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Une institution singulière

Dans le document La vie publique de Sima Guang (Page 108-126)

En , exprimant le vœu que la postérité puisse connaître le nom des « remon- treurs » et juger sur pièces de la façon dont ils avaient assumé leur tâche, Guang proposa de les immortaliser en faisant graver leur nom sur la pierre.

Dans l’antiquité, il n’y avait pas de fonctionnaires chargés des remontrances. Tous, des nobles et ministres jusqu’aux artisans et commerçants, pouvaient présenter des remontrances. À partir de la fondation de la dynastie Han, on institutionnalisa la fonction. La politique de l’empire, (le sort de) toute sa population, ainsi que les succès et les échecs, les avantages et les inconvénients, furent condensés sur des fonction- naires qui avaient un devoir de parole. Leur responsabilité était lourde.

Les titulaires de ces postes doivent mettre toute leur détermination à traiter les affaires importantes, et négliger les affaires secondaires ; s’occuper d’abord de l’urgent et ensuite de ce qui ne l’est pas ; être préoccupés seulement de l’intérêt du pays et ne . Le décret de nomination de Sima Guang à la Cour des remontrances est publié à la fin du emois de la eannée de l’ère Jiayou (). Il entre dans ses nouvelles fonctions au début du emois. G Donggao,

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jamais projeter leur existence personnelle. Existe-t-il réellement une différence entre ceux qui pensent seulement à se faire un nom et ceux qui pensent à leur seul intérêt personnel ?

Au début de l’ère Tianxi, l’empereur Zhenzong publia un décret qui désignait six « Chargés des remontrances » et définissait leurs attributions. Au cours de l’ère Qin- gli, Monsieur Qian fut le premier à inscrire leurs noms sur des tablettes. Craignant que ceux-ci ne disparaissent à la longue, j’ai pris l’initiative, la eannée de l’ère Jiayou

(), de les faire graver sur pierre. Ainsi, dans le futur, les hommes pourront dire en montrant leur nom : un tel fut loyal, un tel fut félon, un tel fut droit, un tel fut tors. Comment cela pourrait-il ne pas inspirer la crainte1.

De fait, sous les Qin et les Han, les empereurs avaient souvent conféré le titre de « Fonctionnaire chargé des remontrances » à des conseillers personnels, dont le rôle était à la fois de contrôler les mémoires et adresses critiques émanant des fonc- tionnaires, zouyi, et d’exercer un veto sur les décisions impériales qu’ils jugeaient infondées, fengbo. Cette charge, encore accessoire sous les Han de l’ouest, devint de plein exercice dès les Han orientaux2. Mais ce furent les Tang qui développèrent

l’institution : la fonction de remontrance était alors partagée entre la Chancellerie et le Grand secrétariat3impérial, qui disposaient chacun de quatre postes de « maîtres

de remontrance » et de quatre postes de « sous-remontreurs ». Les Tang y ajoutèrent des « compléteurs d’omission », buque et des « recenseurs d’oublis », shiyi, chargés eux aussi de fonctions de remontrance et également répartis entre Chancellerie et Secrétariat4.

Tombées en désuétude dans l’anarchie des Cinq Dynasties, ces missions retrou- vèrent leur éclat sous la dynastie Song5. En , l’empereur Taizong, réactiva

l’« Agence des remontrances », jianyuan. Elle restait toutefois dans le giron de la Chancellerie, et son rôle, tel qu’il était défini, semblait plus théorique que pra-

. « Jianyuan timing ji », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p.  ; Quan Song wen, op. cit., t. , p. . . C. O. H, A Dictionary of Official Titles in Imperial China, Stanford University Press, , p. .

. Le Grand Secrétariat, zhongshusheng, était chargé de rédiger les proclamations, édits et décrets impériaux, ainsi que tous les actes de nomination, dégradation, amnistie, etc. La Chancellerie, menxia-

sheng était le centre de transmission et de contrôle des décrets impériaux. Elle recevait aussi les rapports

adressés à l’empereur : mémoires au trône, requêtes, lettres, dénonciations..., les lui faisait connaître, puis les transmettait après délibération au Grand Secrétariat qui rédigeait la réponse ; le document repartait ensuite en sens inverse, il était renvoyé à la Chancellerie impériale qui y apposait son sceau et l’expédiait au Département des Affaires d’État chargé de le faire appliquer.

