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La mise au pas des hauts fontionnaires

Dans le document La vie publique de Sima Guang (Page 173-184)

L’empereur allait bientôt achever d’asseoir son autorité, en se livrant notamment un peu plus au jeu complexe des nominations-mutations-destitutions, dont nous suivons ci-dessous les méandres pour ce qu’ils révèlent de la méthode, mais aussi en fin de compte de la précarité au sein de la haute administration de l’empire chinois. Le cas Wang Tao avait été l’occasion pour Sima Guang de rappeler à Shenzong, comme il l’avait fait avec ses prédécesseurs, les trois vertus des souverains : bonté, clairvoyance, esprit de décision, et les trois moyens du bon gouvernement : sélection des fonctionnaires, récompenses et châtiments.

Autrefois, sous l’empereur Renzong, à peine entré dans mes fonctions de Chargé des remontrances, j’ai adressé plusieurs mémoires à l’empereur pour l’entretenir de ces théories.

Sous votre prédécesseur, lorsque je lui ai présenté mon tableau chronologique, j’ai inséré à nouveau ces idées en postface. Aujourd’hui, j’ai le bonheur de vivre le début du règne de Votre Majesté qui, avec modestie, interroge ses subordonnés. Votre ser- viteur place ces quelques propos avant tout autre chose : ils représentent vraiment le fruit du travail d’études de toute une vie, le plus concentré et le plus important s’y trouvent entièrement.

Je souhaite que Votre Majesté ne considère pas cela trop livresque et l’examine avec le plus grand soin. S’il n’y a rien à en tirer, alors c’est que Votre serviteur ne peut plus être d’aucune utilité dans votre sainte époque2.

En tant que président du Tribunal des censeurs, il se devait d’être attentif au rôle des eunuques. Shenzong partageait ses préventions à l’égard de leur influence poli- tique : dès son intronisation, il s’efforça de les écarter des postes de responsabilité. Quelques-uns échappèrent à l’épuration ; ce fut le cas d’un certain Guo Zhaoxuan, proche serviteur de l’empereur alors qu’il était encore prince héritier, et qui avait reçu en récompense le titre d’Huissier des cérémonies d’audience, gemenzhihou. Son influence avait paru un temps si forte que la rue le surnommait « Dragon accompagnateur ».

. Zhuanjiaji, op. cit., chapitre , « Qi geng bu zejiang Wang Tao zhaozi » ; zouyi, op. cit., p. . . Zhuanjiaji, op. cit., chapitre , « Chu chu zhongcheng shangdian zhazi » ; zouyi, op. cit., p. .

L    S G 

Aux yeux de Sima Guang, il était impensable qu’un simple serviteur attaché au palais du prince héritier pût occuper un tel poste ; les emplois d’huissier-audiencier devaient être réservés, comme le voulait, à des talents en attente d’une affectation. Aussi critiqua-t-il l’empereur pour avoir « pris à la légère la hiérarchie de la fonction publique et s’être montré négligent sur les récompenses et les châtiments1». Par la

suite, apprenant que le frère cadet de l’empereur, le prince de Chang, avait recom- mandé l’eunuque, il rédigea une note complémentaire invitant ce dernier à ne plus s’immiscer dans les affaires publiques.

Un autre eunuque occupait le poste de Directeur de la Cour de pharmacie impé- riale, yuyaoyuan. Ce Gao Jujian, homme intelligent et plein de ressources, avait obtenu cette affectation sous l’empereur Yingzong. Il avait su se faire apprécier de son successeur, dont il obtint plus de faveurs encore, au point qu’aucun fonction- naire de la Cour n’osait l’affronter ou l’indisposer ; Sima Guang fut seul à dénon- cer, en cinq mémoires, ce qu’il considérait comme les méfaits de Gao, mettant l’empereur en demeure de choisir entre lui et l’eunuque.

Si Votre Majesté juge que Votre serviteur est un homme droit, elle doit alors consi- dérer Jujian comme un homme malhonnête ; si par contre elle estime que Jujian est loyal, alors Votre serviteur est un calomniateur. La situation ne permet pas de conserver en même temps Jujian et Votre serviteur2.

Dans sa biographie de Sima Guang, Ma Luan attribue à Shenzong et Sima Guang un dialogue fort vif sur cette question.

