• Aucun résultat trouvé

Enseignement Technique et Formation Professionnelle

CHAPITRE II : DEVELOPPEMENT DES SECTEURS SOCIAUX

3.2.3 Enseignement Technique et Formation Professionnelle

La Guinée, à l’image de beaucoup de pays de la sous région, a longtemps privilégié l’enseignement général au dépend d’une formation professionnelle et technique de qualité. Ceci s’est traduit, dans les faits, par une inadéquation entre la formation et le marché de l’emploi. En conséquence, le pays enregistre un manque total d’ouvriers qualifiés.

Le Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle forme les jeunes dans soixante dix (70) filières regroupées dans quarante six (46) corps de métiers repartis entre les trois (3) secteurs de l’économie nationale (primaire, secondaire et tertiaire).

Le dispositif de formation technique et professionnelle se compose de 105 institutions publiques et privées qui totalisent pour l’année scolaire 2009/2010, un effectif de 20197 apprenants dont 9164 filles/femmes.

Une analyse des effectifs en ETFP permet de constater que le secteur tertiaire attire plus de candidats que les secteurs primaire et secondaire. Le secteur primaire est le moins prisé ; ce qui contraste avec le potentiel économique disponible dans ce secteur (6,2 milliards d’hectares de sol cultivable, contre 1,2 milliards mis en valeur21). La non pertinence des formations dispensées et le manque de politique d’insertion des diplômés en sont les causes essentielles. Ainsi, le constat établi est l’inadaptation de la formation par rapport aux besoins du marché de l’emploi et une faible insertion socioprofessionnelle des diplômés.

Le secteur de l’enseignement technique/professionnel est le moins pourvu en ressources au sein du système éducatif. Ce manque de ressources (matières d’œuvre, équipements, énergie électrique…), fait que l’essentiel de la formation professionnelle dispensée dans nos institutions est environ à 80%

théorique. Le constat qui se dégage est la régression progressive de la part de ce secteur dans le budget du secteur de l’éducation qui est passé de 11% en 1999 à 8% en 2002, 6,2% en 2006, 5,4 % en 2008 et 3.29% en 2009. Cette tendance doit être corrigée au plus vite car l’ET-FP partout ailleurs, est de plus en plus considéré comme secteur prioritaire et porteur de croissance et doté de ressources en conséquence.

Enjeux et défis

L’enseignement technique et professionnel est un secteur névralgique de l’économie nationale de nos jours. Au regard des grands enjeux qui se dessinent pour les prochaines années en République de Guinée, notamment dans les secteurs : minier, agricole, industriel, santé et des services, etc… la préparation des jeunes à leur insertion socioprofessionnelle, s’avère impérieuse. Ainsi, le développement de ce sous secteur serait un gage certain pour créer la richesse nationale, réduire la pauvreté et prévenir d’éventuels mouvements sociaux en évitant de pénaliser notre main d’œuvre sur son propre marché de travail.

Pour atteindre cet objectif ultime, le système, à travers le développement des compétences professionnelles, devra jouer un rôle essentiel et faire preuve de proactivité, d’efficacité et d'efficience tout en étant capable de répondre et de s'adapter régulièrement aux besoins du marché du travail et de la société guinéenne.

Il est utile de rappeler que les efforts entrepris ces dernières années par notre Gouvernement, appuyé par les Partenaires Techniques et Financiers (PTF), ont permis d’améliorer considérablement le taux brut de scolarisation (TBS) du primaire, créant ainsi une massification au niveau du secondaire général. Cette situation engendre une forte pression sur le secteur de l’ET-FP,

21

appelé logiquement, dans une dynamique de régulation des flux, à prendre en charge cet important effectif.

A titre d’illustration, les résultats aux examens nationaux pour la session 2011 sont suffisamment évocateurs de l’importance de la clientèle potentielle de l’ET-FP. Au baccalauréat unique, le taux de réussite était de 22% pour 57.508 candidats. Au BEPC et à l’examen d’entrée en 7ème année pour la même, le taux de réussite était de 31 et 21% respectivement pour des effectifs de candidats de 97.598 et 157.298.

Il convient de noter que 60% de la population guinéenne a moins de 25 ans et ¾ de cette population vit en milieu rural. 70% de la population est au chômage. Il est de la plus grande importance de trouver une réponse à ce problème. En effet, une étude du YERP (Regional Program for Youth Employment) a démontré que le règlement de la question du chômage permet d’augmenter le PIB de 12 à 19%.

