• Aucun résultat trouvé

Le retour des Grands ministres

Dans le document La vie publique de Sima Guang (Page 166-173)

Les conflits de factions sur le problème toujours renouvelé de l’étendue du pou- voir personnel du souverain, allaient rebondir avec la disparition d’Yingzong. À la fin de l’année , l’empereur, dont Guang était proche, était tombé gravement malade ; son affaiblissement favorisa les tensions partisanes, cristallisées cette fois autour d’un enjeu en apparence secondaire : l’attribution à Yingzong d’un titre hono- rifique, à quoi Sima Guang était hostile. Cette proposition, déjà formulée un peu plus tôt par une partie des courtisans ; fut renouvelée, ce qui incita aussitôt Guang à de sévères critiques.

Aujourd’hui, nous nous trouvons à nouveau en présence des propositions de vils flatteurs qui demandent l’attribution d’un titre honorifique ; comment peut-on plus tromper le Ciel et insulter l’empire ? [...]

Sa Majesté a contracté cette maladie et si elle ne peut pas guérir depuis longtemps, c’est à cause de tous ces fonctionnaires vils et flatteurs1.

 L P  (-)

Un fait l’indignait plus que tout : bon nombre de fonctionnaires, bien que désap- prouvant l’octroi d’un titre supplémentaire à l’empereur, n’osaient l’exprimer en public ; il dénonça ceux qui espéraient ainsi s’attacher les faveurs impériales. Mais, l’affaire tourna court. La maladie d’Yingzong s’aggravant, il ne fut bientôt plus en mesure d’étudier les mémoires de ses fonctionnaires, et sans doute ne lut-il pas non plus celui de Sima Guang. Incapable d’évaluer les enjeux politiques, il accepta son nouveau titre honorifique.

Au ermois , Yingzong s’éteignait dans son palais ; il avait à peine trente-six

ans. Quelques jours plus tard, son fils aîné, le prince héritier Zhao Xiang1, alors

âgé de vingt ans, lui succédait ; il sera connu sous son nom de temple ancestral, Shenzong. Si, à la fin de son règne, Yingzong avait réussi à réduire l’influence des Grands ministres et à contrôler en personne la conduite des affaires, la question de sa succession avait tout remis tout en cause. Comme ses prédécesseurs, ce n’est en effet qu’en toute fin de vie, avec beaucoup de réticences — selon la relation de Li Tao —, et sous la pression de Han Qi, qu’il consentit à désigner son fils aîné comme héritier. Une fois de plus, les Grands ministres s’étaient imposés.

Ayant accepté la suggestion de ses ministres et désigné le prince héritier, son visage se couvrit de larmes. Après son retrait, Wen Yanbo déclara à Han Qi : « Avez-vous remarqué le visage de Sa Majesté ? Parvenu à ce point de son existence, on ne peut rester sans réaction, fût-ce entre un père et son fils. » Qi répondit : « C’est ainsi que doivent être conduites les affaires de l’État, qu’y faire2? »

Les membres de la haute administration, qui avaient permis la transition, béné- ficièrent des faveurs du nouvel empereur. Il était l’obligé de ces vieux serviteurs, qui avaient assuré à deux reprises une passation de pouvoirs sans heurt, à la tête de l’empire. Ils demandèrent au nouveau souverain de respecter leurs avis, en limitant sa participation aux seules décisions gouvernementales urgentes et importantes. Le ministre Han Wei lui soumit à cet effet un passage du Mencius sur la conduite d’un souverain durant la période de deuil après son accession au trône. Selon ce texte, ce souverain devait confier le gouvernement au Premier de ses ministres et s’abstenir de donner des ordres.

