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Les premières années : une éducation classique

Dans le document La vie publique de Sima Guang (Page 48-57)

Guang naquit le ejour du emois de la eannée de l’ère Tianxi du règne de

l’empereur Zhenzong1(). C’était le troisième fils de Sima Chi et de son épouse

Nieshi ; le second, Sima Wang, mourut en bas âge, sans doute à quatre ou cinq ans, et l’aîné, Dan, avait treize ans de plus que lui. L’opinion la plus courante tient que Sima Guang vit le jour au district de Guangshan, dépendant de la préfecture de Guangz- hou, dans l’actuelle province du Henan. Sima Chi, alors magistrat du district, lui aurait donné pour nom personnel celui de son lieu de naissance, Guang2.

Chi avait déjà quarante et un ans ; mais contrairement à l’usage, loin de gâter le « petit dernier », le père lui consacra les mêmes efforts d’éducation qu’à ses aînés3.

Lorsqu’il était muté ou appelé en mission, il emmenait son fils, et visitait avec lui les temples et monastères célèbres. Bien plus tard, Xianyu Xian fit recueillir les ins- criptions laissées par le jeune Guang et son père. Il s’en ouvrit à Sima Guang qui lui envoya en retour un poème évoquant avec émotion ces moments passés :

Autrefois, en compagnie de mon défunt père, nous partions en voiture et tracions des inscriptions sur les murs des anciens temples. Marchant à ses côtés, j’étais encore tout jeune, alors que, solitaire aujourd’hui, mes cheveux ont blanchi. À la lecture des poèmes que vous avez reproduits, les images de ces voyages passés se bousculent dans ma tête4.

Bien avant l’âge de quinze ans, le jeune Guang avait déjà visité bon nombre de sites célèbres, et reçu les préceptes de son père. Il semble pourtant avoir disposé de peu de facilités innées. Si ses camarades apprenaient par cœur sans difficulté les textes des Classiques, comme l’exigeait la tradition éducative chinoise, lui n’y parvenait qu’au prix d’un effort considérable. Après la classe, alors que ses camarades allaient jouer, il restait seul à étudier, sans montrer le moindre découragement5. Ses premiers bons

résultats aiguisèrent encore sa passion pour l’étude6.

. Il avait pour nom personnel, Junshi et pour surnom Yufu. Il reçut aussi plus tard un second surnom, Yusou ; ses contemporains le désignaient en général sous le nom de Sushui xiansheng, « Le Maître de Sushui », du nom du lieu de résidence du clan.

. Voir en particulier Hu Zhaoxi, « Sima Guang danshengdi kao », in Sichuan daxue xuebao, , no. Hu Zhaoxi démontre l’impossibilité de la naissance de Sima Guang à Pixian dans le Sichuan. L’ar-

gumentation est reprise et complétée par Song Yanshen, Sima Guang zhuan, op. cit. ; pour ce dernier, Sima Chi a sans doute eu un fils à Pixian, mais il se serait agi de Sima Wang, qui mourut peu après (p. -).

. Alors que la famille résidait à Anfeng dans la préfecture de Shouzhou (actuelle province de l’Anhui), vivait dans le voisinage un jeune homme nommé Ding Pujiang, réputé pour son talent littéraire et son goût de l’étude. Sima Chi ne manquait jamais de le citer en exemple à son fils : « Je serai très satisfait si à l’avenir tu es l’égal de ce Monsieur Ding, ». Zhuanjiaji, op. cit., ch. , « Song Ding Pujiang xu », t. , p.  ; Quan Song wen, op. cit., chap. , t. , p. .

. Zhuanjiaji, op. cit., ch. , « He Lizhou Xianyu zhuanyun gongju bayong », t. , p. .

. Sima Guang, Jiashuji, cité par Gu Donggao, Sima Taishi..., op. cit., ch. , p. . L’anecdote est aussi rapportée par Ma Luan, « Sima Wengong nianpu », in Sima Guang nianpu, op. cit., chap. , p. . Ma Luan cite ici le Mingchen yanxinglu.