Au regard de ces enjeux les principaux défis à relever sont : - le sous financement du sous secteur;

- l’insuffisance et la vétusté des infrastructures;

- l’inadaptation des programmes de formation;

- l’insuffisance et l’obsolescence des équipements;

- l’insuffisance du personnel enseignant;

- la faible qualification d’une bonne partie du personnel et son vieillissement;

- l’absence de matières d’œuvre et d’énergie électrique;

- la prédominance de la formation théorique dans la plupart des centres de formation;

- l’insuffisance de filières porteuses par rapport au marché de l’emploi;

- la faible implication du milieu professionnel dans la formation;

- la faible insertion socioprofessionnelle des diplômés.

Politiques envisagées

Le plan de développement de la main d’œuvre repose sur une politique de viabilisation et de valorisation de la formation technique et professionnelle en assurant la formation d’une main d’œuvre qualifiée en fonction des besoins de l’économie nationale. Aussi, l’amélioration de l’employabilité de la jeunesse guinéenne est une dimension importante de ladite politique.

Le plan de développement de la main d’œuvre technique et professionnel est basé sur une réorganisation générale des dispositifs et une rénovation des modes de gestion.

Les composantes essentielles des orientations stratégiques sont : - l'information et la concertation ;

- le développement des ressources humaines ; - le partenariat avec le secteur privé ;

- la rénovation de la carte scolaire ; - l'équité entre les garçons et les filles ;

- les bibliothèques et les centres de documentation ;

- la stratégie de maintenance des équipements et infrastructures scolaires ;

- l’introduction, voire la généralisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) dans les cursus scolaires et dans la gestion du système ;

- la mise en place de passerelles internes et externes au sein du système éducatif dans son ensemble pour favoriser la mobilité professionnelle et l’évolution de carrière ;

- la mise en place de mécanismes d’appui à l’insertion socioprofessionnelle des diplômés ;

- le développement de la compétitivité des institutions de formation pour en faire des centres d’excellence dans la perspective de l’intégration sous régionale et la spécialisation des états dans l’espace CEDEAO ;

- la mise en œuvre d’un système cohérent de certification et d'accréditation de diplômes conformes aux normes sous régionales et internationales.

Objectifs à atteindre

- offrir une alternative aux finissants du cycle primaire et du premier cycle du secondaire, à travers des programmes de formation professionnelle de courte durée;

- assurer une qualification à ceux qui ont appris leurs métiers dans le réseau d’apprentissage non formel et qui, avec plus de qualification seront les véritables agents du développement socio-économique de notre pays;

- renverser la pyramide professionnelle actuelle devant amener à former plus d’agents de développement que des concepteurs.

Objectifs Spécifiques : Il s’agit entre autres:

- d’élargir et diversifier l’offre de formation professionnelle et technique en augmentant le nombre et le profil des centres d’enseignement professionnel ;

- de favoriser et soutenir l’orientation des élèves dans les établissements professionnels en vue de disposer d’un nombre suffisant de cadres moyens ;

- d’adapter la politique de formation professionnelle aux besoins du marché pour assurer une insertion immédiate des élèves à la fin de leur cycle,

- de créer et de développer des centres d’apprentissage en faveur des enfants qui n’ont pas été au-delà du primaire ou du premier cycle du secondaire,

- de créer des centres d’apprentissage aux arts et métiers pour un accès rapide à l’emploi.

- de renforcer les capacités institutionnelles et humaines y compris la formation des formateurs.

Financement requis

Le coût total de la stratégie de l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle sur une période de 5 ans est estimé à 688 453 463 172 GNF.

Il se rapporte aux actions/projets correspondant aux volets ci-après:

- développement des institutions de formation du secteur primaire de l’économie ; - développement des institutions de formation du secteur secondaire de l’économie ; - développement des institutions de formation du secteur tertiaire de l’économie ; - formation des formateurs ;

- promotion de l’emploi ;

- renforcement des capacités institutionnelles et humaines.

Les actions/projets relevant du secteur primaire concernent les institutions de formation ci-après : - une (1) Ecole Nationale des Agents Techniques des Eaux et Forêts (ENATEF) ;

- un (1) Centre d’Education à l’Environnement pour le Développement (CEED) ; - quatre (4) Ecoles nationales d’Agriculture et d’Elevage (ENAE).