. Le Xu Zizhi tongjian relate en quelles circonstances le Grand Ministre Han Qi, forçant presque la main de l’empereur Yingzong, obtint la désignation de Zhao Xiang. « La maladie de l’empereur s’étant aggravée, Han Qi demanda aux rédacteurs du journal impérial de se retirer puis s’adressa à Yingzong : “Votre Majesté n’a pas assisté depuis longtemps aux audiences impériales, tout le monde s’inquiète de votre état de santé, désignez au plus tôt un prince héritier pour apaiser les craintes du peuple”. L’empe- reur acquiesça de la tête. Han Qi lui demanda alors de coucher ses instructions sur le papier : “Établissez le Grand Prince, da wang, comme Prince héritier”, écrivit l’empereur. Qi dit : “Il doit certainement s’agir du Prince Yingwang, puis-je vous demander de l’ajouter de votre propre main”. L’empereur Yingzong s’exécuta et inscrivit : “Xiang, Prince Yingwang”. Qi ajouta encore : “Je souhaite que cet ordre soit trans- mis dès ce soir aux académiciens chargés de le mettre en forme”. L’empereur acquiesça à nouveau. [...] L’empereur, qui avait suivi l’opinion de ses conseillers et désigné le prince héritier, se mit à pleurer ». Xu

Zizhi tongjian, chapitre , op. cit., tome , p. .

L    S G 

L’inexpérience de l’empereur donnait également un avantage à ces conseillers. Ainsi, et comme par défaut, Han Qi et Ouyang Xiu retrouvèrent leur rôle directeur au sein de l’administration centrale. Pourtant, l’attitude de Shenzong fut vite ambi- valente : reconnaissant envers ces hommes en raison de leur soutien à son père, il n’osait guère s’opposer directement à eux ; mais déférent presque à contrecœur, leur tutelle, semble-t-il, lui pesait. Il allait bientôt se révéler, non seulement pourvu d’une vision personnelle, mais aussi habile manœuvrier.

Plusieurs facteurs jouaient du reste en faveur d’un pouvoir plus personnel du sou- verain. Fils aîné de Yingzong, il possédait la légitimité naturelle qui avait fait défaut à son prédécesseur ; de plus ses relations cordiales avec l’impératrice douairière le libéraient de toute pression de ce côté. Doté d’une bonne santé, il ne doutait ni de lui-même ni de ses aptitudes, à la différence de son père. Ayant moins besoin de l’as- sistance des grands administrateurs, il se souciait peu de voir Han Qi et Ouyang Xiu quitter le gouvernement ; en fait, il croyait à la nécessité d’entreprendre des change- ments de fond, en appelant des hommes neufs. Ces ambiguïtés laissaient une lati- tude aux chargés de remontrances et aux membres du censorat. Ceux-ci avaient perdu une bataille sous le règne de Yingzong ; ils reprirent bientôt l’offensive contre Han Qi et Ouyang Xiu, résolus à obtenir leur mise à l’écart.

Shenzong poursuivait quant à lui un double objectif. Il entendait renforcer l’État Song par une série de réformes ambitieuses, dans l’espoir qu’elles stabiliseraient la situation financière et militaire de l’empire, et surtout lui permettraient de lancer des guerres victorieuses contre les Qidan. D’autre part, il espérait, comme ses pré- décesseurs, maintenir un contrôle personnel strict sur son gouvernement, tâche qui serait plus facile après le départ d’Ouyang Xiu et de Han Qi, tout en exigeant de sa part une grande vigilance dans la défense de ses prérogatives.

L’attachement de l’empereur à Sima Guang était réel. Il espéra d’abord son soutien dans la conduite du vaste programme de transformations qu’il envisageait, en par- ticulier dans le domaine des finances de l’État ; il rencontra très vite son opposition. Lorsqu’en outre il choisit de confier la réforme du gouvernement à Wang Anshi, Guang déclara refuser tout poste dans l’administration centrale tant que l’empereur conserverait ces orientations. Ce rejet de toute coopération le mènera à terme à s’exiler volontairement de la Cour. Dans le même temps, l’empereur jouait de cette hostilité de Guang aux réformes pour contrebalancer la mainmise des réforma- teurs sur la Cour : plus l’empereur se montrait confiant et généreux envers Guang, plus les opposants aux réformes mettaient leurs espoirs en celui-ci. Et plus les anti- réformateurs le soutenaient, plus il servait à l’empereur à contrecarrer les ambitions hégémoniques des chefs réformistes. Tout au long de son règne, Shenzong poursui- vra ce jeu de balance entre réformateurs et anti-réformateurs et le traitement dont bénéficiera Sima Guang en fera partie intégrante.

