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Représentations des responsables d’administration : modèles de construction disciplinaire du FLE disciplinaire du FLE

Représentations disciplinaires du FLE des enseignants et des responsables administratifs

5.2 Représentations des responsables d’administration : modèles de construction disciplinaire du FLE disciplinaire du FLE

Il s’agit d’un groupe composé d’administrateurs au niveau de l’université et de l’Institut des Langues étrangères. Ils sont toutes et tous issus d’une discipline de sciences sociales et humaines à RUC et chargés d’un service fonctionnel ou des affaires d’une faculté. Le tableau ci-dessous précise leur profil lors du recueil des données.

Affiliation disciplinaire Poste occupé Responsable 1 Sociologie Vice-président de l’Université Responsable 2 Commerce Vice-présidente de l’Université et directrice de

l’Institut des Langues étrangères (ci-après ILE) Responsable 3 Littérature anglaise et

américaine

Directeur adjoint de l’ILE Tableau 10 Profil des responsables

Les données recueillies ne se limitent pas aux entretiens, mais encore les discours prononcés dans l’assemblée des professeurs ou la réunion de l’évaluation disciplinaire. À noter que les responsables d’administration universitaire ont souvent des opinions bien différentes de celles du directeur de l’ILE.

Du côté des responsables d’administration universitaire, ils estiment que le modèle de construction disciplinaire du FLE à l’Institut des Langues étrangères reste traditionnel.

Le FLE à l’ILE date de 2001 et son développement ne répond pas à l’attente de notre université. Alors que notre université a créé en 2012 l’Institut sino-français (ci-après ISF) qui est le fruit d’une coopération éducative de notre université avec trois universités françaises. Au sein de cet institut, on offre la formation en français,

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en finance et en administration économique et sociale (ci-après AES). […] Là-bas, on pratique un nouveau système d’administration et un nouveau modèle de formation, on essaie de faire quelque chose de nouveau en formation des étudiants.

[…] (R2)

La responsable 2 a mis en cause le modèle de formation des étudiants prédominée par les études en langue et littérature française. Elle a suggéré que cette modalité traditionnelle fait obstacle au développement disciplinaire du FLE, surtout dans la diffusion de prestige disciplinaire du FLE. Selon elle, la modalité de l’ISF de RUC48 représente la tendance disciplinaire à l’internationalisation, à la créativité et à la formation des étudiants à « compétences composées ».

Afin de saisir ses représentations de la discipline FLE, il est pertinent de présenter, entre parenthèses, les principales caractéristiques des programmes de français, de finances et d’AES et le rôle du FLE dans ces programmes.

Pour les spécialités de finances et d’AES, le français est enseigné en tant qu’outil d’accès aux théories disciplinaires des finances ou de l’économie et aux pratiques chinoise et européenne. L’enseignement du français aux deux spécialités est en dehors de notre considération. Notre attention porte sur le rôle du FLE dans la spécialité de français. À la différence du programme de FLE de l’ILE, la « spécialité de français » de l’ISF a pour objectif de formation des étudiants à « compétences composées » : les diplômés de français devraient non seulement maîtriser parfaitement la langue française, mais aussi les compétences professionnelles à orientations fonctionnelles :

Après quatre ans d’études, avec une vision internationale, un esprit créatif, les diplômés seront compétents non seulement en langue français, mais aussi en finances et communication.49

48 L’Institut sino-français fait partie des écoles de sciences économiques. Créé en 2012 en coopération avec l’Université Paris-Sorbonne, l’Université Paul-Valéry et KEDGE Business School, il est le premier établissment de coopération sino-française en sciences sociales et humaines et relève de l’Université Renmin de Chine. Les offres de formation sont au nombre de trois : la spécialité du français (à orientation de finances et de communication), la spécialité de finances et la spécialité de gestion de l’économie nationale. La formation se déroule sur 5 ans : les étudiants passent les deux premières années à RUC pour des études d’initiation au français ainsi que des cours disciplinaires des spécialités de finances ou de gestion ; ils font leurs études en troisième années dans les 3 établissements français en coopération pour un diplôme de cet établissement en cas de réussite aux examens ; les étudiants reviennent à RUC en quatrième année pour la licence de RUC, les études de cette année sont également reconnues par la partie française en tant que master 1; et enfin ils repartiraient pour les établissements français, selon le principe du libre consentement, afin de terminer les études de master 2.

49 Consulté sur le site http://ifc.ruc.edu.cn/more.php?cid=264 le 8 novembre 2017

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Cet extrait de la présentation nous renseigne que les savoirs des spécialistes du FLE à l’ISF se composent de ceux en français en tant que connaissances élémentaires et ceux en finances, en communication ou en diplomatie en tant que connaissances spécialisées. On croit « se débarrasser du dispositif didactique traditionnel des LE » en intégrant la formation du français dans les enseignements dits spécialisés : malgré son image de pierre angulaire, le français est conçu comme moyen d’accès aux savoirs et aptitudes dites « spécialisés et professionnels » pour les étudiants. Malgré son intitulé officiel – la spécialité de français, le FLE perd son statut disciplinaire et fait place aux autres disciplines de sciences sociales, ce dont témoignent le programme et la brochure publicitaire de l’ISF : sur un des horaires des cours, « le français » est défini comme « cours commun »50, comme « l’anglais »; alors que les cours de FLE sont exclus des « cours clés » de cette spécialité. Le dispositif de formation de cette spécialité ne se distingue presque pas de celles des finances et de l’AES.

Par conséquent, pour la responsable 2, la discipline FLE est conçue de manière identique à celle de la formation de LEA en France et sur des objectifs spécifiques et ne sert qu’à l’E/A des savoirs dites « spécialisés ». Selon elle, d’une part, le FLE n’a pas le statut de discipline autonome, et d’autre part, le dispositif de formation traditionnel centré sur la langue et la littérature impose des limites au développement disciplinaire du FLE.

Du côté responsable de l’ILE, le mode de formation à « compétences composées » ne mérite pas d’être recommandé et généralisé sur tous les terrains.

La formation à « compétences composées », c’est un des modèles de formation des étudiants en LE. Monnaie courante au tournant du XXe siècle et au début du XXIe siècle, ce modèle a remporté des succès dans des terrains tels que les universités de langue, du commerce international ou polytechniques. Mais dans une université pluridisciplinaire, on devrait former les étudiants des langues étrangères dans le cadre de leur PROPRE discipline, il faut d’abord tenir compte des connaissances et des compétences PROPRES aux disciplines des langues étrangères et encourager les étudiants à se consacrer aux études de NOTRE discipline. (R3)

50 Consulté sur le site http://ifc.ruc.edu.cn/more.php?cid=265 le 8 novembre 2017.

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Le responsable 3 a souligné à maintes reprises « la propre discipline », « les particularités disciplinaires propres », « les études de notre discipline », parce qu’il est partisant de l’autonomie de la discipline des langues étrangères : les disciplines des langues étrangères ont un statut disciplinaire égal aux autres disciplines humaines et elles ne relèvent d’aucune discipline.

5.3 Conclusions partielles : représentations conflictuelles de la discipline FLE

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