. (Sima Guang) avait coutume de dire : « Les livres doivent être appris par cœur, que ce soit pendant les voyages à cheval ou les nuits d’insomnie, il faut en réciter le texte et réfléchir à leur sens, c’est ainsi

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À défaut d’autres dons, Guang manifestait une vive intelligence et ne manquait ni de bon sens ni d’esprit pratique. C’est du moins ce que sous-entend une anecdote célèbre, aujourd’hui encore, dans les écoles de Chine :

À sept ans, alors qu’il jouait avec d’autres enfants, un de ses camarades grimpa sur une grande jarre à eau et tomba dedans par accident. Les autres enfants, effrayés, s’enfuirent en courant. Guang, sans s’affoler, saisit une grosse pierre et frappa la jarre jusqu’à ce qu’elle se brise.

La nouvelle s’étant répandue, des artistes peignirent la scène en petits tableaux édifiants, afin de rendre hommage à « l’enfant qui cassa la jarre1». C’est encore à

sept ans que Sima Guang aborda l’étude d’un classique de la tradition historiogra- phique chinoise antique, le Zuozhuan, (Commentaire de la Chronique des Printemps

et Automnes) de Zuo Qiuming, qui devint son livre de chevet. De retour à la maison

après la classe, il ne manquait jamais de répéter l’explication de son maître à toute la famille2. Sa ténacité à l’étude fut récompensée3: à quinze ans, on le disait capable

de « tout comprendre et de pouvoir rédiger dans un style pur et profond, proche de celui de la dynastie des Han de l’ouest4». Comme l’écrira Su Shi, Sima Guang devait

garder toute sa vie les habitudes studieuses de son enfance :

Il pouvait étudier sans jamais ressentir la fatigue et perdre toute sensation de faim, de soif ou de froid5.

Son père, Chi, avait deux amis proches : Pang Ji6 et Zhang Cun7. Tous deux

admiraient le jeune Guang, qui avait fait preuve dès six ans d’« une attitude respec- tueuse et digne, semblable à celle d’un adulte8». Sans convoquer d’entremetteuse

ou consulter les sorts, Zhang Cun promit sa fille en mariage au jeune Guang, alors âgé de onze ans9.

qu’on pourra en tirer la quintessence » (Sima Guang, Jiashuji, cité par G Donggao, Sima Taishi..., op. cit., ch. , p. .

. Xiaoer ji weng tu. Voir Songshi, ch. , « Biographie de Sima Guang », op. cit., t. , p.  , et D Zhuanjing, Songren jishi huibian, ch. .

. S Shi situe l’apprentissage du Zuozhuan à l’âge de sept ans, « Sima Wenzhenggong xingzhuang »,

in Sima Guang nianpu, op. cit., p.  ; Gu Donggao le date donc de l’année . Sima Wengong nianpu, op. cit., ch. , p. .

. L’étude le passionnait au point qu’il confectionna un oreiller en bois de forme ronde auquel il donna le nom d’« oreiller-réveil », jingzhen, car l’oreiller se déplaçait au moindre mouvement et le réveillait ; il s’obligeait alors à se lever et à reprendre sa lecture.

. S Shi, « Sima Wenzhenggong xingzhuang », in Sima Guang nianpu, op. cit., p. . . Ibid.

. Nous reviendrons plus loin sur la carrière de Pang Ji et sur son rôle dans le déroulement de celle de Sima Guang. Après le décès de Sima Chi en , Pang Ji prit soin de Sima Guang comme de son propre fils, l’emmena en poste avec lui et le prit sous sa protection personnelle.

. Zhang Cun fait l’objet d’une courte biographie dans l’histoire officielle des Song, Songshi, chap. , « Zhang Cun zhuan », op. cit., t. , p. .

. S Shi, « Sima Wenzhenggong xingzhuang », in Sima Guang nianpu, op. cit., p.  ; G Donggao,

Sima Wengong nianpu, op. cit., ch. , p. .

. L’anecdote est rapportée par Sima Guang lui-même. « Ji Zhang Shangshu wen », in Zhuanjiaji,

L    S G 

Pour un lettré chinois, la science livresque était inséparable de la conduite juste. Sima Chi veilla personnellement à l’éducation morale de son fils1. Son mode de

vie frugal marqua profondément la personnalité de ce dernier. Dès son plus jeune âge, Sima Guang est réputé avoir détesté parures et vêtements précieux2, et ne se

départit jamais de cette attitude. Après sa réussite au concours de jinshi en , au banquet du palais impérial en l’honneur des lauréats, il refusa de porter des fleurs à la ceinture3. Un camarade lui faisant remarquer qu’il était malséant de rejeter

un présent de l’empereur, il se plia alors de mauvaise grâce à cette exigence, mais n’accrocha à sa robe qu’une seule fleur4.

