait à 167 milliards de franc guinéen soit une différence de 123 milliards pour la même période.

Le Personnel du Secteur de la Santé

Le personnel du secteur s’élève à environ 10 000 agents avec une forte concentration à Conakry qui garde près de 50 % des effectifs. Cette mauvaise répartition du personnel qui défavorise les zones rurales, fait que de nombreux centres de santé sont fermés ou fonctionnant avec un seul agent. En outre, certaines catégories professionnelles : sages-femmes, infirmiers d’Etat, préparateurs en pharmacie, techniciens de santé publique et de laboratoire sont quasi inexistantes.

Financement du Secteur par l’Etat

Le financement du secteur de la santé par l’Etat n’est que de 2,3% du Budget de l’Etat contre 15%

(comme le recommande l’OMS), l’absence d’assurance maladie, la mauvaise gestion des ressources du secteur dont entre autres les évacuations sanitaires abusives, réduisent l’accès des populations nécessiteuses aux soins dont elles ont réellement besoin.

Gouvernance

Les problèmes de gouvernance se caractérisent par la mauvaise gestion des ressources.

L’insuffisance de collaboration intersectorielle, la faible appropriation des services de santé par les communautés et l’insuffisance voire l’absence de contrôle du département sur les structures sanitaires.

Le système d’informations sanitaires est peu performant à cause de l’insuffisance de ressources humaines qualifiées et du sous financement.

Contraintes liées à la mise en œuvre du programme de santé.

Le secteur est caractérisé par :

- une faible implication des communautés dans la gestion des services de santé ; - l’insuffisance de la collaboration intersectorielle ;

- l’insuffisance du partenariat public privé ;

- l’insuffisance de coordination des interventions des partenaires.

Actions à court terme

- organiser les Etats généraux de la santé ;

- acheter et distribuer les médicaments et les consommables pour les urgences médico-chirurgicales à Conakry et dans les grands centres urbains de l’intérieur ;

- acheter et distribuer les kits et des boites de césarienne pour rendre effectif la gratuité de la Consultation Pré Natale (CPN), l’accouchement y compris la césarienne ;

- poursuivre l’installation et la formation des membres des structures de gestion communautaire (Comité de santé et d’hygiène) ;

- planifier une augmentation progressive de la part de la santé dans le budget national ; - exécuter de manière rigoureuse les conclusions des Etats Généraux.

Actions à moyen et long terme En matière de ressources humaines

- assurer l’adéquation formation/emploi du personnel de la santé (près de 10000 médecins sont actuellement sans emploi) ;

- assurer l’insertion professionnelle des jeunes agents de la santé dans le cadre de la politique jeunes ;

- redéployer le personnel en zone rurale par la mise en place d’une politique d’incitation et de motivation ;

- élaborer et diffuser les textes d’application du statut particulier du personnel de santé ; - élaborer une politique de développement des ressources humaines assortie d’un plan de

carrière.

Disponibilité des médicaments

- renforcer et/ou restructurer la Pharmacie Centrale de Guinée (PCG) en tenant compte des recommandations des différents audits en vue d’assurer l’approvisionnement régulier des structures en médicaments ;

- encourager la production locale du médicament ;

- opérationnaliser le système de contrôle de l’entrée des médicaments sur le territoire national ;

- acheter les médicaments/ vaccins essentiels et consommables et les rendre disponibles dans les structures de soins.

Infrastructures sanitaires

Réhabiliter et équiper les infrastructures et rendre opérationnels les services des urgences en les dotant d’équipements et de ressources humaines ;

- rendre opérationnels les services de maintenance des hôpitaux en les dotant de ressources humaines, financières et logistiques.

Financements publics

- augmenter graduellement la part du secteur de la santé dans le budget de l’état jusqu’à concurrence de 15% ; sur la base de 6 dollars US/personne et par an ; même si la Banque Mondiale a retenu 13 dollars US/personne et par an pour la région Africaine au sud du Sahara. Ainsi, les besoins actuels du secteur de la santé sont évalués au plus bas mot à 60 millions de dollars US par an ;

- mettre en place le financement innovants ; taxes sur le tabac, l’alcool, les billets d’avion et les taxes sur les transactions financières ;

- faire participer les collectivités au financement de la santé ;

- développer un système de solidarité face à la maladie par l’assurance maladie obligatoire pour les travailleurs des secteurs public et privé ;

- étendre les mutuelles aux groupements d’intérêt économiques, aux coopératives, aux artisans.

Lutte contre les maladies

- assurer la gratuité de soins liés à la grossesse et à l’accouchement y compris la césarienne par l’achat de boites de césarienne, des kits de médicaments et consommables ;

- restructurer les programmes de santé publique sur la base de leur reconfiguration par mode de transmission ;

- élaborer et mettre en œuvre de nouveaux programmes ; - poursuivre la relance des soins de santé primaire ;

- faire assurer \par l’Etat une subvention substantielle des premiers soins d’urgence, à défaut de les rendre gratuits en mettant à la disposition des équipes des kits de médicaments et consommables par pathologie.

Gouvernance

- appliquer les textes législatifs et règlementaires relatifs au secteur de la santé.

- appliquer le code des collectivités locales ; - renforcer le partenariat public-privé ;

- soutenir les ONG et associations du secteur santé ;

- systématiser le suivi/évaluation, la coordination, le contrôle et les audits ; - développer et mettre en place un manuel de procédures administratives.

Hygiène publique

- créer et rendre opérationnel un service national d’hygiène chargé du contrôle de la qualité de l’eau, de l’air, des produits alimentaires et chimiques ;

- renforcer la collaboration intersectorielle entre les différents acteurs impliqués dans l’hygiène publique, et améliorer leur capacité d’intervention ;

- développer un système de communication pour le changement de comportement afin d’amener la population à adopter de bonnes pratiques favorables à l’hygiène.

Médecine traditionnelle

- renforcer l’intégration de la médecine traditionnelle dans le système national de santé ; - systématiser la collaboration avec les tradi-thérapeutes et les intégrer dans le système de

suivi évaluation du ministre de la santé.

Recherche

- mettre en place un fond d’appui à la recherche médicale ;

- développer des points d’excellence dans la recherche médicale au niveau des hôpitaux nationaux et régionaux ;

- vulgariser les résultats des différentes recherches.

Secteur privé de la santé

- renforcer le contrôle et la supervision de ce sous secteur et apporter un soutien financier au secteur associatif.

- redéfinir le cadre institutionnel des formations sanitaires des sociétés minières et industrielles en tenant compte des réalités géographiques et environnementales.

- promouvoir leur implication effective dans la prise en charge des collectivités et ou faciliter l’accès de ces populations au système.

Les interventions dans le secteur sont résumées dans le tableau ci-après:

Tableau 25 : Répartition des activités prioritaires entre les structures centrales pour la mise en œuvre du PNDS