Shenzong, on l’a dit, accordait sa faveur à des programmes visant à accroître les revenus de l’État et à renforcer le contrôle du gouvernement sur les ressources matérielles et humaines de l’empire, afin de mener à bien les guerres aux frontières. Il ambitionnait en effet sur le plan militaire de reprendre les seize préfectures de

 L P  (-)

Yanyun, tombées aux mains des Qidan1; il vengerait ainsi l’humiliation de la défaite

subie, plus de  ans avant sa naissance, par son ancêtre l’empereur Taizong, défaite dont il éprouvait, semble-t-il, un profond sentiment de honte. Il acceptait aussi fort mal le traité de Chanyuan de , par lequel l’empire Song acceptait de verser aux Qidan un tribut annuel d’argent et de soieries en échange de la paix. À ces objec- tifs de reconquête, Sima Guang, ne put opposer de contre-programme, susceptible d’apporter des résultats rapides.

Au emois de , Ouyang Xiu, grand conseiller participant à la direction des

affaires gouvernementales2, demandait à l’empereur la promotion de Sima Guang.

Vantant ses mérites et rappelant son rôle éminent dans la désignation du prince héritier Zhao Shu, le futur empereur Yingzong, à la fin du règne de Renzong, il précisait :

À partir du moment où, au cours de l’ère Zhihe, l’empereur (Renzong) commença à prendre des médicaments, de nombreux fonctionnaires soulevèrent le problème de sa succession, mais rien ne fut décidé pendant les cinq ou six ans qui suivirent. À la fin, Sima Guang exposa le problème avec tant de conviction et de sincérité qu’il toucha l’empereur. Celui-ci, soudain conscient de la situation, prit une décision irré- vocable. C’est ainsi que Votre prédécesseur (père) a été choisi au sein de la famille impériale et désigné héritier du trône.

Moins d’un an plus tard, l’empereur Renzong quittait le monde et Votre Prédécesseur lui succédait. Comme le cœur des hommes du pays avait été préparé à l’avance, l’em- pire se soumit naturellement. Aujourd’hui, conformément au principe selon lequel un saint succède à un saint, le trône est parvenu à votre Majesté.

S’il faut en rechercher les raisons, nous devons affirmer que le mérite de Sima Guang n’est pas mince ! Ses connaissances et sa réflexion sont profondes et il est d’un naturel prudent. (Sima) ne vantant pas son action, personne n’en a eu connaissance. Aujourd’hui, [...], son immense vertu et sa fidélité restent totalement inconnues. Votre Serviteur qui occupe des fonctions au gouvernement en a eu connaissance détaillée, et n’ose pas ne pas vous en informer3.

Ouyang Xiu soulevait un point d’évidence : si Yingzong n’était pas monté sur le trône, Zhao Xiang ne lui aurait jamais succédé4. Mais qu’un vieux dignitaire comme

Ouyang Xiu, si souvent opposé à Sima Guang, lui manifestât ainsi son estime, était de nature à renforcer le crédit de ce dernier auprès de l’empereur.

Au emois , l’empereur éleva Sima Guang et Lü Gongzhu à une fonction plus

prestigieuse encore5. Pour la deuxième fois, il lui offrait le titre d’Académicien de

l’Académie de la forêt des pinceaux, Hanlin xueshi6. On sait avec quel acharnement

. Ssu-yü Teng, « A Fresh Look at Wang An-shih’s Reform Movement », in Liu Zijian boshi songshou

jinian Songshi yanjiu lunwenji kanxinghui, Tokyo : Dohosha, , p. -.

. Canzhi zhengshi.

. Ouyang Wenzhonggong ji, « Zouyiji », chapitre , « Jian Sima Guang zhazi ». . Voir supra.

. « Ci Hanlin xueshi diyi zhuang », Zhuanjiaji, chapitre , op. cit., tome , p.  ; zouyi, op. cit., p. .

L    S G 

il avait alors refusé, invoquant les exigences de la charge, et il n’avait guère varié sur ce point.

