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Premiers textes

Dans le document La vie publique de Sima Guang (Page 57-64)

Contraint à l’inactivité publique, Sima Guang lut beaucoup, et écrivit des essais. Ces textes « à l’ancienne », guwen, se placent dans la continuité de sa préface au recueil des écrits de Yan Taichu. Rédigés à partir de , ils sont globalement contemporains des réformes de l’ère Qingli.

En  en effet, Fan Zhongyan (-) et ses partisans4sont invités par l’em-

pereur Renzong à prendre en mains les affaires de l’ État : pour la première fois sous les Song du nord, un homme d’origine relativement modeste conduisait le gouver- nement. L’empereur approuva les propositions du mémoire en dix points soumis par Fan et son collègue, le vice-président de la commission militaire Han Qi ; ainsi débutent les réformes de l’ère Qingli, ou « nouvelle politique de l’ère Qingli », Qingli

xinzheng5. Les mesures adoptées, limitées en fait au réaménagement des institu-

tions existantes, avaient surtout pour objectif de permettre un meilleur fonction-

. Ma Luan, « Sima Wengong nianpu », in Sima Guang nianpu, op. cit., ch. , p.  et G Donggao,

Sima Taishi..., op. cit., ch. , p. .

. Pang Zhuangmin, « Tianzhangfu jun bei xu ».

. « He Qian Xueshi (Gongfu) cheng xing zong », Zhuanjiaji, op. cit., t. , ch. , p. . . Aux côtés de Fan Zhongyan, Han Qi, Fu Bi ou encore Du Yan.

. Le mémoire en dix point, shishi, prévoyait de soumettre les fonctionnaires à une évaluation et de chasser les incompétents, de réduire le népotisme officiel ; de mettre l’accent sur l’originalité du point de vue dans les concours administratifs ; de donner une plus grande autorité aux fonctionnaires locaux sur leurs subordonnés, d’augmenter les revenus des magistrats de district, d’améliorer la productivité des terres grâce à une meilleure irrigation, d’organiser des milices populaires locales, de veiller à la stricte application des amnisties, et enfin de réduire le poids des corvées. Voir James T.C. L, « Fan Chung- yen », in Song Biographies, Wiesbaden : Steiner, , t. , p. .

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nement de la bureaucratie en accroissant l’efficacité de fonctionnaires mieux for- més et mieux payés. Mesures de portée limitée : elles eurent pourtant un immense retentissement, et préparèrent le terrain pour les grandes réformes de Wang Anshi vingt-cinq ans plus tard. Elles suscitèrent aussi bien des oppositions1. Des hommes

tels que Chen Zhizhong, Zhang Dexiang ou Wang Gongzhen manifestèrent vigou- reusement leur hostilité : un an plus tard (), ils triomphaient des réformateurs. Les écrits de Sima Guang de cette période ne traitent pourtant pas de politique pratique. Entrepris il est vrai peu avant le début des réformes, son premier texte important, intitulé Shizhelun, (Propos sur les dix sages2), est une critique du sta-

tut privilégié accordé à dix disciples de Confucius. En effet, depuis les Tang, il était d’usage que les disciples du Maître aient une tablette à leur nom dans son temple familial ; mais seuls dix d’entre eux, les « Dix sages », Shizhe, figuraient à ses côtés dans le pavillon principal3, les autres étant relégués dans les pavillons laté-

raux annexes, comme disciples de second rang. Sima Guang rejette cette discrimi- nation : l’existence du « groupe » restreint, note-t-il, n’est mentionnée dans aucun Classique, Confucius avait classé dix disciples en quatre catégories, sike4, mais sans

jamais affirmer qu’eux seuls étaient sages. C’est l’occasion pour Guang d’insister sur la primauté de la conduite vertueuse, dexing.

Si l’on utilise la notion de bien ordinaire, yishan, pour les distinguer, alors les disciples ayant fait preuve de sagesse sont à n’en pas douter plus de dix. Si, par contre, on les classe à partir d’une définition complète du bien, jinshan, alors, en dehors de ceux qui ont eu une conduite vertueuse, dexing, il n’en est pas un seul sans défaut.

[...] Comment la compétence politique, l’éloquence, ou la connaissance littéraire auraient-elles pu figurer à l’égal de la conduite vertueuse ? Dès lors que tous avaient des qualités et des défauts, pourquoi en faire un groupe distinct5?