Lorsque l’empereur monta sur le trône, tous les eunuques qui avaient été promus à la Cour grâce à la faveur impériale furent déchargés de leurs responsabilités dans l’administration centrale. Seul le directeur de la Cour de pharmacie impériale, Gao Jujian, et quatre autres personnes furent maintenus dans leurs anciennes fonctions3.

(Sima Guang) présenta un mémoire à l’empereur : « Jujian possède une nature mal- honnête, il excelle dans la médisance et la flatterie ; il occupe depuis longtemps un poste proche de vous et en a profité pour commettre de nombreux méfaits ». Shenzong : Il quittera ses fonctions au terme de la période de deuil.

Guang : Un serviteur des appartements intérieurs peut-il entretenir un rapport quelconque avec l’enterrement d’un empereur ?

L’empereur se rangea à l’avis de Sima Guang. Le jour guisi, Gao Jujian fut démis de ses fonctions d’huissier-audiencier, et nommé Commissaire du magasin de provi- sion pour la cuisine impériale, gongbeiku shi. (Sima Guang) le mit en accusation à plusieurs reprises, déclarant qu’il ne pouvait se trouver dans le même lieu que lui et demanda sa mutation dans un poste provincial, puis il attendit la réponse.

Un jour, où (Sima Guang) se trouvait au pied de la salle d’audience, l’empereur le fit venir à lui.

Lü Gongbi déclara (à l’empereur) :

. Zhuanjiaji, op. cit., chapitre , « Yan Guo Zhaoxuan zhazi » ; zouyi, op. cit., p. -. . Zhuanjiaji, op. cit., chapitre , « Yan Gao Jujian zhazi » ; zouyi, op. cit., p. -.

. Ce dialogue ne figure plus dans le Xu Tongjian changbian disponible aujourd’hui, mais seulement dans l’ouvrage de Ma Luan, Sima Guang nianpu.

 L P  (-)

« Si Votre Majesté souhaite conserver Jujian, elle doit chasser Guang ; si elle désire conserver Guang, elle doit alors renvoyer Jujian. Jujian est un eunuque des appar- tements intérieurs, alors que Guang est membre du censorat, je souhaite que Votre Majesté choisisse le plus important ».

(Sima Guang) : Il n’est pas nécessaire que les membres de l’entourage (de l’empereur) soient talentueux et intelligents, mais il convient qu’ils soient sincères, prudents et qu’ils agissent sans excès.

Shenzong renvoya Gao Jujian, mais un autre eunuque, Wang Zhongzheng, le remplaça, nomination que Sima Guang dénonça à l’identique : « un Jujian a été renvoyé, un autre Jujian l’a remplacé1». Remontrance acceptée, là encore : Wang

Zhongzheng, démis à son tour, fut expédié en mission dans la province du Shaanxi. Arrivé sur place, il commit des abus de pouvoir, promouvant qui le flattait et démet- tant quiconque lui résistait, propositions que Shenzong, avalisait en confiance. Sima Guang écrivit un nouveau mémoire ; dirigé en apparence contre Wang Zhongzheng, il renfermait une critique sévère de l’empereur lui-même.

(Votre Majesté) aime donner à des eunuques des missions à l’extérieur, et les interro- ger sur les compétences de tous les fonctionnaires... (Mais Votre Majesté) réside dans la profondeur de son palais, elle interroge les serviteurs qu’elle connaît depuis long- temps et accepte les commérages qui circulent dans les rues, elle donne son accord à des mémoires pleins de déférence et d’assentiment, puis sans chercher à examiner leur exactitude, (Votre Majesté) distribue les récompenses et les châtiments. Votre Serviteur craint fort que les calomniateurs et les gens malhonnêtes puissent ainsi satisfaire leurs sentiments bons ou mauvais et que Votre Majesté ne finisse par être l’objet de leur risée2.

Dans le même temps, Sima Guang s’opposa vivement à la politique indulgente de Shenzong qui, par souci de conciliation, avait interdit d’évoquer dans une instruc- tion judiciaire les faits antérieurs à une amnistie : la mesure impériale, généreuse en apparence, risquait, jugeait-il, de museler la critique censorale.