Aux yeux des lettrés, depuis la dynastie Tang, il n’est pas une fonction qui sur- passe en importance (celle de membre de) l’Académie de la Forêt des pinceaux ; (elle demande) un talent exceptionnel, une réputation de premier ordre, une parfaite éru- dition et un grand style littéraire [...]. Nul ne convoiterait cette fonction sans l’avoir méritée, de peur de s’attirer la réprobation de l’opinion publique1.

Une fois encore, arguant de la médiocrité de son talent littéraire, il opposa à l’em- pereur un refus courtois mais, comme le démontrent le détail et la suite de l’affaire, son refus était cette fois sans doute en partie de convenances. L’empereur s’obstina, de même que Guang. En fin de compte, le souverain le convoqua.

Shenzong : Parmi les hommes de bien d’autrefois, certains possédaient un immense savoir, mais n’avaient pas un bon style, d’autres possédaient un excellent style, mais des connaissances superficielles. Seuls Dong Zhongshu et Yang Xiong possédaient ces deux qualités. Vous, Sima Guang, qui avez à la fois l’érudition et le style, quel prétexte pouvez-vous avancer pour refuser votre nomination ?

Guang : Votre Serviteur est incapable de rédiger en « style parallèle ». Shenzong : Écrivez dans le « style de la dynastie Han », voilà tout. Guang : Il n’existe aucun précédent dans toute notre grande dynastie Song. Shenzong : Vous avez réussi au premier rang le concours de « lettré accompli », jin-

shi, comment vous croire lorsque vous vous prétendez incapable de rédiger en style

parallèle ?

N’osant argumenter plus avant, Guang se retira de la salle d’audience. L’empereur, dit-on, ordonna à un eunuque de le suivre et de le forcer à accepter sa nomination. L’eunuque s’exécuta : le rattrapant à la porte du palais, il le supplia en vain d’accep- ter l’ordre signé de la main de l’empereur. Mais apprenant que celui-ci l’attendait toujours, il revint sur ses pas. À son retour, l’empereur chargea l’eunuque de glis- ser de force l’ordre de nomination dans sa robe. Sima Guang s’inclina alors2. Mais

Shenzong, peut-être alerté par cette résistance, se prit à douter de son choix. Il inter- rogea Wang Tao, l’un de ses hommes de confiance, alors Président du Tribunal des censeurs : « Pensez-vous que ma décision de nommer Sima Guang et Lü Gongzhu à l’Académie Hanlin soit judicieuse ? » « Bien sûr », aurait répondu Wang Tao. Il ne pouvait guère affirmer le contraire, ayant lui-même recommandé les titulaires : « si Votre majesté continue d’employer des hommes de cette trempe, elle n’a pas à craindre que l’empire ne soit pas en ordre ».

Derrière ce jeu de nominations se profilait la volonté de Shenzong, manifeste dès son avènement, de mettre de l’ordre dans la haute fonction publique et de redistri- buer les rôles gouvernementaux. Wang Tao, un de ses proches alors qu’il n’était que

. « Ci Hanlin xueshi dier zhuang », Zhuanjiaji, chapitre , op. cit., tome , p. - ; zouyi, op. cit., page .

. S Shi, « Sima Wenzhenggong xingzhuang », in Sima Guang nianpu, op. cit., p. . G Donggao,

 L P  (-)

prince héritier, occupait le poste de Président du tribunal des censeurs. Anticipant les intentions du souverain, il entama une vaste campagne d’épuration des organes gouvernementaux. Le Premier ministre Han Qi fut sa première cible : accusé d’avoir enfreint les règlements du fondateur de la dynastie, de ne pas avoir fait respecter la hiérarchie à la cour, d’avoir tenu des propos radicaux, il reçut, comme dans les polé- miques précédentes, le soutien du Secrétariat et la Chancellerie, dont les membres reprochèrent à Wang ses intrigues et ses propos outranciers. Pour eux l’empereur, sur le trône depuis peu, devait respecter les anciens ministres de son prédécesseur et démettre Wang Tao de ses fonctions au tribunal des censeurs.