Dans un deuxième essai, Sihao lun, (Propos sur quatre héros6), Sima Guang dis-

serte sur quatre personnalités réputées « sages » de la période des Royaumes Com- battants : les seigneurs Mengchang de Qi, Xinling de Wei, Pingyuan de Zhao et Chunshen de Chu. Pour lui, l’action d’un ministre doit s’apprécier selon trois cri- tères : fidélité à son souverain, shijun, prospérité du pays, liguo, bien-être du peuple,

yangmin.

. Elle limitait par exemple à un seul fils et à certaines circonstances le privilège héréditaire des man- darins, « l’ombre », yin, qui permettait aux parents et protégés des hauts-fonctionnaires de bénéficier sans examen d’une place rémunératrice.

. « Shizhe lun », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p.  ; Quan Song wen, op. cit., t. , p. . . Il s’agissait des disciples Yan Hui, Min Ziqian, Ran Boniu, Zhong Gong, Zai Wo, Zigong, Ran You, Zilu, Ziyou et Zixia.

. (Le Maître dit :) « Pour leur conduite vertueuse, dexing, il y avait Yan Hui, Min Ziqian, Ran Boniu et Ran Yong ; pour l’éloquence, yuyan, il y avait Zai Yu, Zigong ; pour les affaires politiques, zhengshi, il y avait Ran Qiu, Zilu ; et pour la connaissance littéraire, wenxue, Ziyou et Zixia. » Lunyu (Entretiens de

Confucius), ch. XI, & .

. « Shizhe lun », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p.  ; Quan Song wen, op. cit., t. , p. . . « Sihao lun », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , pages - ; Quan Song wen, op. cit., t. , p. .

 - :   ’ 

Le premier des personnages évoqués, Mengchangjun, héros du folklore popu- laire, était connu pour avoir fait le bien autour de lui à titre privé, mais en violant la Loi. Rassemblant un groupe de partisans, il avait usurpé la fonction de Premier ministre ; il servit ainsi son ambition personnelle, et non pas son pays, ni son peuple. Le second héros, Chunshenjun, s’était sacrifié pour sauver le prince héritier et éviter une crise de succession à Chu. Il fit donc preuve de courage et de fidélité ; mais il profita de sa position pour se livrer à la débauche et au gaspillage, et conduisit en dix ans le royaume à la ruine. Pire, il accepta les avis de conseillers vils, de sorte que le royaume de Chu sombra dans l’anarchie. Pingyuanjun, le troisième personnage, était tout comme Mengchangjun, avide de richesses : au risque de la disparition du royaume de Zhao, il fit la guerre pour satisfaire ses propres appétits. Mais il sut fort heureusement, promouvoir Zhao She, et se montrer d’une fidélité indéfectible à son souverain : « Sa sagesse fut à ce titre très supérieure à celle de Mengchangjun et Chunshenjun ».

En définitive, des quatre protagonistes évoqués, seul Xinlingjun fit preuve d’une conduite privée vertueuse ainsi que d’un comportement social irréprochable. D’une loyauté parfaite, son intelligence tactique permit au Wei de vaincre une armée de Qin dix fois plus forte ; il préserva ainsi l’intégrité territoriale du royaume, et les six royaumes voisins bénéficièrent d’une période de paix. Enfin, lorsqu’il eut à subir les critiques et la jalousie de son souverain, il sut se retirer, évitant les conséquences de la calomnie. Xinlingjun fut donc un homme intelligent et capable, qui se maintint sans faillir dans le droit chemin.

Dans sa conclusion, Sima Guang se livre au classement des « quatre héros » selon ses critères initiaux : au premier rang il place Xinling, puis Pingyuan, Mengchang, et enfin Chunshen1. Cette critique morale est l’un des premiers témoignages de

son attachement à la notion de « différenciation sociale », mingfen : chaque posi- tion dans la hiérarchie sociale implique à la fois droits et devoirs. Il en découlait tout naturellement son aversion manifeste envers les chevaliers errants, yuxia, ces soi-disant héros populaires qui, hors la loi, troublaient l’ordre public2.