Les actions/projets du secteur secondaire concernent les institutions de formation ci-après : - seize (16) Centres de Formation Professionnelle (CFP) ;

- un (1) Centre de Perfectionnement en Technique Automobile et Mécanique (CEPERTAM) ;

- deux (2) Ecoles Nationales des Arts et Métiers (ENAM) ;

- douze (12) Centres de Formation Professionnelle Post primaire (CFPPP) ;

- un Centre d’Éducation Technologique et Artisanal (CETA).

Les actions/projets relevant du secteur tertiaire concernent les institutions de formation ci-après : - un Centre National de Formation Touristique et Hôtelière (CENFOTH) ;

- une École Nationale de Secrétariat d’Administration et de Commerce (ENSAC) ; - quatre Écoles Régionales de Secrétariat d’Administration et de Commerce (ERSAC) ; - une École Nationale des Postes et Télécommunications (ENPT).

Les actions/projets relevant de la formation des formateurs concernent les institutions de formation ci-après :

- une École Normale des Professeurs d’Enseignement Technique et Professionnel (ENPETP) ;

- une École Nationale d’Éducation Physique et des Sports (ENEPS) ; - huit Écoles Normales d’Instituteurs (ENI).

Les projets relevant de la promotion de l’emploi concernent :

- l’installation de 22 Maisons de l’Emploi à Conakry et à l’intérieur du pays ; - la révision de la politique nationale de l’emploi ;

- l’enquête et le recensement des entreprises et des demandeurs d’emploi ; - la mise en place de la plate-forme des Services publiques de l’emploi ; - renforcement des capacités de l’AGUIPE.

Le renforcement des capacités institutionnelles et humaines comprend entre autres : - formation des cadres des unités administratives ;

- équipement des unités administratives ;

- mise en place d’un système informatisé de Gestion de l’ETFP ; - fourniture de moyens logistiques ;

- connexion Internet du système ETFP ;

- maintenance des infrastructures, équipements et aménagements ; - assistance technique.

Tableau 27 : Coût global des actions/projets de l’enseignement technique et formation profes.

Actions/Projets Montants (GNF) Montant (USD)

1 Secteur Primaire 68 565 090 000 10 548 476

2 Secteur Secondaire 270 106 787 560 41 555 192

3 Secteur Tertiaire 194 752 448 044 29 961 925

4 Formation des formateurs 30 225 037 568 4 650 006

5 Emploi 68 648 000 000 10 561 231

6 Renforcement des capacités

institutionnelles et humaines 56 156 100 000 8 639 400

TOTAL 688 453 463 172 105 915 918

Mise en œuvre et suivi/évaluation de la stratégie sectorielle Modalités d’exécution des projets

Les différents volets et projets du plan seront exécutés par les structures pérennes du Département, permettant le renforcement des capacités institutionnelles et humaines.

Mesures envisagées pour le suivi et évaluation

Le suivi de la mise en œuvre du plan quinquennal au niveau de l’EETFP, sera assuré par un Comité Stratégique National de l’emploi, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle. Il bénéficiera de l’appui des services suivants :

- les Directions nationales et services d’appui du Département de l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle ;

- les services déconcentrés de l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle ;

- les départements ministériels techniques partenaires;

Des dispositifs complémentaires de suivi et d’évaluation seront créés dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique de Formation Professionnelle. Ces dispositifs permettront de réajuster/réorienter la mise en œuvre du plan en fonction des insuffisances constatées et des succès réalisés. Il s’agit de :

- un cadre national de concertation impliquant l’ensemble des acteurs (Etat, collectivités, secteur privé, Société civile, partenaires techniques et financiers) sur la formation professionnelle ;

- un cadre régional de concertation entre les ministères impliqués dans la mise en œuvre de la politique de Formation Professionnelle et les Collectivités territoriales.

Mesures envisagées pour renforcer l’outil statistique au niveau de la gestion du secteur

Le service des statistiques et de la planification sera outillé, instrumenté et responsabilisé de manière à accroître son efficacité dans la collecte, l’analyse/traitement et la diffusion des données statistiques tant en matière de scolarisation (formation professionnelle) qu’en matière de données sur l’emploi.