La déloyauté ou la traîtrise ne sont jamais des produits d’un jour. De tous temps, l’État a manifesté sa générosité en promulguant des décrets d’amnistie ; il y en eut parfois jusqu’à deux ou trois en une seule année. Mais s’il n’est désormais plus loisible d’évoquer des faits antérieurs à l’amnistie, alors il ne restera plus grand chose à dire. Si par hasard, la Cour ignorante des serviteurs (de l’État) déloyaux ou traîtres les emploie ou les promeut par erreur, et qu’un censeur souhaite intervenir, il entrera en contradiction avec ce décret. S’il ne dit rien, comment Votre Majesté en sera-t-elle être informée ?

Votre serviteur craint qu’ainsi ceux dont la mission est d’intervenir ne gardent la bouche close pour préserver leur tranquillité, et que ceux dont le cœur est déloyal n’agissent à leur guise et sans crainte3.

. Zhuanjiaji, op. cit., chapitre , « Yan Wang Zhongzheng zhazi » ; zouyi, op. cit., p. -. . Zhuanjiaji, op. cit., chapitre , « Yan Wang Zhongzheng dier zhazi » ; zouyi, op. cit., p. . . Zhuanjiaji, op. cit., chapitre , « Lun bude yan chi qianshi shangdian zhazi » ; zouyi, op. cit., p. .

L    S G 

À l’automne , après avoir conduit à leur terme les cérémonies funéraires de l’empereur Yingzong, le ministre Han Qi sollicita l’autorisation de se retirer de la vie publique. Selon l’usage, l’empereur refusa un temps puis accéda à sa demande. Pour Guang, ce retrait, qu’il avait pourtant souhaité, risquait d’ouvrir une période d’incertitude, où des hauts fonctionnaires, peu scrupuleux mais ambitieux, profi- tant de l’inexpérience politique du jeune empereur, chercheraient à s’emparer des plus hautes positions de l’appareil du gouvernement1. Il s’opposa à la désignation

de Zhang Fangping comme Grand ministre.

Zhang avait occupé sous l’empereur Yingzong les fonctions de Transmetteur des directives et de membre de l’Académie Hanlin. À ce titre, il avait rédigé, peu avant le décès de l’empereur, l’ordre d’intronisation de Shenzong ainsi que nombre des décrets et proclamations du début du règne. Le nouveau souverain voyait en lui un homme fiable et de valeur qui, une fois Han Qi retiré de la vie politique, avait vocation à lui succéder à la tête des affaires. Bien que son collègue à l’Académie Hanlin, Sima Guang manifesta son hostilité à sa désignation. L’intéressé, d’après lui, « en dehors de son style littéraire, ne possédait aucun point fort : chacun le (sait) déloyal et avide de richesses2». Au cours du emois de l’an , l’empereur

interrogea Guang.

Shenzong : Quelles preuves avez-vous ?

Guang : Permettez-moi de vous relater ce que Votre serviteur a vu de ses yeux. Shenzong : Chaque fois qu’il y a une nomination, les opinions contradictoires se mul- tiplient, ce n’est pas bon pour la Cour.

Guang : C’est une bonne chose pour la Cour. L’empereur Yao estimait qu’il était dif- ficile de connaître les hommes, n’est-ce pas encore pire pour Votre Majesté qui vient seulement de monter sur le trône ? Si par hasard vous employiez un homme déloyal et que ni les censeurs ni les chargés des remontrances n’ouvraient la bouche, comment Votre Majesté pourrait-elle le savoir ?

Shenzong : Wu Kui était-il fidèle au Premier Ministre ? Guang : Je l’ignore.

Shenzong : Qui est le plus sage ? Celui qui est attaché au Premier Ministre ou celui qui est attaché à son souverain ?

Guang : Celui qui manifeste son attachement au Premier ministre est déloyal ; mais si, désirant prévenir vos désirs, quelqu’un observe votre inclinaison et adhère à votre opinion, il est tout aussi déloyal3.

La franchise du propos dut indisposer Shenzong, il décida de démettre son auteur de la présidence du Tribunal des censeurs et le renvoya à l’Académie Hanlin. S’estimant victime d’une injustice, Guang invita l’empereur à vérifier la compétence de Zhang Fangping.

. Sima Guang craignait que certains n’en profitent pour obtenir les faveurs des eunuques de l’entou- rage de l’empereur et ne tentent de l’influencer en leur faveur. Sima Guang demanda à l’empereur Shen- zong de ne pas prêter attention aux propos des eunuques lors du choix d’un nouveau Premier Ministre.