. Pour une vue d’ensemble de la question, voir Léon V, « L’institution chinoise de la remontrance », in Études chinoises, mélanges de sinologie offerts à M. J. Gernet, vol. XIII, no-,

printemps-automne .

. Les Song modifièrent l’organisation de l’administration centrale héritée des Tang. L’organe central du gouvernement était une institution formée à partir du Secrétariat pour les affaires civiles et du Conseil secret pour les affaires militaires. Elle seule était installée dans l’enceinte du palais impérial. La Chancel- lerie fut déplacée à l’extérieur, au niveau du département des affaires d’État, et devint de ce fait elle aussi un élément de l’exécutif.

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tique. En effet, même si les jianguan1, avaient des fonctions de remontrances,

aucun texte ne précisait l’étendue de leurs attributions. La situation changea en , lorsque l’empereur Zhenzong recruta une équipe de six fonctionnaires chargés à titre plein des remontrances, puis sépara l’Agence des remontrances de la Chancel- lerie. Accueillant en son sein les remontreurs et les rectificateurs de parole, elle était pour la première fois une institution indépendante.

Toutefois, l’Agence des remontrances, jianyuan2, ne devint une administration

structurée qu’en , lorsqu’elle reçut des bâtiments en propres3, et plus encore en

, lorsqu’un décret autorisa ses membres à participer aux débats des audiences impériales4. Dès lors, les Chargés des remontrances occupèrent une position clé au

sein de l’appareil gouvernemental. Leurs observations portaient à la fois sur les actes impériaux et sur l’ensemble des mesures administratives. Ils avaient le privilège de contribuer à l’élaboration des grandes décisions, mais là résidait aussi la difficulté de leur mission : s’ils se taisaient, on les accusait de complaisance ; s’ils s’opposaient, ils s’attiraient la haine des Grands ministres, puissants inspirateurs de la politique gouvernementale. Sima Guang, qui, longévité exceptionnelle, se maintint dans la fonction près de cinq ans, évoquera plus tard sa crainte de s’y être fait assez d’enne- mis pour, dit-il, qu’il n’y ait plus un seul lieu de l’empire où ses enfants et lui puissent poser le pied en sécurité5.

Dès son entrée en fonction, au emois , il adressait trois mémoires de poli-

tique générale à l’empereur : Des trois vertus (du souverain), Des moyens du bon

gouvernement, et De l’entraînement des forces armées. Il est difficile de savoir si, ce

faisant, il visait des mesures précises ; mais les thèmes choisis montrent d’emblée ses orientations.

Le premier mémoire, Des trois vertus, Sande, témoigne de sa détermination et de ses objectifs d’ensemble : en dissertant sur les vertus propres aux Fils du Ciel, pallier les défaillances de son propre souverain. Exercice à risque sous l’empire autocra- tique des Song ; mais Sima Guang déclara d’emblée placer sa mission au-dessus de sa propre sécurité. Le texte reflète une de ses convictions profondes6: « l’ordre ou

. Taizong procéda à un aménagement terminologique ; les titres de buque et shiyi furent changés en

sijian, « remontreurs », et zhengyan « rectificateurs des paroles »

. L’Agence des remontrances possédait un personnel à temps plein, les « remontreurs », sijian, et les « rectificateurs des paroles », zhengyan, ainsi que de personnalités cumulant des fonctions et appelées

Tong zhi jianyuan. C’était le cas de Sima Guang qui conservait son titre de « rédacteur des gestes et paroles

de l’empereur ». Gu Donggao, Sima Taishi..., op. cit., p. .

. E. A. K Jr. Civil Service in Early Song China, Harvard University Press, , p. . . Song huiyao zhigao, ch. « Zhiguan san » : « Jianyuan ».