Ainsi que Su Shi le souligne abondamment, Guang détestait biens matériels et tenues d’apparat, « comme on déteste à l’ordinaire une mauvaise odeur5». Même

dans l’exercice de ses plus hautes fonctions administratives, « il n’osa jamais manger de la viande tous les jours, ni porter de vêtements de soie6». Il continua de prodi-

guer des directives de frugalité à la fin de sa vie, dans un petit opuscule destiné à l’éducation de son fils Sima Kang et de ses descendants :

Tous les gens vertueux ont d’abord été des gens frugaux. Si on est frugal, on a des désirs limités. Un homme de bien ayant des désirs limités, n’abusera pas des choses à son service et pourra marcher sur une voie droite et juste ; un homme de peu ayant des désirs limités, saura être prudent et économe, il éloignera les délits de sa personne et fera prospérer sa famille. C’est pourquoi on dit : « La frugalité est le bien commun de la vertu ».

La prodigalité c’est l’augmentation des désirs. Un homme de bien cupide convoitera les honneurs et la richesse, il fera des entorses aux principes pour gagner des faveurs et attirera rapidement le malheur ; un homme de peu cupide aura d’innombrables exigences et utilisera les biens matériels inconsidérément, il conduira sa personne à sa perte et sa famille à la ruine, s’il est en fonction, il sera corrompu et s’il ne l’est pas, il deviendra un bandit.

C’est la raison pour laquelle on dit : « la prodigalité, c’est le comble du vice. Il est facile de passer de la frugalité à la prodigalité, mais le contraire est difficile ».

. Une anecdote relatée dans le Shaoshi houlu est révélatrice. Vers l’âge de cinq ou six ans, le jeune Guang demanda à sa sœur aînée de l’aider à éplucher une pêche encore verte, mais elle n’y parvint pas. Après qu’elle eut quitté la pièce, une servante utilisa de l’eau bouillante et pela le fruit. Lorsqu’à son retour, la sœur interrogea son jeune frère, Guang affirma qu’il y était parvenu seul. En découvrant les faits, Sima Chi réprimanda son fils. La leçon marqua si fort le jeune garçon que lorsque beaucoup plus tard, Liu Anshi, demandait à Sima Guang quelle était la vertu la plus importante à ses yeux, il lui répondit sans hésiter : cheng, la sincérité. Et lorsque Liu Anshi demanda où commençait la sincérité, il ajouta : « Ne pas mentir (Shaoshi wenjian houlu, ch.  et Sanchao mingchen yanxinglu, t. , ch. ) ». Shaoshi houlu. Cité par G Donggao, Sima Wengong nianpu, op. cit., ch. , p. .

. G Donggao, Sima wengong nianpu, op. cit., p. . . Il s’agissait du banquet wenxiyan.

. G Donggao, Sima wengong nianpu, op. cit., p. .

. S Shi, « Sima Wenzhenggong xingzhuang », op. cit., pages -. . Ding Zhuanjing, Songren yishi huibian, chap. .

 - :   ’ 

À cette frugalité1 se serait ajouté un sens de l’économie rare chez les lettrés du

temps. Ainsi, lorsque l’empereur lui commanda la rédaction de son histoire générale de la Chine, le trône couvrit toutes ses dépenses. La découverte, en , du manus- crit original révèle que Sima Guang avait cependant usé plusieurs fois du même papier, effaçant le texte à corriger avec de l’encre diluée, puis traçant de nouveaux caractères par dessus2.

 L’entrée dans la carrière : privilège et mérite

Sous la dynastie des Song, le privilège héréditaire du mandarinat était une tra- dition bien établie. L’usage était d’offrir un emploi administratif aux descendants des fonctionnaires d’un rang supérieur au cinquième ou sixième degré3. Tous les

trois ans, lors d’une cérémonie en l’honneur du Ciel tenue dans la banlieue sud de la capitale, les bénéficiaires de ces grades étaient intégrés à l’administration.