. Zhuanjiaji, op. cit., chapitre , « Yan Zhang Fangping zhazi » ; zouyi, op. cit., p. . . Xu Zizhi tongjian, op. cit., chapitre .

 L P  (-)

Votre serviteur vous a récemment adressé un mémoire pour dire que la nomination de Zhang Fangping comme conseiller à la direction des affaires gouvernementales ne correspondait pas aux espoirs de la population. Votre serviteur n’est qu’un ignorant peu doué, et son opinion ne mérite certainement pas d’être adoptée.

Sous le règne de l’empereur Renzong, Bao Cheng avait une réputation immense de droiture et de sens du bien public. Il existe de nombreux textes où il discute avec les membres du censorat de la déloyauté de Zhang Fangping et de sa cupidité ; au cas où Votre Majesté désirerait savoir si Zhang Fangping est un sage ou un incompé- tent, je lui demande de donner l’ordre de collecter tous les mémoires écrits par Bao Cheng et les autres, ainsi que les minutes de l’enquête sur Liu Baoheng à Kaifeng et Chenshengzhi, et les mémoires sur la situation locale que rédigea Zhang Fangping lorsqu’il occupait les fonctions de préfet de la préfecture de Qinzhou. Votre Majesté pourra ainsi se rendre compte que les propos de Votre serviteur ne sont pas ceux d’un individu isolé.

Rien de ce que je dis aujourd’hui n’a reçu un début d’application, mais dernièrement j’ai appris que Votre serviteur était nommé en qualité d’Académicien et de lecteur à l’Académie Hanlin. Si ce que dit Votre serviteur est exact, Zhang Fangping doit être écarté des affaires gouvernementales ; si c’est faux, alors Votre serviteur aura calomnié un homme sage et loyal et doit être banni dans un endroit reculé. Or aujourd’hui, aucun des deux n’est interrogé et Votre serviteur est renvoyé à l’Académie Hanlin avec un poste plus prestigieux encore. Votre serviteur est vraiment stupide et ne comprend pas le sens de tout cela.

Prosterné face contre terre, Votre serviteur espère que Sa Majesté examinera ses anciens propos et prendra une décision rapide sur la condamnation des agissements de Fangping. Quant à sa nouvelle nomination, Votre serviteur n’ose pas l’accepter1.

Shenzong maintint sa décision. Le chef de l’Office de réception des rapports, qui n’était autre que Lü Gongzhu, partageant l’opinion de Sima Guang, considéra son retour à l’Académie Hanlin comme un blâme. Il refusa de rédiger le décret, et le renvoya à l’empereur pour révision. Une fois de plus, faute d’autre moyen, Shenzong rédigea le décret de sa propre main.

C’est parce que tout le monde vous loue, Monsieur, de votre conduite et vos connais- sances classiques que j’ai décidé ce jour de vous offrir un siège au pavillon Erying. Je souhaite en effet que vous discutiez des problèmes du matin jusqu’au soir, et exposiez en détail la voie du bon gouvernement pour en corriger les manques.

Voilà la raison pour laquelle je vous ai muté, Monsieur, à l’Académie Hanlin en y ajoutant la fonction de lecteur, cela n’a rien à voir avec votre mémoire sur Zhang Fangping. Lü Gongzhu, qui a renvoyé le décret, n’a rien compris à mes intentions2.

Préférant cette fois contourner Lü, l’empereur adressa le décret directement au Bureau des affaires d’audience. Il était rare qu’un empereur s’impliquât de manière aussi personnelle, et notifiât ainsi son attachement à l’un de ses fonctionnaires ; Sima Guang se précipita à la porte du palais pour y recevoir son décret avec toutes les

. Zhuanjiaji, op. cit., chapitre , « Yan Zhang Fangping dier zhazi » ; zouyi, op. cit., p. . . Xu Zizhi tongjian changbian, op. cit., chapitre .

L    S G 

marques du respect1. Abandonnant sa place au gouvernement pour revenir à ses

travaux érudits, il sollicita la décharge de sa fonction d’Académicien : il confirmait, écrivit-il, son refus de porter un titre sans en exercer les charges2.