. Xu Zizhi tongjian changbian, ch. , article Genyin eannée de l’ère Zhiping ().

. En témoigne un mémoire écrit près de vingt ans plus tard en  : « L’origine de l’ordre et du désordre, de la sécurité et du danger, de l’existence politique et de la disparition, est entièrement tribu- taire de l’esprit-cœur du souverain. La bonté, ren, la clairvoyance, ming, et l’esprit de décision, wu, doivent constituer son être intérieur ; la bonne utilisation des hommes, yongren, la récompense des mérites,

shanggong, et le châtiment des coupables, fazui, doivent constituer la marque de son intervention sur les

affaires extérieures à sa personne ». Seule différence notable avec les deux mémoires de , l’action du souverain est double : sur lui-même et sur le monde. Chaque fois qu’un nouveau souverain montera sur

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le désordre de l’empire dépendent avant tout du souverain1». Le respect strict de

la hiérarchie est la condition du maintien de la paix et de la stabilité.

Comme l’écrit Ming K. Chan, « Sima Guang considère l’ordre hiérarchique » comme le cœur des enseignements de Confucius, et, dans un sens plus large, comme le fondement du gouvernement et de la société2. Le souverain occupe la place

suprême dans une structure dont l’ordre ne souffre pas plus d’être modifié que les positions du soleil et de la lune ne pouvent être inversées. Bien entendu, de cette position découlaient des contraintes impératives.

Il n’existe pas pour un souverain de responsabilité plus grande que les convenances rituelles. Il n’est aucun aspect des convenances rituelles qui surpasse la distinction hiérarchique. Il n’est aucun aspect de la distinction hiérarchique qui surpasse (la bonne adéquation) des titres3.

Ces convenances rituelles impliquaient beaucoup plus que les cérémonies et l’éti- quette ; elles englobaient l’ensemble de l’édifice hiérarchique. Garantir les conve- nances rituelles signifiait veiller à ce que tout homme soit à sa juste place dans le système ; car quand chacun obéit à ses supérieurs et s’abstient de rechercher plus que son lot personnel, il n’y a ni conflit ni rivalité. L’ordre hiérarchique respecté est le garant ultime contre le chaos ; en cela il bénéficie à tout un chacun. D’où l’incommensurable responsabilité du souverain.

Votre serviteur ose considérer qu’il existe trois grandes vertus chez un souverain : l’« humanité », ren, la « clairvoyance », ming, et l’« esprit martial », wu.

Posséder la vertu d’humanité ne signifie pas être faible comme une femme âgée qui souhaiterait jouir d’une tranquillité trompeuse, c’est (au contraire) promouvoir la civilisation par l’éducation, travailler aux affaires politiques, veiller sur le peuple, et apporter ses bienfaits à tous les êtres. Voilà ce que signifie l’expression vertu

d’humanité du souverain.

Être clairvoyant ne signifie pas être soupçonneux, tatillon, et chicaneur, c’est posséder

le sens de son devoir, distinguer la sécurité du danger, discerner les sages des abrutis, et le vrai du faux. Voilà ce qu’il faut entendre par la clairvoyance du souverain. Posséder l’esprit martial, ce n’est pas faire preuve de violence ou de brutalité aveugle, mais c’est disposer d’un esprit de décision irrévocable face à ce qu’il convient de faire, et ne se laisser ni aveugler par les fourbes ni influencer par les courtisans. Voilà ce qu’il faut entendre par l’esprit martial du souverain.

Être humain sans être clairvoyant est à l’image d’un bon champ que l’on serait inca-

pable de mettre en culture ; être clairvoyant sans esprit martial revient à regarder de jeunes pousses mourir sans être capable d’arracher les mauvaises herbes ; avoir l’esprit martial sans humanité, c’est être capable de récolter mais pas de semer. Si ces le trône, Sima Guang ne manquera pas de lui présenter ces « six mots d’ordre ». « Jin xiu xin zhi guo zhi yao zhazi », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p. -.

. Sima Guang, Jigulu, ch. . Beijing : Beijing shifan daxue chubanshe, , p. .