En , e année de l’ère Mingdao du règne de l’empereur Renzong4, Guang,

alors âgé de quinze ans, se vit donc attribuer une fonction ; mais il se désista au bénéfice d’un cousin germain. Quelques mois plus tard, il fit l’objet d’une autre affectation, d’abord à un poste modeste de Chargé des préparatifs rituels dans le bureau des temples suburbains et du Dieu du sol5, puis à un autre emploi, tout

aussi modeste, de Préposé aux écritures à la Direction des travaux publics6. Ces

premières activités publiques lui permirent néanmoins de rencontrer des person- nalités de renom7. À l’instar d’autres jeunes gens de son âge, Sima Guang aurait pu

se contenter d’avancer dans la hiérarchie administrative à l’ancienneté ou grâce au poids de ses relations. Mais il manifesta une exigence personnelle et des attentes d’une autre nature ; la voie des concours était donc une obligation.

. Il s’agit du Xun jian shi Kang, « Enseignements sur la frugalité destinés à Kang », Zhuanjiaji, ch. ,

op. cit., t. , p. -.

. Cité par G Kuixiang, Sima Guang, Harbin : Heilongjiang renmin chubanshe, , p. . . Ce privilège portait le nom de yin, littéralement « l’ombre », ou enyin « l’ombre, la protection offerte par la grâce (d’autrui) ». Voir B et M, Histoire et institutions de la Chine ancienne, Paris : PUF, , p. -.

. La datation pose des problèmes à Ma Luan, le premier biographe. Il situe la renonciation de Sima à son premier poste avant sa réussite aux concours administratifs, mais ne peut en préciser l’année (Ma Luan, « Sima Wengong nianpu », in Sima Guang nianpu, op. cit., ch. , p. , en note) ; Gu Donggao date la renonciation de l’année  (Sima Taishi..., op. cit., p. ), en s’appuyant sur une lettre de Guang : « Au cours de l’ère Mingdao (-) je rendis visite à mon père en poste à Huazhou pour la première fois en qualité de Chargé des préparatifs rituels » (« Shu Sun Zhihan muzhi hou », in Zhuanjiaji, op. cit., ch. , t. , p.  ; Quan Song wen, op. cit., t. , p. ).

. Jiaoshe zhailang. . Jiangzuojian zhubu.

. Cette même année, Sima Guang fit la connaissance à Huazhou de Sun Fu, un spécialiste de l’histoire de la dynastie Tang, pour lequel il éprouva aussitôt une admiration sincère. Ce respect mêlé d’admiration était encore intact lorsque, vingt-neuf ans plus tard, il lut la notice nécrologique de Sun Fu qu’avait rédigée Ouyang Xiu. « Je suis aussi heureux que si je me retrouvais en sa présence et pouvais m’asseoir à ses côtés » (« Shu Sun Zhihan muzhi hou », in Zhuanjiaji, op. cit., ch. , t. , p.  ; Quan Song wen, op. cit., t. , p. ). G Donggao, Sima Taishi..., op. cit., p. .

L    S G 

En , Guang se présenta au concours de Lettré accompli. Il venait d’avoir vingt ans, et fut reçu dans la plus haute catégorie, jiake1, fait peu courant pour un jeune

homme de son âge. Le gouvernement lui proposa alors un poste de Chargé des affaires courantes dans la préfecture de Huazhou2(actuelle province du Shaanxi),

non loin de la préfecture de Tongzhou qu’administrait son père3.

Cette même année  il épousa, comme convenu, la troisième fille de Zhang Cun, l’ami de son père, qui fut un moment ministre des finances4. Âgée de seize

ans, aimable, sincère et pleine de sagesse semble-t-il, Zhangshi5 passa quarante-

cinq ans aux côtés de son mari ; elle mourra à l’âge de  ans, quatre ans avant lui6.

Peu après le décès de son épouse, Sima Guang écrivit un texte empreint d’émotion, afin de préserver son souvenir auprès de ses enfants et petits-enfants : « j’ai songé à faire graver une stèle sur sa tombe, comme c’est aujourd’hui l’usage, puis j’ai songé que, n’ayant jamais eu d’activité extérieure, ses bonnes actions ne sont pas sorties du cadre familial : j’ai donc décidé de rédiger cette courte biographie et de la conserver à l’intérieur de la famille afin qu’elle serve de modèle aux femmes des générations futures ».

Jeune fonctionnaire débutant, Sima Guang est décrit comme si préoccupé déjà par la crise économique, financière et militaire de l’empire, que son attitude ne man- quait pas de surprendre les gens de sa maison. Il lui arrivait souvent, alors qu’il était

. G Donggao, Sima Taishi..., op. cit., p. . Cette année ,  candidats furent admis au concours de jinshi (Xu Zizhi tongjian, op. cit., t. , p. ).

