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La discipline FLE : éducation générale, culture littéraire ou formation professionnelle ? professionnelle ?

Représentations disciplinaires du FLE chez les étudiants avant leurs études universitaires

3.4 Qu’est-ce que « la discipline FLE » en Chine?

3.4.2. La discipline FLE : éducation générale, culture littéraire ou formation professionnelle ? professionnelle ?

Les deux étudiantes se sont fait une image positive de la discipline FLE par analogie : les études universitaires du FLE seraient aussi riches en contenus et multimodales en enseignement que celles de l’anglais. Néanmoins les deux étudiantes n’ont pas considéré le FLE comme une discipline et l’étudiante 4 a même développé son idée sur la non-scientificité de la discipline FLE par rapport aux autres spécialités disciplinaires.

Par contre, d’autres étudiants ont évoqué une image complètement opposée à la première.

Je présumais que l’apprentissage d’une langue en quatre ans, ce ne serait pas aussi riche en contenu que d’autres spécialités ? Je m’imaginais que ce serait une perte du temps avec très peu de connaissances apprises. [...] Mon imagination stagnait dans l’enseignement de l’anglais au lycée, inerte, dur, nous étions obligés de lire, de réciter les textes, du matin au soir [...] (E16)

D’où la deuxième image de la discipline, stérile en contenu, rigide et inflexible en méthodologies.

3.4.2. La discipline FLE : éducation générale, culture littéraire ou formation professionnelle ?

Même avant les études universitaires, la discipline FLE a projeté chez certains interviewés une image positive : cette discipline rendrait les apprenants gracieux et culturellement expérimentés et jouerait un rôle favorable à la promotion de leurs qualités humaines.

Je supposais que ceux qui parlent le français étaient très charmants et comprenaient bien les différentes cultures. En effet, cette image est applicable aux professionnels de toutes les langues. Mon prof d’anglais au lycée connaît très bien les cultures

108 anglaise et américaine. (E7)

Tout ce que je savais sur la discipline FLE, c’est que quelques célébrités étaient diplômées d’un département de français, comme LIU Huan, SHANG Wenjie, je les trouve forts et brillants. [...] À l’écoute du français, ma première impression était haut de gamme. À part ça, je n’avais aucune idée spéciale, le français était étranger pour moi. J’avais l’impression d’ouvrir une porte vers un nouveau monde. (E18)

Avant mes études universitaires, je croyais que je serais très versée dans les deux cultures, chinoise et occidentale, une fois terminée la licence en français. (E5)

Pour ces trois étudiantes, l’apprentissage d’une langue étrangère est étroitement lié avec une culture. La discipline FLE sert non seulement à faire acquérir la langue, mais aussi à promouvoir les qualités personnelles et à développer la conscience interculturelle des spécialistes du FLE pour qu’ils servent de médiateurs des deux pays.

Un petit groupe d’étudiants ont mentionné la littérature française parce qu’ils étaient convaincus que la littérature était le constituant inhérent à la discipline FLE et que le premier objectif était de développer les savoirs littéraires des étudiants spécialistes de français.

À ce moment-là, j’ai imaginé que mes futurs camarades seraient des garçons et des filles imprégnés du souffle littéraire, avec un recueil de poésies à la main, parce que le français est étroitement lié à la littérature romantique. (E19)

En plus du français, je souhaitais lire beaucoup d’œuvres littéraires. [...] Je m’imaginais être compétente en interprétation après la licence : je serais très à l’aise quand je communiquerais avec les Français, je travaillerais avec aisance comme interprète de conférence. La lecture des romans ne me poserait aucun problème. […] (E4)

Pour une grande partie des interviewés, puisque la discipline FLE était égale à la langue française, les études universitaires de FLE s’identifiaient à une formation professionnelle et spécialisée des compétences linguistiques, les contenus disciplinaires se limitaient à la grammaire ou au lexique. Mais l’étudiante 4 a quand même pris conscience des valeurs multiples en savoirs linguistiques et littéraires et savoir-faire professionnel.

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Je ne savais pas ce à quoi devrait ressembler cette discipline, je croyais plutôt me soumettre à un entraînement technique. (E7)

Avant de venir ici, j’imaginais l’enseignement de la spécialité de français comme une formation technique centrée sur les connaissances : j’apprendrais les connaissances grammaticales, lexicales et les techniques de traduction. Si j’ai voulu changer de discipline en première année, c’est parce que je n’espérais pas poursuivre le chemin professionnel. J’avais une vague impression sur l’apprentissage de n’importe quelle langue étrangère : c’était de se qualifier professionnellement, parce que l’apprentissage de l’anglais au lycée s’est fait de cette manière. (E9)

Les deux étudiants ont rejoint l’opinion stéréotypée sur le langage, à savoir qu’une langue n’est qu’un outil de communication. Les études du FLE ressemblaient donc à une formation des compétences professionnelles. La conception instrumentaliste du français influe sur l’action d’études des étudiants : ils ne s’y investiraient pas entièrement.

(Avant les études universitaires) Je voulais apprendre le français comme un outil au lieu d’un objet d’études, ma famille était aussi d’accord avec moi, en d’autres termes, je me servirai du français au travail, mais je ne travaillerai pas qu’avec le français, je ne le prendrai pas pour finalité. (E8)

Je ne souhaitais pas exercer une profession étroitement liée au français, même si je l’apprenais en licence, c’est ce à quoi j’ai réfléchi lorsque j’avais la lettre d’admission dans la main, c’est-à-dire que je travaillerais dans un milieu ayant pour intermédiaire le français. (E11)

Ces deux énoncés sont très révélateurs de la position subordonnée de la discipline FLE aux yeux des Chinois, c’est-à-dire que le français ne serait pas une discipline autonome, mais devrait être rattaché à une autre discipline.

Avant tout, je suis venue ici pour apprendre une langue. Mais j’étais convaincue d’apprendre des choses autres que la langue. Mon projet était d’apprendre le français comme majeure et le droit comme mineure en licence. […] J’ai aussi réfléchi sur les avantages de maîtrise du français : dans le secteur des avocats, très peu de gens parlent le français, les avocats capables de faire un procès international, entre les Chinois et les Francophones, sont très peu nombreux, il en est de même pour ceux qui comprennent le système législatif français. (E12)

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Avant de venir au département de français, j’ai lu le programme du département d’anglais et trouvé des cours en commerce, en droits ou en journalisme, je ne suis pas sûre, c’est peut-être un double diplôme ? Je croyais que ce serait pareil au département de français. (E2)

Ces discours rejoignent encore une fois la réduction de la discipline FLE à un simple E/A de la langue française. Cette représentation simpliste donne lieu à des représentations incompatibles des professions assignées aux diplômés du FLE.

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