. « L’accent mis sur l’ordre hiérarchique » dans le Zuozhuan a certainement eu une influence consi- dérable sur Sima Guang. Ming K. Chan, e Historiography of the T’zu-chih t’ung-chien : A Survey, .

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trois qualités sont présentes et entières, le pays sera en ordre et fort, s’il en manque une, s’ouvrira une période de décadence, s’il en manque deux, une période de crise, et si les trois font défaut, c’en sera fini. C’est une constante depuis la naissance de l’humanité1.

L’exposé, jusque là théorique, devenait plus concret lorsqu’après quelques précautions oratoires d’usage, Sima Guang abordait l’actualité.

Avec toute son insignifiance, votre serviteur, bravant la mort et renonçant à la vie, a remarqué que les dispositions naturelles de Votre Majesté inclinent vers la bonté et la compassion, qu’elle est attentive à recevoir les inférieurs, qu’elle éduque le peuple comme ses propres enfants, et fait preuve d’un amour universel. Aucun des souverains saints de l’antiquité ne saurait la dépasser sur ces points.

Pourtant, alors que vous êtes sur le trône depuis maintenant quarante ans et que vous vous consacrez jour et nuit inlassablement à la recherche du bon gouvernement, il y a encore bien des manques et des défauts dans les principes fondamentaux qui régissent la Cour, et bien du mécontentement et du désenchantement dans la popu- lation pauvre des hameaux et villages. Certains pensent que cette situation est impu- table à l’incompétence d’une masse de subordonnés incapables de mettre en valeur la sagesse du souverain. Et si pourtant, dans la proportion infime d’un sur dix mille, les Trois vertus de Votre Majesté n’étaient pas parfaites ?

[...] En sa qualité de « scribe » de vos faits et gestes, Votre serviteur a eu la chance d’assister quotidiennement à l’audience à vos côtés, il a pu humblement remarquer que Votre Majesté traite tous les sujets avec beaucoup de sérieux et s’y applique avec profondeur, mais aussi qu’elle approuve le point de vue de chacun des ministres sans poser la question des avantages et inconvénients ni peser le pour et le contre. Si les hommes qui entourent Votre Majesté et qui en sont les bras, les yeux et les oreilles sont loyaux et droits, tout sera parfait, mais si, contre toute attente, un traître malfai- sant se glisse parmi eux, comment ne pas être glacé d’effroi ? Si le bien et le mal ou le vrai et le faux se confondent et sont traités à l’identique sans distinction possible, alors peut-être saurons-nous que tel individu est bien mais sans pouvoir le récom- penser et inversement, que tel autre est mauvais, mais sans pouvoir le punir. S’il en est ainsi, celui qui œuvre dans le sens du bien sera chaque jour plus inquiet et celui qui œuvre dans le sens du mal chaque jour plus conforté. [...]

Votre serviteur espère humblement que votre Majesté daignera consacrer (à ce point) un moment de sa sainte pensée, puis qu’usant de sa suprême humanité donnée par le Ciel, elle élargira sa clairvoyance, aussi éclatante que le soleil et la lune, et renforcera l’inflexibilité de son puissant jugement ; ainsi elle fera qu’il n’y ait pas le plus petit élément de bien qui ne soit rétribué, ni le plus petit élément de mal qui ne soit puni. En agissant ainsi, comment la magnificence des règnes de Tang, de Yu ou des trois dynasties resterait-elle inaccessible2?

. « Chen sande shangdian zhazi », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p. - ; zouyi, op. cit., p.  ;

Quan Song wen, op. cit., t. , p. .

. « Chen sande shangdian zhazi », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p. - ; zouyi, op. cit., p.  ;

 L’   

Le deuxième mémoire, corollaire du premier et intitulé De la conduite des

subordonnés, Yu chen1, aborde un thème classique de la pensée politique chinoise.

Votre serviteur a entendu dire que la voie du bon gouvernement tient en trois points seulement : la désignation des fonctionnaires, la garantie des récompenses, et la nécessité des sanctions.