L’année suivante (), dans un texte consacré à Jia Yi3, il prend le contre-pied

des jugements positifs dont bénéficiait généralement cette éminente personnalité littéraire et politique des Han4. Pour Sima Guang, fond et forme sont inséparables :

. « Sihao lun », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p. - ; Quan Song wen, op. cit., t. , p. . . En fait le jugement de Sima Guang sur Mengchangjun était plus nuancé qu’il n’y paraît ici. Il écri- vit ainsi dans un des jugements historiques de son Zizhi tongjian : « On peut vraiment dire que Meng Changjun savait accepter le point de vue d’autrui. Si l’opinion de son interlocuteur était juste, il était capable de la recevoir même si les intentions de celui-ci étaient perfides. A fortiori lorsque l’interlocu- teur était loyal ! Il est écrit dans le Shijing : “On ne rejette pas un navet ou un radis parce que l’extrémité est un peu gâtée”. Voilà qui s’applique parfaitement à la personnalité de Mengchangjun ». Zizhi tongjian, Beijing : zhonghua shuju, réimp. , chap. , t. , p. .

. « Jia Sheng lun », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p. - ; Quan Song wen, op. cit., t. , p. . . Originaire de Luoyang, Jia Yi ( avant J.-C.- avant J.-C.) fut remarqué très jeune pour son exceptionnelle érudition. D’abord admis au sein des « érudits au vaste savoir » dont il était de loin le plus jeune membre, l’empereur Wendi le promut moins d’un an plus tard au poste prestigieux de conseiller.

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un style brillant et persuasif ne saurait masquer des idées erronées et dangereuses. Jia Yi fut certes un grand styliste et un immense érudit : mais sa vision politique étroite et son caractère superficiel faillirent conduire la dynastie Han à sa perte. Dans ses mémoires à l’empereur Wendi sur les moyens de garantir la pérennité de la dynastie, Jia Yi condamnait certes le pouvoir abusif des princes ou l’arrogance des barbares ; mais, selon Sima Guang, il ignora l’essentiel.

Pour assurer le gouvernement du monde, est-il un seul moyen qui puisse surpasser les rites, liyi ? [De même], pour garantir la paix dans le monde, est-il un seul principe qui puisse passer avant [la désignation] d’un héritier légitime du trône, sijun ? Si les rites ne sont pas déployés, quand bien même tous les barbares viendraient présenter leurs hommages à la cour et les frontières ne seraient pas troublées. Qu’en sera-t-il en cas de troubles intérieurs ? Si les règles de succession au trône ne sont pas respectées, quand bien même les princes seraient faibles et le pays totalement en paix, qui sera en mesure de perpétuer cette situation ?

À la différence de ses contemporains, qui tout en déplorant l’inconséquence de Jia Yi appréciaient ses qualités littéraires, Sima Guang s’insurgeait : « un homme de bien abhorre ceux dont le talent est la seule grandeur, mais dont la pensée n’est pas correcte1».

Au cours de ces cinq années d’oisiveté forcée, bien qu’éloigné de toute activité publique, Sima Guang ne vécut pas pour autant en ermite. Ces quatre essais de jeu- nesse, pour éloignés qu’ils parussent de la conjoncture, témoignaient de préoccupa- tions qui ne le quitteraient jamais par la suite : fidélité et loyauté au souverain, zhong-

jun, bienfait pour le pays, liguo, et souci du peuple, yang min. Ils témoignaient aussi

de l’importance que l’auteur accordait à la maîtrise des qualités nécessaires pour y parvenir : talent et intelligence bien sûr, mais surtout fermeté dans les principes,

dao2.

Entre temps, la guerre contre les Xixia avait pris de l’ampleur, sans que l’armée impériale parvienne à remporter de victoire décisive. Le gouvernement décréta la mobilisation des milices paysannes, qu’il comptait bien envoyer à l’ennemi. Dans la province du Shaanxi, en principe exemptée de milices villageoises, « un homme valide sur trois fut enrôlé comme archer3». Un premier décret, destiné peut-être à

rassurer et calmer la population, annonça que les recrues seraient affectées au seul

À ce titre, il présenta au trône de nombreux mémoires en faveur de réformes politiques. Victime de cabales, l’empereur dut se résoudre à le démettre et à le muter en province. Déçu et déprimé, il mourut âgé d’à peine  ans. Biographie de Jia Yi, in Hanshu, « Jia Yi zhuan », Beijing : Zhonghua shuju, réimp. , t. , p. . Sur la pensée politique de Jia Yi, lire Hsiao Kung-chuan, A History of Chinese Political

ought, Princeton Library of Asian Translations, , p. -.