. Huazhou panguan. G Donggao, Sima Taishi..., op. cit., p. . Ni Su Shi ni les rédacteurs de la biographie de Sima Guang dans le Songshi ne mentionnent le poste de préposé aux affaires courantes de la préfecture de Huazhou. Mais selon les notes de Sima Guang au poème qu’il adressa à Shi Changyan (Zhuanjiaji, ch. , t. , p. ), il n’y a aucun doute. Su Shi avait sans doute estimé le fait sans importance et les rédacteurs de l’Histoire des Song l’ont suivi.

. Sima Guang s’y rendait souvent. Il y rencontra Shi Yangxiu, de vingt-trois ans son aîné, même s’ils avaient tous deux réussi la même année au concours. Les deux hommes sympathisèrent, ils parta- geaient le goût des questions académiques et aimaient visiter ensemble les sites célèbres de la région. Ils se rendirent notamment au temple Longxingsi, une ancienne résidence de l’empereur Wendi des Sui qui contenait une stèle de Li Delin et des peintures murales de Wu Daozi, le grand peintre de la dynas- tie Tang. Ce petit déplacement par une douce journée de printemps laissa un souvenir impérissable aux deux amis. Six ou sept ans plus tard, Shi Yangxiu, alors magistrat à Zhongmou dans le Henan, adressa un poème épistolaire à Sima Guang ; ce dernier lui répondit en rappelant leur visite au temple Longxingsi. Shi Yangxiu (surnom Changyan), était originaire de la préfecture de Meizhou dans le Sichuan. Sélec- tionné dès l’âge de  ans au niveau provincial parmi plusieurs centaines de candidats pour présenter le concours de jinshi, il ne le réussit qu’à l’âge de  ans. Shi Changyan est l’objet d’une courte biographie dans le Songshi, op. cit., ch. , t. , p. . Voir aussi l’éloge funèbre de Sima Guang à son ami, « Shi Changyan aici », Zhuanjiaji, op. cit., ch. , t. , p. . « Shi Changyan xueshi zai zhongmo ri wei shi jianqi jiu wei zhi da... », Zhuanjiaji, op. cit., ch. , t. , p. .

. Songshi, ch. , « Zhang Cun zhuan », op. cit., t. , p.  et suiv.

. Dans ce texte, Sima Guang relatait aussi l’ouverture d’esprit de son épouse et son peu d’attachement aux biens matériels. Un jour, alors que Sima Guang occupait un poste de responsable à l’éducation dans une juridiction qu’administrait Pang Ji, l’ami de son père, un voleur pénétra dans le domicile du couple et déroba tous les vêtements. Sima Guang, dépouillé de tout habit de cérémonie, s’emporta. Zhangshi sourit et lui dit : « L’essentiel est que nous soyons indemnes, les biens matériels nous reviendront bientôt ». « Xu Qinghejun jun », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p. -.

 - :   ’ 

allongé sur son lit, de se lever brusquement pour revêtir ses habits officiels. Saisis- sant alors à deux mains la tablette des lettrés à l’audience impériale, le dos parfai- tement droit sur son siège, il s’absorbait dans ses pensées. Son entourage, étonné dans un premier temps, s’habitua à ce comportement au point de n’y plus prêter attention. Beaucoup plus tard, Fan Zuyu, l’un des disciples de Sima Guang qui l’in- terrogeait sur cette conduite étrange, s’entendra répondre : « il m’arrivait tout à coup [...] de m’inquiéter des grands problèmes de notre époque ». Et Fan Zuyu comprit ainsi, relate-t-il, que lorsqu’il se penchait sur des questions importantes, son maître s’obligeait à une attitude digne et respectueuse1.

Cette même année , parcourant les allées du temple Longxingsi en compa- gnie de son ami Shi Yangxiu, Guang découvrit un texte commémoratif anonyme qui vantait les mérites de Yan Taichu. Ce lettré talentueux et intelligent de la géné- ration de son père s’était attiré mainte inimitié à cause de son franc-parler et de son intransigeance ; il n’avait de ce fait jamais pu dépasser les premiers échelons de la hiérarchie mandarinale2. Désireux de lui rendre justice, Sima Guang se mit en quête

des écrits épars de Yan, qui n’intéressaient alors plus personne, et les rassembla en

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