En quelques mois, plusieurs vieux serviteurs de l’État tels Han Qi, Fu Bi ou Zhao Gai avaient donc quitté leurs fonctions pour des raisons diverses ; Zhang Fangping lui-même, en qui l’empereur Shenzong semblait placer sa confiance, dut se retirer peu après pour respecter le deuil de son père. La Cour parut soudain vide, laissant à l’empereur toute latitude d’appeler des hommes nouveaux près de lui.

Wang Anshi fut le premier bénéficiaire de ce renouvellement, mais de nombreux hauts fonctionnaires lui étaient hostiles, dont Zhang Fangping, en fait l’un de ses plus farouches adversaires. En cette période de changement, le choix des hommes était crucial : l’empereur estima, semble-t-il, que Sima Guang, dont la droiture et la loyauté au trône n’étaient plus à démontrer, restait l’homme, ou l’un des hommes, de la situation. Il le nomma à la direction de la Cour d’évaluation des fonctionnaires3.

Guang poursuivait dans le même temps la rédaction de son Zizhi tongjian, dont il lisait souvent des chapitres à l’empereur. Chaque séance lui donnait l’occasion d’administrer une leçon ou de formuler une critique.

Le jour Gengshen, après que Yanying eut lu trois pages du Zizhi tongjian, l’empe- reur ordonna la lecture d’une page et demie de plus. La lecture se poursuivit, jusqu’à l’épisode où Su Qin conclut un pacte entre les six royaumes.

L’empereur : Su Qin et Zhang Yi ont-ils vraiment pu conclure cette grande affaire grâce à la seule agilité de leur verbe ?

Guang : La quête de Su Qin et de Zhang Yi d’alliances transversales et verticales, plus apparente que réelle, n’apporta rien au plan politique. Si Votre serviteur l’a incluse dans son travail, c’est qu’il désire montrer les mœurs d’une époque où les théoriciens politiques rivalisaient, et où les souverains les écoutaient et leur confiaient le sort de leur royaume. C’est pourquoi on parle de personnages qui ont mené des États à la ruine à la seule force de leur verbe.

Shenzong : Lorsque vous donnez vos explications, Monsieur, je peux vous écouter toute la journée sans ressentir jamais la fatigue.

Guang : Votre serviteur est creux, il n’a rien d’intéressant (à dire), mais chaque fois que Votre Majesté accorde des récompenses déraisonnables, il ne peut s’empêcher d’avoir peur.

Shenzong : Chacune de vos lectures, Monsieur, comporte plusieurs remontrances. Guang : Je n’oserais jamais faire qu’il en soit ainsi, Votre serviteur se contente d’exprimer le sens général de son ouvrage4.

. Zhuanjiaji, op. cit., chapitre , « Chu jian shidu xueshi qi xian ci shangdian zhazi » ; zouyi, op. cit., p. .

. Zhuanjiaji, op. cit., chapitre .

. Dès le début de l’année suivante, l’empereur lui demandait d’assumer provisoirement les fonctions d’Administrateur de la Cour d’évaluation du personnel administratif, Shenguanyuan. Cette cour, créée en  à la place de deux autres organismes, dépendait directement du ministère de la Fonction publique et avait pour mission d’évaluer et classer périodiquement les fonctionnaires civils et militaires de la capitale et de la Cour. Songshi, op. cit., chapitre , Zhiguan san ; et Hucker, op. cit., p. .

 L P  (-)

L’empereur était loin d’accepter toutes les remontrances de Sima Guang1; il

jugeait néanmoins son rôle assez positif pour autoriser la poursuite de ces lectures, et le consulter sur les grandes affaires, notamment sur le problème de la nomination et de l’avancement des fonctionnaires locaux. Guang préconisait de décentraliser les recrutements : plutôt que de se mêler du choix des fonctionnaires des quelques trois cents préfectures de l’empire, la Cour gagnerait à sélectionner avec soin des intendants provinciaux dans chacune des dix-huit provinces, en leur confiant la responsabilité de désigner et promouvoir les préfets ; on déléguerait à ces derniers le choix des magistrats de district, et ainsi de suite jusqu’au bas de l’échelle de la fonction publique. Les critères de sélection ne devraient pas être le rang ou l’ancien- neté dans la fonction, mais la capacité des candidats à gérer leur circonscription. Le même jour, l’empereur demanda à Guang de dresser une liste de fonctionnaires qui pourraient être chargés des remontrances. Ce dernier, après un temps de réflexion,

Dans le document La vie publique de Sima Guang (Page 173-184)