. « Jia Sheng lun », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p. - ; Quan Song wen, op. cit., t. , p. . Il faut remarquer néanmoins que dans son Zizhi tongjian, Sima Guang était plus nuancé à l’égard de Jia Yi, reprenant à son compte l’analyse de ce dernier sur la chute de la dynastie Qin. Zizhi tongjian, op. cit., chap. , t. , p. .

. Ibid.

. « Qi ba Shaanxi yiyong zhazi », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p.  ; Quan Song wen, op. cit., t. , p.  (« Yiyong zhazi »).

 - :   ’ 

maintien de l’ordre local, et non pas utilisées aux frontières, dans les rangs de l’ar- mée régulière. Mais une deuxième mesure vint aussitôt contredire la première : les archers requis furent marqués, afin d’écarter tout risque de désertion1, et incorporés

aux unités combattantes. En cas de fuite des intéressés, les autorités arrêtaient sans ménagement leurs proches et les obligeaient à compenser la désertion de l’insou- mis en vendant leurs terres et leurs biens. Ceux qui n’avaient pas fui étaient aussitôt marqués au visage, et contraints d’assumer eux-mêmes les frais de transport vers leur lieu de garnison.

Ces événements marquèrent fortement Sima Guang. Vingt-cinq ans plus tard2,

il revenait sur la mesure, estimant que les effets négatifs de cet enrôlement se fai- saient encore sentir, et que le Shaanxi n’avait pas retrouvé son ancien niveau de prospérité3.

À l’époque où je portais le deuil dans le Shaanxi, je pus voir la situation de mes propres yeux. La population qui avait grandi dans la paix et ignorait tout des opérations mili- taires se retrouva enrôlée du jour au lendemain. Dans les hameaux de l’ouest du Shaanxi, il semblait que chacun fût frappé par un deuil ou que toutes les familles venaient d’être pillées. Pleurs et lamentations emplissaient les campagnes4.

La période de deuil rituel des frères Sima prit fin en 5. Le terme de cette

« vacance » obligée fut aussi celui d’un premier apprentissage, marqué, comme il était fréquent dans ce milieu, par une empreinte paternelle forte dans son exempla- rité. Ces trois années avaient donné à Guang l’occasion — et le loisir — de formuler pour la première fois une pensée qui allait s’affermir, sans s’éloigner réellement de ces directions premières.

Libéré de son deuil, il fit quelques voyages aux environs de Yan’an, non loin du théâtre des opérations militaires. Lors d’une halte dans une auberge appelée le « Relais de la pensée réciproque », Xiangsiting6. Intrigué dit-on par ce nom, il

interrogea en vain les passants sur son origine : « la population a pris l’habitude de répéter ce nom sans plus s’interroger sur son sens ». Peu après, il vit les soldats monter en file continue vers les premières lignes ; deux poèmes du Classique des

. La pratique de marquer les soldats au visage pour empêcher les désertions débuta sous les Cinq Dynasties et fut reprise par les Song. Nous pouvons citer à titre d’exemple de cette pratique deux héros du célèbre roman « Au bord de l’eau », Shuihuzhuan, Song Jiang et Wu Song qui ayant servi comme soldats portaient une marque indélébile à la face.

. Sima Guang rédigea son premier mémoire sur les enrôlés de force du Shaanxi la première année de l’ère Zhiping ().

. Ibid.

. « Qi ba Shaanxi yiyong dier shangdian zhazi », Zhuanjiaji, ch. , op. cit., t. , p.  ; Quan Song

wen, op. cit., t. , p.  (« Yiyong dier zhazi »).

. Dans son nianpu, Ma Luan écrivait que Sima Guang, ayant achevé son deuil, reçut sa première affectation comme chargé des affaires courantes, panguan, à Wucheng l’année yiyou (), à l’âge de  ans (Ma Luan, « Sima Wengong nianpu », in Sima Guang nianpu, op. cit., ch. , p. ). Gu Donggao montre que Ma Luan se trompait d’un an et qu’il fallait dater la fin du deuil et l’affectation à Wucheng de l’année jiashen (), quatrième année de l’ère Qingli. Voir G Donggao, Sima Taishi..., op. cit., p. .