Shenzong coupa court en ordonnant un échange de postes entre Wang Tao et Sima Guang. Le premier fut muté à l’Académie Hanlin, et le second placé à la tête du censorat. Mais Guang posa plusieurs conditions : il demandait au souverain de reconnaître officiellement le fondement des accusations de Wang Tao contre Han Qi, et de contraindre ce dernier à restaurer à la Cour l’ancien système des administrateurs. L’empereur accepta, et Sima Guang prit ses fonctions. Refusant de rédiger l’ordre de nomination, les partisans de Han Qi tentèrent de s’opposer à la désignation de Wang Tao ; Shenzong dut, dit-on, l’écrire de sa propre main pour contraindre les membres de l’exécutif à le notifier. Plusieurs parmi eux critiquèrent l’intervention personnelle du souverain ; les membres du Censorat et de l’Agence des remontrances leur reprochèrent alors d’être plus attachés à la personne du Premier ministre qu’à celle de l’empereur lui-même.

La lutte entre les deux camps s’exacerbait à nouveau. Les questions les plus ano- dines devinrent prétextes à affrontement, au détriment du travail gouvernemental. Inquiet, Sima Guang, bien que membre du censorat, tenta une médiation et proposa l’arrêt des hostilités.

Les souverains ont institué la fonction publique et réparti les différentes charges. L’ensemble est comparable à un corps humain : si les Grands Ministres en sont les jambes et les bras, les organes du Censorat et des Remontrances en sont les yeux et les oreilles. Tous doivent collaborer et unir leurs forces au service de la tête. Si cha- cun se tient de son côté et ne songe qu’à l’emporter sur l’autre, comment parvenir, en dépit de son désir, à la paix du corps1?

Shenzong finit par agir d’autorité : Wang Tao et Wu Kui furent mutés en province. Loin d’apaiser passions et rancœurs, cette intervention les aiguisa. Sima Guang, lui aussi, jugeait hâtive la décision de l’empereur ; il défendit Wu et avertit Shenzong du risque d’une vague de démissions de solidarité dans la haute administration. Il plaida la réintégration de Wu Kui, et le retour, envers la haute administration, à des méthodes plus diplomatiques.

L    S G 

Kui a toujours eu une excellente réputation d’homme intègre et droit. Trop tour- menté par cette affaire, il s’est emporté et a agi avec excès, mais si vous le démettez aussi radicalement, vous irez à l’encontre des vœux des lettrés-fonctionnaires1.

À l’extérieur, les conversations sont diverses et variées, mais toutes s’accordent sur le fait que Kui n’aurait pas dû être renvoyé. La raison tient à ce que la réputation de Kui a toujours surpassé celle de (Wang) Tao. Bien sûr, Votre Majesté vient de repousser son décret et l’a renvoyé chez lui, mais les propos et les actes ont été mal interprétés. Les fonctionnaires de la Cour ignorent les tenants et aboutissants de cette affaire, ils constatent seulement que Kui a été démis de sa position de Vice Conseiller en chef et que la sanction est trop lourde. Comment pourraient-ils ne pas s’en alarmer et s’en effrayer ?

En ces circonstances, Votre Serviteur craint que les autres Grands Ministres ne se sentent en insécurité et ne sollicitent l’un après l’autre la permission de se retirer. Votre Majesté vient seulement d’accéder au trône, et le cercueil de Votre Prédécesseur est encore dans le Pavillon du souvenir. Si les grands ministres se retirent l’un après l’autre, cela apparaîtra sûrement fort inconvenant aux yeux et oreilles de la population de l’empire2.

Votre Serviteur stupide souhaite que Sa Majesté annule le décret envoyant Wu Kui à Qingzhou et le maintienne dans l’administration. Cela permettra de satisfaire les espoirs des lettrés fonctionnaires, et apaisera les Grands Ministres. Comme l’ordre de mutation de Kui, dû à son refus d’obéir à votre décret, est entré en application, si Votre Majesté, qui apprécie l’honnêteté simple et la droiture de Kui, l’autorise à rester à la Cour, votre intention n’en sera que plus méritoire.

Kui, ayant reçu au début une forte réprimande, a appris à respecter votre esprit de décision brillant ; s’il est pardonné en fin de compte, il en sera reconnaissant à la grâce profonde de Votre Majesté. Ainsi, le souverain et le sujet seront tous deux satisfaits, et nul n’aura le sentiment d’y avoir perdu3.

Dans le document La vie publique de Sima Guang (Page 166-173)