[...] Le roi Wenwang (des Zhou) employait ceux qu’il convenait d’employer, respec- tait ceux qu’il convenait de respecter et punissait ceux qu’il convenait de punir. Votre serviteur a pu observer la façon dont l’État gère (aujourd’hui) l’ensemble de ses fonc- tionnaires, il les fait progresser à l’ancienneté ou leur assigne des tâches selon leurs titres. Si une carrière est longue, on attribue une position élevée sans différencier un sage d’un abruti ; si les titres sont au niveau requis, on confie des fonctions impor- tantes sans s’interroger sur la compétence ou l’incompétence. Mais en fait, de même que chaque individu possède en propre des dons naturels, les tâches administratives possèdent leurs spécificités.

Depuis la haute antiquité, il n’y a pas eu de période plus faste pour le recrutement d’hommes sages que celle de Yao et Yu ; [...] chacun avait une fonction et la conservait sans en changer jusqu’à la fin de sa vie2. [...]

Or, constate Sima Guang :

Aujourd’hui [...] lorsqu’on assigne des tâches, les plus stables les conservent au plus trois ans avant d’être mutés et les moins stables quelques mois. Il est ainsi impossible d’espérer se perfectionner dans son emploi, pas plus qu’il ne faut attendre des résultats parfaits.

Mais il y a pire.

Quand un fonctionnaire diligent et respectueux est nommé, il se consacre de toutes ses forces au bon accomplissement de sa tâche, mais s’il n’attire pas la sympathie de la population ou n’obtient pas de résultats spectaculaires, ses supérieurs doutent de lui, ses collègues le jalousent, et ses inférieurs le détestent. À ce moment-là, il se peut fort bien que la Cour, suivant l’avis général, le punisse et que cet homme diligent et respectueux ne puisse éviter sa perte.

(Au contraire) un fonctionnaire véreux et corrompu saura à l’esbroufe susciter les vivats des foules et soigner ses relations pour gagner une bonne réputation ; en peu de temps, sa renommée se répandra de toute part, tandis que les problèmes accu- mulés seront légués à ses successeurs. À ce moment-là, il est possible que la Cour, séduite par les propos de l’opinion, le récompense, et que ce fonctionnaire véreux et corrompu reçoive sans coup férir de l’avancement3.

Pour Guang, il en est ainsi parce que les fonctionnaires reçoivent affectations et promotions en raison de leur renommée, ming, et non des résultats réels de leur

. « Yan yu chen shangdian zhazi », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p. - ; zouyi, op. cit., p.  ;

Quan Song wen, op. cit., t. , p. .

. « Yan yu chen shangdian zhazi », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p. - ; zouyi, op. cit., p.  ;

Quan Song wen, op. cit., t. , p. .

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administration, shi ; de même qu’ils sont sanctionnés à cause des défauts de leur style écrit, wen, et non en fonction de leurs idées, yi.

Les récompenses étant attribuées à la renommée, on soigne sa réputation pour rechercher le succès ; et le style étant à la source de sanctions, on le travaille pour éviter le châtiment. Ainsi, qui fait le bien n’est pas à coup sûr récompensé, et qui fait le mal n’est pas à coup sûr puni.

Voilà pourquoi même si, depuis longtemps, Votre Majesté participe sans se lasser aux audiences et recherche, du matin au soir, les voies du bon gouvernement, la grande paix n’est toujours pas accomplie.

Il était donc temps que l’empereur « procédât à une vaste sélection parmi les fonc- tionnaires, sans s’interroger sur leur parcours ou sur les fonctions auxquelles leurs titres ouvraient accès ».

Ceux qui ont une conduite vertueuse doivent remplir des tâches éducatives ; ceux qui possèdent un talent littéraire et de l’érudition, faire office de conseillers ; ceux qui ont des qualités d’administrateurs être nommés gouverneurs ou magistrats ; ceux qui possèdent à la fois courage et sens tactique, être placés à la tête des armées ; ceux qui ont des connaissances parfaites des rites et cérémonies, se voir confier des tâches en rapport ; ceux qui ont des connaissances parfaites des lois et règlements, se voir

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