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Odes, (Dongshan, Les montagnes de l’est1, et Cai wei, La cueillette de la fougère2),

lui revinrent en mémoire. Ils exprimaient les tourments des paysans de la dynas- tie antique des Zhou, incorporés à l’armée pour défendre le royaume des invasions venues de la steppe : Sima Guang comprit alors pourquoi cette dernière étape avant la ligne de partage entre les mondes chinois et barbare avait été nommée « Relais de la pensée réciproque ». L’appellation traduisait les sentiments de l’homme qui monte au combat envers son épouse restée à la maison, et ceux de l’épouse pour son mari parti au loin.

. Shijing, Binfeng, « Dongshan » ; trad. S. Couvreur, Cheu king, réimp. Taichun : Kuangchi press, , p. - :

Je suis allé aux montagnes de l’est, et resté longtemps sans revenir à la maison. Pendant mon retour, une pluie fine est tombée. Au moment où dans l’est j’ai reçu l’ordre de revenir, je pensais à l’ouest avec tristesse. Aussitôt j’ai préparé mes vêtements ordinaires, heureux (de quitter le costume militaire, et) de ne plus voir ni rangs ni bâillons. (En chemin, considérant le vers à soie, je me disais) : « Cet insecte demeure et se meut dans le champ de mûriers. Moi, je passe ici la nuit loin de ma maison, de ma femme et de mes enfants. Mais du moins je suis encore vivant sous mon char de guerre, c.-à-d. je ne suis pas mort. »

Je suis allé aux montagnes de l’est, et resté longtemps sans revenir à la maison. Pendant mon retour, une pluie fine est tombée. (En chemin je me disais) : (Ma maison sera sans doute abandonnée). « Les courges pendront au bord du toit. La cloporte sera à l’intérieur, et l’araignée à la porte. Tout autour, les cerfs auront battu le terrain. Le ver luisant y promènera sa lumière la nuit. » J’avais des sujets de crainte mais aussi de joie.

Je suis allé aux montagnes de l’est, et resté longtemps sans revenir à la maison. Pendant mon retour, une pluie fine est tombée. La cigogne chantait sur un nid de fourmis. Ma femme soupirait à la maison. (En prévision de mon retour), elle avait arrosé et balayé la tere, et bouché les fentes. Soudain je suis revenu de l’expédition. Les coloquintes pendaient séparées les unes des autres aux branches du châtaignier. Je n’avais pas vu ma maison depuis trois ans.

Je suis allé aux montagnes de l’est, et resté longtemps sans revenir à la maison. Pendant mon retour, une pluie fine m’a accompagné. Quand le loriot vole, ses ailes brillent. Quand la jeune fille va célébrer ses noces, elle a des chevaux jaunes ou roux tachetés de blanc. Sa mère lui lie la serviette à la ceinture. Mille ornements l’environnent. Si les nouveaux époux sont si heureux, quelle n’est pas la joie des anciens, (quand ils se revoient après une longue séparation) ?

. Shijing, Xiaoya, « caiwei » ; traduction de S. Couvreur, Cheu king, réimp. Taichung : Kuangchi press, , p. -.

Cueillette de la fougère, Cueillette de la fougère ; la fougère sort de terre (c’est le printemps). Quand on parlera de revenir à la maison, l’année touchera à son terme. Plus de maison, plus de famille, à cause des invasions Xianyun. Plus un instant de repos, à cause des invasions Xianyun.

Cueillette de la fougère, Cueillette de la fougère ; la fougère est encore tendre. Rentrer ! Rentrer ! mon cœur est triste, mon cœur tourmenté est en feu. Supporter la faim, supporter la soif. Tant que le service à la frontière n’est pas accompli, impossible d’annoncer le retour.

Cueillette de la fougère, Cueillette de la fougère ; la fougère est déjà dure. Rentrer ! Rentrer ! déjà le dixième mois de l’année. Les affaires du souverain ne peuvent être négligées : pas un instant de repos. Mon cœur est plongé dans le désespoir. Mon aller sera sans retour.

Quelle est cette fleur élégante ? Une fleur de prunier. Quel est ce char ? Le char de notre supérieur. Char de guerre attelé de quatre chevaux robustes. Comment oser se reposer, trois victoires en un mois. Les quatre coursiers sont attelés, quatre coursiers vigoureux. Le char porte le supérieur et protège

Dans le document La vie publique de Sima Guang (Page 57-64)